dimanche 27 novembre 2016

DE QUEL DICTATEUR PARLE-T-ON ?







Donald Trump, suite au décès de Fidel Castro, y est allé d’une déclaration, faisant de ce dernier un dictateur brutal qui a opprimé son peuple et, du même souffle, s’est déclaré disposé à tout faire pour contribuer à la liberté du peuple cubain. Par cette déclaration, il démontre que sa connaissance de l’histoire de la Révolution cubaine repose avant tout sur le formatage véhiculé par une presse qui cadre avant tout avec les grands objectifs qui sont à la base de l’embargo économique, politique et social qui dure depuis plus de 56 ans.

Pour comprendre Fidel Castro et les luttes de la Révolution cubaine, il faut prendre en compte cet embargo qui lui fut imposé, depuis plus de 54 ans, par tous les présidents des États-Unis, allant de Dwight Eisenhower à Obama. Cet embargo constitue une entrave majeure à la souveraineté du peuple cubain et à sa liberté de promouvoir le développement économique qui réponde à ses aspirations. Si le futur président des États-Unis veut vraiment tout faire pour contribuer à la liberté du peuple cubain, il devra commencer par mettre fin à cet embargo dès sa prise en charge de la Présidence, et à dédommager ce peuple des dommages économiques qui en ont résulté. Voici en quoi consiste cet embargo.

« Le 6 avril 1960, Lester D. Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines affirma que “la majorité des Cubains soutenait Castro” et qu’il “n’existait pas une opposition politique effective”, en ajoutant que “le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passait par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement (…) : refuser de faire crédit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement.”

La mise en place de cet embargo s’est faite de façon dictatoriale de la part des dirigeants étasuniens sans aucune consultation du peuple et en totale violation du droit international. Parler de Castro comme d’un dictateur sans parler de la dictature de l’Empire qui se donne tous les droits sur les peuples, ça sonne plutôt faux. Qu’on pense à toutes ces interventions antidémocratiques en Amérique latine et ailleurs dans le monde pour y imposer la dictature de ses intérêts sans passer par les instances des Nations Unies pour y résoudre les litiges.

Fidel Castro et le peuple cubain ont pu survivre aux attaques militaires de la Baie des Cochons, à l’embargo économique et à toutes ces activités clandestines, dirigées par la CIA et des médias de propagande en vue de discréditer le régime et de provoquer des soulèvements.

Si Donald Trump a fait référence, à maintes reprises, lors de sa campagne électorale, qu’il n’appartenait pas aux États-Unis de résoudre les problèmes des autres pays, il aura une occasion en or de laisser au peuple cubain la responsabilité de résoudre ses propres problèmes sans les irritants d’un embargo qui fait tout pour qu’il ne puisse y arriver. Le jour où le peuple cubain et ses dirigeants n’auront plus ces forces occultes qui cherchent par tous les moyens à provoquer le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques, le monde pourra alors découvrir ce que ce peuple peut faire de ses ressources et de ses solidarités.

Si M. Trump donne suite à son intention de s’occuper, d’abord et avant tout, des problèmes de son propre pays, laissant aux autres de résoudre leurs propres problèmes, il rendra un grand service à l’humanité et à de nombreux peuples de la terre.

« 7) Enfin, Trump estime qu’avec son énorme dette souveraine, l’Amérique n’a plus les moyens d’une politique étrangère interventionniste tous azimuts. Elle n’a plus vocation à garantir la paix à n’importe quel prix. Contrairement à plusieurs responsables de son parti, et tirant les leçons de la fin de la guerre froide, il veut changer l’OTAN : « Il n’y aura plus – affirme-t-il  de garantie d’une protection automatique des Etats-Unis envers les pays membres de l’OTAN. »

Avec Cuba, s’il veut libérer le peuple, qu’il mette fin à toutes ces entraves qui lui rendent la vie impossible. Qu’il mette un terme, une fois pour toutes, à tous ces irritants au développement économique de Cuba et de son peuple.

Sachant le peuple des États-Unis particulièrement croyant et proche de la foi hébraïque et chrétienne, je me permets de terminer avec ce passage du prophète Isaïe qui ne saurait les laisser indifférents.

“Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, et qu’ils habitent seuls au milieu du pays! Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume; Qui justifient le coupable pour un présent, et enlèvent aux innocents leurs droits! Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques, et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes pour refuser justice aux pauvres, et ravir leur droit aux malheureux de mon peuple, pour faire des veuves leur proie, et des orphelins leur butin! ” (Is.5-10)

Je pense que cette déclaration d’Isaïe garde encore toute son actualité et que beaucoup d’éléments de son contenu rejoignent les grands principes de la Révolution cubaine.

Oscar Fortin
Le 27 novembre 2016

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