jeudi 1 juin 2017

LE CANADA AUX ORDRES DE WASHINGTON


LE DROIT INTERNATIONAL PASSE AU SECOND PLAN 


Le comportement et les prises de position du gouvernement canadien  au sein de l’Organisation de l’État américain (OEA) ont de quoi interpeller tous les Canadiens et Canadiennes qui croient au respect du droit international inscrit dans la Charte des Nations Unies. Un de ces droits porte sur la souveraineté et l’indépendance des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sous le couvert du respect des droits de la personne et de la démocratie, leur action,  sous la direction des Etats-Unis , vise avant tout la prise de contrôle du Venezuela et le changement de régime, passant outre au droit international et à la Charte de l’OEA.

Article 1
Les buts des Nations Unies sont les suivants :
1.     Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptible de mener à une rupture de la paix;
2.     Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;
3.     Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion;
4.     Être un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.

Le Canada est officiellement signataire de cet article 1 de la Charte des Nations Unies. Or, dans le cas du Venezuela, pays démocratique et souverain, le Canada, soumis aux  politiques interventionnistes de Washington, se transforme en un véritable bataillon visant une intervention militaire, souhaitée depuis la révolution bolivarienne qui prend ses origines avec l’arrivée d’Hugo Chavez, de 1998 à 2013, puis de Maduro jusqu’à nos jours. Il s’agit d’une révolution fondée sur une constitution que le peuple vénézuélien a ratifiée par référendum en 1999,  avec plus de 71% des votes.  Un peuple souverain disposant de sa propre constitution.

Cette révolution transforme le rôle politique du peuple en lui permettant une plus grande participation à tous les niveaux de l’intervention de l’État. Les priorités portent prioritairement sur les besoins essentiels du peuple, tels le logement, la santé, l’éducation. Les revenus des immenses réserves de pétrole ont  été réorientés vers ces besoins essentiels du peuple vénézuélien,  de quoi déplaire à ceux qui en étaient les principaux bénéficiaires, soit les oligarchies nationales et Washington qui en avait le contrôle par ses multinationales. Cette révolution s’est amorcée sans violence et par des voies démocratiques.

C’est donc en disposant pleinement de son droit comme peuple et État souverain  que les Vénézuéliens et Vénézuéliennes ont procédé à ce changement de régime, centré avant tout sur les intérêts du peuple. Les oligarchies nationales ainsi que Washington ne l’ont pas pris comme étant une décision souveraine, mais comme une désobéissance à leur volonté et intérêt. Dès 2002, il y a eu une première tentative de coup d’État, planifié et financé par Washington avec l’appui des oligarchies nationales et une partie de l’armée. Il en fallut de peu pour que ce coup d’État réussisse.  Cependant, leur désir de reprendre le pouvoir de l’État et d’en contrôler les richesses s’est vite transformé en cauchemar, lorsqu’une fraction de l’armée, restée fidèle au gouvernement, et l’arrivée en masse d’un peuple qui n’entendait pas laisser ces envahisseurs décider à leur place, prirent le contrôle de la situation et firent libérer Chavez, leur Président,  pour qu’il reprenne ses fonctions à la tête du Venezuela. Déjà à ce moment le Canada s’était empressé de se réjouir de ce coup d’État avec la mise à l’écart de Chavez. Il fut un des premiers pays à reconnaître ceux qui se présentèrent comme le nouveau gouvernement.

Depuis ce coup d’État manqué, il n’y a pas eu une année sans qu’il y ait des actions de sabotages, de désinformation internationale visant le dénigrement de ce gouvernement révolutionnaire qui avait décidé de placer les intérêts du peuple avant ceux des oligarchies et de Washington.  Ce qui se passe au moment d’écrire ce texte, c’est la continuité de cette volonté des mêmes acteurs de briser par la force ce gouvernement pour en prendre le plein contrôle. Les approches pour y parvenir s’inspirent de celles utilisées et identifiées comme « les printemps arabes » .et « les révolutions de couleur »  qui émergeaient, dans leur origine de la volonté des peuples. Il s’agit, pour l’essentiel, de créer les conditions pour créer le chaos dans le pays par tous les moyens, dont la désinformation nationale et internationale et les actions violentes, allant de la délinquance au terrorisme de manière à ce que le tout apparaisse comme le soulèvement du peuple contre ses dirigeants. Les réseaux d’information, complices de ces actions, se chargent de la désinformation en attribuant tous les malheurs qui arrivent au gouvernement. Ils se chargeront également de discréditer sans preuve  la crédibilité de ces gouvernants qui ne peuvent être que corrompus, dictatoriaux,  répresseurs et sans scrupule.

De tout cela, le gouvernement canadien est conscient et il sait très bien de quoi il en retourne. Il agit en pleine connaissance de cause et, ce faisant, il se fait complice d’une intervention militaire au Venezuela visant le renversement du gouvernement et le changement de régime. Peu lui importe que le droit international, par ces actions, soit bafoué.

Il suffit que Washington lui dicte le rôle qu’il attend de lui pour qu’il s’y applique, comme il le fait actuellement au sein de l’OEA, au détriment des règles qui régissent cet organisme régional. Une de ces règles est la non-intervention dans les affaires internes d’un pays membre sans que ce dernier en donne son accord. Or, on discute du Venezuela et de la manière d’y justifier une intervention sans l’autorisation du Venezuela. Ce comportement va à l’encontre de la Charte des Nations Unies et de l’OEA. Ce n’est pas parce que cette dernière est prise en otage par Washington que ses règles et statuts en sont modifiés.

« Article 1
Les Etats américains consacrent dans cette Charte l'Organisation internationale qu'ils ont établie en vue de parvenir à un ordre de paix et de justice, de maintenir leur solidarité, de renforcer leur collaboration et de défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance. Dans le cadre des Nations Unies, l'Organisation des Etats Américains constitue un organisme régional.
L'Organisation des Etats Américains n'a d'autres facultés que celles que lui confère expressément la présente Charte dont aucune disposition ne l'autorise à intervenir dans des questions relevant de la juridiction interne des Etats membres.

Il est urgent que les partis politiques, présents au Parlement canadien, interpellent le comportement et les engagements du gouvernement canadien dans cette saga visant l’invasion et le renversement du gouvernement vénézuélien.  Seules les Nations Unies ont le pouvoir d’évaluer la pertinence ou non d’une intervention  et d’en préciser les acteurs et les modalités. Il faut que le Conseil de sécurité se prononce et qu’il en marque les règles si une intervention s’impose. Il n’appartient ni à Washington ni à l’OEA d’en décider. La Charte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est sous protections des Nations Unies.

Il importe que l’information véhiculée retrouve l’objectivité des faits. Il y a présentement au Venezuela des mercenaires payés et formés pour créer le chaos, de la même manière qu’il y en eut en Ukraine, en Libye et en Syrie. Ce sont, pour un certain nombre, des mercenaires terroristes au sens réel du terme. Tuer, blesser, démolir font partie de leur formation.  En ne dénonçant pas ces formes de terrorisme, le Canada en devient complice. Il y a plus de 50 des morts identifiés qui sont victimes de ces terroristes. Plus de mil blessés se retrouvent en traitement dans des hôpitaux. Des millions de dommages aux édifices publics, des autobus détruits. Le Canada, le Québec ont déjà connu de ces groupes et ils n’ont pas hésité à utiliser les grands moyens. Qu’on se rappelle des mesures de guerre appliquées au Québec dans les années 1970 et les moyens déployés pour réprimer les étudiants en colère en 2014.  Le gouvernement vénézuélien fait preuve d’une grande retenue pour éviter justement qu’il y ait plus de morts.

Soit que le Canada s’affirme comme un État souverain et indépendant et qu’il en appelle au peuple dans l’élaboration de ses politiques nationales et internationales ou soit qu’il en appelle à Washington. Dans ce dernier cas, aussi bien mettre à nue toute cette mascarade d’un pays démocratique, indépendant et souverain, si de fait, le maître du jeu demeure Washington.

Je pense que le peuple canadien est pour le respect des droits des peuples et des personnes et qu’il s’en remet aux Nations Unies pour qu’il en soit ainsi à l’endroit de tous  les pays du monde. Les représentants du peuple canadien  ne peuvent agir que dans cette ligne. Qu’on mette fin à l’hypocrisie et à la tricherie.  Tous  les jours, je prends les nouvelles du Venezuela en allant sur le site www.telesurtv.net qui nous donne une image bien différente de celle qui nous arrive de France presse ou de tout autre média lié aux intérêts de l’Empire.

Nous avons de quoi regretter le Canada du temps de Lester B. Pearson qui sut inspirer le respect du Canada sur la scène internationale. Aujourd’hui, le Canada est aux ordres de Washington comme le sont les vassaux  à leur maitre.


Oscar Fortin
Le 1er juin 2017 





Aucun commentaire:

Publier un commentaire