mercredi 8 novembre 2006

LA TRANSITION À CUBA APRÈS FIDEL

LE JOURNAL ALTERNATIVES, FINANCÉ PAR L'ACDI, SOUS LA PLUME DE JACQUES LÉTOURNEAU, INVITE LE CANADA À SE PRÉPARER POUR LA TRANSITION À RÉALISER À CUBA APRÈS LE DÉPART DE FIDEL CASTRO. CETTE INTERVENTION NE POUVAIT PASSER SANS QU'IL Y AIT QUELQUE PART DES VOIX POUR DÉNONCER CETTE INCITATION À DÉROGER AU DROIT INTERNATIONAL AINSI QU'À CELUI DES PEUPLES À DISPOSER EUX-MÊMES DE LEUR DESTIN. LA PRÉSENTE LETTRE SE VEUT, ENTRE AUTRES, UN RAPPEL DE CES OBLIGATIONS.

Québec, le 1ier novembre 2006


Monsieur Jacques Létourneau
Rédacteur d’Alternatives


Monsieur
,

Dans votre dernier numéro d’Alternatives vous vous préoccupez de la transition à assurer à Cuba après la mort de Fidel. Vous souhaitez que le Canada devienne un acteur important dans la poursuite de cet objectif, vous faisant ainsi l’écho du Secrétaire d’État adjoint de notre voisin du sud qui invitait le Canada à participer à ce projet, dans une longue entrevue accordée à Michel C. Auger du journal Le Soleil.

En tant que contribuable participant au financement de votre Journal, je me permets certains commentaires que vous n’hésiterez sûrement pas à publier, assurant ainsi une liberté d’expression qui fait tellement défaut dans certains autres milieux. Le droit du public à l’information n’en sera que mieux servi. C’est d’ailleurs dans ce même esprit que je vous transmets copie de la lettre envoyée à Michel C. Auger suite à son entrevue avec le Secrétaire d’État adjoint des Etats-Unis, laquelle n’a fait l’objet d’aucun accusé de réception et que Le Soleil n’a pas cru bon de publier. Faisant partie du sujet qui nous occupe, je ne doute pas que vous y trouverez un espace à part pour que vos lecteurs et lectrices s’alimentent d’un point de vue pas toujours porté à leur connaissance.

LE CANADA ET L’INTERVENTIONISME

Depuis quand le Canada dispose-t-il du droit d’intervenir dans les Affaires internes d’un autre État en dehors des dispositions prévues au droit international ? Dans le cas de Cuba pas plus d’ailleurs que dans celui du Chili ou de la Colombie, le Canada n’a de mandat des Nations Unies pour intervenir. Par contre, il a plein pouvoir pour appuyer les voies démocratiques choisies par les peuples et seconder leur gouvernement à donner forme à leurs projets de société. En ce sens, le Canada a beaucoup à faire pour convaincre son ami étasunien à mettre fin au blocus économique auquel il soumet le peuple cubain depuis plus de 45 ans. C’est là une mesure tout à fait anti-démocratique qui va directement à l’encontre du droit international et condamner à maintes reprises par l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Canada a plutôt le devoir d’appuyer et de seconder les efforts déployés par le Gouvernement en place pour poursuivre le développement des services de santé, ceux de l’éducation, de l’habitation et des diverses formes de participation de la population à ces grands projets. La transition à laquelle doit participer le Canada est celle qui fait passer de la pauvreté au mieux être, de la dépendance à l’indépendance, de l’ignorance au savoir, du mépris au respect.

C’est un peu le même effort qu’il doit déployer pour seconder le Gouvernement démocratique d’Évo Morales en Bolivie à réaliser la transition d’une société dépendante politiquement et économiquement à une société indépendante. Il doit dénoncer sur la scène internationale les actes terroristes qui visent à déstabiliser ce gouvernement tout comme celui du Venezuela qui est à faire la transition entre une société prise en otage par des forces nationales et transnationales à une société libérée et en possession de son destin et de ses richesses. D’ailleurs, dans le cas de ce dernier pays, le Canada peut jouer un rôle important en s’assurant que le processus démocratique actuellement en cours ne soit pas perturbé par des actions terroristes fomentées de l’extérieur. L’attachement que manifeste M. Harper pour la Démocratie devrait se manifester sans équivoque lors des élections menées actuellement au Venezuela.

Je ne parle pas du Mexique où la Démocratie vient de subir un revers important. Le rôle que le Canada y aura joué en reconnaissant les résultats avant leur annonce officielle n’est pas de nature à faire de lui le meilleur défenseur de la démocratie.

Pour conclure, M. Létourneau, je dirai simplement que le Canada a déjà beaucoup à faire avec sa démocratie et celle de ses alliés pour ne pas s’immiscer dans les affaires internes des autres. Qu’il se préoccupe de faire respecter le droit international en invitant son ami du sud à mettre un terme à son blocus contre Cuba et à respecter, sans interférence, les élus que les autres peuples se donnent en toute légitimité. Pour le moment Fidel récupère d’une grave intervention chirurgicale et tout indique que son rendez-vous avec la mort n’est pas encore pour cette fois-ci. Le peuple cubain l’accompagne dans cette épreuve et souhaite son retour. Pour le moment la vie suit son cours. N’est-ce pas là la démocratie ? Le pouvoir du peuple par le peuple? Que dirait le Canada si Cuba venait aider les Québécois à faire la transition vers leur indépendance ? Il crierait à l’interventionnisme. Et que diraient les québécois? Qu’ils sont en mesure de régler cette question eux-mêmes.

Dans l’espoir que cette correspondance trouvera son espace dans votre journal, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.



Oscar Fortin, politologue et théologien

http://humanisme.over-blog.com
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lettre à Michel C. Auger du Journal le Soleil

http://humanisme.blogspot.com/2006/09/la-maison-blanche-le-canada-et-cuba.html


CC. ministre des Relations extérieures du Canada
Consulat général de Cuba
Amis de Cuba

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