jeudi 12 avril 2007

FIDEL CASTRO BIOGRAPHIE À DEUX VOIX



Ignacio Ramonet, Directeur du journal « Le Monde Diplomatique », en donnant la parole à Fidel Castro, principal intéressé par les questions soulevées à son endroit et à l’endroit de la Révolution cubaine, fait preuve d’un professionnalisme journalistique qui est tout à l’honneur de la profession. Ces cent heures et plus passées en compagnie de Fidel Castro, cet homme qui a marqué l’histoire des cinquante dernières années, nous introduisent dans ce qu’a été et est toujours l’idéal d’une vie consacrée à l’avènement d’une humanité meilleure et plus saine. Les questions sont sans complaisance mais toutes, imprégnées de respect et dénuées de tout préjugé.

La lecture de ces 700 pages nous révèle un homme d’une cu
lture exceptionnelle, tant dans les domaines de l’histoire, de la politique, des arts, de la science et des conflits. Dans ses analyses et appréciations des personnes, il ne laisse pas transparaître du mépris ou de la haine, même lorsqu’il s’agit d’adversaires acharnés ou d’ennemis revanchards. Ceci ne veut toutefois pas dire que ses jugements soient sans passion. Il est incontestablement d’une très grande sensibilité, coiffé d’une intelligence exceptionnelle et d’une passion indéniable pour une humanité solidaire et responsable.

De la révolution, il nous en révèle l’inspiration et les principes. Les échanges orientés par des questions et des sous question lèvent le voile sur ses premières révoltes et les injustices dont étaient victimes les travailleurs dans les plantations de canne à sucre. Nous le suivons à l’Université où il étudie le droit tout en étant actif dans les organisations étudiantes. Il devient vite un leader qui sait convaincre et regrouper les forces tournées vers le progrès, la justice et la liberté de tous et de toutes. Sa lecture de Jose Marti, durant ses années universitaires, lui donne les bases d’une éthique de laquelle il ne dérogera jamais.


Les c
ombats dans la Sierra Maestra, la prise du Pouvoir par le renversement de Batista et la construction d’une nouvelle société fondée sur des valeurs de justice et de solidarité ont mis en évidence le fin stratège, l’homme austère et discipliné, sans d’autres ambitions que celles d’une Révolution portée par le peuple et pour le peuple. En dépit des attentats, des tentatives d’invasion, d’un blocus économique qui ne cesse de se durcir, d’une presse étrangère qui s’acharne contre lui, les acquis révolutionnaires demeurent exceptionnels. Les services de santé sont accessibles à tous les cubains sans distinction de classes, de races et de couleurs. Le système d’éducation est gratuit du primaire jusqu’aux niveaux les plus avancées. Des centres de recherches spécialisés ont été développés dans divers secteurs. Bien que petit pays avec de graves problèmes, il a développé l’ouverture et la solidarité internationale en envoyant des éducateurs et des médecins oeuvrer dans de multiples pays auprès de populations laissées à elles même. Ce sont des centaines de milliers d’analphabètes qui ont pu accéder à une certaine autonomie et à de nouvelles connaissances. Ce sont tout autant de malades qui ont pu reprendre le chemin de la vie active. De quoi faire rougir nombre de gouvernants et d’Institutions qui en font le tortionnaire des droits de la personne.

Il es
t également question des dissidents, de prisonniers politiques, de liberté de presse, de démocratie, d’émigration. Sur tous ces sujets, le lecteur est conduit à envisager certaines de ces questions sous des angles bien différents de ceux auxquels on l’y a habitué. Les réflexions qui y sont faites ne peuvent laisser indifférents et forcent le lecteur à réfléchir sur la manière avec laquelle nos sociétés les assument. Il y a place pour une autocritique sérieuse. Peut-être serons-nous alors moins empressés à lui tirer la première pierre.

Je pense qu’aucun journaliste sérieux ne pourra dorénavant se permettre de porter des jugements sur Cuba et Fidel Castro sans avoir préalablement lu ce livre. Agir autrement serait bafouer la profession consacrée à l’information et se transformer en un mercenaire de la désinformation.

J
e salue en Fidel Castro un grand humaniste et un homme d’État exceptionnel. Ses erreurs, il en parle et il ne craint pas les critiques constructives qui vont dans le sens du progrès. Je pense qu’il s’agit d'un témoignage transcendant qui lève le voile sur bien des questions et confond les mercenaires de la désinformation. Je me garderais bien de lui lancer la première pierre, tout au contraire.


Oscar Fortin
12 avril 2007-04-12


http://humanisme.blogspot.com
http://humanisme.over-blog.com

6 commentaires:

  1. Monsieur Fortin,

    Vous venez d'écrire l'un des articles parmi les plus intéressants que j'ai lus cette année, que ce soit ici, dans la blogosphère, ou ailleurs, dans nos médias manipulés et manipulateurs.

    Il est très facile pour les tortionnaires supposément élus démocratiquement de parler de Fidel Castro comme étant un tortionnaire. Dans le pire des cas (ce n'est qu'une supposition que j'avance), s'il était tortionnaire, il le serait quand même beaucoup moins que la grande majorité de ses détracteurs, incluant tous les dirigeants du Canada, à l'exception de Pierre Trudeau dont il était l'ami. D'aileurs, ne serait-ce que pour cette raison, j'aime Trudeau et son indépendance d'esprit, ce que n'a jamais eu, hélas, René Lévesque....


    Bonne journée,

    André.

    P.S. :

    Me manquez pas de me rendre une petite visite de temps à autres, que ce soit sur mon blogue ou ailleurs sur la planète.

    A. T.
    Monsieur Fortin, vous serait-il possible de nous donner les références exactes de ce livre ?

    RépondreEffacer
  2. André, merci pour votre commentaire. Les références pour le livre sont les suivantes:

    auteur: Ignacio Ramonet
    titre: FIDEL CASTRO BIOGRAPHIE À DEUX VOIX
    ÉDITEUR: FAYARD/GALILÉE,
    ANNÉE: 2006
    TRADUCTION DE L'ESPAGNOL: 2007

    RépondreEffacer
  3. Merci pour ces informations.

    André.

    RépondreEffacer
  4. Monsieur Fortin,

    Désormais, je crois que je vous appellerai « le résistant de la blogosphère », car vous êtes un des rares sinon le dernier à naviguer encore avec la vieille version de Blogspot. On pourrait aussi vous appeler « le dernier des vrais » !

    André.

    RépondreEffacer
  5. Je pense être arrivé à un transfert de l'ancien au nouveau. Vous m'en direz quelque chose.

    bonne journée

    Oscar

    RépondreEffacer
  6. Monsieur Fortin,

    Vous venez de faire un très bon passage vers la nouvelle version de Blogspot.

    André.

    RépondreEffacer