NOTE: DEPUIS QUELQUE TEMPS DES MEMBRES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE DEMANDENT L'ANNULATION DE LEUR CERTIFICAT DE BAPTÊME ET NE VEULENT PLUS ÊTRE IDENTIFIÉS À L'INSTITUTION ECCLÉSIALE. LE PRÉSENT ARTICLE S'ADRESSE À CEUX QUI S'EN FONT LES PROMOTEURS
Québec, le 10 décembre 2007
Lettre à M. André Montmorency
C’est avec beaucoup d’intérêt et un grand respect que je prends connaissance de votre initiative d’apostasier votre appartenance à l’Église catholique tout en invitant à faire de même ceux et celles qui, comme vous, ne s’y reconnaissent plus, ni dans leur foi en Dieu, ni, pour plusieurs, dans celle des Évangiles.
Le 19 novembre dernier, le Journal de Québec nous présentait une réflexion de M. Paul C. Bruno sous le titre : LE PÉCHÉ DU CARDINAL. Dans sa réflexion, M. Bruno se scandalise des positions prises par le Cardinal sur les accommodements raisonnables et prend occasion de cette intervention pour étendre sa réflexion sur l’état de l’Église et le non sens qu’elle est devenue pour lui et pour le monde dans son ensemble. Il avoue qu’il a apostasié non pas pour se convertir à une autre religion, mais pour vivre l’amour le plus intensément possible dans la vérité de son être.
Cette intervention, tout comme la vôtre d’ailleurs, révèlent beaucoup de courage et une très grande honnêteté. Elles devraient secouer la foi de ceux et celles qui s’en réclament et interroger, croyants et non croyants, sur les impératifs de l’amour, fait de justice, de bonté et de vérité. Personnellement, ma foi dans les Évangiles et le Christ ressuscité, m’amène à abonder beaucoup dans le sens des interrogations soulevées par vous et M. Bruno. Je trouve que le langage prophétique, celui qui se démarque de la propagande et de la manipulation, qui s’affirme dans la liberté et l’indépendance des pouvoirs, des privilèges et des intérêts n’est plus au rendez-vous des grands défis du monde d’aujourd’hui. L’Église, dans son organisation, est devenue une institution parmi tant d’autres, avec ses aberrations et des intérêts qui ne sont pas toujours ceux des Évangiles. En ce sens, je vois personnellement votre geste comme un cri du cœur que je me permets de rapprocher, sans vous l’imposer, de cette proclamation du prophète Isaïe qui met dans la bouche de l’Éternel les paroles suivantes :
« Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve. (Is.1, 13-17) »
Je partage le fait que toute croyance qui ne devient pas un véritable ferment au service des grandes aspirations de l’humanité telles la justice, la vérité, la paix, l’indulgence, la solidarité, l’ouverture d’esprit et de partage, en un mot, l’amour traduit en gestes concrets dans le quotidien, devient vite un opium. Avec la grande majorité de vous tous « je crois en un Dieu qui est Amour infini et je crois que cet amour peut nourrir l’être humain sans qu’il soit nécessaire d’adopter un culte et des rites. » Je crois également, et c’est peut-être le cas pour plusieurs d’entre vous, que cet amour prend un visage humain dans la personne de Jésus de Nazareth.
Si je poursuis sans apostasier c’est sans doute que ma foi me donne suffisamment d’énergie et de liberté pour être dans l’Église un rappel constant des Évangiles et des impératifs qu’ils commandent. Si certains en sont arrivés à se l’approprier comme d’un monopole, je ne vois pas pourquoi l’Esprit ne permettrait pas une reprise en main de celle-ci par les croyants eux-mêmes. Me vient à l’esprit cette autre citation, cette fois du prophète Jérémie, qui cadre bien avec ce propos :
« Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : «Ayez la connaissance de Yahvé!» Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands, oracle de Yahvé, parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché. » ( Jér. 31, 31-34)
Votre témoignage, tout comme celui de nombreux croyants et croyantes qui émerge de l’intérieur de l’Église, rappellent aux autorités ecclésiales qu’elles ne sont plus seules à porter les grandes valeurs qui interpellent la communauté humaine. Beaucoup d’organisations et de mouvements non confessionnels et laïcs, beaucoup de personnes engagées portent également ces grandes valeurs et en témoignent. D’ailleurs nombreux sont les croyants qui leur sont étroitement associés en dépit, bien des fois, des condamnations qui leur viennent de Rome. La foi rend libre et n’est le monopole d’aucune hiérarchie. Elle est d’abord et avant tout un don personnel de Dieu. Pour moi l’Église c’est avant tout la communauté de tous les croyants qui se laissent inspirer par la personne du Nazaréen et les Évangiles qui en racontent l’histoire et le témoignage.
Je vous souhaite ainsi qu’à tous ceux qui vous suivront sur cette voie de trouver l’inspiration qui fera de vous tous des ferments d’humanité. Apostasier pour apostasier ne servirait pas à grand-chose si cette démarche ne conduisait à un plus grand engagement au service d’une humanité en quête d’amour, de justice et de vérité. Si tel est le cas, nos pas se croiseront sur le chemin de la vie et l’humanité nous réunira.
Bien fraternellement
Oscar Fortin, théologien et croyant
740, Ave Désy
Québec (Qué)
Tél. 418-527-2168
http://humanisme.blogspot.com/
http://humanisme.over-blog.com/
Lettre à M. André Montmorency
C’est avec beaucoup d’intérêt et un grand respect que je prends connaissance de votre initiative d’apostasier votre appartenance à l’Église catholique tout en invitant à faire de même ceux et celles qui, comme vous, ne s’y reconnaissent plus, ni dans leur foi en Dieu, ni, pour plusieurs, dans celle des Évangiles.
Le 19 novembre dernier, le Journal de Québec nous présentait une réflexion de M. Paul C. Bruno sous le titre : LE PÉCHÉ DU CARDINAL. Dans sa réflexion, M. Bruno se scandalise des positions prises par le Cardinal sur les accommodements raisonnables et prend occasion de cette intervention pour étendre sa réflexion sur l’état de l’Église et le non sens qu’elle est devenue pour lui et pour le monde dans son ensemble. Il avoue qu’il a apostasié non pas pour se convertir à une autre religion, mais pour vivre l’amour le plus intensément possible dans la vérité de son être.
Cette intervention, tout comme la vôtre d’ailleurs, révèlent beaucoup de courage et une très grande honnêteté. Elles devraient secouer la foi de ceux et celles qui s’en réclament et interroger, croyants et non croyants, sur les impératifs de l’amour, fait de justice, de bonté et de vérité. Personnellement, ma foi dans les Évangiles et le Christ ressuscité, m’amène à abonder beaucoup dans le sens des interrogations soulevées par vous et M. Bruno. Je trouve que le langage prophétique, celui qui se démarque de la propagande et de la manipulation, qui s’affirme dans la liberté et l’indépendance des pouvoirs, des privilèges et des intérêts n’est plus au rendez-vous des grands défis du monde d’aujourd’hui. L’Église, dans son organisation, est devenue une institution parmi tant d’autres, avec ses aberrations et des intérêts qui ne sont pas toujours ceux des Évangiles. En ce sens, je vois personnellement votre geste comme un cri du cœur que je me permets de rapprocher, sans vous l’imposer, de cette proclamation du prophète Isaïe qui met dans la bouche de l’Éternel les paroles suivantes :
« Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve. (Is.1, 13-17) »
Je partage le fait que toute croyance qui ne devient pas un véritable ferment au service des grandes aspirations de l’humanité telles la justice, la vérité, la paix, l’indulgence, la solidarité, l’ouverture d’esprit et de partage, en un mot, l’amour traduit en gestes concrets dans le quotidien, devient vite un opium. Avec la grande majorité de vous tous « je crois en un Dieu qui est Amour infini et je crois que cet amour peut nourrir l’être humain sans qu’il soit nécessaire d’adopter un culte et des rites. » Je crois également, et c’est peut-être le cas pour plusieurs d’entre vous, que cet amour prend un visage humain dans la personne de Jésus de Nazareth.
Si je poursuis sans apostasier c’est sans doute que ma foi me donne suffisamment d’énergie et de liberté pour être dans l’Église un rappel constant des Évangiles et des impératifs qu’ils commandent. Si certains en sont arrivés à se l’approprier comme d’un monopole, je ne vois pas pourquoi l’Esprit ne permettrait pas une reprise en main de celle-ci par les croyants eux-mêmes. Me vient à l’esprit cette autre citation, cette fois du prophète Jérémie, qui cadre bien avec ce propos :
« Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : «Ayez la connaissance de Yahvé!» Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands, oracle de Yahvé, parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché. » ( Jér. 31, 31-34)
Votre témoignage, tout comme celui de nombreux croyants et croyantes qui émerge de l’intérieur de l’Église, rappellent aux autorités ecclésiales qu’elles ne sont plus seules à porter les grandes valeurs qui interpellent la communauté humaine. Beaucoup d’organisations et de mouvements non confessionnels et laïcs, beaucoup de personnes engagées portent également ces grandes valeurs et en témoignent. D’ailleurs nombreux sont les croyants qui leur sont étroitement associés en dépit, bien des fois, des condamnations qui leur viennent de Rome. La foi rend libre et n’est le monopole d’aucune hiérarchie. Elle est d’abord et avant tout un don personnel de Dieu. Pour moi l’Église c’est avant tout la communauté de tous les croyants qui se laissent inspirer par la personne du Nazaréen et les Évangiles qui en racontent l’histoire et le témoignage.
Je vous souhaite ainsi qu’à tous ceux qui vous suivront sur cette voie de trouver l’inspiration qui fera de vous tous des ferments d’humanité. Apostasier pour apostasier ne servirait pas à grand-chose si cette démarche ne conduisait à un plus grand engagement au service d’une humanité en quête d’amour, de justice et de vérité. Si tel est le cas, nos pas se croiseront sur le chemin de la vie et l’humanité nous réunira.
Bien fraternellement
Oscar Fortin, théologien et croyant
740, Ave Désy
Québec (Qué)
Tél. 418-527-2168
http://humanisme.blogspot.com/
http://humanisme.over-blog.com/
Apostasiez tant que vous voudrez...
RépondreEffacerEmmerdez le monde (ad intra) tant que ça vous chantera...
''vous chantiez lui dit-il ? eh bien dansez maintenant !''
Il restera toujours au Québec un peu de levain et vous savez qu'il ne faut beaucoup de levain pour faire du bon pain!!!
Joyeux nOël pour votre âme de baptisé qui ne se débaptisera jamais...Merci Mon Dieu !
Lyd.Myr (une nouvelle chrétienne!)
Chère amie, je ne suis pas certain de vous avoir bien compris. Dans tous les cas, l'amour doit être au coeur de votre vie tout comme l'indulgence dans votre quotidien. Le chemin de la vérité et de la justice ne devrait pas vous décevoir. Dans toutes ces choses nous sommes sur la même voie. Merci pour votre intervention et revenez autant de fois que l'inspiration vous y poussera.
RépondreEffacerJoyeux Noël et bonne Année
Cher ami,
RépondreEffacerDepuis quelques années déjà nous poursuivons une réflexion libre à l'intérieur de notre église et je me sens en parfaite communion avec tes propos. Ton commentaire de la lettre d'apostasie d'André Montmorency rejoint aussi ma pensée.
J'approuve cette démarche de ceux qui n'ont pas trouvé comment actualiser leur baptême à l'intérieur des cadres de l'église catholique actuelle et souhaitent exprimer leur recherche de vérité en enlevant ce vieux vêtement.
Je souhaite en même temps que leur démarche ouvre les yeux des guides aveugles qui dirigent présentement l'Église.
Comme toi je tâche de questionner mon évêque et, en général, la hiérarchie qui se retranchent derrière la solidarité épiscopale ou bien une prudence qui rappelle les langues de bois de nos politiciens, ou encore un déluge de mots et de discours qu'on n'a plus le goût d'entendre.
Ce qu'il faut maintenant, ce sont des gestes prophétiques. Je songe à celui de l'archevêque de York, John Sentamu qui a déchiré son col romain et le portera ainsi tant que son pays reconnaîtra la légitimité d’un leader africain.
Celui qui demande d’être radié des registres de l’Église fait à peu près comme Jésus qui a chassé les vendeurs du Temple. De ce Temple, il n’est pas resté pierre sur pierre, mais avec les siècles, notre Église catholique l’a reconstruit. Souhaitons que ce geste amène nos évêques à redevenir des vrais prophètes.
Michel Bourgault
P.S. Tu peux publier sur ton blogue.