lundi 15 septembre 2008

BUSH DE MAUVAISE HUMEUR

Je me suis demandé pourquoi l’entrevue donnée par le Président Bush, le 14 septembre au matin, était préenregistrée. J’ai compris que la nuit avait dû être difficile et qu’il n’était pas d’humeur à s’adresser en direct à ses compatriotes et au monde. Il y avait évidemment cet ouragan IKE qui est passé sur le Texas sans aucun égard pour la Présidence qui y a son fief, mais peut-être encore davantage pour l’échec de ce grand coup, préparé de longue date, pour en découdre une fois pour toute avec Évo Morales et Hugo Chavez.

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il veut en finir avec ce chef d’État qui dirige un pays aux richesses pétrolières énormes et qui, plus est, exerce une influence énorme sur l’ensemble des pays du Continent latino américain. Déjà en 2002, il avait espéré s’en débarrasser en soutenant un coup d’État avec l’oligarchie locale. À son grand désarroi, le peuple s’est spontanément mobilisé pour reprendre en main les institutions démocratiques et obliger les putschistes à libérer leur Président. Ce fut un moment fort de la démocratie participative, cette démocratie dont les racines plongent jusque dans les profondeurs des citoyens et des organisations sociales qu’ils se donnent. Restaient les élections présidentielles de 2005, mais sans succès. Les vénézuéliens accordèrent un vote très majoritaire à Chavez pour un second mandat.

La démocratie n’étant plus l’outil approprié pour reprendre le pouvoir, d’autres initiatives furent prises. Il y a eu l’opération TENAZA visant l’échec du Référendum sur la modification de la Constitution et cette autre, BALBOA, visant à créer des conflits frontaliers entre le Venezuela et la Colombie pour justifier une intervention militaire étasunienne. Ces deux opérations ont été mises à jour par les services intérieures d’intelligence avant d’être exécutées. Voilà, maintenant, qu’au moment même où les actions violentes montent en Bolivie pour renverser le gouvernement d’Évo Morales, une autre opération d’envergure est mise à jour, cette fois par un représentant de l’armée ayant enregistré une rencontre de responsables civils et militaires faisant le point sur les actions à mener dans les jours à venir pour renverser le Gouvernement et se débarrasser une fois pour toute d’Hugo Chavez. Deux avions, peints aux couleurs du Venezuela et pilotés par deux étasuniens, bombarderont le Parlement, à partir de La quatrième flotte étasunienne, toujours en action dans les eaux régionales. Des fusées seront également disponibles pour abattre l’avion Présidentielle au moment d’un départ ou d’un retour du Président Chavez.

Pendant que toutes ces choses se passent au Venezuela, Chavez se rend compte, dans ses échanges avec Évo Morales, qu’un scénario semblable est en préparation en Bolivie. À la différence de Chavez, Évo Morales ne sait trop jusqu’où les généraux de l’armée peuvent lui rester fidèles pour défendre la démocratie. Le général Trigo est un de ceux-là. Il est sans doute tiraillé entre deux mondes, celui de la défense de la constitutionalité bolivienne ou celui d’opter pour des offres fort alléchantes de la part des putschistes. Ses interventions dans les zones à problèmes pour contrer la violence sont plutôt au ralenti et certaines autres, problématiques. Chavez parle de « grève de bras baissés ». C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre sa sortie, déclarant que si le gouvernement de Morales est renversé ou si celui-ci est assassiné, qu’il interviendra au coté du peuple bolivien pour reprendre le pouvoir démocratique que les putschistes lui aura ainsi enlevé. C’est également dans ce contexte qu’il a invité tous les vénézuéliens à être vigilants et les yankees à rentrer chez eux.

Selon un haut officiel de l’intelligence vénézuélienne, le coup d’État était prévu pour jeudi, le 18 septembre. À en croire ce scénario, Bush aurait frappé un grand coup au cœur même de l’Amérique du Sud en prenant le contrôle du Venezuela et de la Bolivie. Inutile de dire qu’il aurait célébré avec joie la disparition d’Hugo Chavez et d’Évo Morales. Il aurait ainsi redoré son blason et aurait été remis à l’avant scène de la campagne électorale des Républicains qui se gardent bien de s’en approcher. Malheureusement, le destin aura voulu que ses velléités et ses astuces soient mises à jour et qu’un fin stratège et grand démocrate, en étroite collaboration avec son collègue bolivien et tous les autres membres d’UNASUR, aient déjoué ses plans et gagné encore plus de prestige pour ceux qui savent reconnaître les grands hommes d’État auxquels appartiennent Hugo Chavez et Évo Morales, quoi qu’en disent nos médias et leurs adversaires.

Allende, du haut de la MONEDA où siège actuellement (15 septembre) UNASUR, doit se reconnaître prophète en s’entendant dire de nouveau ces paroles :

« Travailleurs de ma Patrie, j'ai confiance dans le Chili et en son destin. D'autres hommes dépasseront ce moment gris et amer où la trahison prétend s'imposer. Allez de l'avant en sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues où passera l'homme libre pour construire une société meilleure. » (11 septembre 1973)


Oscar Fortin

15 septembre 2008

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