Au
moment où le TRIBUNAL ÉLECTORAL DU POUVOIR JUDICIAIRE DE LA FÉDÉRATION
mexicaine (TEPJF) étudie depuis plus d’une semaine les milliers de documents démontrant
les fraudes électorales et la non-fiabilité des résultats de la dernière
élection, la Secrétaire d’État des États-Unis, faisant fi de cette contestation
devant les tribunaux, apporte, en date du 25 juillet, tout le soutien de son pays au candidat
Enrique Pena Nieto, mis en cause dans cette enquête. Aucune réserve n’est
apportée sur la validité de l’élection du candidat priiste. C’est tout
simplement le bon candidat pour Washington. C’est, pour ainsi dire, la réplique
du scénario de l’élection de 2006 qui donna la victoire au candidat Calderon,
alors qu’Andres Manuel Lopez Obrador était donné gagnant par tous les sondages
et cela jusqu’au dernier décompte qui ne fut jamais complété.
Cette
intervention de la part de celle qui fait le tour du monde pour vendre la démocratie
ne surprend toutefois pas. Elle ne fait que confirmer ce que le monde sait
depuis longtemps, à savoir que la seule démocratie qui compte est celle sur
laquelle l’Administration étasunienne a plein contrôle. Le peuple n’est qu’un
acteur de figuration, donnant à l’exercice électoral son caractère démocratique.
Dans tous les cas, les résultats obtenus doivent confirmer les choix de
Washington. Tous les moyens sont permis pour qu’il en soit ainsi : fraude,
achat de votes, manipulation des comptages et recomptages, tricheries à tous
les niveaux, mensonges à profusion, amplement diffusés par les médias, contrôle
des principaux intervenants dans le processus électoral lui-même et, si
nécessaire, l’assassinat déguisé en accident ou en règlements de compte. Si
tous ces moyens n’aboutissent pas, ce sera alors la prise du pouvoir par la
force, comme ce fut le cas au Honduras, en Irak, en Afghanistan, en Libye et
comme c’est actuellement le cas en Syrie et éventuellement
au Venezuela qui aura voté massivement pour Hugo Chavez, le 7 octobre
prochain.
Cette
fois-ci, le peuple mexicain n’accepte plus d’être «le fou du roi ». À travers ses organisations sociales et ses
partis politiques, regroupé dans une coalition progressive sous la
responsabilité du principal candidat d’opposition, Andres Manuel Lopez
Obrador (AMLO), il a décidé de contester
les résultats de cette élection par les voies constitutionnelles et judiciaires.
Le
quotidien La Jornada dans son
éditorial du 27 juillet signale ce qui suit :
« La
validation par le TEPJF d’une élection manifestement irrégulière et faussée
ainsi que la prise de possession par un politicien qui, selon toute
vraisemblance, est rejeté par la majorité de l’électorat seraient, dans ces
circonstances, un dur coup à la légalité et aux institutions d’État ainsi
qu’à l’éthique républicaine et à l’harmonie sociale. » (Traduction
libre de l’auteur)
Le
peuple réclame le respect du seul vrai pouvoir dont il dispose, celui de
décider librement et en pleine connaissance de cause de ses représentants pour
gérer les pouvoirs de l’État dans le sens de ses intérêts. Toute usurpation de
ce pourvoir par toute autre puissance ne peut être qu’antidémocratique et, à ce
titre, condamnée par la communauté internationale.
On
se souviendra qu’en Haïti, lors des élections présidentielles de 2009-2010, le
candidat de Washington n’était pas parvenu à se classer pour le second tour de
scrutin. Loin de se donner pour vaincues, les plus hautes autorités se mirent à
l’œuvre pour corriger l’inacceptable. Tout a été fait par
Washington et ses alliés pour modifier les
résultats de manière à disqualifier le représentant du parti au pouvoir,
élu pour le second tour. Il fallait qu’il soit remplacé par leur candidat.
J’avais transmis, à ce moment, une lettre au
ministre des Affaires extérieures du Canada pour dénoncer cette intervention.
Rien n’y fit, les apôtres de la démocratie ne pouvaient lâcher prise. Il y
avait évidemment le peuple haïtien, mais surtout ces milliards de dollars
donnés pour la reconstruction du pays. Même le président en fonction, René Préval avait
été menacé d’exil.
Tout
un contraste de comportement chez ces « apôtres de la démocratie » d’avec
ce qui se passe actuellement au Mexique. L’OEA n’a remarqué rien qui puisse altérer
les résultats de cette élection qui se serait réalisée dans le plus grand calme
et esprit démocratique. Les États-Unis et le Canada ont été au nombre des
premiers à célébrer cette grande victoire de la démocratie et à y féliciter le
vainqueur. Ils sont également les plus silencieux quant aux scandales qui y
sont dénoncés non seulement par des perdants « frustrés » comme ils
disent, mais par des milieux des plus respectables. Pourtant…
Lorsque
le 7 octobre au soir, le Conseil électoral vénézuélien annoncera la victoire
incontestable d’Hugo Chavez pour un troisième mandat, « ces apôtres de la
démocratie » retrouveront soudainement la parole pour crier haut et fort à
la fraude électorale. L’OEA sera mise à contribution pour disqualifier les
résultats et on fera appel au Conseil de sécurité pour permettre la présence
d’une force de paix afin de garantir la sécurité dans le pays. Nos journalistes
reprendront la parole et leur clavier pour diaboliser autant faire se peut ce
Chavez, dictateur et manipulateur. Radio-Canada, le Devoir, la Presse et toutes
les agences internationales, serviles à l’Empire, participeront à cette mise en
scène.
L’hypocrisie
et la servilité à l’état pur.
Sauf
que le Venezuela n’est ni Haïti, ni le Mexique, ni la Libye. Pas plus que
l’Amérique latine n’est le Moyen-Orient ou l’Afrique du Nord. Qu’on se le
tienne pour dit. Les fauteurs de troubles pourraient bien y rencontrer leur os.
Le peuple vénézuélien n’est pas seul et Chavez a de nombreux appuis en Amérique
latine, dans les Antilles et dans diverses régions du monde. Les peuples,
toujours plus instruits et informés, savent distinguer avec plus de rigueur le vrai du faux,
l’authentique du manipulateur et de l’hypocrite. En Amérique latine, il y a belle lurette que les États-Unis ne sont plus perçues comme les sauveurs du droit des peuples et encore moins de la démocratie. Ils en sont les pires ennemis. Tout chez eux se définit en fonction de leurs intérêts et de leur sécurité nationale.
Oscar
Fortin
Québec,
le 30 juillet 2012
J'habite le Mexique depuis plus de dix ans. Je n'aime pas plus que vous le candidat gagnant, donné gagnant avant meme le jour du vote. Cependant, crier au vol n'aide d'aucune manière le combat de la gauche. Lopez Obrador a certainement été spolié il y a six ans, mais depuis ses appuis ont été sérieusement affaiblis. Cette fois-ci, il n'était pas nécessaire de voler l'élection puisqu'aucun candidat n'en valait la peine. Je vous trouve mauvais joueur que de décréter qu'il y a eu vol car ce n'est pas le cas.
RépondreEffacerJ'habite le Mexique depuis plus de dix ans. Je n'aime pas plus que vous le candidat gagnant, donné gagnant avant meme le jour du vote. Cependant, crier au vol n'aide d'aucune manière le combat de la gauche. Lopez Obrador a certainement été spolié il y a six ans, mais depuis ses appuis ont été sérieusement affaiblis. Cette fois-ci, il n'était pas nécessaire de voler l'élection puisqu'aucun candidat n'en valait la peine. Je vous trouve mauvais joueur que de décréter qu'il y a eu vol car ce n'est pas le cas.
RépondreEffacerNormand, vous m'excuserez d'un certain retard à vous répondre. Ce que je mets en relief dans mon article c'est qu'il y a actuellement une demande d'annulation de cette élection avec une documentation telle que les autorités judiciaires ont accepté d'en prendre connaissance et d'en décider. Au moment où l’on s'écrit, il n'y a actuellement aucun candidat officiellement reconnu comme le gagnant de cette dernière élection. Le 6 septembre, le Tribunal rendra sa décision. Cela, Mme Clinton le sait, mais n'en tient pas compte. À ce que je sache, je n'ai, en aucun moment, parlé d'une élection volée. En 2006, il est vrai qu'on n'a pas complété les recomptages demandés et qu'AMLO était favori. Dans le cas présent, je signale que seul le vote éclairé du peuple a ce pouvoir de décider de ses représentants.
RépondreEffacerDans un cadre plus général, je relève les moyens utilisés par les puissances dominantes pour garder le pouvoir. Le Mexique n’y échappe pas.
D'ailleurs la Jornada que je considère comme un journal sérieux et plus indépendant que de nombreux autres, va dans le sens d'une mise en question de la légitimité de cette élection.
Je ne pense pas être un mauvais joueur en soulevant les questions qui doivent être soulevées.