mercredi 1 août 2012

CHAREST SERAIT-IL ANTIDÉMOCRATIQUE ?





Le hasard a voulu qu’en ouvrant mon téléviseur j’entende Jean Charest, en conférence de presse, dire que la présente élection était l’occasion pour les Québécois et Québécoises de choisir la rue et un référendum ou la loi et la démocratie.

Je ne sais pas la définition que donne J. Charest à la démocratie. Ce que je sais, par contre, c’est que la démocratie trouve ses fondements et son expression dans le peuple. Dire qu’un référendum va à l’encontre de la démocratie, c’est dire, implicitement, que la démocratie va à l’encontre du peuple, puisqu’un référendum c’est une voie plus que légitime pour un peuple de se faire entendre.

Ce même raisonnement peut également s’appliquer « à la rue » au sens où le peuple y trouve une voie pour faire entendre sa voix. C’est d’ailleurs une voie largement utilisée dans les pays aux prises avec des dirigeants qui les prennent en otage en leur servant des politiques qui répondent d’abord et avant tout aux élites financières et aux grandes banques. C’est la rue que prennent les peuples en Grèce, en Espagne, en Italie, à Bahreïn, en Colombie, au Chili, au Paraguay et dans plusieurs autres pays du monde. La rue est ce qui permet à des pans importants de la population de décider de leur agenda quant à leurs plaintes et à leurs réclamations. En ce sens, la rue est l’expression des libertés fondamentales que rend possibles la véritable démocratie.

Je sais bien que J. Charest essaie par tous les moyens d’évacuer cette démocratie, en la ramenant à la violence et à des désordres publics. Il se garde bien, toutefois, d’attribuer cette violence, provoquée, plus souvent que moins, par des forces policières, conditionnées pour agir en ce sens. Les exemples ne manquent pas ni au Québec, ni ailleurs dans le monde. Ce sont des procédés qui visent à créer le chaos en vue d’en imputer la responsabilité aux « belligérants », ces derniers aussitôt transformés en délinquants ou en terroristes. Ce type d’interventions n’est possible qu’avec la complicité des médias, alliés des  pouvoirs en place.

Aussi curieusement que cela puisse paraître, ces mêmes autorités, d’ici et d’ailleurs dans le monde, lorsque mises en minorité, sont les premières à utiliser des moyens non conventionnels pour déstabiliser ou renverser des gouvernements. Elles deviennent tout d’un coup des promotrices de grandes manifestations et parfois, faute d’en avoir, elles en inventent comme ce fut le cas en Libye et comme c’est actuellement le cas en Syrie où les mercenaires et terroristes son financés par nos gouvernements. Il faut lire sur les révolutions de couleurs en Europe et au Moyen-Orient. Plus près de nous, nous avons eu le coup d’État militaire au Honduras qui n’a pas fait verser de larmes à nos dirigeants, pas plus que celui, plus discret, au Paraguay. Les provocations constantes des oligarchies et des États-Unis contre le gouvernement démocratique d’Hugo Chavez n’ont pas pour effet d’offenser l’esprit démocratique de nos dirigeants, souvent complices de ces mêmes actions. Que dit-on et que fait-on pour appuyer les procédures judiciaires qui révisent actuellement la crédibilité de la dernière élection présidentielle au Mexique, supposément frauduleuse et anticonstitutionnelle? S’il fallait que cela se produise au Venezuela, ce serait d’une seule voix que nos élites et nos médias dénonceraient autant de scandales et de fraudes.

Demandez à J. Charest ce qu’il pense de ce qui s’est passé en Libye et ce qui se passe actuellement en Syrie. Que pense-t-il, dans ces deux cas, du respect du droit des peuples à décider par eux-mêmes de leur destin et que pensent-ils de ces interventions étrangères qui arment et paient des mercenaires pour faire du grabuge dans des pays constitutionnellement légitimes?

En somme, tous ces gens n’ont de morale que pour ce qui les intéresse. Ils se font les spécialistes de la récupération de la morale des autres seulement lorsqu’elles permettent de les servir dans leurs propres intérêts. Selon les cas, ce sera  la rue et les référendums  ou encore les institutions et la démocratie. Seuls leurs intérêts en décideront.

Pour faire un véritable choix, il faut remonter à ceux qu’ils servent. Dans le cas présent, J. Charest est au service des puissances économiques et financières que symbolise parfaitement l’empire Desmarais. Est-ce vraiment ce que veulent les Québécois et Québécoises? Dans le premier cas, ce sera le Québec, ses richesses et sa main-d’oeuvre, mis au service de l’empire Desmarais. Dans le second cas, ce sera ce même Québec, avec ses richesses et sa main- d’oeuvre, qui sera mis au service des intérêts du peuple québécois.

Il faut relire Desmarais, la dépossession tranquille du Québec, de Richard Le Hir pour en comprendre toutes les incidences.

 
Je vais voter contre Charest et la dépossession tranquille du Québec.



Oscar Fortin
Québec, 1ier août 2012





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