UNE RENCONTRE HISTORIQUE
Il
s’agit incontestablement d’une rencontre historique et transcendante tant par
son contenu et que par l’authenticité des deux personnages. Déjà, nous avons
une idée du pape François qui avait troqué son palais épiscopal pour un petit
appartement et sa limousine pour le transport en commun, mais peu connaissent,
dans nos milieux, Jose Mujica. Qui est-il donc ce personnage?
Je
résumerai ce que vous pouvez lire sur le lien plus haut indiqué, ainsi que sur
certains autres sites que j’indiquerai dans cette brève présentation.
Jose Mujica est un ex-guérillo du Mouvement de
libération nationale — Tupamaros [une guérilla urbaine d’extrême gauche des
années 1960, menée contre un régime autoritaire puis écrasée par l’armée en
1973]. Arrêté, il passera les 15 années suivantes en prison dans les pires
conditions de détention. Amnistié au retour de la démocratie en 1985, il s’incorporera
à la vie politique. Il sera élu député et deviendra par la suite sénateur, puis
ministre de l’Agriculture, avant de devenir président de son pays.
Il se
caractérise par une vie simple, sans prétention et sans luxe. Il continue de
vivre sur sa petite ferme avec sa conjointe dont la trajectoire de vie rejoint
la sienne. Voici quelques anecdotes relevées ici et là.
Suite à son élection comme président, il
fait don de 90 % de son salaire, fixé en dollars des États-Unis à environ 12.500 $,
à des fonds de bien-être. Chaque mois, Pepe Mujica reçoit 250.000 pesos pour
son travail en tant que président de l'Uruguay et commandant en chef de
l’armée, ne gardant pour lui-même et ses besoins de subsistance que 20.000
pesos par mois. Le reste est distribué à partir du Fonds de Raul Sendic, qui
gère sa plate forme politique, le Mouvement de participation populaire. Cet
argent sert au développement de petites entreprises de productions, à des
collaborateurs dans le besoin, à des ONG qui travaillent au développement de
logements. Il dit, à qui veut l’entendre, qu’«avec cet argent il a tout ce
qu’il faut et que cela doit lui suffire parce qu’il y a beaucoup d’autres concitoyens
et concitoyennes qui vivent avec beaucoup moins. ». Il est considéré et reconnu
comme le Président le
plus pauvre de l’Amérique latine.
Suite à son élection comme président, il offre
le Palais
présidentiel comme refuge pour les mendiants et les sans-abri.
Il propose de donner les jubilations présidentielles, pensions astronomiques
versées par obligation constitutionnelle, aux anciens présidents du pays, à des
organismes d’aide aux plus nécessiteux.
Il utilise, dans le cadre de ses fonctions
présidentielles, une simple Chevrolet Corsa. Depuis le jour où il s’était
présenté avec sa moto Vespa au Parlement, à la fin de la dictature, pour y être
assermenté comme député, Mujica n’a rien changé à ses habitudes. Fini le
toilettage de l’époque du prosélytisme politique. Il en va de même pour le protocole qui est bien loin de ses
préoccupations habituelles.
Le dernier exemple en date est celui de sa
visite à la quincaillerie du quartier Paso de la Arena, pour y acheter un
couvercle de toilette. Ayant acheté ce qu’il fallait, il accepta sur le champ
une invitation informelle de la jeunesse de la région, regroupée dans un petit
Club de football, Huracan. Sans sécurité, sans euphémismes, Mujica a fait un
petit discours d'encouragement aux joueurs qui participent au tournoi de Seconde
Division professionnelle ..., tenant bien en main le couvercle de toilette
qu’il venait d'acquérir.
Peu de temps après, une Volkswagen Fusca,
bien conservée, arrive et se stationne juste en face du gymnase du Club. Avec
des sandales et en tenue sportive, le Président passe plusieurs minutes avec
les jeunes athlètes, et leur promet une plus grande attention à l'institution
en plus de leur promettre de venir «manger un barbecue avec eux si le club
passe au premier rang. Ils ont pris des photos, il a accepté des photos, leur
donna l’accolade et est reparti sous les applaudissements de tous, portant dans
ses bras, Manuela, sa chienne, qui comprend tous les sujets à ce stade du
mandat.
De retour à sa ferme, protégée discrètement
par quelques policiers à distance qu’il souhaiterait ne pas avoir, le président
uruguayen Mujica poursuit sa journée.
Conformément à sa dernière déclaration soumise au Conseil
de la transparence et l'éthique publique, Mujica n’a, comme bien personnel, que sa voiture,
alors que la ferme où il vit est au nom de la première dame et sénatrice
Topolansky, qui a également fait un don d’une partie de son salaire. Sans
compte bancaire, sans dettes, il dort tranquille, et déclare espérer terminer
son mandat pour se reposer avec encore plus de tranquillité sur sa petite ferme
de Rincon del Cerro.
Le président Mujica qui se dit non croyant a pensé que
son vice-président, profondément croyant, saurait apprécier mieux que lui
d’être présent à l’assermentation du nouveau pape François. Aujourd’hui, c’est à
sa demande que le pape François le reçoit comme un grand sage.
DEUX AMOUREUX
DE LA SIMPLICITÉ ET DEUX PASSIONNÉS POUR SERVIR LES PAUVRES ET LES PLUS
DÉLAISSÉS. EN EUX SE RENCONTRENT, CROYANTS ET NON-CROYANTS, POUR UNE HUMANITÉ
TOUJOURS PLUS JUSTE ET PLUS HUMAINE. CEUX ET CELLES QUI S’OPPOSENT À CETTE
VISION DU MONDE SONT LES VÉRITABLES ENNEMIS DE L’HUMANITÉ. LEURS NOMS SONT
MENSONGE, CUPIDITÉ, HYPOCRISIE, VIOLENCE, POUVOIR ET DOMINATION.
Le bien vivre
doit s’imposer aux ambitions du mieux vivre. Dans ce dernier cas c’est la porte
ouverte à la cupidité et aux ambitions de conquêtes qui sont sans limites.
Nous n’en
sommes plus à une confrontation entre croyants et non-croyants, mais entre
humanistes et sapeurs d’humanité, entre artisans de paix, de justice et fauteurs de troubles et prédateurs.
Oscar Fortin
Québec, le 1er
juin 2013
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