Plusieurs des pays de l’Amérique latine, cette
dernière, considérée depuis la doctrine Monroe comme
l’arrière cour des États-Unis, ont pris la voie de l’émancipation politique et
de l’indépendance économique. Un choix qui ne plaît pas à l’oncle SAM à qui les
peuples concernés n’ont pas demandé la permission pour choisir leurs dirigeants
et pour décider de leur « destin ». Ce choix est d’autant moins
apprécié que ces peuples acquièrent de plus en plus d’influence sur les peuples
du continent, donnant de plus en plus de consistances au projet bolivarien de l’unification de la Grande Patrie.
L’esprit qui anime ces peuples est celui
d’une reprise en main de leurs institutions politiques, culturelles et
économiques pour les transformer en pouvoirs au service de leur propre
développement. La notion de démocratie y
retrouve son plein sens en inscrivant le peuple comme le principal artisan de
son devenir et le premier bénéficiaire de ses richesses.
Au nombre de ces pays, quatre se démarquent
tout particulièrement : la Bolivie, le Venezuela, l’Équateur et le
Nicaragua. À ces derniers s’ajoutent d’autres pays qui avancent sur cette même
voie, mais à un rythme différent : l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le
Pérou. Cuba, dont je ne parlerai pas dans cet article, demeure une espèce à
part et un phare de référence dans cette lutte à finir contre les prétentions
impérialistes des États-Unis.
L’ONCLE SAM, le grand apôtre de la démocratie dans le monde, n’aime pas
ça. Il n’aime pas ça parce que la démocratie dans ces pays ne répond plus à ses
attentes ni à ses volontés. Il n’aime pas ça parce que ces pays lui demandent
de se comporter, tel que l‘exige la Charte des Nations Unies, comme un pays
respectueux du droit des autres à l’auto détermination et à l’indépendance.
L’ONCLE SAM, cet exemple d’honnêteté et de
justice, ne peut plus puiser à volonté dans les richesses de ces pays, n’arrive
plus à corrompre leurs présidents ni leurs chefs d’armée pour remettre au pas
ces peuples devenus trop entreprenants.
Que lui reste-t-il alors comme alternative,
lui qui n’a pas renoncé à son arrière-cour ni à ses prétentions de diriger ce
Continent en s’asservissant ses dirigeants et en puisant comme bon il l’entend
dans ses richesses. Cette approche justifiée par sa doctrine de la sécurité
nationale et de ses intérêts internationaux.
Depuis quelques années, nous pouvons
observer qu’il a développé un art spécial pour mener à terme ses projets de
conquête et de reconquête. Il fait de plus en plus appel à des intermédiaires
au sein des populations ainsi qu’à des forces de l’opposition pour créer des
mouvements de foules, froidement manipulés pour faire monter la pression du
mécontentement et du désordre social. Les médias de la désinformation, pour
leur part, couvriront ces situations en les présentant comme un cri du cœur des
peuples contre leurs gouvernants indignes des fonctions qu’ils occupent. Ce
sera un appel urgent à la communauté internationale pour un retour à la
véritable démocratie.
Cette approche a donné et continue de donner d’assez bons résultats dans
les pays où, d’une part, les dirigeants demeurent plus soucieux des
opportunités d’enrichissement que des responsabilités que commande leur mission
et, d’autre part, la conscience des peuples demeure à un niveau plus près du
bien-être individuel que du bien-être
collectif. Un terroir idéal pour faire de la corruption l’arme tout indiquée pour
y réaliser tous les projets visant l’écroulement de gouvernements et la prise
de contrôle des pouvoirs et des richesses. Dans pareil contexte, la machine à
imprimer des billets verts devient plus efficace que les avions et les bombes.
Pour le moment, cinq pays font l’objet
d’interventions clandestines de déstabilisation et de discrédit de leurs
dirigeants : le Brésil avec Dilma Rousseff, l’Argentine avec Cristina Fernandez,
la Bolivie avec Évo Morales, le Venezuela avec Nicolas Maduro et l’Équateur
avec Rafael Correa.
D’ABORD LE BRÉSIL
Le Brésil est présentement aux prises avec une des plus importantes crises politiques des dernières décennies. Tous
les ingrédients y sont pour neutraliser un gouvernement, dont la présidente,
Dilma Rousseff fait partie de la mouvance des pays émergents. Des évènements majeurs vont se réaliser au Brésil au cours des prochaines semaines et des prochaines années, plaçant le Brésil au
cœur de l’actualité mondiale : les Journées mondiales de la jeunesse, juillet
2013, la Coupe du monde de soccer 2014, les Jeux olympiques d’été de 2016. Il s’agit là d’évènements qui ne doivent surtout pas servir l’image
d’un Brésil moderne, indépendant, ouvert et dynamique. Mieux vaut qu’il
apparaisse comme un pays où le peuple est malheureux, les conflits toujours
plus aigus et les dirigeants, corrompus et dépassés par les évènements.
Si le Brésil a connu des progrès importants
au cours des dernières années, il n’en demeure pas moins un pays où les
problèmes demeurent nombreux et les défis à relever toujours plus importants
les uns que les autres. Depuis plusieurs semaines, le peuple est dans la rue pour dénoncer la corruption, des
politiques incohérentes, pour exiger, de toute urgence, la solution à un
certain nombre de problèmes spécifiques.
La Présidente a pris l’initiative de se
déclarer en accord avec de nombreuses revendications des manifestants et a rencontré les principaux représentants de ces mouvements encadrant ces
manifestations. Elle a promis la tenue d’un référendum ou plébiscite sur les principaux changements à apporter ce à quoi les
organisations ont répondu positivement.
Le bras de fer entre les prétentions
impériales de discréditer les actuels
dirigeants du Brésil et de fissurer cette majorité du peuple en appui à la Présidente,
constitue un moment charnière pour l’avenir du pays. Je mise sur la capacité de
l’actuel gouvernement de mettre à découvert les prétentions de l’empire et,
prenant prétexte de ces soulèvements, de procéder à des changements
constitutionnels majeurs, entre autres, dans l’organisation et le financement
des partis politiques. Déjà les sénateurs de l’opposition s’opposent à de tels changements. Pour le moment sa popularité est en baisse. L'ex-président, Ignacio Lula, demeure toujours très populaire et seconde fortement l'actuelle présidente. Il est inévitable que les campagnes de discrédit finissent par porter fruit. Mais tout n'est pas fini.
La présence, dans les jours qui viennent
(23 au 28 juillet), du nouveau pape
François aux Journées mondiales de la jeunesse sera l’occasion de découvrir la
direction de ses véritables engagements politiques et du rôle que joue l’Église
dans ces manifestations populaires. Nous sommes habitués à une Église
hiérarchique qui respire l’air de la mouvance impériale et oligarchique. Qu’en
sera-t-il avec ce nouveau pape, issu de ce continent et soucieux des pauvres et
des laissés pour compte? Se permettra-t-il la liberté qu’il affiche au Vatican
dans ses interventions ou sera-t-il encadré par ceux qui lui dicteront quoi
dire et ne pas dire?
Je dois m’arrêter ici, devant m’absenter
plusieurs jours. Je me propose de vous revenir en poursuivant cette fois avec
les pays émergents comme le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur.
Oscar Fortin
Québec, le 12 juillet 2013
Lâche-pas Oscar, tes réflexions sont éclairantes. Je me réjouis de l'attitude du pape François qui a commencé "le grand ménage" du Vatican en le mettant au diapason des conventions internationales: http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/12/le-pape-reforme-le-code-penal-du-vatican_3446708_3214.html
RépondreEffacerMerci Marius, je vois que tu passes de temps en temps par mon site.
RépondreEffacerJe poursuis cette semaine avec l'Argentine. Je pense que notre pape François devra se mettre en garde contre ceux qui l'utilisent pour diffuser leurs discrédits sur l'Argentine. Je t'invite à lire les deux évènements que je relève dans mon article sur l'Argentine. Tu me diras ce que tu en penses.
Bonne journée et encore une fois merci