L’ARGENTINE
Dans le texte
précédent, j’ai surtout abordé la mauvaise humeur de l’ONCLE SAM qui ne
s’est pas résigné à se délester de son arrière-cour, l’Amérique latine et les
Antilles. Il sait qu’il est fort et puissant. Il se convainc que ses muscles
guerriers et sa banque à corruption viendront à bout des récalcitrants.
Le Brésil a été le premier pays à être brièvement analysé
dans cette confrontation entre l’ONCLE SAM et les ARTISANTS d’une indépendance
économique et d’une union de tous ces pays de l’arrière-cour qui rêvent et
proclament qu’un autre monde est possible.
Dans le présent texte, je vais poursuivre cette analyse avec
l’Argentine.
L’Argentine n’échappe pas aux
actions déstabilisatrices de l’empire contre l’actuel gouvernement. Il peut
compter sur une presse bien rodée et une oligarchie toujours active pour
reprendre l’avant-scène de la vie politique et économique. Des pans importants
de la hiérarchie catholique continuent à bien le servir.
Pour bien comprendre la situation de
l’Argentine d’aujourd’hui, il faut faire un rappel de la situation économique au moment de l’arrivée au pouvoir du
couple Kirchner. Toute cette oligarchie qui s’acharne contre l’actuelle
présidente, Cristina Fernandez est la même qui avait conduit l’Argentine au
bord du gouffre en faisant le plein des richesses du pays, peu soucieuse
qu’elle fût pour les conditions de vie de la grande majorité du peuple.
Dans un article tout récent de Xavier Dupret (Chercheur en économie alternative auprès du
Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (GRESEA www.gresea.be), voici ce qu’il dit de l’Argentine au moment de l’arrivée de Nestor
Kirchner.
« En
décembre 2001, pour maintenir la liquidité bancaire, au moment même où les
capitaux quittaient le pays, le gouvernement impose aux Argentins le corralito. Le corralito définissait un plafond
aux retraits d'argent à 250 pesos par semaine. Afin de lutter contre
la fuite des capitaux, le gouvernement de l’époque interdisait les envois de
fonds à l’étranger. Cette mesure créa un mouvement de panique chez les
épargnants. Le gouvernement du président de la Rúa n’allait pas y résister et
tombait trois semaines plus tard. L’Argentine entrait dans le chaos. La
répression des mouvements sociaux, à l’époque, fait 31 morts. De la Rúa remet
sa démission et s'enfuit du palais présidentiel en hélicoptère. Et en dix
jours, quatre présidents intérimaires se succèdent à la tête de l’État (Camaño,
Rodriguez Saa, Puerta, Duha. Les temps étaient mûrs pour un changement de
modèle économique. »
Ces temps
seront ceux des Kirchner.
Nestor Kirchner est assermenté le 25 mai 2003.
Il prend la tête d’un pays au bord du gouffre et s’attaque dès les premiers
instants aux causes profondes de cette crise. Il renégocie la dette publique
qui avoisine alors les 100 milliards de dollars. Il parviendra à renégocier les
trois quarts de celle-ci et à solder ses comptes avec le Fonds monétaire
international, qu’il tient pour responsable de la crise.
En matière de politique étrangère, Nestor
Kirchner oeuvre pour l’intégration latino-américaine. Il renforce la
coopération avec les pays voisins : le Brésil, le Paraguay, la Bolivie, l’Équateur
ou encore le Venezuela qui rejoindra le Mercosur en 2006. Il joue un rôle
important lors au IVe Sommet
des Amériques, réalisé à Mar del Plata, Argentine, en novembre 2005.
Les disparités économiques ne peuvent
conduire à une entende de Zone de libre-échange des Amériques à travers un
traité de libre-échange, dominé par les plus puissants et nivelé par le bas au
détriment des plus faibles et des plus vulnérables. Ce fut l’échec pour
l’empire d’étendre son pouvoir sur l’ensemble des pays de l’Amérique latine et
des Antilles.
C’est également à Nestor Kirchner que l’on doit
l’ouverture de nombreux procès de
criminels de la dictature. En 2004, il
transforme un ancien centre de détention clandestin en un musée à la mémoire
des 30 000 personnes disparues en Argentine entre 1976 et 1983. De cela,
les opposants ne parlent guère.
Sur le plan social, il faut noter les correctifs
importants apportés aux inégalités sociales, ce que ne font pas ses adversaires.
Grâce à la reprise économique et au redémarrage des exportations soutenus par
des taux de change favorables, il finance d'importants programmes sociaux.
Le
taux de pauvreté diminue de moitié en quatre ans. Dès la première année de son
mandat, il passe de plus de 47 % à 16 %. De quoi réjouir les oligarchies
et les églises, si soucieuses du bien-être des pauvres et des plus
démunis !
Nestor Kirchner se distingue par son opposition au néolibéralisme en
appelant les gens au boycott de la compagnie
pétrolière Shell, qui avait
augmenté ses tarifs. L'Argentine ayant signé le protocole de Kyoto, il
annonce en 2005 la création du Fonds argentin du carbone. »
Il n’est pas surprenant que ses adversaires, alliés
inconditionnels de l’empire, s’acharnent pour relever tous les travers de
l’homme et faute d’en manquer, d’en inventer de toutes pièces.
En
dépit d’une forte popularité, Nestor Kirchner renonce à se représenter en 2007
pour soutenir la candidature de son épouse, Cristina Kirchner, qu’il connaît
depuis plus de 30 ans. Il était pressenti pour briguer à nouveau la présidence
en 2011.
La présidente Cristina Fernandez arrive au pouvoir à un moment où la
conjoncture économique lui est favorable. Elle sera la première femme élue d’Argentine. La présence à ses côtés de
son mari, l’ex-président, ne la révélera qu’à moitié, ce dernier continuant à
être perçu comme le vrai meneur du jeu politique.
Sans nier l’influence de Nestor Kirchner,
c’est méconnaître la femme que de penser qu’elle ne saurait être à la hauteur
de la charge sans cette présence qui demeure tout de même importante!
En dépit d’une crise majeure qu’elle connaîtra au milieu des années 2009, comme présidente du pays,
elle sera réélue en 2011 avec une forte majorité pour un second mandat.
« Cette victoire attendue permettra à Cristina
Fernandez de commencer son second mandat ce 10 décembre avec une position
politique renforcée, une grande popularité et une opposition fragmentée et
fragilisée.
Il y
a quelques mois, l’économiste et prix Nobel Joseph Stiglitz a fait l’éloge de
l’accroissement rapide du PIB argentin accompagné par une réduction importante
du taux de pauvreté par rapport aux pires moments vécus dans le pays et pour
avoir traversé la dernière crise financière bien mieux que les États-Unis ou
l’Europe.
Il ajoutait que le chômage n’y
dépasse pas les 8 % et que l’Argentine peut laisser définitivement de côté
les “magiciens” de la finance. “Ils nous ont mis dans la mouise et exigent
maintenant l’austérité et une restructuration retardée. S’il doit y avoir
souffrance, elle doit concerner d’abord ceux qui ont profité de la bulle qui a
précédé”.
Ses détracteurs n’en continuent pas moins à parler de désastre économique,
sans toutefois préciser pour qui. Ils relèvent tout ce qui peut ternir sa
réputation, faire oublier ses réalisations.
Je recommande aux lecteurs et lectrices qui veulent en savoir plus sur
cette femme qui n’a pas froid aux yeux d’aller ici où vous y trouverez des articles abordant divers sujets
relatifs à Cristina Fernandez, présidente d’Argentine.
Je termine cette seconde partie en relevant deux anecdotes qui manifestent
que l’empire et l’opposition oligarchique n’ont pas renoncé à détruire l’image
des Kirchner.
La première se rapporte à la mise à
contribution de Myriam Quiroga, l’ex-secrétaire de Nestor Kirchner et
supposément sa maîtresse pendant un certain temps. Cette dernière, mutée, suite
à de l’élection de Cristina Fernandez, ne semble pas avoir apprécié cette
mutation.
Depuis, elle a écrit un livre dans lequel elle s’en donne à cœur joie
pour relever tout ce qui se passait dans le couple Kirchner et révéler des
mouvements d’argent dans le bureau de l’ex-président. Certains de ces éléments
font l’objet de litiges et la justice sera appelée à clarifier ces accusations.
Or voilà que l’auteure vient d’écrire une lettre au pape et que, par hasard, l’histoire de cette
femme au sujet des Kirchner sort au grand jour. Bien plus on précise que le
pape lui aurait répondu “de ne pas se
laisser voler l’espérance”.
Cette communication d’une dissidente avec
la famille Kirchner avec le pape argentin, François, n’a pu se réaliser que par
l’intervention de hauts dignitaires au Secrétariat d’État et en complicité avec
certains membres influents de l’opposition.
La seconde se rapporte cette fois à
la lettre de 12 pages qu’un ancien élève et ami a écrite au pape. Voilà que le
pape, ayant reçu la lettre, téléphone à son auteur. Je vous invite à lire le
tout sur le lien qui suit ici.
Dans ce dernier cas, les artisans de cette
communication trouvent le moyen de tracer une image de l’Argentine où le monde
crève de faim.
“Préoccupé, comme toujours, par la situation
de son pays, il ne pouvait pas croire qu’on manque de blé pour faire le pain.
Paradoxalement, je me suis souvenu de ces vers : ‘On ne peut mourir de
faim/dans la patrie bénie du pain’. Il a acquiescé avec une certaine amertume,
mais il n’a fait de commentaires sur personne.”
Voilà
bien le genre d’insinuation qui s’infiltre bien auprès des millions et
centaines de millions de personnes qui s’intéressent à tout ce qui se dit au
Vatican.
Dans les
deux cas, on peut se poser sérieusement la question de savoir qui sont ceux qui
rendent possible de tels échanges et surtout qui les rendent publics.
Il ne
faut pas oublier que le nouveau pape François a accordé sa première entrevue officielle
à la Présidente d’Argentine suite à sa consécration comme Pape. Ils ont même
pris le petit déjeuner en tête à tête et procédé à des échanges de cadeaux. La
manipulation dont il fait l’objet ne saurait correspondre aux valeurs dont il
se fait le témoin. Il est urgent qu’un nouveau Secrétaire d’État, libre des
oligarchies et de l’Empire, soit nommé.
CONCLUSION
Les Kirchner ont été des alliés de premier plan de Chavez
et ils ont apporté une contribution qui a permis d’avancer sur la voie de la
grande patrie dont les deux grands apôtres sont Bolivar et maintenant Chavez.
Seule la détermination des peuples, accompagnés par
l’abnégation de dirigeants entièrement consacrés à la cause, sera la clef qui
rendra possible ce grand projet.
Dans les semaines qui viennent je traiterai du Venezuela, de la Bolivie et de l'Équateur.
Bonne semaine à vous tous et toutes
Oscar Fortin
Québec, le 18 juillet 2013
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