LE NOËL DE LA LIBÉRATION
NOËL prend bien des sens selon le regard
que nous portons sur les célébrations auxquelles il donne lieu.
Il y a le NOËL commercial qui s’alimente de tous ces bons sentiments
qui conduisent à acheter des cadeaux pour les êtres qui nous sont les plus
chers. La publicité, plus que jamais, fait la promotion de ces bons sentiments
qui feront sonner les tiroirs-caisses des centres d’achat, au grand plaisir de
leurs propriétaires. C’est le NOËL du Père Noël.
Il y
a aussi le NOËL familial qui réunit les familles, réconcilie et apporte la
paix. Il est traditionnellement célébré autour d’une grande table garnie de
tout ce qu’il y a de plus exquis et appétissant. Un NOËL de la bonne humeur où
les histoires, les anecdotes, les chants, la danse comblent de joie tous les
participants et participantes. Un NOËL plus près de celui de nos ancêtres.
Il y a également le NOËL des églises avec ses crèches, ses lumières,
ses chants portés par les plus belles voix de la paroisse. C’est le NOËL religieux
qui exalte la naissance d’un nouveau-né pas tout à fait comme les autres. Il
est celui en qui se réalisera la promesse faite par Dieu de libérer toutes les
personnes de bonne volonté. Ainsi, les voix de partout à travers le monde
s’unissent pour chanter « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur
terre aux hommes de bonne volonté. »
Il y a enfin le NOËL du pauvre, de l’exclu, du malade, de celui et de
celle qui n’ont pas de quoi acheter des cadeaux,qui sont soumis à des
conditions de vie marquées par l’humiliation, la violence, des dépendances. Ce
NOËL devient pour ces exclus, ces persécutés, ces malades et ces prisonniers
une bonne nouvelle qui leur annonce que leur délivrance est proche. Ce NOËL n’a
pas l’éclat des célébrations commerciales, culturelles, religieuses. C’est un
NOËL qui se vit dans le secret des cœurs et qui redonne force et courage pour
aller de l’avant. Leurs conditions de vie ne sauraient durer indéfiniment, car
Dieu est devenu l’un d’eux pour les accompagner et, avec eux, les sortir de
cette situation déshumanisante. Le règne qu’inaugure sa naissance ne peut qu’en
être un de libération, de délivrance de toutes ces tares d’un monde dominé par
la cupidité, l’individualisme, l’avoir, le pouvoir et le paraître.
UNE LUEUR D’ESPÉRANCE À L’HORIZON
Le NOËL qui vient me chercher est celui qui est espérance vraie pour
les pauvres et les humbles de la terre. Il y a dans cette petite lumière qui
prend vie à Bethléem une espérance qui ne s’éteint pas, un reflet qui pénètre les
cœurs et qui redonne espoir pour ceux qui n’en ont plus. Le mystère qui
enveloppe la naissance de cet enfant enveloppe également le mystère de cette
étincelle qui rejoint à travers le monde les cœurs brisés et les laissés pour
compte.
UN MONDE NOUVEAU ÉMERGE
Sans donner plus d’importance qu’il ne faut
aux prédictions mayas, à celles de Nostradamus et de Malachie, on ne peut s’empêcher
de relever le fait que le monde dans lequel nous vivons est plus que jamais en
mutation profonde. Les consciences s’éveillent, les masquent tombent, ce qui
était caché apparait au grand jour, la gouvernance de ce monde, dominé par la cupidité,
l’argent et le pouvoir ne parvient plus à dissimuler son
ignominie. Des voix s’élèvent pour la dénoncer, des peuples agissent pour la
contrer.
Je me permets de relever deux grands signes qui pointent dans la direction d’une ère nouvelle où liberté rythme avec
solidarité,
L’EFFONDREMENT D’UNE ÉGLISE DOMINÉE PAR
LE CLÉRICALISME ET LE LÉGALISME
La présence de ces deux personnages ne sont là que pour symboliser les deux grandes tendances qui s'affrontent actuellement dans l'Église: celle d'une institution devenue pouvoir et celle d'une Église devenue prophétie. La photo de gauche est celle du cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga du Honduras et celle de droite est du prêtre Ernesto Cardenal du Nicaragua. Celui que le papes Jean-Paul 11 avait sermonné à son arrivée officielle à l'aéroport de Managua, Le premier a soutenu le coup d'État militaire au Honduras, le second a été militant sandiniste et ministre de la culture dans le premier gouvernement révolutionnaire.
Depuis le Concile Vatican II, l’Église a
connu bien des conflits internes. Mais voilà qu’avec l’arrivée du pape François
les portes s’ouvrent, non pas pour y entrer, mais pour en sortir et aller à la
périphérie, là où sont les marginalisés et les laissés pour compte. C’est là,
dans cette Galilée contemporaine, que les attend le Ressuscité pour œuvrer à
l’avènement d’un Règne de liberté et de solidarité.
Finies les grandeurs des hiérarchies qui se
drapent dans l’élégance de leurs grandes robes et qui se font servir au lieu de
servir. Dorénavant, les doctrines devront s’ajuster aux Évangiles et les
préceptes devront se transformer en une présence de proximité et
d’accompagnement auprès des pauvres. Il s'agit d'un appel à une véritable conversion de l’Église à ses
origines et à ceux et celles qui ont toujours été les élus de prédilection de
Jésus : les pauvres, les pécheurs, les laissés pour compte.
Le 16 décembre dernier, le pape François en
a rajouté, d’une part, en condamnant tout cléricalisme et légalisme,
véritables éteignoirs de la vie de Dieu au milieu de son peuple et, d’autre part,
en faisant l’apologie des prophètes et de la prophétie comme source de vie.
« Quand
la prophétie se fait absente, la vie même de Dieu se fait absente et prédomine
alors le cléricalisme » et il ajoute que « lorsqu’il n’y a pas de
prophétie la légalité s’impose… et quand règne le légalisme, la Parole de Dieu
n’y est plus et le peuple de Dieu qui croit, pleure dans son cœur parce qu’il
ne rencontre pas le Seigneur. »
Un
pape qui renvoie vers les pauvres ses princes et qui ramène aux évangiles ses
docteurs de la loi, doit s’attendre à ce que ces derniers résistent tout comme ceux,
au temps de Jésus, ont résisté lorsqu’il les a confrontés à leur propre
hypocrisie et à leur suffisance. Il reprend à son compte les
paroles de condamnation de Jésus à l’endroit des pharisiens et des docteurs
de la loi qui mettent sur les épaules des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent
eux-mêmes portés. Il ne fait aucun doute que le couvercle de la marmite va sauter
et que cette Église qui remonte au temps de Constantin va s’écrouler pour
laisser la place à celle portée par l’Esprit des Évangiles.
Après
2000 ans d’histoire, la conscience des peuples n’est plus ce qu’elle était et les
manipulateurs et prédateurs ne peuvent plus vendre leur salade comme ils le
faisaient autrefois. L’Église ne pourra plus être pareille après ces
confrontations où le ton donné par le pape François s’imposera inévitablement. D'ailleurs, le support mondial de toutes les personnes de bonne foi qu'il reçoit de partout à travers le monde confirme que l'orientation prise est la bonne.
« Jérusalem,
Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés,
combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble
ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! Voici, votre maison
vous sera laissée déserte; car, je vous le dis, vous ne me verrez plus
désormais, jusqu'à ce que vous disiez : béni soit celui qui vient au nom
du Seigneur! » Mt.23, 37-39
EFFONDREMENT D’UN EMPIRE DOMINÉ PAR LA
CUPIDITÉ ET L’ARGENT
Il est évidemment question de cet empire
qui traite les humains comme des biens de consommation et lorsque, devenus
inutiles, il les abandonne comme des déchets. Cet empire est de plus en plus
condamné à travers le monde et ces derniers temps, de façon percutante, par le
pape François. Ce n’est pas coutume qu’un pape s’en prenne de front aux forces
de l’empire, devenues les plus grandes fabriques de la pauvreté dans le monde.
« Tant
que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en
renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation
financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité
sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun
problème. La disparité sociale est la racine des maux de la société. (Exhortation apostolique E.G. # 202)
Cette
voix du pape François ne peut que conforter les orientations prises par
plusieurs pays de l’Amérique Latine, de s’attaquer, entre autres, à ces causes structurelles.
Trois pays se démarquent de façon tout à fait particulière, dans cette lutte, en se soustrayant aux forces de l’empire
et en développant un nouveau régime de gouvernance et de développement, appelé le
socialisme
du XXIe siècle. Ils en sont d’ailleurs les artisans. Ce socialisme place la
personne humaine et les peuples au premier rang des préoccupations des
politiques de l’État. Ce dernier est l’outil
principal, mis en place pour servir prioritairement le bien commun de
l’ensemble de la société. L’État n’est plus au service de l’empire ni d’oligarchies
dominantes, mais au service des personnes et des peuples toujours plus
conscients et participatifs. Cette approche n’a rien pour plaire à l’Oncle Sam,
pas plus qu’aux oligarchies qui régnèrent en maître sur ces États et les richesses
abondantes de leurs territoires.
L’Équateur a su
se tenir debout devant le Fonds monétaire international pour se soustraire à
des trop-perçus sur la dette. Il a également affronté avec succès une des plus
puissantes multinationales, Chevron, dans le secteur de l’exploitation
pétrolière. Sur le plan interne, il a résisté à une tentative de coup d’État,
en 2010, et il a su mettre au pas les magnats des communications. Son
président, Rafael Correa, a remporté la dernière élection avec un au taux très
élevé de participation du peuple et une majorité incontestée sur ses
adversaires. De quoi faire grincer des dents l’empire et ses alliés.
La
Bolivie a connu, depuis 2005, une croissance inégalée de toute son histoire,
tant sur le plan économique que social et culturel. Les pauvres sont de moins
en moins pauvres et les riches sont de moins en moins riches. La distribution
de la richesse se fait sur la base des impératifs du bien commun et non des
intérêts des classes privilégiés. Là encore, l’empire n’a de cesse d’intervenir
de toutes les manières pour déstabiliser le gouvernement et mettre fin à ce
régime. Jusqu’à ce jour, ce petit peuple a résisté à l’empire et à toutes ses manoeuvres
de corruption.
Le
Venezuela est celui qui a donné l’élan initial aux changements de régimes,
mais aussi aux changements de mentalité. Hugo Chavez en a été le principal
artisan. Il a fait l’objet d’un coup d’État militaire, en 2002, de plusieurs
tentatives d’assassinats, de diabolisation dans les journaux officiels de ses
adversaires. Dans tous les cas, il est sorti vainqueur de ces attaques. Suite à
son décès, Nicolas Maduro lui a succédé et il ne l’a pas eu facile. Rien ne fut
épargné pour faire échouer les dernières élections municipales. Encore là,
l’empire a connu un échec sans appel.
Dans
cette lutte, il faut noter que les représentants hiérarchiques de l’Église catholiques sont, en majorité, des alliés des oligarchies et de l’empire. Tout le contraire de ce que demande le pape François qui condamne présentement ces forces de domination et d'exploitation. Il faudra voir ce qu'il en sera pour l'avenir.
Dans
ces trois pays, le respect des droits fondamentaux à la santé, à l’éducation, à
l’habitation, au travail a été de tous les instants et les résultats sur tous
ces plans parlent par eux-mêmes. L’analphabétisme est ramené à zéro, les
services de santé arrivent dans les zones les plus éloignées et sont gratuits, la
pauvreté a diminué et la démocratie, dite participative, permet à plus de
personnes et d’organismes populaires, économiques et autres de participer au
développement des politiques de l’État et de leur application. L’Éducation est
accessible à tous les niveaux et elle est gratuite.
L’émergence
de cette conscience nouvelle chez les peuples et leurs leaders confirme qu’un
autre monde est possible et qu’il s’imposera de plus en plus à travers tous les
pays de la terre.
À
partir du moment où la lumière apparait au bout du tunnel, l’espoir se
transforme en espérance.
La
mouvance de ces changements dans l’Église et dans le monde vont, me
semble-t-il, dans le sens de ce monde nouveau que préfigure ce nouveau-né en la
personne de Jésus et que les croyants chrétiens considèrent comme l’Emmanuel,
nom qui veut dire Dieu avec nous.
Oscar
Fortin
Québec,
le 19 décembre 2013
Les Noëls tels que
vécus au cours des dernières années
2006 : Noël :
une bonne nouvelle, mais pour qui?
2008 : Le visage
humain de Dieu
2009 : La
conscience des consciences
2010 :
Une pensée pour Noël
et la vie
Jésus de
Nazareth : un retour qui dérange
Noël : une bonne
et une mauvaise nouvelle
2011 : Le Noël
de la culture et celui de la foi
2012 : Une
naissance hautement politique
Très beau texte plein de vérité M Fortin. Pour la première fois depuis 100 ans, nous constatons que la Franc Maconnerie est sur position défensive et devient nerveuse. Les meilleures révélations d'Edward Snowden ne sont pas pas encores connus mais ils le seront! Réjouissons nous de la bonne nouvelle!
RépondreEffacerJoyeux Noël M Fortin!
G de la Vallières
Merci M. Vallières pour votre commentaire. Vous avez raison de dire que nous n'avons pas encore tout vue.
RépondreEffacerJe vous souhaite un Joyeux Noël et une Bonne Année 2014 ainsi qu'à tous les vôtres.
Oscar fortin
Bonne année 2014 à vous aussi M Fortin dans la joie du ressucité!
RépondreEffacerG de la Vallières