samedi 20 décembre 2014

LA PAIX SERA IMPOSSIBLE TANT QU’EXISTERA UN EMPIRE




    

Avec la création de la Société des Nations puis de l’Organisation des Nations Unies (0NU), le monde a choisi un régime de droit universel s’appliquant à tous les États et à toutes les nations. Les destinées du monde ne sont plus fonction des volontés d’un empereur ou d’un roi, mais de la volonté de la communauté internationale, incarnée par l’Organisation des Nations Unies. Si nous en étions dans cette logique, les différends entre les États se régleraient en fonction des lois internationales visant la protection des droits de toutes les personnes et de tous les peuples. Malheureusement, il n’en est pas ainsi et il ne saurait en être ainsi tant et aussi longtemps qu’il y aura des États qui voudront se placer au-dessus de ces lois et de ces droits.

C’est bel et bien le cas des États-Unis qui se croient toujours investis par les dieux pour dominer et diriger le monde conformément à leurs intérêts et à leur sécurité nationale. Pas question de permettre à la Communauté internationale d’intervenir sur ces questions. Cette ambition impériale est bien enracinée en ceux qui ont main mise sur les pouvoirs économiques et financiers. Pas question, pour eux, de s’en départir, peu importe le prix qu’auront à en payer les peuples. Dans la vraie vie, celle qui se déroule derrière les rideaux, c’est ce qui se passe réellement.  Voici ce que disait Condoleezza Rice, alors Secrétaire d’État sous la présidence de G.W. Bush, à des baptistes réunis en Congrès en 2006.

« Le président Bush et moi-même partageons votre conviction que l’Amérique peut et doit être une force du Bien dans le monde. Le Président et moi croyons que les États-Unis doivent rester engagés comme leader d’événements hors de nos frontières. Nous croyons cela parce que nous sommes guidés par le même principe persistant qui donna naissance à notre propre nation : la dignité humaine n’est pas un don du gouvernement à ses citoyens, ni un don des hommes les uns aux autres ; c’est une grâce divine à toute l’humanité. »

Il est évident que dans le monde visible, les États-Unis se présentent comme tout bon citoyen, respectueux des Institutions multilatérales et, de façon particulière, de l’ONU au sein de laquelle il sait jouer finement ses cartes. Chaque fois  que ces instances multilatérales peuvent être mises à contribution pour couvrir sa marche vers de nouvelles conquêtes, il sait s’en prévaloir. Ce fut évidemment le cas pour l’invasion de la Libye et de l’Afghanistan comme ce l’est actuellement en Ukraine.

Par contre, lorsque les instances de ces grandes institutions ne répondent pas à ses attentes, il les ignore et agit sans se préoccuper des lois et des droits sanctionnés par ces instances. Ce fut évidemment le cas de la guerre en Irak mais aussi pour les présentes interventions en Syrie. Il ne se préoccupe d’aucune manière des droits de souveraineté de l’État syrien pas plus que des droits de la personne. Les effets collatéraux de ses bombardements font autant de morts, sinon plus, parmi les populations civiles que chez ceux qui sont pourchassés.

S’il y a des semblants de négociation entre les différents acteurs en conflit, il jouera des cartes secondaires sans jamais toucher au fond de ses véritables intentions et objectifs. Il est évident qu’avec le temps, les leaders de nombreux pays se rendent compte qu’aucune véritable négociation ne peut conduire à une véritable paix. Pour que cette dernière devienne possible, il faudrait que les États-Unis et ceux qu’il représente renoncent à leurs ambitions impériales et à toute forme de domination non reconnue par le droit international et la communauté des Nations Unies.

Depuis des années, l’Assemblée générale des Nations Unies vote avec une très grande majorité le rejet de l’embargo que les États-Unis maintiennent contre le peuple et l’État cubain. Cela ne le dérange pas du tout. Il est au-dessus de la loi et décide, comme l’a fait G.W. Bush, de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ce qui n’est pas sans nous rappeler cette phrase que nous retrouvons dans le livre biblique de la Genèse laquelle nous apprend qu’après avoir désobéi à Dieu, Adam et Ève connurent le bien et le mal. En d’autres mots, Ils eurent le pouvoir de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal. Pour les puissants de ce monde, c’est une phrase qui leur colle à la peau. Pour les pauvres et les humbles de la terre, il s’agit là d’une phrase à laquelle leur destin ne permet pas d’accéder. Ils subissent le mal qu’ils ne souhaitent pas tout en aspirant au  bien qui demeure hors de leur portée.

Pour les croyants en Jésus de Nazareth et dans les Évangiles qui en racontent la vie et l’enseignement, l’ordre des choses est remis à sa place. L’inauguration, en Jésus de Nazareth, d’un règne nouveau, voulu par son Père, entrainera inévitablement la chute des empires. La domination se transformera en service, le bien en solidarité, les ambitions en justice, les mensonges s’évaporeront devant la vérité. Les humbles et les pauvres de la terre retrouveront leur dignité et la joie de vivre. Tout pour que le roi Hérode ordonne de faire disparaître cet enfant destiné par Dieu à détrôner les rois et les empereurs. Marie, sa mère, en apprenant qu’elle allait mettre au monde un enfant s’était exclamé :

« Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe.
Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. » Lc. 1,51-53

C’est sans doute dans cet esprit qu’il nous faut entendre  ce « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix sur terre aux personnes de bonne volonté. » que chante le Noël des chrétiens.

La lecture que je fais des temps que nous vivons est que l’humanité en est à cette dernière croisée des chemins. Il n’y a plus de place ni pour un Empire qui impose ses dictats à l’humanité, ni pour des Églises qui en sont le prolongement à travers leurs cultes et leurs enseignements. Le monde qui naît avec la nativité de Jésus est un monde où la loi de Dieu est inscrite dans le cœur de chacun (Jér. 31,33) et où les églises sont de véritables phares  de solidarité, de partage, de compassion, porteuses de vérité, de justice et d’amour, sans autre calcul que celui d’aimer tout simplement et gratuitement. Le réveil des peuples et l’arrivée du pape François augurent bien ce tournant de l’Histoire.

Dans cet esprit de Noël, je me permets de vous souhaiter à tous et à toutes, gens de bonne volonté, la paix, celle qui est fondée sur le respect des droits des personnes et des peuples ainsi que sur la justice qui en est l’expression. Puisse l’année 2015 ouvrir toute grande la porte à ce monde nouveau, guidé par le droit universel et non plus par le pouvoir impérial.

« Dieu sera avec son peuple. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n`y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs auront disparu de la surface de la terre. » Apocalypse ch. 21

Oscar Fortin
Le 2O décembre 2014

1 commentaire:

  1. Aphorisme dû à Lénine : « Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre »

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