Ce qui fait du pape François un des hommes les plus aimés et respectés
de la terre, c’est sa passion toute simple pour l’Humanité dont chacun des
membres doit y trouver la paix et le bonheur. Le pauvre, l’exclu, le malade,
l’expatrié, le persécuté et toutes les personnes de bonne volonté sont au
premier rang de ses préoccupations. Il a choisi de sortir de l’Église de
pierre, de l’Église des institutions et des doctrines pour aller à la rencontre
de cette Humanité en mal de vivre. Il y va avec toute l’humanité que lui
inspire ce Jésus de Nazareth dont les Évangiles nous racontent l’histoire.
Le pape François ne se présente pas comme un être exceptionnel, comme
quelqu’un de hors du commun. Il se présente plutôt comme un être qui porte en
lui les mêmes contradictions auxquelles personne n’échappe. Il sait ce qu’est
la souffrance physique et morale qui nous touche tous à des degrés divers. Sa
situation actuelle n’est pas sans en faire la cible toute désignée des
persécutions subtiles et haineuses de son entourage. De la nature humaine, il a
appris ce qui pouvait la rendre si fragile et cruelle à la fois. Sa présence
dérange, son enseignement en scandalise plusieurs et sa popularité engendre des
sentiments de frustration et d’envie chez ceux qui rêvaient de cette fonction
suprême. Il n’y a donc pas de surprise pour lui que ce mal, des ambitions et
des envies, nous atteigne tous d’une manière ou d’une autre, créant ainsi des
fossés énormes entre des êtres, pourtant faits pour s’aimer et s’entraider.
Ce n’est pas pour rien qu’à sa première apparition comme pape à la
balustrade de la Place St Pierre, il demanda au monde entier de le bénir pour
que l’Esprit du Seigneur l’accompagne dans sa nouvelle mission, celle de faire
revivre l’Église des Évangiles de manière à ce qu’apparaisse de nouveau le
véritable visage humain de Jésus de Nazareth. C’est avec grande humilité qu’il
assume cette responsabilité et ce sera en témoignant par sa propre vie qu’il procédera
au dépoussiérage d’une Église en perte d’humanité.
Pape François avec des itinérants |
S’il
fait des appels répétés aux prêtres, évêques et cardinaux de sortir de leurs
églises de pierre pour aller aux périphéries, là où sont les exclus, les
pauvres, les laissés pour compte, il est le premier à sortir du Vatican pour
aller à la rencontre de ce monde des périphéries. C’est vrai pour le diocèse de
Rome dont il est le titulaire. On
raconte qu’il lui arrive d’aller de nuit, vêtu d’une simple soutane noire,
à la rencontre d’itinérants et de sans-abri. Il y va, accompagné de son
secrétaire affecté aux bonnes œuvres. C’est également vrai pour ses voyages qui
sortent du cadre protocolaire pour mettre en relief la spontanéité de l’homme
et son accueil à tous ceux et celles qui s’en approchent. Il y a eu le Brésil,
mais aussi la Corée du Sud, les Philippines où les foules lui ont témoigné un
attachement exceptionnel.
Partout où il passe, il voit en ces hommes, en ces femmes en ces
jeunes, ce Jésus de Nazareth qui a dit et répété à plusieurs reprises ce que
vous faites aux plus petits des miens, le pain que vous donnez à celui qui a
faim, les soins que vous apportez aux malades, les visites que vous réalisez
auprès de ceux qui sont seuls, tout cela c’est à moi que vous le faites. Ce
Jésus qu’il porte en lui est également ce même Jésus qui prend sur lui la
situation humaine de tous ces gens qu’il se garde bien de juger pour mieux les
aimer.
En ce jour du mercredi des Cendres, jour qui nous rappelle que tout le
matériel dont nous nous enveloppons n’est que poussière, il a eu de nouveau ces
paroles qui reviennent comme un thème majeur de sa pensée « Dieu ne se fatigue pas de nous faire miséricorde ». C’est
sans doute une manière de sortir l’humanité de la déprime en lui rappelant que
le regard que porte Père sur elle est toujours un regard d’amour, peu importe
les itinéraires par lesquels le destin nous a conduits. Il suffit d’ouvrir son
cœur, de relever la tête et d’aller droit en avant avec ce même amour et cette
même miséricorde.
Le pape François n’est pas obsédé, au grand déplaisir de plusieurs, par
une Église à sauver, par une doctrine à proclamer sur toutes les tribunes où il
passe. Il est plutôt obsédé par une Humanité à retrouver, par un Évangile à
proclamer. Il se fait proche des blessés de la vie et critique de ceux et
celles qui imposent un système de gouvernance qui transforme les deux tiers de
l’humanité en marchandise à mettre aux déchets. Il s’agit d’un monde
d’exclusion, tout à l’opposé du monde de l’inclusion où chaque personne est
reconnue et respectée. Dans son Exhortation apostolique, Evangelii
Gaudium, il dénonce cette situation.
« 53. De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire
pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à
une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie
tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre
dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de
deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer
le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de
la faim. C’est la disparité sociale. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la
compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible.
Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient
exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de
sortie. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation,
qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du
“déchet” qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de
l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec
l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société
dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les
bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus
ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’. »
Les Évangiles sont un phare qui ne laisse personne dans l’ombre. Ils
sont un rappel constant que nous appartenons tous et toutes à la grande famille
humaine et que nous sommes tous et toutes des frères et des sœurs, unis dans un
même destin qui nous conduit à cette terre nouvelle dont nous parle le livre de
l’Apocalypse.
« Et j`entendis du trône une
forte voix qui disait: voici le maison de Dieu avec les hommes! Il habitera
avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. l essuiera
toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n`y aura plus ni
deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » Apc.21,4-5
C’est à cette tâche de l’avènement d’une humanité nouvelle que nous
sommes tous et toutes conviées. Le pape François souffre de voir autant de
guerres, d’atrocités, d’armements toujours plus sophistiqués pour tuer ses
semblables. Son témoignage de vie et sa parole sont des rappels que tout n’est
pas perdu, qu’il y a un horizon lumineux qui
nous invite à retrousser nos manches de la justice, de la vérité, de la
solidarité, de la compassion, de la miséricorde, de l’inclusion sociale et
humaine pour avancer à la rencontre de cette terre nouvelle. C’est là que
l’Église retrouvera sa fraîcheur et que les humains reconnaîtront l’authentique
visage de Dieu.
Longue vie au pape François
Oscar Fortin
Québec, le 18 février 2015
Quand on prend le temps d’observer le pape François, on se rend compte, qu’au centre de ses discours, il y a toujours une référence à des faits vécus, des événements qui arrivent, et que lui et son auditoire voient, expérimentent et que les gens simples comprennent. Voilà l’homme nouveau de l’Évangile, humble, doux, calme et ferme qui se range du côté des pauvres et des exclus.
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