VENEZUELA; Tentative de coup d’État démontée
Le 12 février dernier
marquait le premier anniversaire des actions violentes enclenchées par les
forces de l’opposition d’extrême droite pour déstabiliser et renverser le
gouvernement de Nicolas Maduro. Comme nous le savons tous, cette opération
avait été soigneusement préparée et financée par des fonds venant de Washington
et de l’oligarchie nationale. Malheureusement pour eux, le gouvernement a
survécu à ces actions « terroristes » et ses principaux instigateurs
dans le pays furent arrêtés et faits prisonniers. Une défaite amère qui donna
lieu à l’élaboration d’un nouveau plan, cette fois pour janvier et février
2015. C’est de ce plan qu’il est question dans cet article.
Il faut dire que l’ambition
du pouvoir, mais surtout des richesses qui tombent sous la coupe de ce pouvoir
est persistante et tenace. Depuis que Chavez a pris le pouvoir, en 1999, par
des élections, tout ce qu’il y a de plus démocratique, et qu’il dota le pays
d’une Constitution, reconnue et acceptée par le peuple, les oligarchies
nationales, la cupule épiscopale et Washington ne font qu’un pour mettre un
terme à cette aventure d’un peuple à la conquête de son indépendance et du
contrôle de ses richesses.
Ce club des forts et des
puissants peut compter sur une presse qui couvre le pays et le monde dont les
journalistes sont devenus des spécialistes de la manipulation et de la
désinformation. Un instrument indispensable pour diaboliser ceux qui doivent
l’être et diviniser ceux qui doivent agir. Il faut que l’opinion publique
nationale et internationale voie et comprenne que leurs actions de reconquête
du pouvoir n’est que pour mieux servir les intérêts de ces pauvres gens soumis
à un régime inhumain d’un gouvernement socialiste, marxiste, communiste, etc.
Les déclarations de l’épiscopat viendront renforcer le rejet moral de ces
idéologies «populistes» qui n’auront été que des échecs là où ils ont voulu
prendre racine. À ces déclarations s’ajouteront des millions de dollars pour
corrompre, acheter et payer des mercenaires et des volontaires pour créer le
désordre et commettre des crimes sous fausses bannières.
Certains se souviendront du coup
d’État militaire d’avril 2002 qui nous révéla à visage découvert certains
de ces acteurs ainsi que leur projet funeste de remettre le peuple là où il
aurait dû toujours resté et pour reprendre, à leur compte, un pourvoir qui
n’aurait jamais dû leur échapper.
Suite à cette expérience
ratée de coup d’État, une alternative de déstabilisation se présenta du côté
des dirigeants et syndicats anti-Chavez de l’entreprise nationale du pétrole
vénézuélien PDVSA dont les principaux responsables avaient été nommés par le
gouvernement précédent. Ce fut d’abord une
grève qui s’étendit sur plusieurs mois, affectant ainsi la principale
source de revenus du Venezuela, mais sans donner les résultats escomptés. C’est
alors que l’opposition oligarchique se tourna vers cette disposition de la
Constitution qui permet de révoquer
par référendum un dirigeant qui n’est pas à la hauteur des fonctions qu’il
se doit d’assumer. Ce fut alors la grande mobilisation pour obtenir les
signatures nécessaires pour enclencher ce référendum révocatoire contre Chavez.
Encore là, aucune chance. Le peuple est avec Chavez.
Tout au long des années qui
vont suivre, le gouvernement Chavez sera harcelé, élection après élection, par Washington et une opposition qui n’ont
pas l’intention de démordre, peu importe les moyens à utiliser. En février
2014, les activités de sabotages ont fait plus de 60 morts et plus de cent
blessés, sans compter les dommages matériels avoisinant les cent millions de
dollars.
Cette année, 2015, n’allait
pas échapper à ces actions criminelles, toujours présentées par les médias
meanstream comme des luttes pour la liberté et le respect des droits humains.
Voici en quelques mots le scénario prévu pour janvier et février 2015.
Déjà au début de janvier, il
y a eu une première déclaration d’un cardinal important de l’Amérique centrale
et qui occupe également un poste de grande influence au Vatican. Il s’agit du
cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga du Honduras qui agit également comme
secrétaire du G-9, groupe qui a pour mission de conseiller le pape sur les
réformes de la Curie. Ce n’est donc pas n’importe qui. Or, au début de , il a
parlé du socialisme de Chavez comme d’une idéologie populiste et en voie de
s’écrouler. Une semaine plus tard, ce fut autour de la Conférence épiscopale de
dénoncer le socialisme et d’accuser le gouvernement pour les problèmes de
distribution des produits de première nécessité. Sur ce type d’interventions,
je vous réfère à cet
article.
Ce fut comme un signal de
départ pour amplifier la rareté des biens de première nécessité en contrôlant
leur distribution. Il faut savoir que cette distribution est à 70% sous le contrôle d’entreprises privées.
Cette rareté a donné naissance à des files d’attente pouvant durer des heures
aux portes des centres de distribution, tout pour exaspérer la population
et la soulever contre le gouvernement,
présenté par les médias meanstream comme l’unique responsable de cette rareté.
Des groupes mobilisés et
financés par cette même oligarchie avaient pour mission de faire monter la
colère des gens et de les inciter à des actions de sabotages contre les centres
de distribution et édifices publics, l’objectif étant de créer le chaos ouvrant
la voie à une intervention militaire.
Il faut reconnaître au
gouvernement de Nicolas Maduro d’avoir bien saisi la nature de ces évènements
et de les avoir affrontés pour ce qu’ils étaient. Les entrepôts gonflés de ces
biens essentiels ont été découverts et portés à la connaissance du public. Le
gouvernement a pris le contrôle des principaux centres de distribution pour
rendre accessibles des tonnes d’aliments et de biens essentiels. Il a également
pris des mesures pour contrer le commerce au noir de ces biens qui se revendaient
à haut prix.
Là ne s’arrêtait toutefois
pas ce plan de coup d’État. Grâce au service d’intelligence et de jeunes
officiers de l’armée, fidèles à la Constitution, le gouvernement a pu démonter,
ces derniers jours, ce qui aurait pu devenir un véritable coup d’État militaire
réalisé en concertation avec certains membres de l’armée, ayant choisi la
corruption et la trahison.
Ces militaires ont été
identifiés et mis en prison. Leur arrestation a permis au gouvernement d’en
savoir plus sur ce plan. L’action militaire devait se dérouler le 12 ou le 13
février, ayant pour objectif principal le
bombardement de la Résidence officielle du Président ou de l’endroit où
il se trouverait à ce moment, également la destruction du Centre d’information nationale
et internationale de telesur.net., entre autres. Ces militaires disposaient
d’un visa leur donnant accès en tout temps aux États-Unis. Le gouvernement a
également mis la main sur la liste des candidats pour former le gouvernement
intérimaire, sur les décisions d’annulation de la constitution dans ses
éléments essentiels, etc.
Pendant que les militaires procéderaient,
des manifestations programmées se réaliseraient dans les principaux centres du
pays de manière à créer le désordre et à justifier une loi de couvre-feu de la
part des nouveaux gouvernants.
En somme, une opération qui
emprunte ses bombardements à ceux du Chili d’Allende, qui procède pour la
gouvernance sous le modèle du coup d’État militaire de 2002 et qui met à la
disposition de la presse nationale et internationale des montages vidéo et des
déclarations, créés spécialement pour la circonstance.
C’est sans doute en pensant à
ce coup d’État militaire qui était planifié pour le lendemain qu’Obama glissa cette phrase lors d’une longue
entrevue à Vox: « On est bien obligé de tordre le bras des pays qui ne
font pas ce que nous voulons. » Une phrase qui s’appliquerait bien à un
gouvernement vénézuélien renversé par un coup d’État militaire soutenu par
Washington. Malheureusement pour lui et ses alliés oligarchiques et épiscopaux,
le Gouvernement de Maduro est toujours là et ces criminels immédiats de cette
autre aventure de coups d’État prennent le chemin de la prison.
Ma seule conclusion est celle
de dire que les chantres de la démocratie et du néo-libéralisme, de l’humanisme
chrétien sont trop souvent, à mon goût, des hypocrites, des menteurs, des
manipulateurs qui n’ont pour objectifs que leur prestige et pouvoir personnel.
Je suis pour la démocratie,
celle qui fait participer le peuple. Je suis pour le néo-libéralisme, soumis
aux exigences du bien commun dont l’État est l’ultime responsable. Je suis pour
l’humanisme chrétien, celui qui met l’institution ecclésiale au service des
Évangiles et qui fait des Évangiles une source d’inspiration pour les peuples.
Oscar Fortin
Québec, le 13 février 2015
Merci Ednor pour l'information. Je ne puis qu'être heureux lorsque je vois mes articles relayés par d'autres sites. On peut également le retrouver sur le site du Grand Soir, celui d'Agoravox et Alterfin.
RépondreEffacerbonne fin de journée
Merci M. Fortin pour cet excellent article. Combien il est difficile de lutter au nom de son peuple et des pauvres contre l'Empire américain et ses vassaux européens. Bravo peuple du Venezuela, bravo Maduro, bravo Chavez!
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