mercredi 17 juin 2015

LE PRÉSIDENT POUTINE AU VATICAN



LE PAPE FRANÇOIS RÉSISTE AUX PRESSIONS DE WASHINGTON





Comment ne pas parler de cette visite historique du président Vladimir Poutine au Vatican? Ce n’est pas la première fois que le président Poutine rencontre le pape François, mais c’est la première fois dans un contexte aussi explosif.

Washington et ses alliés accusent ce Président d’être le grand responsable des guerres, particulièrement en Ukraine et au Moyen-Orient. Si nous tenons pour acquis le message que nous livre la presse officielle dont Washington est le maitre d‘œuvre, nous comprendrons que c’est l’Occident qui fait tout pour qu’il n’y ait pas de guerres alors que Poutine ne cesse de menacer d’invasion les pays pacifiques de l’Europe. À les entendre, Poutine est une menace terrible, véritable épée de Damoclès,    suspendue au-dessus de tous ces pays qui ne veulent que la paix. Comment, en pareille circonstance, ne pas déployer tous les moyens et les forces nécessaires pour faire entendre raison à ce Président menaçant et envahisseur? D’où suit, évidemment, l’armement le plus complet de tous ces peuples par l’envoi d’armes les plus sophistiquées et d’instructeurs militaires pour assurer leur formation à la guerre.

On parle de transport en Europe d’armements lourds et de préparatifs pour une guerre en Europe. Du 26 septembre au 6 novembre, l’OTAN et Washington réaliseront le plus important exercice militaire depuis la fin de la guerre froide.

« Il se déroulera en Italie, Espagne et Portugal du 28 septembre au 6 novembre, avec des unités terrestres, aériennes et navales et avec des forces spéciales de 33 pays (28 OTAN plus 5 alliés) : plus de 35mille militaires, 200 avions, 50 navires de guerre. Y participeront aussi les industries militaires de 15 pays pour évaluer de quelles autres armes a besoin l’OTAN. »

Cette mise en scène avec tout ce qu’elle comporte de conditionnement et manipulation de l’opinion publique risque de perdre beaucoup de crédibilité avec cette visite du président Poutine au pape François. Ce dernier sera en contact direct avec le principal accusé de l’Occident et entendra la version non censurée de ce dernier. Il y a risque à ce que le pape François décode la manœuvre et découvre le caractère guerrier et manipulateur de cet Occident.

Cette situation explique toutes les initiatives, prises par les représentants de cet Occident auprès du Vatican, pour que le pape ne reçoive pas Poutine. Ces initiatives, de toute évidence, n’ont pas donné les résultats escomptés. D’autres initiatives furent prises pour encadrer de plus près cette rencontre. Les conseils et consignes ne manquèrent pas pour que le pape ne se laisse pas tromper. Rien n’y fit. Le pape a reçu le président Poutine et la rencontre s’est réalisée à huit-clos avec la seule présence des deux traducteurs, choisis par chacun des interlocuteurs.

Il importe de rappeler que le pape François ne s’était pas compromis avec Washington et l’Occident sur la question de l’Ukraine et que cela les inquiétait déjà beaucoup. Habituellement, cette collaboration du Vatican avec ses partenaires occidentaux allait de soi, mais voilà que ce pape François veut en savoir plus et que sa porte est ouverte à ceux qui peuvent lui donner de première main l’information la plus ample sur ce qui se passe dans le monde. En cela, cette rencontre du pape François avec le président Poutine est vraiment historique. Le pape s’affirme comme indépendant et souverain par rapport à Washington.

Conscient des pressions exercées sur lui et auxquelles il a su résister, le pape François a accueilli comme prévu le président Poutine au Vatican. Après les photos et les salutations d’usage, les deux hommes se sont retirés dans une pièce à part pour aborder les grands et graves problèmes qui interpellent notre monde.

La réalité est que les deux hommes sont sortis avec le sourire, après plus de 50 minutes de dialogue. Il ne fait aucun doute que le président Poutine, a exprimé son point de vue et remis les pendules à l’heure quant au conflit en Ukraine. Il aura rappelé que l’actuel gouvernement est le résultat d’un coup d’État préparé de longue main par Washington et l’OTAN. Il aura également précisé que l’actuel conflit met en cause le gouvernement de Kiev avec une partie de la population ukrainienne qui est de souche et de culture russes. Ces derniers n’ont pas accepté ce changement inconstitutionnel du gouvernement. Depuis, ils sont la cible d’attaques qui ont fait à ce jour plus de 6000 morts et de mesures législatives qui les privent de leurs droits les plus fondamentaux. La langue russe ne fait plus partie du décor législatif et les pensions destinées aux personnes âgées et en nécessité de subsistance ont été éliminées. Une occasion, tout indiquée, pour rappeler au pape François, ses propos lors de sa visite récente en Bosnie-Serbie. Une approche avec laquelle il ne peut qu’être entièrement d’accord.

« La coexistence de trois communautés, les serbes orthodoxes, les musulmans bosniaques et les croates catholiques, «témoigne au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible», a-t-il dit dans son premier discours de la journée. »

Déjà, le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican avait évoqué cet aspect dans un document préparatoire à cette visite.

« Il est nécessaire d’assurer une égalité fondamentale entre tous les citoyens et entre toutes les classes sociales, culturelles et politiques qui font partie de ce pays, de telle manière que tous se sentent des citoyens avec une identité spécifique, indépendamment du nombre. (Traduction de l’auteur)

Les accords de Minsk insistent pour que le gouvernement de Kiev aborde cette question avec les populations du Donbass, de manière à en arriver à une nouvelle constitution qui saura leur reconnaître tous leurs droits dans une Ukraine remodelée. Il faut noter que sur ce point, gouvernement de Kiev, non seulement, il n’a rien fait, mais il a durci les mesures législatives à l’endroit de ces populations.

Le président Poutine aura certainement mis l’accent sur le fait que le conflit en Ukraine n’est pas un conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais entre le gouvernement de Kiev, sous tutelle de Washington, et les populations de source russe du Donbass.

Il ne fait pas de doute que le pape François a eu une oreille attentive aux divers propos du président Poutine et que  ce dernier en a fait tout autant.

Je vois comme un symbole prophétique la remise au Président Poutine du médaillon de l’Ange de la paix qui vainc toutes les guerres. Chacun peut, évidemment, avoir sa petite idée sur le sujet, mais dans mon cas, je vois dans ce président, pas tout à fait comme les autres, une figure qui transcende ce monde du mensonge, de la tromperie et d’ambition de conquêtes et de domination dans lequel nous vivons. Je pense que le pape François a vu en Poutine un homme sincère, qui veut vraiment la paix et qui agit pour faciliter l’émergence d’un monde multipolaire et multicentrique.



Un moment historique qui marque l’affranchissement du pape François de l’autorité dominante de Washington et de ses politiques dans le monde. Dans cette rencontre, il se révèle davantage comme le pasteur d’une Église, patrimoine d’humanité que comme un chef d’État au service de politiques douteuses.

Oscar Fortin
Le 17 juin, 2015

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