dimanche 20 décembre 2015

Le Messie des chrétiens : une menace à la sécurité de l’Empire





Pour les chrétiens du monde, NOËL est la célébration de la naissance de Jésus, ce Messie envoyé par Dieu pour libérer l’humanité de la domination des puissants et apporter aux pauvres et humbles de la terre la liberté et la paix. Du même souffle, on peut affirmer que pour toutes les personnes de bonne volonté, croyantes ou pas, NOËL, est également la fête du visage humain de l’Humanité, un moment où tout devient partage, fraternité, réconciliation, solidarité, joie et paix.

Le titre de cet article m’est venu à l’esprit en lisant les propos tenus par le pape François dans son homélie d’aujourd’hui auquel RD se réfère. (20/12/2015)

 « Au moment où l’Histoire nous apparaît déterminée par l’économie du marché, les finances ou les échanges commerciaux, dominés par les puissants, le Dieu de la Nativité est un Dieu qui change les règles du jeu. D’ailleurs, il aime faire cela. Comme le proclame Marie, il est le Seigneur qui détrône les puissants et élève les humbles. » (trad. de l’auteur)

Dans cet extrait, le pape François se réfère à cette prophétie de Marie au moment même où elle apprend qu’elle porte en son sein ce Messie.

« Il a déployé la force de son bras; il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses.

Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles. »
Luc, 1, 51-52

Le Roi Hérode, déjà en son temps, avait pris bonne note de l’arrivée de ce personnage, véritable menace  pour son pouvoir de domination sur son peuple. Lui aussi se préoccupait de sa sécurité nationale et ne se gêna pas pour essayer de s’en débarrasser dès sa naissance. Aujourd’hui, Hérode n’y est plus, mais l’empire y est toujours, cette fois sous le visage des États-Unis d’Amérique qui s’impose au monde comme le Tout-Puissant ayant tous les droits. Ce pouvoir de l’empire repose sur quatre colonnes : celle de la puissance politique, celle de la puissance économique, celle de la puissance militaire et celle des moyens de communication. Ces quatre colonnes sont les piliers qui assurent sa sécurité nationale et internationale. Toute mise en cause de cette suprématie devient une menace à cette sécurité.

La suprématie politique

Il suffit de lire des journaux, de regarder la télévision, de suivre ce qui se passe dans le monde, pour réaliser que les États-Unis n’ont pas seulement une influence circonstancielle dans le choix des gouvernements, des régimes politiques, des alliances bilatérales et multilatérales des nations. La démocratie, celle qui est compatible avec son pouvoir , est celle sur laquelle il a  plein contrôle :  contrôle sur le choix des candidats, sur les mécanismes du système électoral et sur le décompte des bulletins de vote.

Les peuples, les nations et les États qui voudraient s’affranchir de ces contrôles sur leur démocratie risquent de connaître de sérieux problèmes. Les pays qui dérogent à cette loi fondamentale non écrite de la suprématie politique des États-Unis sur leur système électoral devront s’attendre à une offensive musclée du principal intéressé.

Il suffit de penser à ces gouvernements émergents de l’Amérique latine dont, entre autres, la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, pour voir ce dont l’empire est capable. En Afrique et au Moyen-Orient, ce fut le cas d’Irak, de Libye, d’Afghanistan, et maintenant de la Syrie. Plus que tout, il faut mentionner les pays qui intègrent l’alliance BRICS, lesquels s’affirment contre une gouvernance mondiale unipolaire placée sous le contrôle des États-Unis. Dans ce dernier cas, la Russie et la Chine s’imposent comme des forces qui visent plutôt un monde multipolaire qui respecte le droit des peuples et des nations. Ça ne plaît pas du tout à l’Empire.

La suprématie économique et financière

Même si les États-Unis sont le pays le plus endetté au monde, il n’en demeure pas moins qu’il a sur les institutions financières un pouvoir prédominant. Il sait comment placer son monde dans les postes les plus importants et à travers ces derniers agir en fonction de ses intérêts. La Chine et la Russie, avec les autres membres du BRICS, Brésil, Inde et Afrique du Sud, commencent à lui poser problème.

La suprématie militaire

Nous savons tous l’importance que joue l’industrie militaire et la place qu’elle occupe dans les budgets militaires du gouvernement des États-Unis, mais aussi des autres pays, membres de l’OTAN. La course aux armements est d’autant plus nécessaire que les adversaires (Russie-Chine) commencent à montrer ce dont ils sont capables.

La suprématie sur les moyens de communication

S’il fut un temps où nous pouvions prendre ce qu’on lisait dans les journaux ou que l’on écoutait à la radio comme vérité d’Évangile, ce n’est plus le cas maintenant. La grande majorité des médias de communication sont la propriété de ces pouvoirs dominants et les journalistes qui y travaillent sont autant d’attachés de presse dont les objectifs sont de faire bien paraître leurs patrons et ce qu’ils veulent comme nouvelles. Ce pouvoir de communication se révèle être un véritable laser mental qui prend contrôle des cerveaux et des émotions des personnes et des peuples. Seule l’information alternative qui prend progressivement forme sur les sites internet peut en atténuer les effets en donnant à la nouvelle une tout autre version de ce qui circule en abondance sur les écrans de télévision et sur les pages de nos journaux.

Que conclure de tout cela?

D’abord, la présence historique de ce personnage, qu’est Jésus de Nazareth, n’est pas indifférente à la sphère des pouvoirs qui dominent et manipulent le monde. Aujourd’hui comme hier, ceux et celles qui se réclament de sa personne ne peuvent tout simplement pas être complices d’un tel empire, d’un tel système qui ramène la personne humaine à un niveau de déchet. Bien plus, ils se doivent d’en révéler les mascarades, les manipulations, les injustices, les tricheries, la corruption qui est devenue l’assaisonnement principal de ses conquêtes.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’Occident et, de façon toute particulière les États-Unis d’Amérique qui incarnent cet Empire, sont ceux qui se réclament le plus de la chrétienté. C’est dire jusqu’où ce pouvoir de manipulation est puissant. Il est parvenu à inscrire dans la conscience des gens que les États-Unis d’Amérique ont été élus par Dieu pour y faire régner l’ordre et la paix. Or, ce monde de la gouvernance mondiale, fondée sur la puissance politique, économique et militaire est, selon les évangiles, condamné à l’échec le plus complet. Les paradigmes des Évangiles sont tout à l’opposé des paradigmes de l’empire.

Ce que nous enseigne la prophétie de Marie, plus haut mentionnée, et l’esprit même des Évangiles c’est que ces puissants et ces prétentieux qui s’autorisent à dominer le monde seront « détrônés » et que les victimes de ces pouvoirs inventés, les pauvres et les humbles, seront élevées

Il n’y a pas à se surprendre si le pape François qui commence à dénoncer avec de vrais mots ce scandale de la domination et de l’exploitation des peuples dérange ces élites qui se font passer pour des sauveurs d’humanité alors qu’ils en sont les fossoyeurs.

En cela, Jésus de Nazareth et tous ses alliés sont une menace à la sécurité nationale des États-Unis dont la puissance repose, avant tout, sur son pouvoir de domination politique, économique, militaire et de communication. À ces derniers se joignent tous les autres pays qui se solidarisent avec cette puissance de domination du monde. C’est, entre autres, le cas des pays de l’OTAN.

Le jour où l’institution ecclésiale sera redevenue une menace à la sécurité de l’Empire, elle aura alors retrouvé l’esprit de Celui qui lui donne vie.

Les croyants doivent se questionner sur leur foi et leurs engagements. Les non-croyants doivent en faire tout autant au niveau de leurs engagements pour dénoncer tout ce qui est pouvoir de domination et pour se solidariser avec les humbles et les pauvres victimes de ces puissances de domination. Nous avons tous en commun d’être des humains aspirant à la justice, au respect, à la vérité, à la solidarité.

Joyeux Noël à tous et à toutes et Bonne et Heureuse Année 2016

Oscar Fortin
Le 20 décembre 2015

http://humanisme.blogspot.com

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