jeudi 17 mars 2005

DA VINCI CODE :LORSQUE LE SECRET DEVIENT SUSPECT


Dan Brown, auteur du roman DA VINCI CODE, est sans doute le premier à se réjouir de la décision du Vatican d’en interdire la lecture. Déjà best-seller, cette sortie vaticane ne fera que lui attirer de nouveaux lecteurs. Une aubaine pour son auteur et son éditeur.

J’ai lu ce roman pas plus tard que la semaine dernière, donc juste avant que sa lecture m’en soit interdite. Il ne m’a pas particulièrement impressionné. Si les secrets bien gardés qui entourent les finances du Vatican et l’existence même de l’Opus Dei, alimentent l’imaginaire de l’auteur et suscitent la curiosité du lecteur, les intrigues par contre me sont apparues peu réalistes et d’inégales valeurs. L’ensemble de toute cette histoire se joue dans le cadre d’un calendrier de moins de 24 heures. Il y a le déplacement du supérieur de l’Opus Dei qui va de New York au Vatican puis à Londres. Les héros de cette histoire connaissent des intrigues qui les confrontent à la fois à des poursuites policières, à des analyses d’indices sophistiqués, à des déplacements nocturnes les conduisant à divers endroits de la région parisienne pour finalement se terminer à Londres, le tout marqué par de nombreux incidents et des rencontres fortuites qui s’avèreront de grande utilité. Le génie de Da Vinci est particulièrement mis en évidence par les indices laissés dans certains de ses tableaux dont ceux de la dernière cène et de la Joconde. Ils révèlent, pour ceux qui savent les reconnaître, certains faits que le Concile de Constantinople n’a pas jugé bon de retenir, mais que les Templiers ont su transmettre. Tous les ingrédients y sont pour alimenter une intrigue vraisemblable révélant le visage caché d’une vie de Jésus marié à Marie Magdeleine avec une descendance arrivant jusqu’à nous. Voilà, bien brièvement résumé, un ouvrage qui compte plus de 500 pages.

Ce roman illustre merveilleusement bien le fait que le culte du secret est un terroir fertile pour la suspicion et l’imaginaire. Il m’apparaît évident que la mise à l’index de cet ouvrage ne résoudra d’aucune manière les problèmes soulevés. La seule façon de désamorcer les allusions et suspicions qui s’alimentent à même ce terroir serait plutôt d’ouvrir tout grands les livres et archives qui en rendent compte. Que d’ouvrages, qui ne sont pas des romans, ont questionné et continuent de questionner la gestion des sommes énormes qui ont transité et continuent de transiter par la banque du Vatican. Des pans entiers demeurent obscurs. Il en va de même avec l’Opus Dei qui est pour les uns une secte aux relations suspectes avec certains milieux conservateurs et qui contrôle à peu près tout ce qui se passe au Vatican. Pour d’autres, le caractère spirituel de l’organisme aux tendances traditionalistes ne servirait que de paravent à des interventions beaucoup plus engagées socialement et politiquement.

Le temps est sans doute venu pour le Vatican d’apparaître tel qu’il est, de reconnaître, s’il y a lieu, les erreurs commises, de démasquer, s’il y en a, les intrus qui s’y trouvent et de reprendre le chemin du service dans la confiance et l’humilité. À ce titre, un roman comme celui de Dan Brown devrait encourager historiens et chercheurs à scruter ces moments d’histoire et à les faire connaître. Ils auraient accès aux archives vaticanes de manière à pouvoir mener à terme leurs investigations. Une véritable transparence permettrait ainsi à tous de se faire une idée basée, cette fois, sur des informations vérifiées. Cette approche serait sûrement moins suspecte que l’interdit prononcé contre le roman. Je ne vois pas pourquoi le Vatican se soustrairait à cette vérification à laquelle gouvernements et entreprises sont de plus en plus appelés à se soumettent. Ce serait un remède efficace de soustraire ainsi à l’imaginaire des romanciers des réalités devenues limpides et transparentes.

Oscar Fortin

1 commentaire:

Oscar Fortin a dit...

J'ai lu avec grand intérêt vos commentaires qui apportent à ma réflexion des éléments qui ne peuvent qu'élargir le débat. Le temps est venu de parler de ces choses à visage découvert.

merci

Oscar Fortin