jeudi 25 août 2005

LE PASTEUR PAT ROBERTSON SERAIT-IL UN TERRORISTE ?


Pour tous ceux et celles qui se réclament des valeurs de la vie, de celles de la démocratie et plus que tout de celles des Évangiles, les propos du pasteur ROBERTSON, réclamant l’assassinat du Président du Venezuela, Hugo Chavez, ont de quoi inquiéter et plus que tout nous faire réaliser jusqu’où peut aller la manipulation des valeurs dont nous nous réclamons.

Il ne s’agit pas d’un citoyen ordinaire, comme le suggère la Maison Blanche, mais bel et bien d’un télé évangéliste dont l’auditoire dépasse les 2 millions de personnes. La tribune dont il dispose et ses engagements politiques auprès de la Présidence en font un personnage dont les propos ne peuvent être banalisés et renvoyés à l’anecdote du fait divers. Que Jeff Filion ou André Arthur aient tenus de tels propos à l’endroit du Président des Etats-Unis ou de celui d’Angleterre aurait aussitôt entraîné des sanctions et des mises en accusation pour incitation à la haine et au meurtre. On aurait vite fait d’eux des terroristes. Que dire si c’eût été un de nos évêques ou pasteur (théologiens ou autres) bien connu ?

Ce pasteur, non seulement se comporte-t-il comme un terroriste, mais de plus démontre une ignorance qui ne peut, dans les circonstances, être qualifiée de bonne foi. Parler du Président Hugo Chavez comme d’un dictateur alors que le monde sait les victoires déterminantes qu’il a remportées sous l’œil aguerri des observateurs internationaux lors des diverses élections et tout particulièrement lors d’un référendum qu’il a, en bon démocrate, réalisé tel que promis, n’est-ce pas là mentir d’une façon éhontée. Bien plus, il cache à la population américaine les mesures très humanitaires qu’il déploie dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’habitation, rejoignant ainsi les plus démunis et les laissés pour compte de nos sociétés de consommation. Si ce sont là des interventions qui mettent en danger la sécurité et les intérêts du peuple américain, ne serait-ce pas que ce dernier en est venu à se nourrir de la pauvreté, de la misère et de la dépendance des populations les plus défavorisées ?

J’espère que des voix venant des leaders religieux et politiques s’élèveront pour condamner haut et fort les propos du pasteur Robertson et exiger qu’il soit soumis aux mêmes règles auxquelles le sont les terroristes. Leur crédibilité sera d’autant plus grande qu’ils feront preuve dans leurs interventions non pas « d’un poids deux mesures » mais d’une même mesure pour le même poids. Il ne faut pas avoir peur de dénoncer pareil comportement ainsi que tous ceux et celles qui s’y associent.


Oscar Fortin

mercredi 17 août 2005

LA LOI DU PLUS FORT

Suite à la Chronique d’Alain Dubuc
(Le Soleil, 17 août 2005)

(Dans le contexte de la taxe spéciale imposée par Washington dans le litige l’opposant au Canada dans le dossier du bois d’œuvre et son refus de se soumettre aux décisions du comité de l’ALENA condamnant cette mesure comme non fondée, Alain Dubuc dénonce le caractère dominateur de Washington et son pouvoir de disposer des lois et des accords internationaux comme il l’entend. Il rappelle que plus de 4 milliards $ ont ainsi été soutirés à l’industrie canadienne du bois et que Washington se refuse à les rembourser. )

Comment ne pas soutenir le point de vue exprimé dans le journal Le Soleil par M. Alain Dubuc dans sa Chronique du 17 août dernier ! Au-delà des beaux discours qui vantent la « démocratie » et la « liberté », il y a ces politiques qui sabrent dans les droits les plus fondamentaux du respect et de la justice. Comment ne pas comprendre ce qui se passe avec les pays du Tiers Monde, beaucoup plus démunis que nous le sommes, et qui se doivent de composer avec cette Puissance qui dispose de la loi comme bon lui semble ?

Je félicite M. Alain Dubuc d’avoir eu le courage de dire dans un style limpide et avec des mots qui ne prêtent à aucune équivoque ce que la majorité pense et n’ose dire. Il est regrettable que le Canada n’ait pas cette force sociale et politique pour faire respecter ses droits et sa dignité. On ne peut que puiser dans l’esprit et l’exemple de ces peuples, souvent plus petits et plus démunis, qui se refusent à cette domination. Nous n’avons qu’à penser à la Bolivie qui lutte présentement pour prendre son destin en main. Que dire du Venezuela qui reprend progressivement le contrôle de sa richesse la plus importante qu’est le pétrole et cela malgré les menaces et le chantage. C’est également vrai pour le Brésil et l’Argentine qui essaient de se sortir de cette domination.

Mais de tous, le plus impressionnant, demeure ce petit peuple d’à peine 12 millions d’habitants, ne disposant que de peu de richesses naturelles le rendant ainsi dépendant du commerce international pour son approvisionnement en de nombreux produits de base. Discrédité par les medias, le plus souvent alimentés par les grandes agences de presse, ce petit pays est tout de même parvenu à résister aux pressions de son puissant voisin du nord, à irradier l’analphabétisme, à développer un système de santé des plus enviés, à développer des formes de solidarité internationale lui permettant d’étendre à d’autres ses acquis en éducation et en santé. Bien que pauvre, il s’est gagné le respect et la dignité d’un peuple indépendant. On comprendra pourquoi il demeure pour plusieurs une inspiration. Je vous laisse le soin de nommer ce petit pays qui n’a jamais eu vraiment bonne presse dans nos medias. Pourtant…

Merci M. Dubuc pour votre chronique. Je souhaite que nous trouverons en nous suffisamment de solidarité et de fierté pour inspirer le respect.

Oscar Fortin


dimanche 14 août 2005

BON ANNIVERSAIRE FIDEL

Bien oui, je m’unis à tous les tiens pour te souhaiter un joyeux anniversaire. À 79 ans, tu demeures toujours actif à la tête de ton peuple. Tu poursuis la lutte contre l’analphabétisme, la maladie et toutes ces forces qui retiennent le développement et la croissance des peuples à la recherche d’autonomie et de respect. Certains chez-nous savent les succès obtenus dans l’éducation et les progrès extraordinaires réalisés dans le secteur de la santé. Ces succès ne retiennent toutefois pas l’intérêt de nos medias. Pas plus d’ailleurs le fait que tu aies transformé ces acquis en brigades de solidarité internationale au service des plus démunis. Peu savent que plus de 30 000 coopérants, médecins et éducateurs, sillonnent les bidonvilles des pays latino américains et d’Afrique, les aidant à repousser les frontières de l’analphabétisme et de la maladie. Que dire des 15 000 boursiers et boursières de ces multiples pays qui viennent chercher à Cuba la formation en médecine afin de pouvoir à leur tour soigner les leurs ?

Non pas que ton peuple soit riche. Loin de là. La pauvreté y est présente et les services, tels l’eau, l’électricité, le transport et beaucoup d’autres choses laissent beaucoup à désirer. Par contre, en dépit d’un blocus de plus de quarante ans qui ne cesse de se resserrer et dont les coûts sont très élevés, l’essentiel y est : l’alimentation de base, les vêtements, le logement, les soins de santé et l’éducation. On a parfois tendance à oublier que Cuba est un pays du Tiers Monde. Voisin d’Haïti, son développement y est autrement plus avancé. Par contre, les contraintes à surmonter et les défis à relever demeurent toujours nombreux et exigeants. Tout serait plus facile si la Maison blanche levait ce blocus dénoncé depuis de nombreuses années par la communauté internationale, le pape Jean-Paul II lors de son voyage à Cuba et par de plus en plus d’étasuniens dont l’ex-Président Carter.

Pour dire la vérité, peu te connaissent vraiment dans nos milieux. Si on parle de tes nombreux discours c’est moins pour nous en révéler les contenus que pour nous dire leur longueur. Si on nous rappelle tes 46 années à la tête de l’État cubain, c’est moins pour nous faire réaliser le chemin parcouru, comme a voulu le faire Oliver Stone dans son documentaire « El commandante », ou encore pour nous révéler que tu n’acceptes, contrairement à d’autres chefs d’État, aucune sculpture ou photo de toi-même ni aucune place ou édifice publique portant ton nom, mais plutôt pour nous dire que tu es un dictateur « sanguinaire » et que Cuba est une « immense prison ». Par contre, peu ont le souci de rappeler que Cuba a un des taux les plus bas de prisonniers par mille habitants, alors que celui que l’on retrouve aux Etats-Unis est un des plus élevés.

Enfin, pour quelqu’un à qui on prête une immense fortune, je ne saurais que te féliciter de poursuivre dans l’abnégation et la sobriété un travail qui vient chercher force et énergie au service des tiens et des peuples du Tiers monde. Ton détachement et ta forme de vie, plus près de l’austérité que de la volupté et de la richesse, m’édifient et ont de quoi inspirer ceux et celles qui, avec beaucoup moins, s’en paient beaucoup plus. En ta compagnie nous sommes loin du faste des princes, des rois et de bien de nos chefs d’État. Dans ta vieille Mercedes, tu demeures une inspiration pour plusieurs.

Mon cher Fidel, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour…Bon anniversaire

Avec le respect d’un québécois qui reconnaît en toi un grand leader

Oscar Fortin

vendredi 12 août 2005

PARTICIPER AU DÉBAT SUR LE TERRORISME: UN DÉFI MAJEUR POUR L'ÉGLISE


Au moment où de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le terrorisme, certaines avec lucidité et discernement d’autres avec passion et chauvinisme, l’Église ne peut demeurer à l’écart de ce débat, tout aussi important sinon plus que celui sur le mariage. Il lui revient de puiser dans les valeurs fondamentales de vérité, de justice et de liberté que lui inspirent les Évangiles et sa foi en Jésus de Nazareth pour démasquer les mille et un visages du terrorisme. Cette contribution de l’Église devrait alimenter la réflexion des chrétiens et s’ajouter à celles des Nations Unies qui préparent actuellement un texte à être soumis aux membres de l’Assemblée générale, définissant et condamnant le terrorisme.

Déjà, nos journaux ont porté à notre attention des réflexions fort intéressantes qui permettent de sortir de la seule conception du terrorisme que les Etats-Unis et leurs alliés ont donnée suite aux attentats du 11 septembre 2001. Je me permets de relever, entre autres, cet article fort éclairant de Denys Mehdi Duchêne, paru dans l’édition du 6 août du journal Le Soleil, sous le titre « IL FAUDRA INCLURE AUSSI LE TERRORISME D’ÉTAT… » L’auteur relève et analyse la dimension religieuse, la dimension historique et la dimension géopolitique des diverses formes de terrorisme auxquelles elles donnent lieu. Il faut également mentionné cet autre article publié cette fois-ci dans le journal Le Devoir, en date du 8 août 2005 sous le titre : « Non, Omar Aktouf n’avait pas (complètement) tort ! » Dans ce dernier article, Sofiene Amira, doctorant à l’Université Laval, ouvre le débat au-delà des passions et de certaines idéologies qui enlèvent à la raison la sérénité et l’ouverture d’esprit pour analyser en profondeur le phénomène du terrorisme. De quoi élargir l’éventail du débat.
( http://www.ledevoir.com/2005/08/08/87779.html?363)

En juin dernier, Cuba a pris l’initiative d’un forum international sur cette question du terrorisme. Pendant trois jours, des représentants d’une quarantaine de pays ont débattu de cette question. Un compte rendu de ces débats a été publié. Les analystes sérieux ne pourront ignorer ou passer sous silence cette réflexion. S’ajoutent également tous ces forums qui débattent de cette question sur de nombreux sites internet. Toutes les formes de violence sont-elles du terrorisme ? Sinon comment faire pour s’y retrouver dans son usage ?

L’Église a sans doute beaucoup à dire sur cette question qui interpelle de façon particulière sa catholicité. Elle n’est liée par aucun intérêt national au profit duquel on ramène trop souvent l’intérêt de l’humanité toute entière. Sans doute, devra-t-elle également projeter un éclairage nouveau sur certains passages de l’Apocalypse et tout particulièrement sur celui que l’on retrouve au chapitre 11 où il est question des deux témoins dont le profil en ferait de nos jours des terroristes notoires.

Un défi de taille pour prendre ses distances à la fois des pouvoirs en place, des intérêts en cause et des idéologies dominantes au milieu desquelles elle évolue. Beaucoup de courage également pour vaincre ses peurs et prononcer une parole qui soit signifiante et éclairante pour l’humanité toute entière.

Oscar Fortin