mercredi 25 juin 2008

À MON FRÈRE BENOÎT XVI: POUR UNE ÉGLISE À L'IMAGE DE JÉSUS DE NAZARETH

Seule la foi en ce Jésus de Nazareth que je partage avec vous me permet cette proximité et d’une certaine façon cette familiarité qui caractérise les relations des personnes d’une même famille. J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Le propos de cette correspondance se veut un apport fraternel à cette volonté que vous avez de faire de l’Église d’aujourd’hui une présence vivante de ce Jésus de Nazareth et des Évangiles qui en témoignent. Il y a évidemment le chemin de la transformation des cœurs, de l’ouverture des esprits, du témoignage de tous les chrétiens selon les dons reçus. C’est là évidemment un travail de longue haleine qui repose bien peu sur la volonté des personnes en autorité et beaucoup plus sur le don de Dieu. Il y a par contre des changements profonds, sans aucune incidence doctrinale ou dogmatique, qui peuvent être apportés à l’institution ecclésiale dont vous êtes le chef. Ces changements seraient de nature à rapprocher cette institution de cette nouvelle manière d’être à laquelle nous sommes tous invités à nous convertir. Dans l’immédiat j’en verrais trois.

1. D’abord, ne trouvez-vous pas que le protocole des titres dont s’enveloppent les divers personnages en autorité contraste radicalement avec cette manière d’être de Jésus qui invita les siens, donc nous, à ne pas se faire appeler maîtres, docteurs, père mais d’être pour tous d’humbles serviteurs? Vous pourriez faire un grand ménage dans tous ces titres qui n’apportent absolument rien à la valeur des personnes. Que les titres : sa sainteté, son éminence, son excellence, très saint père, et tous les autres qui vont dans le même sens soient bannis du langage ecclésiastique. Ils peuvent tous être remplacés par, soit « mon frère dans le Seigneur », soit, selon le niveau d’autorité, par «humble ou très humble serviteur». Ne croyez-vous pas qu’une conversion en ce sens de la nomenclature de tous ces titres libèrerait ceux qui en sont titulaires? Elle les rendrait moins suspects dans le monde des petits et des humbles. Aucune doctrine ne vous empêche de procéder en ce sens. La communauté des chrétiens serait la première à applaudir à cette première conversion et l’humanité y retrouverait quelque chose des traits de ce Jésus.

2. La seconde conversion ressemble un peu à la première. Elle porte sur le dépouillement de tout cet accoutrement qui transforme les divers responsables de l’administration vaticane et diocésaine en personnages de théâtre et qui les éloigne du naturel de Jésus et de son appel à la simplicité. Je ne doute pas que vous devez souffrir beaucoup de tout ce décorum dont on vous enveloppe. Sincèrement, pouvez-vous imaginez un instant Jésus de Nazareth dans vos souliers et sous vos habits? C’est vrai pour vous, pour les cardinaux, les évêques, certains prêtres et religieux. Vous serez bien d’accord avec moi pour dire que le pasteur, l’apôtre, le prophète, le docteur, n’ont pas besoin d’une toge spéciale et encore moins de souliers uniques pour témoigner de la mission du ressuscité. Comment l’Institution ecclésiale peut-elle se fondre avec les chaînons les plus faibles de l’humanité alors que les vêtements qu’elle porte l’associent avec les plus puissants de la société? Jean Vanier, Ernesto Cardenal et bien d’autres n’ont pas besoin de ces apparats vestimentaires pour témoigner de l’Évangile. Je suis certain qu’il peut en être de même pour tous les détenteurs d’autorité. Encore là une décision à la portée de votre autorité et des Évangiles.

3. La troisième conversion, pas plus que les deux premières, ne comporte aucune modification dogmatique. Elle porte sur les divers niveaux administratifs du Vatican. La plus grande majorité des postes, à l’exception, dans la situation actuelle, de celui de Pape, ne requière pas l’ordination sacerdotale telle que nous la concevons aujourd’hui. C’est donc dire que tous ces postes peuvent être accessibles aux femmes qui ont les compétences pour les assumer. Ainsi, les représentations du Vatican dans les divers pays du monde deviendraient accessibles tout autant aux femmes qu’aux hommes. Les nonciatures apostoliques et les postes dans les diverses Secrétaireries deviendraient accessibles aux personnes les mieux qualifiées indépendamment de leur sexe. Ce partage entre hommes et femmes du centre du pouvoir temporel apporterait un visage nouveau du Vatican dans le monde. Ce serait un pas important visant la reconnaissance de l’égalité de la femme dans l’Église, ces dernières pouvant accéder aux plus hautes fonctions administratives.

Ces trois mesures, sans incidence dogmatique, conduiront sans aucun doute à d’autres conversions, cette fois plus profondes et plus doctrinales dans le sens d’une Église toujours plus transparente au Jésus de Nazareth de l’histoire.

Avec tout mon respect et l’union de mes prières

Un frère dans la foi

Oscar Fortin

25 juin 2008

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lundi 23 juin 2008

CONGRÈS EUCHARISTIQUE 2008: RÉFLEXION D'UN CROYANT "HORS DES MURS"


L’expression «croyant hors des murs » exprime tout à la fois mon appartenance à l’Église, Corps vivant du Christ ressuscité, et ma dissidence par rapport à de nombreuses orientations religieuses, politiques et administratives prises par le Vatican qui en assure la gouverne. Cette distinction est d’autant plus importante que la tendance de certaines autorités à confondre dissidence avec non croyance a pour effet de les soustraire aux interpellations de cette même foi. Lorsque Jésus de Nazareth et les Évangiles sont mis au centre de la vie de foi, il est inévitable qu’ils questionnent en premier lieu ceux et celles qui ont à en assurer le témoignage et le service.

Le Congrès eucharistique international 2008 aura été l’occasion pour tous les croyants, de l’intérieur comme de l’extérieur des murs, de réfléchir et d’échanger sur le sens et le vécu tant de l’Eucharistie que de l’Église qui s’en nourrit. La télévision aura sans doute permis à des millions de personnes à travers le monde de partager les témoignages et les célébrations inscrites au programme officiel. Personnellement, l’intervention de Jean Vanier demeure celle qui m’a rejoint le plus et, à n’en pas douter, également la grande majorité de ceux et celles qui appartiennent à cette Église « hors des murs ». Il faut dire que toute une portion importante de l’Église du Québec s’est abstenue de s’inscrire à ce Congrès en raison d’orientations plus ou moins avouées de faire de ce Congrès un tremplin de promotion visant davantage la consolidation de l’institution ecclésiale et des sacrements rituels que de celle de Jésus et des Évangiles. Il n’y a évidemment pas contradiction entre l’un et l’autre, mais il y a une priorité fondamentale de l’un sur l’autre. Le témoignage de Jean Vanier, le plus percutant de tous, met dans sa véritable perspective la relation de l’un avec l’autre. La personne humaine, particulièrement celle qui se retrouve dans les chaînons les plus faibles de l’humanité, est « le sacrement même de la présence de Jésus qui nous interpelle tous. Tant et aussi longtemps que sa dignité ne lui aura pas été reconnue et respectée, Jésus sera là pour nous le rappeler.

Cette approche rejoint et inspire de nombreux croyants engagés qui prennent la parole et posent des gestes en solidarité avec ces déshérités de la terre. Ils le font également en solidarité avec de nombreuses personnes et organisations non religieuses qui ne peuvent accepter un monde qui crée en grand partie, par ses structures et ses organisations, l’essentiel de cette pauvreté qui affecte plus des deux tiers de l’humanité. Il y a les théologiens et les croyants de la libération qui sont profondément engagés, particulièrement en Amérique latine, au service de la dignité des pauvres et des exclus. Leur engagement dérange et les pressions politiques sur les hiérarchies ecclésiales en font des « hérétiques ». Les appartenances idéologiques et politiques des uns et des autres se manifestent. Les croyants engagés en faveur de la justice sont avec Chavez au Venezuela, avec Morales en Bolivie, avec Correa en Équateur, avec Fidel à Cuba. Les hiérarchies ecclésiales sont dans l’ensemble des alliés des oligarchies locales et nationales. La grande alliance qui unit la Maison Blanche et le Vatican y est sûrement pour quelque chose.

L’actuel Congrès eucharistique n’a pas laissé de place à cette portion de l’Église dont le vécu s’alimente également de l’Eucharistie pour poursuivre son engagement au service de la justice. Pas plus, il n’a ouvert des échanges sur une Eucharistie accessible à toute personne croyante. En effet, comment peut-on inviter à un repas des personnes (divorcées et remariées) tout en leur interdisant de partager la nourriture? Aurait-on oublié que Jésus, lors de la dernière cène, a partagé son pain avec Judas qui avait déjà décidé de le livrer pour trente pièces d’argent et avec Pierre qui allait le trahir dans quelques heures? Qui sommes-nous pour départager ceux et celles qui s’approchent du pain de vie pour s’en nourrir et pour avancer avec foi dans l’existence qu’est la leur? Jésus n’est-il pas venu pour ceux et celles qui en ont besoin? En somme, ce Congrès eût pu donner lieu à plusieurs débats utiles pour l’avenir de l’Église et la foi dans le monde. Sur la question de la participation à l'Eucharistie des couples divorcés et remariés je recommande fortement cet ouvrage du Père Normand Provencher, omi, un des théologiens les plus brillants de l'Église canadienne : « UNE PLACE À PART ENTIÈRE »
(http://store.novalis.ca/comersus_viewItem.asp?idProduct=793)

Pour finir, je vous dirai que je me suis rendu à la messe de clôture sur les Plaines d’Abraham. Je m’y suis présenté en compagnie intérieure de ces millions de personnes sans voix qui souffrent de la famine, des guerres, des manipulations politiques, des tricheries économiques, d’une information le plus souvent tronquée, mais portant dans leur cœur une espérance. J’entretenais avec toutes ces personnes un dialogue intérieur, j’y voyais Jésus avec elles pendant que je regardais les gens circuler autour de moi et les dignitaires s’approcher des balustrades installées à leur intention. Ils nous ont montré les autorités civiles présentes. J’y ai vu la Gouverneure générale avec son conjoint et sa petite fille bien protégés de la pluie. Cette même Michael Jean qui avait participé, à Prague, l’automne dernier à une réunion « secrète » avec quelques hauts représentants étasuniens pour y mettre au point un plan visant l’élimination du Président du Venezuela, Hugo Chavez (http://humanisme.over-blog.com/article-7218536.html) (http://humanisme.over-blog.com/article-7218872.html) . J’ai par la suite écouté l’intervention du pape qui a souhaité un monde où il ferait bon vivre pour tous. C’est, d’ailleurs, le seul moment où il y a eu une brève accalmie dans la pluie. Par la suite ce fut torrentiel.

Je suis reparti avec tout mon petit monde intérieur dont la présence m’interpelle et me réconforte tout à la fois. L’Église, celle dont le Christ est toujours la Tête déborde de toute part les institutions qui s’en font les représentants. La conscience est toujours là et elle est en nous l’autorité suprême : «Au-dessus du pape en tant qu’expression de l’autorité ecclésiale, il y a la conscience à laquelle il faut d’abord obéir, au besoin même à l’encontre des demandes de l’autorité de l’Église. »
(Joseph Ratzinger alias Benoît XVI, 1967)

(http://humanisme.over-blog.com/article-139524.html )

Oscar Fortin

Québec, le 23 juin 2008

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mercredi 18 juin 2008

JEAN VANIER: TÉMOIN ET PROPHÈTE

Pour qui ne connaîtraient pas Jean Vanier, je dirai qu’il est cet homme qui a tout laissé pour aller à la rencontre des handicapés de la vie et, avec eux, y faire sa demeure. Fondateur de l’Arche, communauté d’accueil et de partage avec des personnes ayant un handicap mental, il y vit depuis 1964. (http://w4-web55.nordnet.fr/arche-HD/handicap-mental.htm) De nombreuses autres communautés ont émergées un peu partout à travers le monde, y donnant le même témoignage de vie et de foi. (http://www.larche.org/)

Invité à donner son témoignage à l’occasion du Congrès Eucharistique international de Québec, il s’est présenté, vêtu bien humblement, mais porteur d’une parole prophétique de vérité et d’engagement. Son témoignage a rejoint les cœurs et interpellé la foi de nombreux participants. On peut écouter l’enregistrement vidéo de son témoignage.
(http://www.ecdq.tv/fr/videos/3dc4876f3f08201c7c76cb71fa1da439)

« Parmi les délégués qui ont adressé une longue ovation à la suite de son témoignage, plusieurs étaient émus. «C'est tellement vrai et tellement émouvant», a dit une femme croisée à la sortie. «Il y a peu d'hommes, peu de prêtres qui lui arrivent à la cheville», ont déclaré quelques autres délégués dans les corridors du Colisée, qualifiant l'homme de prophète des temps modernes. «Son message, son témoignage est tellement fort qu'il nous transporte», ont ajouté quelques autres pendant qu'ils discutent des passages qui les ont touchés. » L’ensemble de l’article qui développe un peu plus son intervention peut être lu à l’adresse suivante :
http://www.ledevoir.com/2008/06/17/194329.html

Pour comprendre encore davantage la portée de son intervention, il n’est pas superflu de rappeler que l’orientation donnée à ce Congrès et à son organisation n’ont pas fait l’unanimité chez les chrétiens du Québec. Nombreux sont ceux qui ont choisi de ne pas s’inscrire dans le cadre de l’agenda prévu par les organisateurs, mais de participer plutôt sous une autre forme en partageant leurs réflexions sur l’Eucharistie et leurs engagements au service de la justice, de la vérité et de la solidarité avec les plus démunis. Dans cette optique, l’eucharistie n’est plus une fin en soi, mais un lieu de passage et de ressourcement qui renvoie chacun à son milieu de vie pour y poursuivre l’œuvre de Jésus. Diverses initiatives ont été prises. Le site internet Culture et Foi a ouvert une page spéciale pour y recueillir les réflexions et les témoignages de nombreux croyants et croyantes sur l’Eucharistie telle que comprise pour les temps que nous vivons. http://www.culture-et-foi.com/ D’autres intervenants, regroupés dans divers organismes d’engagement social et missionnaire, ont publié des réflexions qu’ils ont regroupé dans une publication « TÉMOINS D’UNE NAISSANCE ». Il s’agit de vingt textes portant sur une autre manière de voir l’Eucharistie et l’Avenir de l’Église.

Ces approches contrastent avec celles visant à faire de ce Congrès le moment d’une grande manifestation de foi de nature à renforcer les institutions ecclésiales et à remettre au premier plan le caractère rituel de la manifestation de la foi. Ainsi, l’Eucharistie se vit dans le rite de la messe et l’hostie devient la forme de la présence de Dieu dans le monde. Les processions du St-Sacrement prévues dans les rues de Québec et les heures d’adoration visent ces objectifs.

Jean Vanier, bien conscient de ces accents mis sur les rituels et la présence eucharistique, a rappelé avec force que la relation avec les exclus de la société, les blessés de la vie, est ce qui nous met le plus en contact avec la présence réelle de Jésus qui s’est identifié aux petits et aux humbles de la terre. « Ce que vous ferez aux plus petits des miens c’est à moi que vous le ferez. » Le ton est donné et le message va faire son chemin. « Que celui qui a des yeux pour voir, voit et des oreilles pour entendre, entende. »


Oscar Fortin
18 juin 2008

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mardi 10 juin 2008

JÉSUS DE NAZARETH: TÉMOIN D'HUMANITÉ


L’homme que nous présentent les Évangiles en la personne de Jésus de Nazareth témoigne d’un humanisme qui élève chaque être humain à son plus haut niveau de dignité. Il n’y a pas de place pour la discrimination et à cette fin, lui le maître, se fait présent auprès des plus démunis, des malades, des exclus, des pécheurs. Il glorifie les persécutés pour la justice, il guérit les paralytiques, donne la vue aux aveugles, accueille les exclus et pardonne les péchés. Il valorise les cœurs qui sont sans arrière pensée, invite au partage et à la solidarité. Cette nouvelle manière d’être interpelle évidemment ceux et celles qui ont à voir avec les conditions de vie des pauvres, des malades, des exclus et des pécheurs. Elle interpelle les biens pensants, les responsables politiques et religieux, les systèmes de valeur qui jugent, discriminent et condamnent. Il dénonce l’hypocrisie, les faux fuyants, le mensonge, les apparats dont certaines élites aiment s’envelopper. Les Évangiles ne manquent pas de nous raconter les multiples échanges avec les pharisiens, les docteurs de la loi qui cherchent par tous les moyens à le piéger pour mieux l’écarter. Sa présence, ses propos, sa manière d’être avec les humains les dérangent. Son système de valeurs ne peut pas subsister avec le leur (Mt.23).

Lorsque ce Jésus se réunit une dernière fois avec ses disciples avant son arrestation, ses tortures et sa mise à mort, il veut laisser à l’humanité un MÉMORIAL qui rappellera à toutes les générations à venir l’essentiel de cette nouvelle manière d’être dans le monde des humains.
Tout en étant le maître, il se fait le serviteur. Il lave les pieds de toutes les personnes présentes : de Pierre qui allait le trahir, de Juda qui allait le livrer pour 30 pièces d’argent, de Marie Magdeleine qui lui avait déjà lavé les pieds avec un parfum exquis, de sa mère Marie et de tous les autres. Par ce geste, il reconnait la dignité de chacun et de chacune et indique que ses disciples, ceux et celles qui accepteront de le suivre, devront en faire autant avec tous les humains de la terre. L’autorité n’est plus un pouvoir de domination et de privilèges, mais un pouvoir de service et de dépouillement. À ce geste, il joint un message de vérité, de paix et d’amour qui repose essentiellement sur les œuvres de sa vie. « Si vous ne croyez pas ma parole, croyez pourtant à cause de ces œuvres (…) et celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais» (Jn. 14, 11-12). Pour finir, Il scelle le tout en faisant du pain le partage de son corps et du vin le partage de son sang. Un MÉMORIAL qui rappellera à toutes les générations à venir que la voie du salut passe par le don de sa vie au service de la reconnaissance et du respect de la dignité humaine, de celle du plus petit jusqu’au plus grand. Aimer son prochain, c’est l’aimer, c’est aimer son Père. Il oriente le regard des siens sur le prochain de telle manière que pour arriver jusqu’à lui il n’y aura d’autre voie que celle de passer par le prochain. « Il ne suffit pas de dire Père, Père, pour entrer dans le royaume des cieux, mais de vous aimer les uns les autres comme le Père vous aime. »

Le Congrès eucharistique mondial de Québec devrait faire entendre au monde d’aujourd’hui ce témoignage de Jésus. Il devrait être une parole qui interpelle en tout premier lieu ceux et celles qui se réclament de ce Jésus devenu méconnaissable derrière ces héritages accumulés tout au long de ces 2000 ans d’histoire. Les doctrines se sont multipliées, les communautés chrétiennes sont devenues des institutions et ces dernières des centres de pouvoirs, de prosélytisme et de pratiques cultuelles qui ont tendance, dans bien des cas, à se substituer aux œuvres. Les propos de l’apôtre Jacques qui fait s’interpeller celui qui dit avoir les œuvres avec celui qui dit avoir la foi sont d’une grande actualité: « Tu as de la foi; moi aussi, j’ai des œuvres; prouve-moi ta foi sans les œuvres et moi je tirerai de mes œuvres la preuve de ma foi. » (Jc.2, 18)

Il est important que le monde d’aujourd’hui entende dans sa plus grande simplicité ce témoignage de Jésus de Nazareth et cette grande espérance qu’il représente pour tous les exclus de la terre. Il a lié son sort aux leurs de sorte que personne ne puisse dire « Seigneur, Seigneur je t’aime, je t’adore, s’il n’aime pas son prochain et ne le reconnaît pas dans ces exclus d’humanité. »

Comment ne pas faire un rapprochement de ce MÉMORIAL avec cette mort de cet évêque du Salvador, Mgr Oscar Romero, assassiné par des militaires alors qu’il célébrait ce dernier repas de Jésus avec les siens. Lui aussi avait une parole qui donnait de la dignité aux pauvres et aux exclus. Sa parole interpellait ceux qui avaient à voir avec cette situation. Ils l’ont éliminé comme ils avaient éliminé ce Jésus de Nazareth qui dérangeait beaucoup trop.

La voix des prophètes doit également se faire entendre dans l’Église et le monde d’aujourd’hui au côté de celle des apôtres, des évangélistes, des pasteurs et des chargés de l’enseignement.

Oscar Fortin
Québec, 10 juin 2008

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