vendredi 14 août 2020

LA GRANDE ALLIANCE EN AMÉRIQUE LATINE

 

 

 

VATICAN ET WASHINGTON

 

 

C’est maintenant devenu une évidence pour toute personne de « bonne foi ». Le Vatican, les épiscopats latino-américains travaillent en étroite collaboration pour permettre à l’Empire étasunien de reprendre le contrôle de tous les états dissidents à ses politiques impériales. 

 

Ces États sont de plus en plus la cible de politiques interventionnistes dont l’objectif est de paralyser tous les leviers politiques, économiques et administratifs de ces États dissidents. Les épiscopats, pour leur part,  reportent sur les gouvernements visés tous les problèmes générés par ces politiques interventionnistes. Ils ne manquent pas l’occasion pour amplifier l’incompétence de ces gouvernements et en qualifier les dirigeants de dictateurs, même s’ils ont été élus par le peuple dans le respect de leur Constitution. 

 

Cette pratique remonte au temps où Eisenhower cherchait une manière de transformer le peuple cubain, profondément attaché à Fidel, en un adversaire de ce dernier. Il envoya en mission à Cuba un de ses hauts fonctionnaires pour prendre le pouls de la population à l’endroit de Fidel.

 

« Le 6 avril 1960, Lester D. Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines affirma que « la majorité des Cubains soutenait Castro » et qu’il « n’existait pas une opposition politique effective », en ajoutant que « le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passait par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement (…) : refuser de faire crédit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. »

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Embargo_des_États-Unis_contre_Cuba

 

Cette politique de déstabilisation des gouvernements dissidents, hautement appuyés par leur peuple, s’est accentuée tout au long des années à l’encontre des gouvernements ayant récupéré leur indépendance et souveraineté.C’est à la base de cette indépendance et souveraineté qu’ils ont pu se donner des régimes politiques répondant au mieux à leurs valeurs et à leurs intérêts. Le caractère socialistede ces gouvernements n’a rien à voir avec ces conceptions véhiculées dans les années 1940 et 1950 relativement à l’ex-URSS.  Il s’agit plutôt d’un socialisme humanitaire, chrétien, pour la majorité, anti-impérialiste, aux objectifs d’égalité et de justice sociale.

 

Prenons le cas du Venezuela

 

En 1998, lorsqu’Hugo Chavez, croyant authentique, se présenta aux élections présidentielles ce fut pour apporter des changements profonds aux politiques de la quatrième république. Ce fut la promesse d’une constitution qui serait rédigée et votée par le peuple. Dans cette approche le pouvoir passe des oligarchies à celui du peuple. Un choix de nature qui n’a rien pour plaire à  ces oligarchies  et à ceux qui s’en faisaient des proches, dont les évêques et les cardinaux. Il va de soi que Washington a trouvé dans ces derniers ses alliés indispensables pour reprendre en main le destin de cet État et de ce peuple.

 

C’est à partir de cet instant que ces forces, réactionnaires au changement démocratique de régime politique et économique, sont passées à l’action.  En avril 2002, ce sont ces réactionnaires plus haut mentionnés qui ont procédé au premier coup d’État contre Hugo Chavez. Le cardinal et un évêque accompagnaient le président de la chambre du patronat, Carmona, devant se substituer à Chavez. Ce qui n’avait pas été prévu c’est cet engament du peuple et d’une partie importante de l’armée, fidèle à Chavez, qui sont passés à l’attaque des mercenaires putschistes qui ont dû dégager vite et ramener dans les meilleurs délais le Président légitime du Venezuela, Hugo Chavez.

 

Nous en sommes rendus à l’année 2020 et ce sont ces mêmes acteurs institutionnels, oligarchies nationales, épiscopat vénézuélien, opposition radicale, tout ce beau monde chapeauté par Washington et un État du Vatican qui ne voit le tort que dans le gouvernement de Nicolas Maduro. Il ignore tout simplement les sanctions économiques, les menaces d’invasion, le gel de centaines de millions de dollars devenus inaccessibles au Gouvernement légitime qui se doit d’acheter médicaments, alimentations, pièces industrielles pour les industries et entreprises.

 

Cette semaine, le pape François a reçu Michelle Bachelet, devenue la haute responsable au Commissariat aux droits des personnes et des peuples. Selon l’information transmise, ils auraient surtout parlé du Venezuela, de la misère et de la souffrance du peuple et du non-respect des droits de la personne.  Pas un mot sur le coup d’État militaire en Bolivie, pas un mot sur les assassinats n’en série des leaders sociaux en Colombie. Pas un mot sur le plan de Washington rendu public, il y a quelques jours, pour réaliser un coup d’État, au Nicaragua, contre le président Daniel Ortega.

 

Ni l’un ni l’autre ne fit référence aux interventions illégales et criminelles des États-Unis dans les affaires internes de ces pays.

Ce qu’il y a de plus lamentable dans tout cela c’est la manipulation que l’on fait en se couvrant de la foi chrétienne et du sentiment religieux du peuple. 

 

Je suis moi-même un croyant aux Évangiles et en ce Jésus qui n’a pas mâché ses mots lorsqu’ils s’est adressé à ces scribes et grands prêtres qui mettent sur les épaules des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent supporter eux-mêmes et qui sacrifient la justice et la bonne foi pour protéger leurs privilèges et leur apparat.

 

Matthieu 23:23 ^

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! … vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité: c`est là ce qu`il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses.

 

 

Oscar Fortin

 

15 août 2020

 

https://humanisme.blogspot.com/2018/05/les-engagements-politiques-du-vatican.html

 

http://humanisme.blogspot.com/2015/02/la-prostituee-de-lapocalypse.html

 

https://humanisme.blogspot.com/2019/03/ici-sarrete-limperialisme.html

 

mercredi 5 août 2020

Le Nicaragua dans la mire de Washington


 


Un épiscopat prêt au combat

 

Pour comprendre ce qui se passe en Amérique latine, il faut prendre en compte les gouvernements qui se soumettent à Washington et ceux qui ne s’y soumettent pas, se déclarant indépendants et souverains. Ces derniers sont considérés comme des gouvernements récalcitrants. Washington ne peut pas tolérer une telle dissidence dans sa cour arrièrequ’est l’Amérique latine pour lui. Son objectif est d’en finir avec ces derniers qui osent s’affirmer socialistes et anti-impérialistes.

 

Dans la majorité des pays qui lui sont soumis, dont le groupe de Lima, Washington s’impose sans que les gouvernements, les oligarchies nationales et les épiscopats aient rien à y redire. Quant aux peuplesde ces pays, ils doivent compter sur eux-mêmes s’ils souhaitent se libérer de cette dépendance et voguer a leur propre développement. 

 

Pour le moment, trois de ces peuples  sont parvenus à résister aux nombreuses tentatives de coups d’État visant leur  indépendance  et souveraineté: Cuba, Nicaragua Venezuela. On se souviendra du Coup d’État au Chili, en 1973 et de ceux au Brésil, en 1964, et de l’Argentine, en 1976, tout comme ce tout récent coup d’État en Bolivie qui n’est toutefois pas encore complètement consommé. Diverses méthodes sont utilisées pour renverser ces régimes politiques de profil socialiste. Les présidents récents de l’Équateur, d’Argentine, du Brésil et du Paraguay en savent quelque chose.

 

Les trois pays, toujours souverains et indépendants, Cuba, Venezuela et Nicaragua font l’objet d’un harcèlement politique, économique et social. Les sanctions se multiplient, les groupes terroristes se forment sous les directives de Washington. Des millions de dollars y sont investis pour qui parviendra à éliminer ou tuer les principales têtes dirigeantes de ces pays. 

 

Cuba a déjà une longue histoire de résistance et de harcèlement venant de Washington avec son blocus économique et ses diverses sanctions. Pendant longtemps, l’épiscopat catholique de Cuba a été les yeux et les oreilles de Washington à Cuba. Depuis un certain temps, sa présence se fait plus discrète. Par contre, il se garde bien de dénoncer le blocus économique ainsi que toutes les sanctions qui rendent de plus en plus difficile la vie des Cubains et Cubaines.

 

Venezuela a déjà une histoire de plus de 20 ans de résistance aux multiples tentatives de coups d’État. Dans ce pays, Washington peut compter à plein sur les bons services de l’épiscopat vénézuélien. Ce dernier agit et se comporte comme une véritable opposition. Il faut signaler qu’il en fut de même avec l’épiscopat de Bolivie lors du récent coup d’État. Les évêques se faisaient les dénonciateurs des fraudes électorales, sans jamais en apporter de preuve. L’histoire a révélé qu’aucune fraude n’avait été reconnue lors de ces élections de novembre dernier. L’épiscopat n’en a pris  note, maintenant son appui aux  putschistes.

 

Nicaraguaest de nouveau la cible d’un coup d’État. Il y a quelques jours, R.I. portait à notre connaissance le plan de Washington pour réaliser un « coup d’État » contre le gouvernement de Daniel Ortega. Cette nouvelle coïncide avec la mise à feu, dans la cathédrale de Managua, de l’image du sang du Christ, vieille de 300 ans.  Un évènement, aussitôt dénoncé par le cardinal et aussitôt attribué, par ce dernier, au gouvernement de Daniel Ortega.

 

On se souviendra qu’en 2018, ce même cardinal avait participé et soutenu pendant des mois des manifestations dans les rues de la capitale et dans les diverses régions du pays. Elles furent vite identifiées comme faisant partie d’une tentative de coup d’État, voulue et dirigée par Washington.  Malheureusement, pour ces derniers, ce coup d’État a échoué. Le pays a retrouvé son calme et les institutions gouvernementales ont opéré sans entrave jusqu’à ce jour. Mais voilà qu’avec ce feu à la cathédrale que le cardinal attribue, sans preuve, au  gouvernement, il y a motif pour relancer les manifestations et pour amplifier toute la misère dont le peuple a à souffrir d’un tel gouvernement. 


 


Pour le moment, personne ne sait qui est à l’origine de ce feu à la cathédrale. Chacun peut imaginer ce qu’il veut selon ses intérêts et ses objectifs.  Pour le cardinal, ça lui convient de faire ,du gouvernement, le responsable de ce sacrilège. Pour d’autres, surtout après avoir pris connaissance du plan de Washington pour éliminer le gouvernement de DanielOrtega, ce feu à la cathédrale devient un déclencheur de protestations et d’accusations de toute nature contre le gouvernement Ortega.  Ce serait, ce qu’on appelle, en Amérique latine, un « faux positif », provoqué par Washington, mais attribué au gouvernement. La personne du cardinal est tout à fait désignée pour mener cette campagne de dénigrement contre ce gouvernement qui ne respecte pas la foi religieuse du peuple.

 

Selon les analystes, si Ortega y son peuple sont parvenus à vaincre la dernière tentative de coup d’État (2018), ils sauront vaincre la prochaine. 

 

Pour qui voudra en savoir plus sur la visite du pape Jean-Paul II au Nicaragua, en avril 2005, je vous réfère à un excellent article, écrit par celui qui était, à l’époque, ministre de la Culture, Ernesto Cardenal. De quoi à ne pas manquer pour saisir la complicité du Vatican et de Washington pour éliminer les régimes de format socialiste.

 

https://www.voltairenet.org/article16841.html

 

 

Oscar Fortin

 

5 août 2020