lundi 29 septembre 2008

L'ÉGLISE A-T-ELLE ENCORE SON MOT À DIRE?


Dans un article, publié dans l’édition du Devoir du 29 septembre 2008 et coiffé du titre « QUI VEUT FAIRE TAIRE LES ÉVÊQUES DU QUÉBEC? » M. Arnaud Decroix s’en prend aux détracteurs du cardinal Ouellet et du Cardinal Turcotte pour expliquer son interrogation. Il conclut d’ailleurs son intervention en suggérant que pareilles réactions auraient pour effet d’enlever à « l’'Église tout droit et compétence pour intervenir dans le champ du débat d'idées, elle qui avait jusqu'alors la prétention de se définir comme «experte en humanité» (Paul VI, déclaration à l'ONU, 1965). Je ne suis évidemment pas d’accord avec les conclusions que tire l’auteur des réactions suscitées par les approches adoptées par l’un et l’autre de nos deux évêques.

En tout premier lieu, il me semble important de donner aux mots leur véritable sens. Dans le titre de l’article on parle des évêques, mais à la fin on conclue en parlant de l’Église sans toutefois en préciser le sens, laissant entendre, sans le dire, qu’Église et Évêques ne font qu’un. Ceux et celles qui ont encore comme références ecclésiales les documents du Concile Vatican II et les Épitres de St-Paul conviendront que l’Église est un « Corps constitué de tous les croyants ayant à sa Tête le Christ. C’est lui qui a donné certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres encore comme évangélistes, d’autres enfin comme pasteurs et chargés de l’enseignement » (Éphésiens 4,11). Cette précision s’impose d’autant plus que la tentation est grande de confondre la pensée de l’Église avec celle d’un de ses membres, tout important qu’il puisse être dans l’organisation ecclésiale. Dans l’Église d’aujourd’hui de nombreux débats ont cours sur les orientations que lui inspirent les évangiles et les défis du monde. Tout aussi nombreux sont les débats sur son organisation des pouvoirs et des services à apporter à ceux et celles qui lui sont rattachés. Dans tous ces débats, personne n’a le monopole de la vérité, pas plus d’ailleurs que du pouvoir. Chacun, selon le don reçu, apporte sa contribution et c’est finalement la foi de la communauté qui « juge » (1 Cor.14, 29). Autant le Cardinal Turcotte fait appel à sa conscience pour justifier sa décision, autant chaque chrétien fait appel à la sienne pour justifier sa propre décision. Joseph Ratzinger n’avait-il pas affirmé bien des années avant de devenir Benoît XVI : « «Au-dessus du pape en tant qu’expression de l’autorité ecclésiale, il y a la conscience à laquelle il faut d’abord obéir, au besoin même à l’encontre des demandes de l’autorité de l’Église. » (1967)

En conclusion sur ce point, force est de constater que pour parler au nom de l’Église, il ne suffit plus d’occuper un poste d’autorité dans l’organisation de celle-ci, mais de se faire l’écho de la voix des prophètes, des docteurs, des enseignants, de tous ceux et toutes celles qui sont portés par l’Esprit du Christ, Tête de l’Église. L’intervention de Jean Vanier, lors du dernier Congrès eucharistique, en dit long sur ce sujet. Sa parole prophétique a rejoint la foi des chrétiens et c’est cette foi qui reconnaît et donne force à cette parole. Dans les cas discutés dans l’article de M. Decroix, il faut se demander si la foi des chrétiens docteurs, prophètes, évangélistes, presbytres, enseignants et autres se reconnaissent dans les approches de nos deux cardinaux. Ce n’est pas évident. Leurs propos ou interventions peuvent être questionnés tout autant de l’intérieur de l’Église qu’ils l’ont été de l’extérieur.

En second lieu, il est question d’un débat d’idées. À ce que je sache, un débat d’idées suppose des approches différentes, des dissensions, des oppositions. Il n’y a donc rien de surprenant que des voix s’expriment contre les points de vue du Cardinal Ouellet et ceux du Cardinal Turcotte. En le faisant, elles ne leur interdisent pas de revenir à la charge, mais dans tous les cas, il faudra qu’ils le fassent à leur risque et dépend. Je sais qu’en écrivant ces commentaires, que je souhaite partager avec les lecteurs et lectrices du Devoir, je prête flanc à des points de vue qui m’obligeront à débattre. Je n’interpréterai pas ces divergences comme une interdiction à m’exprimer. Nous vivons dans un monde de plus en plus multipolaire où les arguments d’autorité ou les approches uniformes n’ont plus leur place.


Je conclus ce bref commentaire en disant que l’Église s’exprime partout où l’action de ses membres, portées par la foi, est un ferment de croissance et de développement des milieux de vie de chacun. S’ils sont porteurs de vérité, de justice, de miséricorde et d’ouverture, rien ne pourra les retenir. Pierre, alors que sa fin approchait, eût ces paroles pour les anciens et ceux qui allaient lui succéder dans l’Église :

« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau ». (1P. 5,2-3)


Oscar Fortin, théologien et politologue

Libre penseur dans la foi et dans le monde
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jeudi 25 septembre 2008

FIN D'UN EMPIRE ET ÉMERGENCE D'UN NOUVEAU MONDE

SEMAINE DU 21 AU 26 SEPTEMBRE 2008

Deux évènements majeurs retiennent actuellement l’attention du monde : la crise économique mondiale et l’ouverture de la 63ième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette dernière se réalise sur toile de fond de la crise économique elle-même mais aussi et surtout des effets dévastateurs des politiques interventionnistes de ceux qui en détiennent les ficelles. Nos médias ont plutôt été discrets sur ce dernier aspect. Rares sont ceux qui ont relevé les interventions d’Évo Morales, Président de la Bolivie, de Cristina Fernandez, Présidente de l’Argentine, de Luis Ignacio Lula, Président du Brésil, d’Antonio Lugo, Président du Paraguay et ainsi que celles de nombreux autres représentants de l’Amérique latine, de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen Orient. Pourtant, à cette Assemblée générale, se fait vraiment entendre la voix de la Communauté internationale.



La grande majorité des intervenants de l’Amérique Latine ont fait ressortir que le modèle d’un capitalisme laissé à lui-même avait été la principale cause du sous développement dont souffre toujours le Continent. L’actuelle crise économique qui en secoue les bases ne fait que confirmer ce que les mouvements sociaux et les leaders des peuples dénoncent depuis des générations : le capitalisme ne peut répondre qu’à des intérêts individuels et corporatifs et c’est hors de sa nature même de répondre aux intérêts du BIEN COMMUN des peuples.

Dans le cas des pays de l’Amérique latine, les maîtres de ce système avaient le contrôle des gouvernements et des principaux leviers des institutions politiques, judiciaires, militaires, médiatiques et, dans bien des cas, religieuses. Les objectifs recherchés étaient toujours les mêmes : soutirer le maximum des ressources matérielles, humaines et organisationnelles pour en obtenir « le plus » en payant « le moins ». Les préoccupations sociales telles la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement, n’avaient leur sens que dans la mesure où elles devenaient nécessaires au rendement exigé pour la production. Dès que des mouvements sociaux ou politiques mettaient en péril ce cadre du pouvoir, ils étaient alors soumis à des persécutions ou encore à des régimes militaires dont les plus mémorables sont ceux de Banzer en Bolivie (1971), de Pinochet au Chili (1973), de Videla en Argentine (1976). Le Plan Condor, de triste mémoire, avait été mis en place pour faire disparaître des milliers de personnes jugées périlleuses pour la stabilité de cet empire. Tout cela sous le regard bienveillant d’un Occident se disant chrétien et généreux.

Mais, voilà que depuis une dizaine d’années, la démocratie a ouvert ses portes à la montée de partis politiques qui veulent en découdre avec ce système qui génère pauvreté et misère pour les uns, richesse et pouvoir pour les autres. C’est actuellement le cas du Brésil, de l’Argentine, de l’Équateur, de la Bolivie, du Paraguay, du Venezuela, du Nicaragua alors que d’autres se dirigent lentement vers cette voie d’avenir, comme c’est le cas du Honduras, de Panama et de l’Uruguay. Le Mexique y serait peut-être déjà, si ce n’eût été de certaines fraudes dans le recomptage des votes.

Ce sont ces nouveaux chefs d’État qui ont pris la parole, ces jours-ci, à l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce sont eux qui ont parlé de Démocratie sans cesse mise en danger par des groupes terroristes soutenus et financés par ceux-là mêmes qui y perdent actuellement leur pouvoir et leurs privilèges. Évo Morales a raconté toutes les difficultés mises sur son chemin, depuis son arrivée à la tête de l’État bolivien. Malgré un appui massif du peuple (plus de 67%), ceux qui se disaient hier démocrates, sont devenus aujourd’hui des terroristes qui fomentent la déstabilisation, la confrontation et même la violence, tuant femmes, enfants et paysans. Évo Morales a demandé dans son discours : pourquoi les États-Unis n’ont pas encore condamné ces gestes de violence dans son pays? Pourtant nombreux sont les pays qui n’ont pas hésité à condamner de pareilles actions. Cette question était évidemment une manière de répondre au pourquoi de l’expulsion récente de l’Ambassadeur des États-Unis en poste en Bolivie. C’est qu’ils y sont parties prenantes à ces opérations de déstabilisation comme ils l’ont été au Chili en 1973 et ailleurs, comme c’est actuellement le cas au Venezuela.

Plusieurs intervenants n’ont pas manqué l’occasion de faire ressortir que les grands défenseurs du capitalisme, comme système économique idéal, deviennent, dans le cadre de la présente crise, de véritables socialistes en demandant à l’État d’intervenir pour sauver le système de la banqueroute. De mauvaises langues ont parlé d’un socialisme pour les dettes et les déficits et d’un capitalisme pour les profits. Dans le premier cas, c’est le peuple qui s’en charge, dans le second cas, ce sont les maîtres du jeu qui encaissent. C’est ainsi que des centaines de milliards de dollars sortent, comme par magie, des coffres de l’État pour renflouer le système. Par contre, lorsque les « socialistes » parlent de mettre des limites au capitalisme en le soumettant aux exigences d’un BIEN COMMUN comme le partage des terres, le contrôle des richesses naturelles, la santé, l’éducation, l’alimentation, tout cela devient de l’interventionnisme d’État, jugé inacceptable et néfaste pour l’économie. C’est comme s’il fallait s’accommoder que des millions d’êtres humains meurent tous les jours par manque du nécessaire alors que pareil accommodement devient impensable face à un capitalisme à l’article de la mort.

Je pense que le discours des Présidents de ces nouvelles démocraties montantes éclaire les voies de l’avenir pour les personnes et les peuples à la conquête du respect de leurs droits et de leur dignité. Il y a un bond qualitatif dans la conscience sociale et politique de ces peuples en même temps que l’innovation de nouvelles manières de vivre l’économie qui commencent à donner ses fruits dans plusieurs de ces pays. Lorsqu’Hugo Chavez, Président du Venezuela, parle du socialisme du XXIème siècle, il parle de tout cela. Ce n’est pas pour rien qu’il est la bête noire des anciens maîtres qui veulent l’abattre à tout prix. En plus d’être le Président d’un pays où il y a beaucoup de pétrole, il est à l’avant-garde de cette montée des peuples vers un nouvel avenir. Pour ceux et celles qui s’intéressent à la pensée sociale de l’Église, ils trouveront beaucoup de ce socialisme du XXIème siècle dans l’encyclique de Jean XXIII « PAIX SUR TERRE ».


Oscar Fortin

25 septembre 2008

dimanche 21 septembre 2008

A USTEDES LOS FUERTES Y PODEROZOS


Ya llego la hora en que no cuenta más su fuerza, tampoco su poder para escapar a la justicia que reclama los derechos de los pueblos. Lo que pasa actualmente en Bolivia con el prefecto criminal, Leopoldo Fernández, que mandaba en la prefectura de Pando y que hizo matar a campesinos, mujeres y niños, refleja lo que esta pasando en toda América latina y en el mundo: los pobres y marginados que representan los dos terceros de la población mundial y también la mayoría de los pueblos de cada país están tomando el control de la democracia manipulada para hacerla democracia participativa. Los nuevos dirigentes responden a las exigencias de la mayoría de sus pueblos, la cual no aguanta mas los que les mandaban como esclavos y conforme a sus intereses.

Cuando me hago mas cerca a los acontecimientos que suceden en esta América latina me viene a la mente estas palabras a su prima Elizabeth de la Virgen María, en que muchos creen:

50 Dios tiene siempre misericordia
de quienes le honran
51 Actuó con todo su poder: deshizo los planes de los orgullosos,
52 derribó a los reyes de sus tronos
y puso en alto a los humildes.
53 Llenó de bienes a los hambrientos
y despidió a los ricos con las manos vacías


Hombres y mujeres de buena voluntad, estamos viviendo la profecía de esta mujer que llevaba en su seno el libertador que hace posible lo que esta realizando Evo Morales, Hugo Chávez y todos los otros que ya levantan la cabeza para decir: BASTA. Bush y todos los que lo siguen en sus mentiras y manipulaciones conocerán el mismo destino. Lo que es otoño para unos va ser primavera para muchos otros.


Oscar Fortín
El 21 de septiembre 2008

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lundi 15 septembre 2008

BUSH DE MAUVAISE HUMEUR

Je me suis demandé pourquoi l’entrevue donnée par le Président Bush, le 14 septembre au matin, était préenregistrée. J’ai compris que la nuit avait dû être difficile et qu’il n’était pas d’humeur à s’adresser en direct à ses compatriotes et au monde. Il y avait évidemment cet ouragan IKE qui est passé sur le Texas sans aucun égard pour la Présidence qui y a son fief, mais peut-être encore davantage pour l’échec de ce grand coup, préparé de longue date, pour en découdre une fois pour toute avec Évo Morales et Hugo Chavez.

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il veut en finir avec ce chef d’État qui dirige un pays aux richesses pétrolières énormes et qui, plus est, exerce une influence énorme sur l’ensemble des pays du Continent latino américain. Déjà en 2002, il avait espéré s’en débarrasser en soutenant un coup d’État avec l’oligarchie locale. À son grand désarroi, le peuple s’est spontanément mobilisé pour reprendre en main les institutions démocratiques et obliger les putschistes à libérer leur Président. Ce fut un moment fort de la démocratie participative, cette démocratie dont les racines plongent jusque dans les profondeurs des citoyens et des organisations sociales qu’ils se donnent. Restaient les élections présidentielles de 2005, mais sans succès. Les vénézuéliens accordèrent un vote très majoritaire à Chavez pour un second mandat.

La démocratie n’étant plus l’outil approprié pour reprendre le pouvoir, d’autres initiatives furent prises. Il y a eu l’opération TENAZA visant l’échec du Référendum sur la modification de la Constitution et cette autre, BALBOA, visant à créer des conflits frontaliers entre le Venezuela et la Colombie pour justifier une intervention militaire étasunienne. Ces deux opérations ont été mises à jour par les services intérieures d’intelligence avant d’être exécutées. Voilà, maintenant, qu’au moment même où les actions violentes montent en Bolivie pour renverser le gouvernement d’Évo Morales, une autre opération d’envergure est mise à jour, cette fois par un représentant de l’armée ayant enregistré une rencontre de responsables civils et militaires faisant le point sur les actions à mener dans les jours à venir pour renverser le Gouvernement et se débarrasser une fois pour toute d’Hugo Chavez. Deux avions, peints aux couleurs du Venezuela et pilotés par deux étasuniens, bombarderont le Parlement, à partir de La quatrième flotte étasunienne, toujours en action dans les eaux régionales. Des fusées seront également disponibles pour abattre l’avion Présidentielle au moment d’un départ ou d’un retour du Président Chavez.

Pendant que toutes ces choses se passent au Venezuela, Chavez se rend compte, dans ses échanges avec Évo Morales, qu’un scénario semblable est en préparation en Bolivie. À la différence de Chavez, Évo Morales ne sait trop jusqu’où les généraux de l’armée peuvent lui rester fidèles pour défendre la démocratie. Le général Trigo est un de ceux-là. Il est sans doute tiraillé entre deux mondes, celui de la défense de la constitutionalité bolivienne ou celui d’opter pour des offres fort alléchantes de la part des putschistes. Ses interventions dans les zones à problèmes pour contrer la violence sont plutôt au ralenti et certaines autres, problématiques. Chavez parle de « grève de bras baissés ». C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre sa sortie, déclarant que si le gouvernement de Morales est renversé ou si celui-ci est assassiné, qu’il interviendra au coté du peuple bolivien pour reprendre le pouvoir démocratique que les putschistes lui aura ainsi enlevé. C’est également dans ce contexte qu’il a invité tous les vénézuéliens à être vigilants et les yankees à rentrer chez eux.

Selon un haut officiel de l’intelligence vénézuélienne, le coup d’État était prévu pour jeudi, le 18 septembre. À en croire ce scénario, Bush aurait frappé un grand coup au cœur même de l’Amérique du Sud en prenant le contrôle du Venezuela et de la Bolivie. Inutile de dire qu’il aurait célébré avec joie la disparition d’Hugo Chavez et d’Évo Morales. Il aurait ainsi redoré son blason et aurait été remis à l’avant scène de la campagne électorale des Républicains qui se gardent bien de s’en approcher. Malheureusement, le destin aura voulu que ses velléités et ses astuces soient mises à jour et qu’un fin stratège et grand démocrate, en étroite collaboration avec son collègue bolivien et tous les autres membres d’UNASUR, aient déjoué ses plans et gagné encore plus de prestige pour ceux qui savent reconnaître les grands hommes d’État auxquels appartiennent Hugo Chavez et Évo Morales, quoi qu’en disent nos médias et leurs adversaires.

Allende, du haut de la MONEDA où siège actuellement (15 septembre) UNASUR, doit se reconnaître prophète en s’entendant dire de nouveau ces paroles :

« Travailleurs de ma Patrie, j'ai confiance dans le Chili et en son destin. D'autres hommes dépasseront ce moment gris et amer où la trahison prétend s'imposer. Allez de l'avant en sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues où passera l'homme libre pour construire une société meilleure. » (11 septembre 1973)


Oscar Fortin

15 septembre 2008

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vendredi 12 septembre 2008

LE CANADA ET L'AMÉRIQUE LATINE

LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE DU CANADA

M. Le Premier Ministre


Je sais que la présente campagne électorale prend tout votre temps et que les thèmes reliés aux relations internationales du Canada avec l’Amérique latine n’occuperont pas beaucoup d’espaces dans les messages publicitaires. En tant que citoyen canadien, j’ai retenu que nos soldats en Afghanistan avaient pour mission d’y créer les conditions d’une véritable démocratie. Déjà, plus de 80 de nos soldats y ont laissé leur vie et autant, sinon plus, y laisseront la leur d’ici 2011. Cette décision, à vous en croire, dit toute l’importance que vous accordez à la démocratie comme système politique permettant aux peuples de prendre en main leur propre destin.

Actuellement, particulièrement en Amérique latine, de plus en plus nombreux sont les peuples, qui se donnent des gouvernements dont les mandats sont à l’effet de développer des politiques sociales et économiques, favorisant leurs intérêts nationaux dont, entre autres, la santé, l’éducation, le logement, l’alimentation et leur participation à l’ensemble de la vie publique. Ces gouvernements ont franchi avec succès toutes les épreuves de la démocratie. Tout récemment encore, le gouvernement de la Bolivie, lors d’un référendum d’orientation et de confiance, s’est vu accordé plus de 69% du support de la population bolivienne pour aller de l’avant avec les réformes amorcées. Que ce soit au Venezuela, au Paraguay, en Argentine, tous ont l’appui majoritaire de leur population. En Équateur se déroule actuellement un Référendum national pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Un exemple à suivre par tous les peuples qui se dotent d’une Loi fondamentale régissant la vie de leur nation. En effet, n’est-il pas important que le peuple ait à en décider lui-même? Tout ceci pour vous dire, M. Le Premier Ministre, que vous avez tous les motifs de vous réjouir de ce que la DÉMOCRATIE soit aussi florissante dans ces pays.

Mais voilà que cette démocratie est actuellement mise à l’épreuve. En Bolivie, au Venezuela, au Paraguay, en Équateur, des forces externes et internes cherchent par tous les moyens, incluant la violence et l’assassinat, à briser ces démocraties pour les remplacer par des dictatures dont les noms qu’on pourra leur donner ne sauraient en changer la nature. Plusieurs pays de la région dont le Chili, l’Argentine, le Paraguay, l’Équateur, le Venezuela, entre autres, et l’OEA donnent leur appui au gouvernement légitimement élu d’Évo Morales tout en dénonçant ces forces clandestines qui visent, actuellement, à le saboter par la violence. Il en va de même pour le Venezuela qui vient de mettre à jour un plan pour renverser son gouvernement et tuer son Président.

Que dit le Canada? Est-il assez indépendant dans ses politiques extérieures et assez convaincu dans ses valeurs démocratiques pour dénoncer officiellement ces actions « terroristes » qui visent à déstabiliser ces gouvernements? Aucun soldat n’est requis, aucune intervention à l’interne n’est sollicitée. Tout ce qui est exigé, par les évènements et notre adhésion au Droit international, c’est que le CANADA SE JOIGNE À TOUS LES AUTRES PAYS INDÉPENDANTS POUR DÉNONCER DE PAREILLES MANŒUVRES ET POUR CONFIRMER DE NOUVEAU SA FOI ET CELLE DU PEUPLE CANADIEN DANS LA DÉMOCRATIE ET SON RESPECT. La présente campagne électorale vous en donne l’occasion.

Oscar Fortin, politologue

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Québec, le 12 septembre 2008

mardi 9 septembre 2008

CE 11 SEPTEMBRE 1973 LA TOUR DE LA DÉMOCRATIE S'ÉCROULE


L’écroulement des TOURS du World Trade Center, ce 11 septembre 2001, a bouleversé le monde entier. Il a été l’élément déclencheur d’une guerre à finir avec ceux que l’on soupçonne d’en être les auteurs, ces « terroristes sans âme ni conscience ». Encore aujourd’hui des milliers, sinon des millions de personnes, se demandent toujours qui sont les véritables auteurs de pareil attentat. Bien des années devront s’écouler avant que nous en connaissions tous les dessous.



Il y a, par contre, un autre 11 septembre, dans la seconde moitié du siècle dernier, qui a bouleversé les grands démocrates et humanistes du monde entier. Il s’agit de ce 11 septembre 1973 qui mit fin à la DÉMOCRATIE au CHILI et dont on ne savait trop, à l’époque, qui en étaient les principaux responsables. Aujourd’hui, après 35 ans, nous les connaissons. Le rappel de ce 11 septembre 1973 est d’autant plus pertinent que ce sont les mêmes acteurs qui continuent à être actifs dans cette Amérique latine, toujours déterminée à prendre son envol vers une société plus juste, plus équitable, plus responsable, plus démocratique.

Patricia Parga-Vega, journaliste, membre du groupe investag’Action, raconte qu’après la reconnaissance du triomphe d’Allende, par le Sénat chilien, le président de Pepsi-Cola, Donald M.Kendall, qui avait ses entrées à la Maison Blanche, demanda, le 14 septembre 1970, au Président d’accorder une audience extraordinaire à un chilien ami et collègue : Agustin Edwards, propriétaire d’un des journaux les plus influents du Chili : El Mercurio. Dès le 15 au matin, la rencontre a lieu et Agustin Edwards demande l’aide des États-Unis pour empêcher la passation du pouvoir présidentiel à Allende. La réponse ne se fait pas attendre. Ce même jour, dans l’après-midi, sont convoqués au bureau ovale : Henry Kissinger, secrétaire d’État, Richard Helms, directeur de la CIA, et John Mitchell, à titre privé. Nixon les informe « qu’un gouvernement allendiste n’est pas acceptable pour les États-Unis et ordonne à la CIA de jouer un rôle direct. Dans ses Mémoires, Helms confirme : « Le Président m’ordonna de provoquer un coup d’État militaire au Chili, un pays jusqu’alors démocratique. »


Une semaine plus tard, ce fut l’opération visant le général René Schneider, commandant en chef de l’armée chilienne et fidèle à la Constitution. Il fut mortellement blessé, le 22 octobre 1970, au cours d'une tentative d'enlèvement par un groupe d'extrême droite, et succomba à ses blessures le 25 octobre. L’échec de cette première opération visant à empêcher le transfert des pouvoirs du Président défait, Eduardo Frei, au Président élu, Salvador Allende, allait faire place à un second scénario, plus à long terme, de déstabilisation politique, économique, sociale et religieuse. Le mouvement « Patrie et Liberté » allait devenir le bras terroriste provoquant des enlèvements, faisant sauter des tours à haute tension, tuant et assassinant des personnalités trop influentes dans leur milieu. Le syndicat des « propriétaires » des camions, assurant les approvisionnements en alimentation et en biens essentiels, allaient créer la rareté et générer le mécontentement de la population. Sur les marchés internationaux on fit tout pour faire baisser le prix du cuivre, source principale des revenus de l’État. Tout cela bien couvert par une presse qui rendait le Gouvernement de l’Unité populaire, seul responsable de tous ces mots. Au sein de l’armée, certains parvinrent à créer suffisamment de mécontentement pour que le général Carlos Pratt, fidèle à la Constitution et successeur du Général Schneider, donne sa démission. Ce dernier, en 1974, sera assassiné, en Argentine, sous les ordres d’Augusto Pinochet, celui-là même qu’il avait recommandé à Allende pour le remplacer à la tête des forces armées. C’est ce dernier qui deviendra l’oreille attentive et le bras armé de Washington et de l’oligarchie locale toujours unie autour d’Agustín Edwards. Ainsi, en ce 11 septembre 1973, il convertira l’armée chilienne en une force terroriste qui s’attaquera à la TOUR de la DÉMOCRATIE, en bombardant la MONEDA, Parlement des élus du peuple, et en emprisonnant, tuant et massacrant des milliers de citoyens.

Pendant que les oligarchies et Washington célèbrent leur victoire, des milliers de morts, de disparus, de prisonniers, de torturés d’exilés, de familles décimées un peu partout dans le monde, font monter un cri de douleur qui traverse non seulement le peuple mais toutes les personnes de bonne volonté d’à travers le monde. Tout cela, comme l’affirmait le même Pinochet, « pour sauver la vie et la fortune des élites dirigeantes qui se sont senties menacées dans leurs privilèges. »

Ce 11 septembre 1973 ne doit-il pas secouer la conscience des grands démocrates que nous prétendons être ? Ne doit-il pas interroger les engagements de nos gouvernements et les solidarités exprimées par nos médias et nos élites ? De qui sommes-nous vraiment solidaires ? Est-ce de valeurs fondamentales comme la démocratie, la vérité, la liberté des peuples de disposer de leur avenir dans le respect de celui des autres ? Ou est-ce encore de nos propres intérêts au détriment de ceux des autres ? Ce qui s’est passé au Chili dans les années 1970 certains intérêts veulent le répéter au Paraguay, en Équateur, en Bolivie, en Argentine et au Venezuela en 2008. De qui et de quoi le peuple canadien veut-il être solidaire et quel gouvernement saura-t-il en être le promoteur ?

Que ce 11 septembre d’hier et d’aujourd’hui soit pour tous un jour de vérité.

Oscar Fortin, théologien et politologue

11 septembre 2008

dimanche 7 septembre 2008

JÉSUS INTERPELLE BENOÎT XVI


Du temps de sa vie publique, Jésus avait l’habitude d’amener à l’écart certains disciples pour les entretenir de choses et d’autres en relation avec sa mission et le Royaume. Sa présence physique lui facilitait la tâche, personne ne mettant en doute son leadership. Depuis sa résurrection, le contact est parfois plus difficile. Soit que ses interlocuteurs sont trop absorbés par leurs propres pensées, leurs propres conceptions des choses, leurs propres visions de l’Église, qu’ils n’ont plus d’oreille pour l’entendre lorsqu’il prend la parole dans l’intimité de leur cœur. Soit encore que les prophètes ou messagers qu’il leur envoie sont perçues comme des faiseurs de troubles. La seule solution est donc d’apparaître, comme il l’a fait pour ses apôtres après sa résurrection. Mais, cette fois, ce sera pour s’entretenir avec BENOÎT XVI, le successeur de Pierre.

On se souviendra de la scène sur la mer Tibériade où Pierre, avec quelques compagnons, pêche depuis la nuit sans grand succès. Du rivage, une voix se fait entendre, leur disant de tirer leur filet de l’autre côté de la barque. C’est à ce moment que « Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : " C'est le Seigneur ! " A ces mots : " C'est le Seigneur ! " Simon-Pierre mit son vêtement - car il était nu - et il se jeta à l'eau. » (Jn 21,7-)

La rencontre de Benoît XVI avec Jésus, le ressuscité, ne pouvait pas se réaliser dans un même environnement et avec la même spontanéité. La barque de Pierre est devenue le Vatican et sa nudité de pêcheur a été recouverte d’habits réservés à la fonction de « Très Saint Père ». Jésus s’adapte donc à la situation et décide de le surprendre dans les jardins du Vatican au moment de sa promenade quotidienne. Il doit toutefois s’assurer qu’il puisse être reconnu. Il lui faut quelque part un « Jean », un disciple bien aimé, qui le reconnaîtra juste à l’entendre. Il fait donc coïncider son apparition avec une audience privée, accordée dans les jardins du Vatican à Jean Vanier, fondateur de l’Arche. C’est donc sous les dehors de jardinier qu’il salue les deux personnages. Jean, en le voyant y reconnaît aussitôt le Seigneur et le dit à Benoît XVI. Dès que les regards se croisent ce dernier est saisi par l’étincelle divine du personnage qu’il a devant lui. Il ne sait trop comment s’adresser à cet homme divin qui se présente dans une tenue aussi humble. Jésus le prend aussitôt à l’écart et, lui facilitant la tâche, l’appelle affectueusement Joseph, nom que portait également son père terrestre. Il le rassure, aussitôt, en lui disant qu’il n’est pas là pour le condamner ou le blâmer, mais pour lui demander de vive voix et dans la plus grande simplicité s’il l’aime vraiment.


Ce qu’il avait déjà fait avec Pierre, il le fit avec Benoît XVI qu’il préféra interpeller par son petit nom, Joseph. Il lui demanda : JOSEPH M’AIMES-TU? À cette première question, ce dernier sentit toute la distance qui le séparait de ce Jésus, le Sauveur du monde, se présentant dans cette tenue de jardinier. Il se rappela ces paroles du Baptiste qui se disait indigne de dénouer la courroie de ses sandales et il se rendait bien compte que sa tenue ne cadrait pas tellement avec celle de son Maître. Il eût honte de ses apparats et de tout cet environnement matériel dans lequel il vivait. Il répondit à Jésus, d’un air quelque peu contrit : OUI JE T’AIME. Une seconde fois Jésus demanda : JOSEPH M’AIMES-TU? Là encore défilèrent devant ses yeux tous les compromis réalisés avec les puissances de ce monde sous prétextes de protéger certains avantages institutionnels comme si Jésus ne pouvait pas lui-même les assurer. Il pensa à la deuxième tentation de Jésus au désert où on lui offrait tous les royaumes du monde en échange de sa soumission. Connaissant la réponse que Jésus avait faite, il eût honte, une seconde fois, et répondit avec encore plus de sincérité OUI SEIGNEUR, JE T’AIME. Mais comme si ce n’était pas suffisant, Jésus lui posa une troisième fois la même question : JOSEPH M’AIMES-TU? C’est alors que le voile tomba complètement et qu’il vit jusqu’à quel point il s’était substitué à la personne même de Jésus au point que le monde n’arrivait plus à le reconnaître dans sa propre Église. Il voyait toute l’enveloppe dogmatique, canonique, liturgique et sacramentelle qui n’arrivait plus à dire ce Jésus des Évangiles, celui-là même qu’il avait devant lui. Il se rendit compte que les personnages hiérarchiques, tout enveloppés d’honneur et d’autorité, trahissaient la mission de détachement des biens matériels et de service auprès des plus délaissés. Il pensa à la troisième tentation de Jésus au désert où le malin l’invitait à faire sensation, à faire grandiose, en se jetant au bas du temple pour attirer à lui les foules. Profondément repentant et sachant que seul le Maître peut savoir ce qui se passe dans les cœurs, il répondit : " Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes agneaux. »

C’est alors que Jésus se retira le laissant méditer sur les pensées de cette rencontre et sur les recommandations du fougueux Pierre qui avait compris bien des choses au terme de sa vie et dont il était le successeur:

« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1Pierre 5, 2-3)

Il va de soi que ce renouveau pour ne pas dire cette conversion auquel sont conviées les têtes dirigeantes de l’Église s’adresse à tous les témoins du Royaume : apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs. Tous les croyants en Jésus de Nazareth sont interpellés. Personne n'y échappe, à commencer évidemment par ceux qui en ont les principales responsablibités.


Oscar Fortin

7 septembre 2008

NOTE : Inutile de dire que cette présentation ne se veut qu’une image pour faire comprendre certains aspects de la vie de l’Église et rappeler que le Christ est toujours bien vivant et présent à la tête de son Église dont nous sommes les membres. Personne n’a, individuellement, le monopole de la représentation du Christ.

vendredi 5 septembre 2008

LA SACRAMENTALITÉ DE LA VIE


Dans les religions chrétiennes la sacramentalité occupe une place importante. Pour résumer, Jésus de Nazareth aurait laissé des rites sacramentels par lesquels il communique ses grâces et ses bienfaits de salut. Ces derniers ont été précisés à travers les siècles pour devenir les sept sacrements qui définissent, en exclusivité, l’action salvifique du Christ dans le monde. Les autorités ecclésiales en sont évidemment les gestionnaires.

Cette approche de l’action salvifique du Christ dans le monde ne résiste plus au développement des connaissances bibliques, exégétiques, théologiques et historiques des dernières décennies. Le Jésus de Nazareth, dont la figure se rapproche de plus en plus de nous, a une action et un message qui nous orientent différemment sur la compréhension de sa présence dans le monde. C’est lui qui nous fait arriver aux plus petits, aux exclus, aux laissés pour compte en s’identifiant lui-même à ces derniers. « Ce que vous ferez aux plus petits des miens c’est à moi que vous le ferez. » C’est lui qui a encouragé ceux qui luttent pour la justice en les déclarants bienheureux dans les persécutions inévitables dont ils seront victimes. Chacune des béatitudes peut être prise en ce sens. Dans cette optique nous pourrions identifier sept actions par lesquels il agit dans le monde. Nous pourrions les appeler les sept sacrements de la Vie.

Il y a le sacrement de la JUSTICE qui reconnaît que les richesses de la terre doivent être utilisées au bénéfice de l’ensemble de l’humanité, assurant les conditions de vie décente, l’éducation, les soins de santé, la paix pour tous et qui agit à travers hommes et femmes pour qu’il en soit ainsi. Il y a le sacrement de la VÉRITÉ qui soutient et encourage ceux et celles qui lèvent les voiles sur les hypocrisies, les mensonges, les manipulations pour laisser apparaître la transparence. Il y a le sacrement de l’HUMILITÉ qui rend possible des relations humaines qui valorisent et font grandir ses semblables tout en donnant la force de reconnaître ses erreurs. Il y a le sacrement de la MISÉRICORDE qui permet de faire revivre des relations blessées en pardonnant et en ouvrant à la réconciliation. Il y a le sacrement de la SOLIDARITÉ qui rapproche les personnes les unes des autres et qui permet d’être avec les plus délaissés. Il y a le sacrement de la FOI qui permet de reconnaître les lois fondamentales de la nature, de discerner l’action du Christ au service des valeurs humaines et spirituelles de chaque personne et communauté. Il y a enfin le sacrement de l’AMOUR qui unit les humains dans une relation qui les transforme en une communauté vivante et fraternelle.

Ces sept points de références rejoignent les pôles les plus importants de l’action et du message de Jésus de Nazareth. D’ailleurs, le jugement dernier que nous rapporte Mathieu (25,31-26) met particulièrement l’accent sur cette sacramentalité de la vie. Ils rejoignent également ce que les prophètes de l’A.T. ont constamment remis à l'avant plan des pratiques rituelles de la foi religieuse de leur époque.

« Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve. (Is.1, 13-17) »


Celui qui marche dans la justice, Et qui parle selon la droiture, Qui méprise un gain acquis par extorsion, Qui secoue les mains pour ne pas accepter un présent, Qui ferme l'oreille pour ne pas entendre des propos sanguinaires, Et qui se bande les yeux pour ne pas voir le mal. Celui-là habitera dans des lieux élevés ; Des rochers fortifiés seront sa retraite ; Du pain lui sera donné, De l'eau lui sera assurée. » (Is.33 :15-16)

Mais malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, et qu'ils habitent seuls au milieu du pays ! Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l'amertume en douceur, et la douceur en amertume; Qui justifient le coupable pour un présent, Et enlèvent aux innocents leurs droits ! Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques, Et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes, pour refuser justice aux pauvres, et ravir leur droit aux malheureux de mon peuple, pour faire des veuves leur proie, et des orphelins leur butin ! (Is.5-10)

« Rends-moi justice, ô Dieu, défends ma cause contre une nation infidèle! Délivre-moi des hommes de fraude et d’iniquité! Sois vainqueur, monte sur ton char, défends la vérité, la douceur et la justice, et que ta droite se signale par de merveilleux exploits. (Ps.43 :1;45 :4) »

« Ainsi parle l'Éternel : Pratiquez la justice et l'équité ; délivrez l'opprimé des mains de l'oppresseur ; ne maltraitez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve ; n'usez pas de violence, et ne répandez point de sang innocent dans ce lieu.@ (Jér.22 :3)
Pour conclure, il ne fait aucun doute que l’institution ecclésiale telle qu’elle existe actuellement se doit de faire une véritable conversion pour rejoindre l’action bien vivante du Ressuscité et de son Esprit dans le monde. Ces derniers sont toujours là à la Tête de l’Église distribuant les dons selon leur volonté.

« Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. » 1 Cor.12,11)

S’il y a ceux et celles qui s’identifient toujours à l’institution ecclésiale, il y en a d’autres, sans doute encore beaucoup plus nombreux, qui témoignent par leurs engagements de cette sacramentalité dans le monde. Ils auront peut-être la surprise de leur vie lorsque le Juge suprême leur dira, « venez les bénis de mon Père, ce que vous avez fait pour la JUSTICE, la VÉRITÉ, l’HUMILITÉ, la MISÉRICORDE, la SOLIDARITÉ, la FOI dans la vie, l’AMOUR, vous l’avez fait pour moi. J’étais là avec vous et vous avec moi. »

Il est urgent que soit repensé la sacramentalité rituelle dans le cadre et au service de cette sacramentalité de la vie. Aux apôtres qui regardaient toujours vers le ciel après l’Ascension de Jésus, un ange vint leur dire d’aller en Galilée, que là il l’y trouverait. La Galilée d’aujourd’hui c’est le monde où vivent plus de 6 milliards d’humains. Il est toujours là.

Oscar Fortin
5 septembre 2008