(Une suite à l’article de Guy Taillefer)
Lorsqu’en 1958, Papa Doc régnait sur Haïti et que Batista en faisait tout autant sur Cuba, les populations de ces deux pays connaissaient une classe de riches et une classe de pauvres, analphabètes, sous-alimentés, avec des taux élevés de mortalité infantile et vivant dans des conditions plutôt sous humaines. Il n’y avait pas beaucoup de places pour une classe moyenne. Voisins l’un de l’autre, tous les deux étaient dans les bonnes grâces de la Maison Blanche. Il n’y avait ni blocus, ni condamnation pour non respect des droits de la personne. La mafia de Miami et les hommes d’affaires pouvaient y circuler librement.
En 2005, 48 ans plus tard, nous regardons de nouveau ces deux pays : Haïti, toujours sous le protectorat américain et Cuba sous le leadership de Fidel Castro depuis plus de 46 ans. Tous les deux demeurent des pays du Tiers-monde avec de la pauvreté, de la corruption, bien qu’à des degrés divers, et des bateaux de fortunes entraînant autant de personnes qu’il est possible d’en apporter pour atteindre des rivages économiquement plus prometteurs. Je ne connais pas beaucoup de gens de ces milieux qui ne souhaitent pas un jour accéder aux bienfaits de la société de consommation. Que ce soit en Haïti, en République Dominicaine, au Salvador, en Equateur ou tout autre pays du Tiers-monde, tous diront qu’ils changeraient en tout temps leur situation avec celle des familles aisées de nos sociétés. Plusieurs tentent leur chance au risque de leur vie, soit par bateau ou encore soit par terre en se dirigeant vers les frontières du Nord. Il n’y a donc pas de quoi faire de Cuba et des cubains en général un cas spécifique. Même dans nos sociétés, bien des gens de nos bidonvilles rêvent un jour de prendre des vacances dans les Iles enchanteresses ou encore se balader avec des autos derniers modèles.
Les différences entre Cuba et Haïti se manifestent par contre et de façon sans équivoque dans le développement qui s’est réalisé dans chacun des deux pays depuis les 47 dernières années. Si la situation en Haïti n’a guère progressé depuis toutes ces années en dépit des aides internationales qui n’ont cessé d’affluer et de l’absence de tout blocus économique, celle de Cuba a fait des bonds qualitatifs que nous ne pouvons passer sous silence à moins d’être de mauvaise foi. Le taux de mortalité infantile est devenu un des plus bas de l’ensemble des pays du Continent. L’analphabétisme a été réduit pratiquement à zéro alors que l’accès aux études plus avancées a permis de développer des spécialités dont celle de la médecine qui font aujourd’hui de Cuba un leader dans ce domaine. Plus de 15 000 médecins sont déployés dans divers pays en développement pour y apporter une aide et y donner de la formation. Tout en respectant Haïti et un bon nombre de pays de l’Amérique centrale, aucun de ces derniers n’a atteint ce niveau de développement.
Ce développement s’est réalisé en dépit d’un blocus économique sévère de la part de son voisin du nord, les Etats-Unis, blocus condamné par les Nations Unies année après année. Même le pape Jean-Paul II, lors de sa visite à Cuba, a condamné avec force ces mesures injustes qui vont à l’encontre du respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’ex Président Jimmy Carter lors d’un séjour prolongé à Cuba à l’été 2002 a également reconnu que c’était là une mesure qui ne pouvait plus se justifier et qu’elle était tout à fait inefficace. Loin d’obtempérer à ces appels venant de haut lieu, l’actuelle administration étasunienne en a rajouté tout dernièrement en rendant encore plus difficiles les déplacements de cubains vivant aux Etats-Unis vers leur terre (une fois tous les trois ans) et leur interdisant l’envoie d’argent pour aider leurs familles. J’aurais apprécié que le journaliste du Devoir explicite davantage ces mesures administratives et les contraintes qu’elles ont tant pour les cubains de Miami que pour ceux dans l’Ile. Il eut été également intéressant que M. Guy Taillefer, discute des conséquences de ces dernières mesures avec des économistes cubains et demande pourquoi le gouvernement cubain a établi le peso convertible. Sans doute auraient-ils apporté un éclairage différent de celui donné par lle politologue américain, Javier Corales. De quoi permettre une meilleure analyse de la situation et assurer ainsi une saine information.
J’ai personnellement vécu dans plusieurs pays de l’Amérique Latine, dont le Chili et le Mexique, et j’ai voyagé dans plusieurs autres. J’ai également séjourné à titre de touriste à Cuba. Dans chacun de tous ces pays, je n’aurais aucune difficulté à interroger des gens pour y retrouver à peu près la teneur des propos que je souhaite transmettre. Ceux qui savent des techniques de communication et des moyens civilisés de manipulation peuvent en toute innocence présenter la réalité sous l’angle qui leur convient le mieux. Pour cette raison, la vérité, pour autant qu’elle puisse être cernée, me semble mieux servie lorsque les intervenants viennent des diverses tendances. N’a-t-on pas donné l’occasion à plusieurs reprises à l’ambassadeur des Etats-Unis de présenter son point de vue sur le bouclier anti-missile et sur la guerre en Irak ? Pourquoi n’en ferions-nous pas autant avec les représentants du gouvernement cubain ? Il me semble que ces gens apporteraient à notre réflexion des aspects qui éclaireraient la formation de notre opinion. Aujourd’hui nous sommes suffisamment prémunis pour savoir que de part et d’autres chacun tire la couverte de son côté. Mais encore faut-il donner la parole aux deux parties.
J’ai eu l’occasion de visionner le documentaire réalisé par Oliver Stone, El Commandante. Interdit aux Etats-Unis par l’Administration Bush, il a été présenté en soirée et sans trop de publicité (23h00) sur le réseau anglais de Radio Canada. J’ai alors écrit les commentaires que ce documentaire m’a inspiré et que j’ai transmis au journal Le Devoir. Il n’y avait malheureusement pas suffisamment d’espace pour qu’ils soient publiés. Pour ceux qui souhaiteraient en prendre connaissance je les réfère au site internet :
http://humanisme.over-blog.com/9-categorie-35412.html?
Entre Haïti, Cuba et Miami, qui ne choisiraient Miami avec ses rêves et sa consommation. Par contre, entre Haïti et Cuba, beaucoup choisiraient Cuba. La pauvreté est rarement choisie. Elle est subie.
Lorsqu’en 1958, Papa Doc régnait sur Haïti et que Batista en faisait tout autant sur Cuba, les populations de ces deux pays connaissaient une classe de riches et une classe de pauvres, analphabètes, sous-alimentés, avec des taux élevés de mortalité infantile et vivant dans des conditions plutôt sous humaines. Il n’y avait pas beaucoup de places pour une classe moyenne. Voisins l’un de l’autre, tous les deux étaient dans les bonnes grâces de la Maison Blanche. Il n’y avait ni blocus, ni condamnation pour non respect des droits de la personne. La mafia de Miami et les hommes d’affaires pouvaient y circuler librement.
En 2005, 48 ans plus tard, nous regardons de nouveau ces deux pays : Haïti, toujours sous le protectorat américain et Cuba sous le leadership de Fidel Castro depuis plus de 46 ans. Tous les deux demeurent des pays du Tiers-monde avec de la pauvreté, de la corruption, bien qu’à des degrés divers, et des bateaux de fortunes entraînant autant de personnes qu’il est possible d’en apporter pour atteindre des rivages économiquement plus prometteurs. Je ne connais pas beaucoup de gens de ces milieux qui ne souhaitent pas un jour accéder aux bienfaits de la société de consommation. Que ce soit en Haïti, en République Dominicaine, au Salvador, en Equateur ou tout autre pays du Tiers-monde, tous diront qu’ils changeraient en tout temps leur situation avec celle des familles aisées de nos sociétés. Plusieurs tentent leur chance au risque de leur vie, soit par bateau ou encore soit par terre en se dirigeant vers les frontières du Nord. Il n’y a donc pas de quoi faire de Cuba et des cubains en général un cas spécifique. Même dans nos sociétés, bien des gens de nos bidonvilles rêvent un jour de prendre des vacances dans les Iles enchanteresses ou encore se balader avec des autos derniers modèles.
Les différences entre Cuba et Haïti se manifestent par contre et de façon sans équivoque dans le développement qui s’est réalisé dans chacun des deux pays depuis les 47 dernières années. Si la situation en Haïti n’a guère progressé depuis toutes ces années en dépit des aides internationales qui n’ont cessé d’affluer et de l’absence de tout blocus économique, celle de Cuba a fait des bonds qualitatifs que nous ne pouvons passer sous silence à moins d’être de mauvaise foi. Le taux de mortalité infantile est devenu un des plus bas de l’ensemble des pays du Continent. L’analphabétisme a été réduit pratiquement à zéro alors que l’accès aux études plus avancées a permis de développer des spécialités dont celle de la médecine qui font aujourd’hui de Cuba un leader dans ce domaine. Plus de 15 000 médecins sont déployés dans divers pays en développement pour y apporter une aide et y donner de la formation. Tout en respectant Haïti et un bon nombre de pays de l’Amérique centrale, aucun de ces derniers n’a atteint ce niveau de développement.
Ce développement s’est réalisé en dépit d’un blocus économique sévère de la part de son voisin du nord, les Etats-Unis, blocus condamné par les Nations Unies année après année. Même le pape Jean-Paul II, lors de sa visite à Cuba, a condamné avec force ces mesures injustes qui vont à l’encontre du respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’ex Président Jimmy Carter lors d’un séjour prolongé à Cuba à l’été 2002 a également reconnu que c’était là une mesure qui ne pouvait plus se justifier et qu’elle était tout à fait inefficace. Loin d’obtempérer à ces appels venant de haut lieu, l’actuelle administration étasunienne en a rajouté tout dernièrement en rendant encore plus difficiles les déplacements de cubains vivant aux Etats-Unis vers leur terre (une fois tous les trois ans) et leur interdisant l’envoie d’argent pour aider leurs familles. J’aurais apprécié que le journaliste du Devoir explicite davantage ces mesures administratives et les contraintes qu’elles ont tant pour les cubains de Miami que pour ceux dans l’Ile. Il eut été également intéressant que M. Guy Taillefer, discute des conséquences de ces dernières mesures avec des économistes cubains et demande pourquoi le gouvernement cubain a établi le peso convertible. Sans doute auraient-ils apporté un éclairage différent de celui donné par lle politologue américain, Javier Corales. De quoi permettre une meilleure analyse de la situation et assurer ainsi une saine information.
J’ai personnellement vécu dans plusieurs pays de l’Amérique Latine, dont le Chili et le Mexique, et j’ai voyagé dans plusieurs autres. J’ai également séjourné à titre de touriste à Cuba. Dans chacun de tous ces pays, je n’aurais aucune difficulté à interroger des gens pour y retrouver à peu près la teneur des propos que je souhaite transmettre. Ceux qui savent des techniques de communication et des moyens civilisés de manipulation peuvent en toute innocence présenter la réalité sous l’angle qui leur convient le mieux. Pour cette raison, la vérité, pour autant qu’elle puisse être cernée, me semble mieux servie lorsque les intervenants viennent des diverses tendances. N’a-t-on pas donné l’occasion à plusieurs reprises à l’ambassadeur des Etats-Unis de présenter son point de vue sur le bouclier anti-missile et sur la guerre en Irak ? Pourquoi n’en ferions-nous pas autant avec les représentants du gouvernement cubain ? Il me semble que ces gens apporteraient à notre réflexion des aspects qui éclaireraient la formation de notre opinion. Aujourd’hui nous sommes suffisamment prémunis pour savoir que de part et d’autres chacun tire la couverte de son côté. Mais encore faut-il donner la parole aux deux parties.
J’ai eu l’occasion de visionner le documentaire réalisé par Oliver Stone, El Commandante. Interdit aux Etats-Unis par l’Administration Bush, il a été présenté en soirée et sans trop de publicité (23h00) sur le réseau anglais de Radio Canada. J’ai alors écrit les commentaires que ce documentaire m’a inspiré et que j’ai transmis au journal Le Devoir. Il n’y avait malheureusement pas suffisamment d’espace pour qu’ils soient publiés. Pour ceux qui souhaiteraient en prendre connaissance je les réfère au site internet :
http://humanisme.over-blog.com/9-categorie-35412.html?
Entre Haïti, Cuba et Miami, qui ne choisiraient Miami avec ses rêves et sa consommation. Par contre, entre Haïti et Cuba, beaucoup choisiraient Cuba. La pauvreté est rarement choisie. Elle est subie.
L’Administration Bush vient de débloquer plus de 20 millions $ pour financer une campagne de dénigrement de Cuba et soutenir toute force visant à renverser non seulement Fidel, mais surtout le Régime qu’il sous-tend. Les techniques de propagande sont très fortes, surtout si les moyens financiers y sont. Une raison de plus pour être vigilants dans l’information que nous transmettons et recevons.
Oscar Fortin, politologue
Oscar Fortin, politologue
2 commentaires:
Allons, allons. La différence entre les deux pays est la suivante : gouvernementalement parlant, Haïti est un pays nègre, Cuba un pays blanc.
Aristide, qui fut présenté comme une sorte de Castro haïtien, s'est révélé nègre jusqu'au bout des ongles dans l'exercice du pouvoir.
Et cela n'a surpris que ceux qui refusent de croire aux identités culturelles incontournables.
Petit con de raciste et ignorant en plus ( Cuba est peut-être le pays blanc qui n'existe que dans votre tête...).
Guillaume Telquel
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