dimanche 26 décembre 2021

HÉLÈNE ALLEN, DITE, DAVID DE JÉSUS

Chère Hélène cbe enfin libérée de sHISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à UNE HISTOIRE À PARTAGER

 

Plusieurs de ceux et celles qui leur arrivent de lire de mes articles, tant sur mon blog français qu’espagnol ou encore sur FACEBOOK, auront remarqué que cette photo m’y accompagne souvent.  Aujourd’hui, je veux partager avec vous cette merveilleuse histoire qui a scellé entre nous une amitié que rien au monde ne saurait faire disparaitre. Par la même occasion, j’ouvre la porte à ce qui m’inspire et m’anime au plus profond de moi-même. Une histoire qui n'a rien de théatral. 

Lorsqu’elle est décédée, le 1erjuillet 2011,  à quelques jours de son 80ièmeanniversaire de naissance, j’ai rédigé une grande partie de cette histoire de sa vie qu’elle avait elle-même transmise à une amie bénévole qui me l’avait  fait suivre. Je suis assuré que vous allez tomber en amour avec cette femme qui aura vécue toute sa vie avec un handicap incurable et un sourire éternel. de comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, allegrandirVot une autr11 JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011

 


autobiographie---Sœur Hélène de Jésus

(De 1932 à 2000)

Je suis originaire du village de Luskville dans la province de Québec. Mon nom est Sœur Hélène David de Jésus. Mon père était cultivateur et nous possédions une terre sur laquelle se trouvaient des vaches, des veaux, des poules, des coqs et des chevaux. Nous y cultivions aussi des légumes tels que des carottes, des navets, radis, choux, et de grands champs de patates et de blé d’Inde. Les récoltes et le bétail servaient, entre autres, à nourrir la famille. Ma faisait un bon ragoût de bœuf avec des carottes, navets, patates et choux. Mon père a acheté la terre de son père, c'est-à-dire de mon grand-père Allen. Mon grand-père Allen a construit lui-même la maison. La maison dans laquelle je suis née et où j’ai grandi était un peu plus neuve que celle de grand-papa, mais elle n’était pas très belle. Maman n’a jamais connu une belle maison. Nous possédions par contre une radio et maman a finalement eu une télévision. Papa ne voulait rien savoir, mais maman l’a convaincu. Maman et les enfants écoutions le chapelet à la radio, et nous le récitions aussi. Papa n’aimait pas prier.

Ma mère travaillait au foyer, et elle a élevé une famille de six enfants. Le premier né était un garçon, nommé Marcel. Il n’est plus vivant aujourd’hui. Marcel avait les poumons faibles et Il toussait beaucoup. Il est mort du cancer. Je suis née, la deuxième, suivie de Thérèse, Janine, Claire et du cadet Maurice; en tout, 4 filles et 2 garçons. Maman était très belle et ses enfants étaient beaux aussi. Mon père était bel homme, il avait de très grands yeux bleus. Il était par contre court, plus court que maman.  Nous avons tous les yeux bleus, tout comme mes deux parents. Marcel, le cadet,  était si beau à la naissance que les infirmières le montraient à tout le monde dans l’hôpital. Il avait de beaux cheveux frisés naturels. C’était le seul des enfants à naître dans un hôpital. En plus il est né aux États-Unis.

Mon père et ma mère se sont rencontrés à l’école. Ils se sont mariés aux États-Unis et y ont vécu quelque temps, car c’est là où se trouvait le travail. Mon père ne pouvait pas trouver à cette époque du travail ici. Mon père a travaillé dans un hôpital pendant environ un an. Mes parents vivaient encore aux États-Unis lorsque ma mère est tombée enceinte de moi. Je suis née, par contre, ici au Canada.

Présentement, mes sœurs Thérèse et Claire habitent dans la région d’Ottawa-Hull. Maurice, lui, se retrouve toujours à Luskville, ayant pris la relève de la terre familiale, car le fils aîné, Marcel, n’y était pas intéressé. Ma sœur Thérèse a marié un boulanger, un beau gars aux yeux bruns. C’est aussi un bon gars. Ils ont eu trois enfants, 2 garçons et 1 fille. Claire ne s’est jamais mariée, elle s’est acheté, par contre, une maison. Janine, mon autre sœur, s’est mariée à 19 ans. Elle a deux filles et elle habite à Grace Field. Maurice s’est marié après que maman est morte. Maurice avait peur d’avoir un enfant comme moi, c’est-à-dire, atteint de paralysie cérébrale. Pourtant mon état de santé n’est pas héréditaire à ce que je sache. Malgré tout, Maurice a eu 3 enfants, tous en bonne santé. Mes sœurs et leurs maris sont tous à la retraite maintenant. Maurice habite encore sur la terre familiale. En plus il travaille pour une compagnie de construction.

Moi je suis née prématurée, le 11 juillet 1932. Je ne devais pas naître avant le mois d’octobre. J’étais très petite à la naissance, je ne pesais qu’une livre et demie. J’étais, ce qu’on appelle « un bébé bleu », c’est-à-dire que j’aurais manqué d’oxygène à la naissance. Je suis née à la maison. Je n’ai pas connu l’incubateur, à cette époque il n’y en avait pas. Pour me garder au chaud, ma maman m’emmitouflait dans des coussins et me plaçait sur la porte du four. J’étais à moitié vivante, à moitié morte. Malgré tout, j’ai survécu. Je souffre par contre de paralysie cérébrale depuis la naissance. J’ai fait mes premiers pas quand j’avais environ 3 ans. J’avais besoin d’aide par contre; maman devait me soutenir.

Je ne suis jamais allée à l’école. Je suis restée à la maison avec maman. C’est maman qui a été ma « maîtresse ». Elle m’a montré à compter, à lire l’heure, à dire mes prières. Je n’ai pas appris à lire car maman n’avait pas le temps. Par contre, elle m’a montré les lettres de l’alphabet. J’aurais beaucoup aimé apprendre à lire. Je me dis qu’il n’est jamais trop tard! Tout au long de mon enfance et de ma jeunesse, maman a dû s’occuper de moi. Sa sœur, ma tante Marie qui m’aimait beaucoup, venait donner un coup de main à maman de temps en temps. Maman était une femme douce. Elle aimait beaucoup ses enfants. Par contre, je pense qu’elle aurait préféré avoir 12 enfants plutôt que d’avoir un enfant handicapé. Mais je suis persuadée que maman m’aimait autant que ses autres enfants. Elle m’accordait beaucoup d’attention.

Mon père était un homme sévère. Il ne nous battait pas, mais il était dur avec nous. Par exemple, si les enfants sacraient, mon père n’était pas content et il nous fixait avec de gros yeux. Quand ma sœur allait danser avec son « chum », malheur si elle n’était pas de retour à la maison avant 11h00 du soir, elle se le faisait rappeler sévèrement. Il fallait que les enfants demeurent bien tranquilles après le dîner, car papa allait se coucher.  Si on osait parler trop fort, papa lâchait un cri. Maman était beaucoup moins sévère que mon père. Mon père blâmait maman lorsque nous étions indisciplinés! Mon père ne démontrait pas beaucoup d’amour envers nous et il sacrait souvent—c’était déplaisant. Maman pleurait parfois. En ces occasions, je disais le chapelet avec maman. Heureusement que maman savait comment prendre mon père. Malgré tout,  je pense que papa nous aimait à sa façon.

Quand j’étais bébé, j’ai fait une hernie et mon nombril s’est mis à couler. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de soins médicaux. Une infirmière, qui habitait à la campagne, passait de temps en temps. Ma mère, qui était une femme très religieuse et qui aimait beaucoup la Ste-Vierge, a demandé aux Servantes de Jésus-Marie de prier pour moi. Après neuf jours mon nombril a guéri. Nous voyions rarement le médecin chez-nous. Un jour, maman et papa étant partis en ville, mon frère Marcel en a profité pour sortir la « wagon à chevaux ». Janine et lui embarquèrent et tout à coup, les chevaux sont partis en furie. Janine est tombée en bas et elle s’est cassé le bras. Elle a dû voir le médecin, car il fallait qu’elle se fasse poser un plâtre.

J’ai fait ma première communion et ma confirmation à l’âge de 11 ou 12 ans. Maman m’avait enseigné le catéchisme. Le curé est venu à notre maison pour me donner ma première communion. Le curé repassait à la maison environ une fois par mois pour me donner la communion. Un an plus tard, j’ai été confirmée. Ma grand-mère maternelle était ma marraine. Nous nous aimions beaucoup ma grand-mère et moi. Elle était une femme tranquille, mais elle m’accordait beaucoup d’attention. Elle avait de beaux yeux bruns. Grand-maman s’est mariée à 17 ans et elle a eu 12 enfants. À cette époque on ne pouvait pas empêcher la famille. J’avais environ 14 ans quand grand-maman est morte à l’âge de 80 ans. 

J’avais un peu peur de mon grand-père maternel. C’était un gros homme, et moi j’étais si petite! Il était assez gentil, mais un peu gêné. Il prenait un petit coup pour se « dégêner », et grand-maman n’aimait pas ça! Eh bien, les gens aimaient prendre un petit coup à cette époque.

Mes tantes et mes oncles (surtout du côté de ma mère) venaient nous visiter. Maman savait faire de la bonne cuisine. Je n’ai jamais pu manger par moi-même. Ma mère et mes sœurs m’aidaient à manger, mais ma nourriture devait être ramollie. Je n’ai jamais pu manger du gâteau, ni de la tarte, ni du bon pain-maison. J’observais beaucoup maman. J’aimais la regarder faire à manger. Malgré tout, j’ai appris comment faire à manger. J’ai même eu l’occasion  de montrer à ma sœur Claire comment faire de la bonne popote, à l’époque où ma mère était malade.

Un bon dimanche matin, maman et moi étions dans la cuisine à Luskville. Maman revenait de la messe et semblait être en bonne forme. Soudainement, elle tomba sur le plancher de la cuisine, paralysée. Je ne suis pas certaine s’il s’agissait d’une crise cardiaque ou d’un accident cérébral-vasculaire. Maman a été longtemps en convalescence. Elle avait perdu, pour un temps, l’usage de la parole. Elle a été soignée à l’hôpital à Ottawa. Maman est restée paralysée du côté droit et elle avait de la difficulté à s’exprimer. Ma sœur Claire s’est occupée de ma mère pendant environ 4 ou 5 ans avant qu’elle décède. 

En ce qui me concerne, à cette époque, je suis allée séjourner dans un hôpital à Montréal, l’Hôpital Seigneur de Dieu. Un médecin de Luskville avait signé un document quelconque attestant que je souffrais d’une maladie mentale. Je fus donc envoyée à cet hôpital. Quelle horreur!!! Il s’agissait d’un hôpital pour les fous! Quel endroit! C’était l’enfer pour moi. J’y suis restée deux semaines, attachée au lit presque tout le temps. Je n’étais pourtant pas folle, et j’avais surtout peur des fous. Il s’est passé des affaires dures là-bas. C’était la première fois que je quittais la maison, à l’âge de 21 ans environ. Ma tante qui habitait Montréal est venue me rendre visite. Lorsqu’elle a constaté la condition dans laquelle j’étais, elle a écrit à ma mère et l’implora : « viens chercher Hélène au plus vite !». Je suis revenue à la maison pendant environ un an, mais à la longue, Claire ne pouvait plus s’occuper de moi et de maman. La charge était trop lourde.

J’ai donc quitté la maison pour un hôpital à Cornwall, l’Hôpital de Dieu, où j’ai résidé pendant 9 ans. Je n’ai pas aimé cela. La plupart du monde, y compris le personnel infirmier et les médecins, ne parlaient que l’anglais.  Moi, je ne comprends presque pas l’anglais, mais je venais à bout  de communiquer un peu, toutefois de peine et misère. Il n’y avait rien à faire dans cet hôpital : pas de télévision, pas de radio, pas de sorties. En plus, ma compagne de chambre n’était pas très intéressante. On ne se parlait pas beaucoup. Il y avait aussi des infirmières qui n’étaient pas toujours gentilles. Je me suis tellement ennuyée! Je passais la journée à côté de mon lit. Ce n’était pas très intéressant.

Maman est venue me voir une seule fois à Cornwall. Elle aurait voulu que je revienne à la maison, mais elle n’était pas assez bien. Maman avait commencé à marcher avec une canne et Claire continuait de s’en occuper. Avant de quitter la maison pour Cornwall j’avais montré à Claire comment faire une délicieuse soupe au riz.

Après avoir passé neuf ans à Cornwall, j’ai fait une demande pour être admise à l’Hôpital St-Vincent à Ottawa. J’ai attendu 3 mois avant d’être transférée. Et voilà, j’y réside maintenant depuis 36 ans. Je suis beaucoup plus heureuse à St-Vincent que je ne l’étais à Cornwall. Le personnel infirmier, les autres professionnels de la santé et les bénévoles sont gentils et attentifs à mes besoins. Il y a aussi des activités organisées. Dieu merci!

Par la force des choses j’ai changé de chambres plusieurs fois au fil des ans. J’ai toujours demandé par contre que l’on m’alloue le lit près de la fenêtre. J’aime la clarté, j’aime regarder dehors, et j’aime aussi observer ce qui se passe dans le corridor à l’extérieur de la chambre. La nourriture ici n’est pas vilaine. En raison de mon handicap, je ne peux pas manger certaines choses telles que du pain, ou n’importe quelle nourriture difficile à avaler. Je peux manger des aliments en purée. Par exemple, pour le déjeuner, j’aime bien manger du gruau, et parfois j’en mange à l’heure du dîner aussi. Je dois avouer, par contre, que j’en mange trop souvent et que je deviens tannée. J’aime aussi les soupes en crème et les pâtes tels que le macaroni et le spaghetti. En ce qui concerne le spaghetti, j’aime le déguster avec de la mayonnaise ou de la moutarde. Je mange beaucoup de Jello, presque tous les matins. Je deviens un peu tannée du Jello aussi. Je n’aime pas beaucoup le bouillon et le thé servis à l’hôpital. Le thé goûte l’eau de vaisselle. Par contre, j’aime boire de la tisane.

Mes journées à l’hôpital sont assez routinières c’est-à-dire que je me réveille de bonne heure. Lorsque j’ai faim, vers 8h30 ou un peu plus tard, je déjeune dans ma chambre. Par la suite, une infirmière me lave, m’habille et me coiffe. J’aime bien que l’on me maquille un peu.  J’ai un petit côté « coquette », vous savez. Vers 9h30 ma toilette est terminée. Je me dirige ensuite vers le Café au quatrième étage pour y prendre un breuvage. J’aime aussi écouter la radio et la télévision. Mon amie Suzanne m’a acheté une télévision, avec l’argent dans mon compte en banque. J’ai fait des paiements mensuels. Je dois avouer, cependant, que les nouvelles à la télévision sont souvent plates, surtout négative, par exemple des accidents de la route, etc. Les gens, aujourd’hui, conduisent bien trop vite. Ils sont un peu fous, je pense. Les gens ne font pas toujours attention. Tout doit aller vite.

J’aime participer au groupe des francophones qui se réunit tous les mercredis après-midi. Nous échangeons sur divers sujets. J’aime bien aussi retourner au Café en après-midi pour y prendre un autre breuvage. Je vais vous avouer aussi que j’aime, à l’occasion, prendre un petit coup. Il y a un bar à l’hôpital et l’on sert du vin, de la bière, des boissons gazeuses, ou autres breuvages alcoolisés, tous à moitié prix pour les résidents de l’hôpital. Il y a même des « Bloody Mary’s » pour 3 dollars. J’aime le rhum et le coke, mais je n’en bois pas souvent. Richard, un bénévole, m’accompagne au bar à l’occasion. Il est parti à son chalet d’été présentement. J’ai rencontré Richard l’année dernière et il est bien avenant. J’aime participer au BBQ annuel dans le jardin à l’extérieur de l’hôpital, et j’y suis allée récemment m’y régaler.

Tous les vendredis je vais magasiner avec mon amie Suzanne. Elle réserve l’autobus Para-Transport et nous nous rendons au Centre d’Achats St-Laurent. Nous allons nous promener à la Baie, et à l’occasion je m’achète une belle robe et d’autres articles. Tout dernièrement je me suis acheté une belle robe beige toute brodée. J’ai profité d’une bonne aubaine. La robe était réduite de 50%, quelle chance! Ensuite, Suzanne et moi allons prendre une petite fouffe au restaurant. Cette sortie m’est tellement agréable. Il faut le dire, ça brise la monotonie.

Autant j’aime m’amuser, autant il m’est important de prier. Je vais à la messe ici à St-Vincent tous les matins à 11h00. Après avoir reçu la communion, je me sens plus forte, plus courageuse. J’ai beaucoup souffert de solitude au fil des ans, surtout après avoir quitté le foyer familial. Ma famille ne me visitait pas souvent, ni à Montréal, ni à Cornwall. Présentement, ma sœur Claire passe me voir, habituellement le dimanche. Elle fait mon lavage et à l’occasion, nous allons à la messe à l’Église St-Jean-Baptiste (è côté de l’hôpital).

Je me suis fait quelques amis au fil des ans. Par exemple, je connais Suzanne depuis 15 ans. Elle est une bénévole qui a fait ma connaissance par l’entremise de la Légion de Marie. Suzanne vient me visiter au moins une fois par semaine. Nous sommes devenues de bonnes amies Suzanne et moi. Nous sommes allées fêter ce 15ièmeanniversaire dans un restaurant. Quelle belle sortie! Nous sortons tous le vendredi, mais je dois avouer que j’aimerais sortir plus souvent qu’une fois par semaine. À mon avis ce n’est pas assez.

Il y a un collège de prêtres Dominicains prêcheurs, tout près de l’hôpital. Les jeunes prêtres avaient l’habitude de venir visiter les patients ici de temps en temps. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de prêtres. J’ai réussi au fil des ans à me lier d’amitié avec environ trois ou quatre d’entre eux. Ils venaient me rendre visite assez souvent, mais je les ai perdus de vue lorsqu’ils sont partis en mission. Ils avaient l’habitude de passer me voir lorsqu’ils revenaient de mission,  mais ce n’est plus beaucoup  le cas maintenant. Par contre, un prêtre m’a rapporté une cassette sur laquelle est enregistrée la voix du pape qui récite le chapelet. Cette cassette m’est bien précieuse. J’ai correspondu, à l’occasion avec mes amis prêtres, mais avec le temps je leur écris moins souvent. Ils me manquent parfois. Je souhaiterais pouvoir les revoir.  Il y a un prêtre que je vois de temps en temps. Il n’a pas encore fini d’étudier au Collège des Dominicains. Mais présentement il est en pension à Québec. J’ai bien hâte de le revoir au mois de septembre. 

J’aime beaucoup échanger avec les gens. J’aime écouter ce qu’on a à me dire et j’aime donner de bons conseils aussi.  Au fil des ans j’ai fait la connaissance de plusieurs patients, ici à St-Vincent. J’ai eu un ami que j’ai beaucoup aimé. Son nom était Hugues. Il était très malade, mais il parvenait à faire des choses pour moi. Il m’a donné un bouquet de fleurs. Nous sommes allés danser en chaise roulante. C’était la première fois de ma vie que j’allais danser. Hugues était un avocat.  Je le trouvais bien beau et j’aurais bien aimé le marier. Mais, hélas, il était déjà marié. Nous sommes demeurés bons amis pendant environ six ans, jusqu’à son décès. Il est décédé du cœur, je crois.

Tout récemment, j’ai demandé que l’on me change de chambre. C’était trop bruyant où j’étais. C’est-à-dire que mon ancienne compagne de chambre tapait constamment sur son lit. Présentement je suis dans une autre chambre, semi-privée, au troisième étage au bout du corridor, un peu trop loin à mon goût. Je ne vois pas beaucoup de gens passer par là. Par contre c’est beaucoup plus tranquille. Ma nouvelle compagne de chambre est une jeune femme qui a environ 46 ans. Elle a la sclérose en plaques. Elle tremble et ne peut pas se nourrir. Peut-être que nous pourrons nous lier d’amitié avec le temps.

Je me suis attachée à certaines infirmières au fil des années. Par exemple, Margo me faisait rire. C’est-à-dire, qu’elle était un peu nerveuse parfois. C’était une personne très rangée, mais un matin, un peu distraite, elle a mis mes souliers et ma robe à l’envers. Nous avons bien ricané! En ce qui me concerne il est très important que mes choses soient placées en ordre. Par exemple, j’aime que ma jaquette soit bien pliée avant d’être placée sur mon lit. Maman était une personne très propre, et elle nous demandait de placer nos choses toujours au même endroit. Malheureusement, mon infirmière Margo a quitté l’hôpital l’an dernier. Shannon, l’infirmière qui s’occupe de moi présentement vient de se marier à l’extérieur du pays. Elle est revenue le mois dernier. Elle est gentille.

J’ai voyagé dans ma vie, surtout depuis que je réside à l’Hôpital St-Vincent. Avec un groupe de résidents de St-Vincent j’ai pris l’avion. C’était la première fois que je voyageais en avion. Je suis allée en France pendant une semaine et j’ai eu la chance de rencontrer Jean Vanier. J’ai passé une journée à l’Arche. Je sui allée également à Notre-Dame de Lourdes pour y prier la Ste-Vierge.

J’ai visité l’Oratoire St-Joseph à Montréal, là où se trouve le sarcophage du Frère André. En plus, j’ai visité le Sanctuaire de Notre-Dame du Cap à Trois Rivières. C’était très beau. Nous avons visité une superbe basilique. J’aimerais y retourner.

Mon nom de famille était « Allen ». J’ai décidé, il y a environ 3 ans, de le changer pour « David de Jésus ». Mon amie Suzanne, s’est occupée des procédures légales exigées pour le changement de nom. J’ai aussi rajouté « Sœur » à mon prénom, c’est-à-dire Sœur Hélène. En ce qui a trait aux choses officielles, je m’appelle Hélène.

Je suis une personne très croyante. J’ai beaucoup prié dans ma vie, seule, avec maman, à l’église et dans les chapelles d’hôpitaux. Tous les matins je prie dans mon lit pour mes amis et pour ma famille. La prière est pour moi une consolation. Elle m’aide à passer à travers les temps durs. La Ste-Vierge a parlé aux enfants à Fatima. Elle a demandé que les gens prient. C’est maman qui m’a raconté cela. J’aimerais bien voir la Ste-Vierge, moi aussi. La Ste-Vierge a aussi parlé à Ste-Bernadette à Lourdes. Ste-Bernadette était religieuse dans un couvent. Elle a connu la souffrance pendant plusieurs années avant de mourir. 

Je me suis marié à Jésus, il y a environ 7 ans. Il y a eu une cérémonie à cet effet chez les pères Dominicains. J’ai une alliance au doigt que je porte avec grande fierté. Je porte aussi une croix au cou. Mon alliance et ma croix ont été bénies. J’ai ressenti quelque chose en moi m’appelant à devenir une religieuse. Le Bon Dieu m’a parlé dans mon cœur, il m’a demandé de donner ma vie à Jésus. J’aime beaucoup les gens, mais j’aime surtout Jésus, de tout mon cœur! Pour moi, les temps durs ne sont pas finis. Je garde par contre un bon moral et je continue de sourire.

Moi, je veux mourir avec un sourire, en ayant bien hâte de voir Jésus au Ciel. Jésus va me prendre dans ses bras. Il m’aime bien!


DE QUOI  RÉFLÉCHIR SUR NOTRE PROPRE VIE ET NOUS RENDRE SENSIBLES AUX AUTRES DONT LES HANDICAPS SONT IRRÉVERCIBLES.

LES BEAUX MOMENTS PASSÉS EN COMPAGNIE D'HÉLÈNE. Ici nous voyons Claire, la soeur d'Hélène qui y a consacré sa vie...


Il importe de préciser que durant mes études à Ottawa, j'avais pris l'habitude, les dimanches, de me rendre à l'Hopital St-Vincent d'Ottawa qui logeait des malades de tout genre. De quoi me faire proche de plusieurs de ces personnes. C'est dans ce cadre que j'ai connu cette jeune personne au nom d'Hélène Allen. Avec les semaines, les mois et les quelques années passées à Ottawa, elle s'était attaché à moi et moi à elle. La différence est que j'étais en bonne santé et que les missions qui m'attendaient se présentaient comme des aventures à explorer et à partager. Ce qui n'était pas du tout le cas d'Hélène qui était cloué sur son lit d'Hôpital. Sur l'avion qui me conduisait au Chili, je me souviens d'avoir médité profondément cette pensée de St-Exupéri : on est responsable des liens que l'on crés. Trois années plus tard, à mon retour du Chili, elle fut une des premières personnes que j'ai visitée. Après plusieurs années de vie conjugale, mon épouse a demandé le divorce et c'est alors que j'ai pris la décsion de m'approcher beaucoup d'Hélène qui a été pour moi une véritable bouée de sauvetage. C'est alors, qu'avec mon neveu Martin, aveugle, vivant à Gateineau avec sa famille, bon chanteur et joueur de guitare,  nous avons maintenue une cadence régulière à visiter Hélène, toujours encore là.

Les photos qui suivent parlent par elles-mêmes

Ici, il s'agit de Martin avec son épouse  en compagnie d'Hélène




Ici, c'est MARTIN AVEC TOUTE SA FAMILLE  ET DES BÉNÉVOLES QUI PARTICIPENT À L'ANNIVERSAIRE D'HÉLÈNE



CE QUI DEVAIT ARRIVER EST ARRIVÉE. UN CANCER INCURABLE EST VENUE LA CHERCHER EN JUILLET 2011

J'ai alors eu ces paroles:

Chère Hélène, comme une colombe enfin libérée de sa cage, tu t'es envolée dans ces espaces merveilleux d'un monde sans contrainte, sans frontière, habitée par l'amour, la joie, le partage, la sincérité. Nombreux sont les bras tendus qui t'y attendaient pour enfin te serrer fortement sur leur cœur et t'envelopper de ces fleurs aux parfums éternels. Cette joie retrouvée est un baume de grande fraicheur sur la douleur que ton départ laisse en tous ceux et toutes celles qui t'ont profondément aimée. Par le dedans de nos cœurs nous continuerons à te parler, à te raconter nos peines et nos joies, à chanter et à danser avec toi. Par le quotidien de nos vies nous nous inspirerons de ton éternel sourire, de ta patience légendaire et de ta grande foi.

Merci pour tout, Hélène, sœur et amie de toujours. 

r11 JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011 a


file:///Users/oscarfortin/Documents/Chère%20Hélène%2037.pdf

 ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la 

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

Hélène est vite devenue celle avec qui je passais le plus de temps. On riait de tout : de ma difficulté à comprendre ce qu’elle disait et de son insistance à répéter ce qu’elle voulait me dire. CeUNE PETITE HISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à cet amour qui l’habitaient je voudrais laisser quelques photos souvenirs qui vous rejoindront surement. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la 

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

Hélène est vite devenue celle avec qui je passais le plus de temps. On riait de tout : de ma difficulté à comprendre ce qu’elle disait et de son insistance à répéter ce qu’elleUNE PETITE HISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à cet amour qui l’habitaient je voudrais laisser quelques photos souvenirs qui vous rejoindront surement. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la 

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

Hélène est vite devenue celle avec qui je passais le plus de temps. On riait de tout : de ma difficulté à comprendre ce qu’elle disait et de son insistance à répéter ce qu’elle voulait me dire. Ce fut une belle école de la vie. 

Parfois, je UNE PETITE HISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à cet amour qui l’habitaient je voudrais laisser quelques photos souvenirs qui vous rejoindront surement. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la 

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

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Parfois, je pouvais disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rt un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de t

UNE HISTOIRE À PARTAGER

 



 

Plusieurs de ceux et celles qui leur arrivent de lire de mes articles, tant sur mon blog français qu’espagnol ou encore sur FACEBOOK, auront remarqué que cette photo m’y accompagne souvent.  Aujourd’hui, je veux partager avec vous cette merveilleuse histoire qui a scellé entre nous une amitié que rien au monde ne saurait faire disparaitre. Par la même occasion, j’ouvre la porte à ce qui m’inspire et m’anime au plus profond de moi-même. Une histoire qui n'a rien de théatral.

 

Lorsqu’elle est décédée, le 1erjuillet 2011,  à quelques jours de son 80ièmeanniversaire de naissance, j’ai rédigé une grande partie de cette histoire de sa vie qu’elle avait elle-même transmise à une amie bénévole qui me l’avait  fait suivre. Je suis assuré que vous allez tomber en amour avec cette femme qui aura vécue toute sa vie avec un handicap incurable et un sourire éternel. de comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, allegrandir en est une autr11 JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011

 



Chère Hélène, comme une colombe enfin libérée de sa cage, tu t'es envolée dans ces espaces merveilleux d'un monde sans contrainte, sans frontière, habitée par l'amour, la joie, le partage, la sincérité. Nombreux sont les bras tendus qui t'y attendaient pour enfin te serrer fortement sur leur cœur et t'envelopper de ces fleurs aux parfums éternels. Cette joie retrouvée est un baume de grande fraicheur sur la douleur que ton départ laisse en tous ceux et toutes celles qui t'ont profondément aimée. Par le dedans de nos cœurs nous continuerons à te parler, à te raconter nos peines et nos joies, à chanter et à danser avec toi. Par le quotidien de nos vies nous nous inspirerons de ton éternel sourire, de ta patience légendaire et de ta grande foi.

Merci pour tout, Hélène, sœur et grandir en est une autr11 JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011

 



Chère Hélène, comme une colombe enfin libérée de sa cage, tu t'es envolée dans ces espaces merveilleux d'un monde sans contrainte, sans frontière, habitée par l'amour, la joie, le partage, la sincérité. Nombreux sont les bras tendus qui t'y attendaient pour enfin te serrer fortement sur leur cœur et t'envelopper de ces fleurs aux parfums éternels. Cette joie retrouvée est un baume de grande fraicheur sur la douleur que ton départ laisse en tous ceux et toutes celles qui t'ont profondément aimée. Par le dedans de nos cœurs nous continuerons à te parler, à te raconter nos peines et nos joies, à chanter et à danser avec toi. Par le quotidien de nos vies nous nous inspirerons de ton éternel sourire, de ta patience légendaire et de ta grande foi.

Merci pour tout, Hélène, sœur et  avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une autre. disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rideau et un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de tout.

Ce qui devait arriver, un jour arriva. En 1969, je suis parti comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, alors qu’elle restait avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une autre.voulait me dire. Ce fut une belle école de la vie. 

Parfois, je pouvais disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rideau et un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de tout.

Ce qui devait arriver, un jour arriva. En 1969, je suis parti comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, alors qu’elle restait avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une autre.fut une belle école de la vie. 

Parfois, je pouvais disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rideau et un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de tout.

Ce qui devait arriver, un jour arriva. En 1969, je suis parti comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, alors qu’elle restait avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une aues espaces merveilleux d'un monde sans contrainte,                  HÉLÈNE ALLEN DITE DAVID DE JÉSUSMon autobiographie---Sœur Hélène

(De 1932 à 2000)

Je suis originaire du village de Luskville dans la province de Québec. Mon nom est Sœur Hélène David de Jésus. Mon père était cultivateur et nous possédions une terre sur laquelle se trouvaient des vaches, des veaux, des poules, des coqs et des chevaux. Nous y cultivions aussi des légumes tels que des carottes, des navets, radis, choux, et de grands champs de patates et de blé d’Inde. Les récoltes et le bétail servaient, entre autres, à nourrir la famille. Ma faisait un bon ragoût de bœuf avec des carottes, navets, patates et choux. Mon père a acheté la terre de son père, c'est-à-dire de mon grand-père Allen. Mon grand-père Allen a construit lui-même la maison. La maison dans laquelle je suis née et où j’ai grandi était un peu plus neuve que celle de grand-papa, mais elle n’était pas très belle. Maman n’a jamais connu une belle maison. Nous possédions par contre une radio et maman a finalement eu une télévision. Papa ne voulait rien savoir, mais maman l’a convaincu. Maman et les enfants écoutions le chapelet à la radio, et nous le récitions aussi. Papa n’aimait pas prier.

Ma mère travaillait au foyer, et elle a élevé une famille de six enfants. Le premier né était un garçon, nommé Marcel. Il n’est plus vivant aujourd’hui. Marcel avait les poumons faibles et Il toussait beaucoup. Il est mort du cancer. Je suis née, la deuxième, suivie de Thérèse, Janine, Claire et du cadet Maurice; en tout, 4 filles et 2 garçons. Maman était très belle et ses enfants étaient beaux aussi. Mon père était bel homme, il avait de très grands yeux bleus. Il était par contre court, plus court que maman.  Nous avons tous les yeux bleus, tout comme mes deux parents. Marcel, le cadet,  était si beau à la naissance que les infirmières le montraient à tout le monde dans l’hôpital. Il avait de beaux cheveux frisés naturels. C’était le seul des enfants à naître dans un hôpital. En plus il est né aux États-Unis.

Mon père et ma mère se sont rencontrés à l’école. Ils se sont mariés aux États-Unis et y ont vécu quelque temps, car c’est là où se trouvait le travail. Mon père ne pouvait pas trouver à cette époque du travail ici. Mon père a travaillé dans un hôpital pendant environ un an. Mes parents vivaient encore aux États-Unis lorsque ma mère est tombée enceinte de moi. Je suis née, par contre, ici au Canada.

Présentement, mes sœurs Thérèse et Claire habitent dans la région d’Ottawa-Hull. Maurice, lui, se retrouve toujours à Luskville, ayant pris la relève de la terre familiale, car le fils aîné, Marcel, n’y était pas intéressé. Ma sœur Thérèse a marié un boulanger, un beau gars aux yeux bruns. C’est aussi un bon gars. Ils ont eu trois enfants, 2 garçons et 1 fille. Claire ne s’est jamais mariée, elle s’est acheté, par contre, une maison. Janine, mon autre sœur, s’est mariée à 19 ans. Elle a deux filles et elle habite à Grace Field. Maurice s’est marié après que maman est morte. Maurice avait peur d’avoir un enfant comme moi, c’est-à-dire, atteint de paralysie cérébrale. Pourtant mon état de santé n’est pas héréditaire à ce que je sache. Malgré tout, Maurice a eu 3 enfants, tous en bonne santé. Mes sœurs et leurs maris sont tous à la retraite maintenant. Maurice habite encore sur la terre familiale. En plus il travaille pour une compagnie de construction.

Moi je suis née prématurée, le 11 juillet 1932. Je ne devais pas naître avant le mois d’octobre. J’étais très petite à la naissance, je ne pesais qu’une livre et demie. J’étais, ce qu’on appelle « un bébé bleu », c’est-à-dire que j’aurais manqué d’oxygène à la naissance. Je suis née à la maison. Je n’ai pas connu l’incubateur, à cette époque il n’y en avait pas. Pour me garder au chaud, ma maman m’emmitouflait dans des coussins et me plaçait sur la porte du four. J’étais à moitié vivante, à moitié morte. Malgré tout, j’ai survécu. Je souffre par contre de paralysie cérébrale depuis la naissance. J’ai fait mes premiers pas quand j’avais environ 3 ans. J’avais besoin d’aide par contre; maman devait me soutenir.

Je ne suis jamais allée à l’école. Je suis restée à la maison avec maman. C’est maman qui a été ma « maîtresse ». Elle m’a montré à compter, à lire l’heure, à dire mes prières. Je n’ai pas appris à lire car maman n’avait pas le temps. Par contre, elle m’a montré les lettres de l’alphabet. J’aurais beaucoup aimé apprendre à lire. Je me dis qu’il n’est jamais trop tard! Tout au long de mon enfance et de ma jeunesse, maman a dû s’occuper de moi. Sa sœur, ma tante Marie qui m’aimait beaucoup, venait donner un coup de main à maman de temps en temps. Maman était une femme douce. Elle aimait beaucoup ses enfants. Par contre, je pense qu’elle aurait préféré avoir 12 enfants plutôt que d’avoir un enfant handicapé. Mais je suis persuadée que maman m’aimait autant que ses autres enfants. Elle m’accordait beaucoup d’attention.

Mon père était un homme sévère. Il ne nous battait pas, mais il était dur avec nous. Par exemple, si les enfants sacraient, mon père n’était pas content et il nous fixait avec de gros yeux. Quand ma sœur allait danser avec son « chum », malheur si elle n’était pas de retour à la maison avant 11h00 du soir, elle se le faisait rappeler sévèrement. Il fallait que les enfants demeurent bien tranquilles après le dîner, car papa allait se coucher.  Si on osait parler trop fort, papa lâchait un cri. Maman était beaucoup moins sévère que mon père. Mon père blâmait maman lorsque nous étions indisciplinés! Mon père ne démontrait pas beaucoup d’amour envers nous et il sacrait souvent—c’était déplaisant. Maman pleurait parfois. En ces occasions, je disais le chapelet avec maman. Heureusement que maman savait comment prendre mon père. Malgré tout,  je pense que papa nous aimait à sa façon.

Quand j’étais bébé, j’ai fait une hernie et mon nombril s’est mis à couler. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de soins médicaux. Une infirmière, qui habitait à la campagne, passait de temps en temps. Ma mère, qui était une femme très religieuse et qui aimait beaucoup la Ste-Vierge, a demandé aux Servantes de Jésus-Marie de prier pour moi. Après neuf jours mon nombril a guéri. Nous voyions rarement le médecin chez-nous. Un jour, maman et papa étant partis en ville, mon frère Marcel en a profité pour sortir la « wagon à chevaux ». Janine et lui embarquèrent et tout à coup, les chevaux sont partis en furie. Janine est tombée en bas et elle s’est cassé le bras. Elle a dû voir le médecin, car il fallait qu’elle se fasse poser un plâtre.

J’ai fait ma première communion et ma confirmation à l’âge de 11 ou 12 ans. Maman m’avait enseigné le catéchisme. Le curé est venu à notre maison pour me donner ma première communion. Le curé repassait à la maison environ une fois par mois pour me donner la communion. Un an plus tard, j’ai été confirmée. Ma grand-mère maternelle était ma marraine. Nous nous aimions beaucoup ma grand-mère et moi. Elle était une femme tranquille, mais elle m’accordait beaucoup d’attention. Elle avait de beaux yeux bruns. Grand-maman s’est mariée à 17 ans et elle a eu 12 enfants. À cette époque on ne pouvait pas empêcher la famille. J’avais environ 14 ans quand grand-maman est morte à l’âge de 80 ans. 

J’avais un peu peur de mon grand-père maternel. C’était un gros homme, et moi j’étais si petite! Il était assez gentil, mais un peu gêné. Il prenait un petit coup pour se « dégêner », et grand-maman n’aimait pas ça! Eh bien, les gens aimaient prendre un petit coup à cette époque.

Mes tantes et mes oncles (surtout du côté de ma mère) venaient nous visiter. Maman savait faire de la bonne cuisine. Je n’ai jamais pu manger par moi-même. Ma mère et mes sœurs m’aidaient à manger, mais ma nourriture devait être ramollie. Je n’ai jamais pu manger du gâteau, ni de la tarte, ni du bon pain-maison. J’observais beaucoup maman. J’aimais la regarder faire à manger. Malgré tout, j’ai appris comment faire à manger. J’ai même eu l’occasion  de montrer à ma sœur Claire comment faire de la bonne popote, à l’époque où ma mère était malade.

Un bon dimanche matin, maman et moi étions dans la cuisine à Luskville. Maman revenait de la messe et semblait être en bonne forme. Soudainement, elle tomba sur le plancher de la cuisine, paralysée. Je ne suis pas certaine s’il s’agissait d’une crise cardiaque ou d’un accident cérébral-vasculaire. Maman a été longtemps en convalescence. Elle avait perdu, pour un temps, l’usage de la parole. Elle a été soignée à l’hôpital à Ottawa. Maman est restée paralysée du côté droit et elle avait de la difficulté à s’exprimer. Ma sœur Claire s’est occupée de ma mère pendant environ 4 ou 5 ans avant qu’elle décède. 

En ce qui me concerne, à cette époque, je suis allée séjourner dans un hôpital à Montréal, l’Hôpital Seigneur de Dieu. Un médecin de Luskville avait signé un document quelconque attestant que je souffrais d’une maladie mentale. Je fus donc envoyée à cet hôpital. Quelle horreur!!! Il s’agissait d’un hôpital pour les fous! Quel endroit! C’était l’enfer pour moi. J’y suis restée deux semaines, attachée au lit presque tout le temps. Je n’étais pourtant pas folle, et j’avais surtout peur des fous. Il s’est passé des affaires dures là-bas. C’était la première fois que je quittais la maison, à l’âge de 21 ans environ. Ma tante qui habitait Montréal est venue me rendre visite. Lorsqu’elle a constaté la condition dans laquelle j’étais, elle a écrit à ma mère et l’implora : « viens chercher Hélène au plus vite !». Je suis revenue à la maison pendant environ un an, mais à la longue, Claire ne pouvait plus s’occuper de moi et de maman. La charge était trop lourde.

J’ai donc quitté la maison pour un hôpital à Cornwall, l’Hôpital de Dieu, où j’ai résidé pendant 9 ans. Je n’ai pas aimé cela. La plupart du monde, y compris le personnel infirmier et les médecins, ne parlaient que l’anglais.  Moi, je ne comprends presque pas l’anglais, mais je venais à bout  de communiquer un peu, toutefois de peine et misère. Il n’y avait rien à faire dans cet hôpital : pas de télévision, pas de radio, pas de sorties. En plus, ma compagne de chambre n’était pas très intéressante. On ne se parlait pas beaucoup. Il y avait aussi des infirmières qui n’étaient pas toujours gentilles. Je me suis tellement ennuyée! Je passais la journée à côté de mon lit. Ce n’était pas très intéressant.



Maman est venue me voir une seule fois à Cornwall. Elle aurait voulu que je revienne à la maison, mais elle n’était pas assez bien. Maman avait commencé à marcher avec une canne et Claire continuait de s’en occuper. Avant de quitter la maison pour Cornwall j’avais montré à Claire comment faire une délicieuse soupe au riz.

Après avoir passé neuf ans à Cornwall, j’ai fait une demande pour être admise à l’Hôpital St-Vincent à Ottawa. J’ai attendu 3 mois avant d’être transférée. Et voilà, j’y réside maintenant depuis 36 ans. Je suis beaucoup plus heureuse à St-Vincent que je ne l’étais à Cornwall. Le personnel infirmier, les autres professionnels de la santé et les bénévoles sont gentils et attentifs à mes besoins. Il y a aussi des activités organisées. Dieu merci!

Par la force des choses j’ai changé de chambres plusieurs fois au fil des ans. J’ai toujours demandé par contre que l’on m’alloue le lit près de la fenêtre. J’aime la clarté, j’aime regarder dehors, et j’aime aussi observer ce qui se passe dans le corridor à l’extérieur de la chambre. La nourriture ici n’est pas vilaine. En raison de mon handicap, je ne peux pas manger certaines choses telles que du pain, ou n’importe quelle nourriture difficile à avaler. Je peux manger des aliments en purée. Par exemple, pour le déjeuner, j’aime bien manger du gruau, et parfois j’en mange à l’heure du dîner aussi. Je dois avouer, par contre, que j’en mange trop souvent et que je deviens tannée. J’aime aussi les soupes en crème et les pâtes tels que le macaroni et le spaghetti. En ce qui concerne le spaghetti, j’aime le déguster avec de la mayonnaise ou de la moutarde. Je mange beaucoup de Jello, presque tous les matins. Je deviens un peu tannée du Jello aussi. Je n’aime pas beaucoup le bouillon et le thé servis à l’hôpital. Le thé goûte l’eau de vaisselle. Par contre, j’aime boire de la tisane.

Mes journées à l’hôpital sont assez routinières c’est-à-dire que je me réveille de bonne heure. Lorsque j’ai faim, vers 8h30 ou un peu plus tard, je déjeune dans ma chambre. Par la suite, une infirmière me lave, m’habille et me coiffe. J’aime bien que l’on me maquille un peu.  J’ai un petit côté « coquette », vous savez. Vers 9h30 ma toilette est terminée. Je me dirige ensuite vers le Café au quatrième étage pour y prendre un breuvage. J’aime aussi écouter la radio et la télévision. Mon amie Suzanne m’a acheté une télévision, avec l’argent dans mon compte en banque. J’ai fait des paiements mensuels. Je dois avouer, cependant, que les nouvelles à la télévision sont souvent plates, surtout négative, par exemple des accidents de la route, etc. Les gens, aujourd’hui, conduisent bien trop vite. Ils sont un peu fous, je pense. Les gens ne font pas toujours attention. Tout doit aller vite.

J’aime participer au groupe des francophones qui se réunit tous les mercredis après-midi. Nous échangeons sur divers sujets. J’aime bien aussi retourner au Café en après-midi pour y prendre un autre breuvage. Je vais vous avouer aussi que j’aime, à l’occasion, prendre un petit coup. Il y a un bar à l’hôpital et l’on sert du vin, de la bière, des boissons gazeuses, ou autres breuvages alcoolisés, tous à moitié prix pour les résidents de l’hôpital. Il y a même des « Bloody Mary’s » pour 3 dollars. J’aime le rhum et le coke, mais je n’en bois pas souvent. Richard, un bénévole, m’accompagne au bar à l’occasion. Il est parti à son chalet d’été présentement. J’ai rencontré Richard l’année dernière et il est bien avenant. J’aime participer au BBQ annuel dans le jardin à l’extérieur de l’hôpital, et j’y suis allée récemment m’y régaler.

Tous les vendredis je vais magasiner avec mon amie Suzanne. Elle réserve l’autobus Para-Transport et nous nous rendons au Centre d’Achats St-Laurent. Nous allons nous promener à la Baie, et à l’occasion je m’achète une belle robe et d’autres articles. Tout dernièrement je me suis acheté une belle robe beige toute brodée. J’ai profité d’une bonne aubaine. La robe était réduite de 50%, quelle chance! Ensuite, Suzanne et moi allons prendre une petite fouffe au restaurant. Cette sortie m’est tellement agréable. Il faut le dire, ça brise la monotonie.

Autant j’aime m’amuser, autant il m’est important de prier. Je vais à la messe ici à St-Vincent tous les matins à 11h00. Après avoir reçu la communion, je me sens plus forte, plus courageuse. J’ai beaucoup souffert de solitude au fil des ans, surtout après avoir quitté le foyer familial. Ma famille ne me visitait pas souvent, ni à Montréal, ni à Cornwall. Présentement, ma sœur Claire passe me voir, habituellement le dimanche. Elle fait mon lavage et à l’occasion, nous allons à la messe à l’Église St-Jean-Baptiste (è côté de l’hôpital).

Je me suis fait quelques amis au fil des ans. Par exemple, je connais Suzanne depuis 15 ans. Elle est une bénévole qui a fait ma connaissance par l’entremise de la Légion de Marie. Suzanne vient me visiter au moins une fois par semaine. Nous sommes devenues de bonnes amies Suzanne et moi. Nous sommes allées fêter ce 15ièmeanniversaire dans un restaurant. Quelle belle sortie! Nous sortons tous le vendredi, mais je dois avouer que j’aimerais sortir plus souvent qu’une fois par semaine. À mon avis ce n’est pas assez.

Il y a un collège de prêtres Dominicains prêcheurs, tout près de l’hôpital. Les jeunes prêtres avaient l’habitude de venir visiter les patients ici de temps en temps. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de prêtres. J’ai réussi au fil des ans à me lier d’amitié avec environ trois ou quatre d’entre eux. Ils venaient me rendre visite assez souvent, mais je les ai perdus de vue lorsqu’ils sont partis en mission. Ils avaient l’habitude de passer me voir lorsqu’ils revenaient de mission,  mais ce n’est plus beaucoup  le cas maintenant. Par contre, un prêtre m’a rapporté une cassette sur laquelle est enregistrée la voix du pape qui récite le chapelet. Cette cassette m’est bien précieuse. J’ai correspondu, à l’occasion avec mes amis prêtres, mais avec le temps je leur écris moins souvent. Ils me manquent parfois. Je souhaiterais pouvoir les revoir.  Il y a un prêtre que je vois de temps en temps. Il n’a pas encore fini d’étudier au Collège des Dominicains. Mais présentement il est en pension à Québec. J’ai bien hâte de le revoir au mois de septembre. 

J’aime beaucoup échanger avec les gens. J’aime écouter ce qu’on a à me dire et j’aime donner de bons conseils aussi.  Au fil des ans j’ai fait la connaissance de plusieurs patients, ici à St-Vincent. J’ai eu un ami que j’ai beaucoup aimé. Son nom était Hugues. Il était très malade, mais il parvenait à faire des choses pour moi. Il m’a donné un bouquet de fleurs. Nous sommes allés danser en chaise roulante. C’était la première fois de ma vie que j’allais danser. Hugues était un avocat.  Je le trouvais bien beau et j’aurais bien aimé le marier. Mais, hélas, il était déjà marié. Nous sommes demeurés bons amis pendant environ six ans, jusqu’à son décès. Il est décédé du cœur, je crois.

Tout récemment, j’ai demandé que l’on me change de chambre. C’était trop bruyant où j’étais. C’est-à-dire que mon ancienne compagne de chambre tapait constamment sur son lit. Présentement je suis dans une autre chambre, semi-privée, au troisième étage au bout du corridor, un peu trop loin à mon goût. Je ne vois pas beaucoup de gens passer par là. Par contre c’est beaucoup plus tranquille. Ma nouvelle compagne de chambre est une jeune femme qui a environ 46 ans. Elle a la sclérose en plaques. Elle tremble et ne peut pas se nourrir. Peut-être que nous pourrons nous lier d’amitié avec le temps.

Je me suis attachée à certaines infirmières au fil des années. Par exemple, Margo me faisait rire. C’est-à-dire, qu’elle était un peu nerveuse parfois. C’était une personne très rangée, mais un matin, un peu distraite, elle a mis mes souliers et ma robe à l’envers. Nous avons bien ricané! En ce qui me concerne il est très important que mes choses soient placées en ordre. Par exemple, j’aime que ma jaquette soit bien pliée avant d’être placée sur mon lit. Maman était une personne très propre, et elle nous demandait de placer nos choses toujours au même endroit. Malheureusement, mon infirmière Margo a quitté l’hôpital l’an dernier. Shannon, l’infirmière qui s’occupe de moi présentement vient de se marier à l’extérieur du pays. Elle est revenue le mois dernier. Elle est gentille.

J’ai voyagé dans ma vie, surtout depuis que je réside à l’Hôpital St-Vincent. Avec un groupe de résidents de St-Vincent j’ai pris l’avion. C’était la première fois que je voyageais en avion. Je suis allée en France pendant une semaine et j’ai eu la chance de rencontrer Jean Vanier. J’ai passé une journée à l’Arche. Je sui allée également à Notre-Dame de Lourdes pour y prier la Ste-Vierge.

J’ai visité l’Oratoire St-Joseph à Montréal, là où se trouve le sarcophage du Frère André. En plus, j’ai visité le Sanctuaire de Notre-Dame du Cap à Trois Rivières. C’était très beau. Nous avons visité une superbe basilique. J’aimerais y retourner.

Mon nom de famille était « Allen ». J’ai décidé, il y a environ 3 ans, de le changer pour « David de Jésus ». Mon amie Suzanne, s’est occupée des procédures légales exigées pour le changement de nom. J’ai aussi rajouté « Sœur » à mon prénom, c’est-à-dire Sœur Hélène. En ce qui a trait aux choses officielles, je m’appelle Hélène.

Je suis une personne très croyante. J’ai beaucoup prié dans ma vie, seule, avec maman, à l’église et dans les chapelles d’hôpitaux. Tous les matins je prie dans mon lit pour mes amis et pour ma famille. La prière est pour moi une consolation. Elle m’aide à passer à travers les temps durs. La Ste-Vierge a parlé aux enfants à Fatima. Elle a demandé que les gens prient. C’est maman qui m’a raconté cela. J’aimerais bien voir la Ste-Vierge, moi aussi. La Ste-Vierge a aussi parlé à Ste-Bernadette à Lourdes. Ste-Bernadette était religieuse dans un couvent. Elle a connu la souffrance pendant plusieurs années avant de mourir. 

Je me suis marié à Jésus, il y a environ 7 ans. Il y a eu une cérémonie à cet effet chez les pères Dominicains. J’ai une alliance au doigt que je porte avec grande fierté. Je porte aussi une croix au cou. Mon alliance et ma croix ont été bénies. J’ai ressenti quelque chose en moi m’appelant à devenir une religieuse. Le Bon Dieu m’a parlé dans mon cœur, il m’a demandé de donner ma vie à Jésus. J’aime beaucoup les gens, mais j’aime surtout Jésus, de tout mon cœur! Pour moi, les temps durs ne sont pas finis. Je garde par contre un bon moral et je continue de sourire.

Moi, je veux mourir avec un sourire, en ayant bien hâte de voir Jésus au Ciel. Jésus va me prendre dans ses bras. Il m’aime bien!

Le 6 août 2000 PETITE HISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à cet amour qui l’habitaient je voudrais laisser quelques photos souvenirs qui vous rejoindront surement. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la 

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

Hélène est vite devenue celle avec qui je passais le plus de temps. On riait de tout : de ma difficulté à comprendre ce qu’elle disait et de son insistance à répéter ce qu’elle voulait me dire. Ce fut une belle école de la vie. 

Parfois, je pouvais disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rideau et un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de tout.

Ce qui devait arriver, un jour arriva. En 1969, je suis parti comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, alors qu’elle restait avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une autre.

Description : décembre 2008 005.JPGCe ne sera finalement que bien des années plus tard que je reviendrai auprès d’elle, cette fois pour y demeurer. Déjà elle savait que j’avais quitté la communauté des oblats, que je m’étais marié et que j’avais deux filles. C’est à la résidence St-Louis, en février 2008, que cette rencontre s’est réalisée. Dès qu’elle a entendu ma voix et que nous nous sommes vus, les années de séparation se sont évaporées et nous nous sommes retrouvés comme si nous nous étions quittés la veille. Thérèse, cette bénévole qui n’a cessé de l’accompagner tout au long de ces dernières années et que je rencontrais pour la première fois, a été témoin de ces retrouvailles. Ensemble nous avons fêté çà.

Hélène avait, à ce moment là, une petite bouteille de champagne qu’elle avait reçue en cadeau pour les Fêtes. Elle envoya Thérèse la chercher et nous avons alors célébré ces grandes retrouvailles en buvant de ce bon champagne. De là viendra la coutume d’apporter à chaque visite une bonne bouteille, non pas de champagne, mais de ces bons mousseux.

C’est ainsi que s’installa la coutume de visiter Hélène quatre fois par années : septembre, Noël, Pâques et à son anniversaire. À chacune de ces rencontres, Claire et Thérèse se faisaient un devoir de venir m’accompagner pour faire de ces journées des moments de grande joie.

Les photos qui suivent font référence à quelques uns des bons mom


Vous aurez reconnu Claire et Thérèse qui voyaient à la beauté d'Hélène


HÉLÈNE À LA CAFÉTÉRIA JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011

 


Chère Hélène, comme une colombe enfin libérée de sa cage, tu t'es envolée dans ces espaces merveilleux d'un monde sans contrainte, sans frontière, habitée par l'amour, la joie, le partage, la sincérité. Nombreux sont les bras tendus qui t'y attendaient pour enfin te serrer fortement sur leur cœur et t'envelopper de ces fleurs aux parfums éternels. Cette joie retrouvée est un baume de grande fraicheur sur la douleur que ton départ laisse en tous ceux et toutes celles qui t'ont profondément aimée. Par le dedans de nos cœurs nous continuerons à te parler, à te raconter nos peines et nos joies, à chanter et à danser avec toi. Par le quotidien de nos vies nous nous inspirerons de ton éternel sourire, de ta patience légendaire et de ta grande foi.

Merci pour tout, Hélène, sœur et amie d’une longue vie.

 

UNE PETITE HISTOIRE D’AMOUR

Pour tous ceux et toutes celles qui auront eu le bonheur de s’approcher d’Hélène et de vibrer à toute cette vitalité et à cet amour qui l’habitaient je voudrais laisser quelques photos souvenirs qui vous rejoindront surement. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu ce privilège d’être, par le cœur et la penséHÉLÈNE ALLEN DITE DAVID DE JÉSUS

11 JUILLET 1932 AU-1IERJUILLET 2011

 

e, aussi près d’Hélène, mais je pense pouvoir dire que l’amitié partagée et l’amour approfondie au long des années nous ont unis d’une façon unique. 

Cette belle histoire remonte aux années 1960, alors que j’étais étudiant à l’Université St-Paul pour y devenir prêtre. Les dimanches après-midi, j’avais pris l’habitude d’aller visiter des malades et des personnes handicapées à l’Hôpital St-Vincent. Au début, c’était comme pour rendre service, mais vite j’ai réalisé que j’en étais le premier bénéficiaire. J’y ai rencontré des hommes, des femmes, des prêtres, des religieuses, des croyants, des non croyants, tous et toutes aussi extraordinaires les uns que les autres. J’ai été progressivement apprivoisé aux profondeurs de l’être humain. 

Hélène est vite devenue celle avec qui je passais le plus de temps. On riait de tout : de ma difficulté à comprendre ce qu’elle disait et de son insistance à répéter ce qu’elle voulait me dire. Ce fut une belle école de la vie. 

Parfois, je pouvais disposer de la voiture de la communauté et nous sortions faire un tour d’auto le long du canal rideau et un peu partout en ville. C’était tout un art pour moi de la monter dans l’auto. Je la taquinais en lui disant qu’elle aimait beaucoup ça que je la prenne dans mes bras pour l’embarquer et la descendre. Nous pouvions rire de tout.

Ce qui devait arriver, un jour arriva. En 1969, je suis parti comme missionnaire au Chili, en Amérique latine. Ce fut une séparation douloureuse pour moi, mais aussi et sans doute davantage pour Hélène. Moi, j’avais tout un horizon nouveau qui s’ouvrait, alors qu’elle restait avec l’horizon de ses quatre murs de chambre. J’ai beaucoup réfléchi à cette parole de St-Exupéry : « on est responsable des liens que l’on crée ».  Créer des liens est une chose, les nourrir et les approfondir pour qu’ils nous permettent de grandir en est une autre.

Description : décembre 2008 005.JPGCe ne sera finalement que bien des années plus tard que je reviendrai auprès d’elle, cette fois pour y demeurer. Déjà elle savait que j’avais quitté la communauté des oblats, que je m’étais marié et que j’avais deux filles. C’est à la résidence St-Louis, en février 2008, que cette rencontre s’est réalisée. Dès qu’elle a entendu ma voix et que nous nous sommes vus, les années de séparation se sont évaporées et nous nous sommes retrouvés comme si nous nous étions quittés la veille. Thérèse, cette bénévole qui n’a cessé de l’accompagner tout au long de ces dernières années et que je rencontrais pour la première fois, a été témoin de ces retrouvailles. Ensemble nous avons fêté çà.

Hélène avait, à ce moment là, une petite bouteille de champagne qu’elle avait reçue en cadeau pour les Fêtes. Elle envoya Thérèse la chercher et nous avons alors célébré ces grandes retrouvailles en buvant de ce bon champagne. De là viendra la coutume d’apporter à chaque visite une bonne bouteille, non pas de champagne, mais de ces bons mousseux.

C’est ainsi que s’installa la coutume de visiter Hélène quatre fois par années : septembre, Noël, Pâques et à son anniversaire. À chacune de ces rencontres, Claire et Thérèse se faisaient un devoir de venir m’accompagner pour faire de ces journées des moments de grande joie.

Les photos qui suivent font référence à quelques uns des bons momentsque nous avons vécus.

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Vous aurez reconnu Claire et Thérèse qui voyaient à la beauté d'Hélène

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HÉLÈNE À LA CAFÉTÉRIA

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Hélène dans le jardin de Bruyère et dans celui de la Résidence  St.-Louis

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Les deux inséparables, toujours présentes à chacune des visites

Je ne saurais trop relever le dévouement de Claire qui a fait d’Hélène sa compagne de tous les jours. Je l’ai vue à l’œuvre dans son dévouement, sa patience, ses attentions pour qu’Hélène ne manque jamais de rien. Si Hélène a gagné nos cœurs par la profondeur de son mystère, Claire l’a également gagné par la générosité et la disponibilité de son dévouement.

 

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Le 11 juillet 2009 nous avons célébré le 77ième anniversaire d’Hélène

Sur la photo vous y voyez en plus de celui et celles que vous connaissez déjà, Brigitte, une autre bénévole qui, comme Thérèse, accompagnait Hélène pour des sorties de magasinage ou pour l’aider dans ses petits ménages et rangements. Vous y voyez également Martin, mon neveu, compositeur et chanteur, accompagné de son fils, Vincent et de son épouse, Francine. Martin, aveugle depuis l’âge de 20 ans, est quelqu’un qui est pour moi et pour bien d’autres un être exceptionnel. J’en dis tout autant pour Francine sa conjointe qui est toujours là à ses cotés.

 

Nous avons mangé, chanté, bu et ri. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir ou de faire de grandes choses pour ressentir de grandes émotions. Souvent la simplicité et la spontanéité deviennent les ingrédients de ces émotions inoubliables. Nous en avons vécues qui nous accompagneront toute notre vie. 

 

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LE RIRE CONTAGIEUX D’HÉLÈNE : UNE LEÇON DE VIE

 

LA RÉVÉLATION D’UN GRAND MYSTÈRE :

 

DIEU AVEC NOUS

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Au concert de Martin avec ma sœur Thérèse, mère de Martin

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Dans les jardins de la Résidence Bruyère


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LA VIE AVEC DES JOURS ENSOLEILLÉS ET PLEINS DE FLEURS

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VOUS LES AVEZ RECONNUES. ELLES FONT LA FÊTE

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Avec Vincent, le fils de Martin et de Francine

Ainsi passèrent les beaux jours et voilà que soudain le destin vient nous rappeler certaines vérités incontournables : Hélène a un cancer qui ne permet aucune rémission. Toutefois, pour elle sa mission se poursuit et elle ne saurait se terminer avant que tout soit consommé.  Elle vit cette nouvelle étape en continuité avec sa mission « mystique » qu’elle a assumée et continue d’assumer en union étroite avec Celui qu’elle a toujours désigné comme son époux, Jésus son Seigneur. 

Lors de notre dernière rencontre je lui disais que sa mission était terminée et que l’heure de la grande libération approchait. Elle m’a tout simplement répondu que ce n’était pas encore tout à fait fini et que de toute manière ça ne pressait pas. Quel mystère et quel courage! Quelle foi et quel amour! 

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FIDÈLES JUSQU’À LA FIN, L’UNE DANS LA FOI, L’AUTRE DANS LE SERVICE, ELLES SONT DEMEURÉES INSÉPARABLES TOUTE LEUR VIE. ON NE POURRA PARLER DE L’UNE SANS DEVOIR PARLER DE L’AUTRE TELLEMENT LEUR DESTIN EST LIÉ. 

UNE OCCASION DE RAPPELER ÉGALEMENT CETTE PRÉSENCE GÉNÉREUSE ET TOUTE GRATUITE DES BÉNÉVOLES QUI ONT ADOPTÉ HÉLÈNE COMME UNE VÉRITABLE SŒUR. JE PENSE À BRIGITTE ET THÉRÈSE QUE J’AI EU L’HONNEUR ET LE BONHEUR DE CONNAÎTRE. D’AILLEURS CETTE DERNIÈRE, THÉRÈSE, LUTTE DEPUIS PLUS D’UNE ANNÉE POUR VAINCRE UN CANCERT DES POUMONS. ENCORE TOUT DERNIÈREMENT, EN DÉPIT DE SES SOUFFRANCES, ELLE S’EST RENDU VISITER HÉLÈNE, TELLEMENT. CETTE DERNIÈRE LUI MANQUAIT. 

JE PENSE ÉGALEMENT À MARTIN ET FRANCINE QUI ONT ÉTÉ REJOINTS PAR HÉLÈNE ET QUI SE FONT PRÉSENTS AVEC LES CHANSONS ET TOUT L’AMOUR QU’ILS LUI PORTENT.QUE DE FOIS HÉLÈNE S’EXCLAMAIT EN DISANT « QUE C’EST BEAU MARTIN, BRAVO! »

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QUE DIRE MAINTENANT DE TOUTES CES PERSONNES QUI AURONT VU LEUR VIE CHANGER APRÈS AVOIR RENCONTRÉ HÉLÈNE, L’AVOIR ÉCOUTÉE DANS SES RIRES ET SES SILENCES, LUI AVOIR SERRÉ LA MAIN ET L’EMBRASSER SUR CE FRONT POUVANT ACCUEILLIR LE MONDE. 

J’AI RENCONTRÉ CES JOURS DERNIERS LE PÈRE JOHN CANNON QUI EST MAINTENANT PRÊTRE ET MEMBRE DES PETITS FRÈRES DE LA CROIX. IL ME RACONTAIT QUE LORSQU’IL ÉTAIT ÉTUDIANT, DANS LES ANNÉES 1990, CHEZ LES DOMINICAINS, SOUVENT IL SE RENDAIT RENCONTRER HÉLÈNE. IL ME DISAIT JUSQU’À QUEL POINT ELLE AVAIT MARQUÉ SA VIE.

C’EST GRÂCE À LUI QUE NOUS AVONS PU EN SAVOIR UN PEU PLUS SUR LE CHEMINEMENT SPIRITUEL D’HÉLÈNE. IL LEUR ARRIVAIT SOUVENT DE PARLER DU MARIAGE MYSTIQUE, LUI-MÊME FAISANT UNE THÈSE DE DOCTORAT SUR LE SUJET. IL N’A TOUTEFOIS JAMAIS ÉTÉ QUESTION DE QUELQUE DÉMARCHE QUE CE SOIT POUR DONNER UNE FORME QUELCONQUE À UN POSSIBLE MARIAGE MYSTIQUE. SELON LUI IL S’AGIRAIT D’UN CHEMINEMENT TOUT À FAIT PERSONNEL À HÉLÈNE. À SA CONNAISSANCE, IL N’Y AURAIT AUCUNE COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE IMPLIQUÉE DANS LES VŒUX QU’ELLE AURAIT FAITS ET ENCORE MOINS DANS LA PROCÉDURE DU CHANGEMENT DE SON NOM. 

EN CE QUI ME CONCERNE, JE CROIS QU’HÉLÈNE A VÉCU UNE EXPÉRIENCE MYSTIQUE PROFONDE. UNE SORTE DE RENCONTRE SPIRITUELLE AVEC CELUI QU’ELLE APPELAIT SON ÉPOUX. C’EST ALORS QU’ELLE AURAIT PRIS LES DÉCISIONS QUE NOUS CONNAISSONS.

DANS UN DOCUMENT QUE CLAIRE VIENT TOUT JUSTE DE ME FAIRE PARVENIR (7 JUIN 2011) NOUS TROUVONS RÉPONSE À DE NOMBREUSES QUESTIONS. IL S’AGIT D’UNE AUTOBIOGRAPHIE D’HÉLÉNE, RECUEILLIE ET TRANSCRITE PAR UN AMI OU UNE AMIE DONT NOUS IGNORONS LE NOM. C’EST EN JUILLET ET AOÛT 2000 QU’HÉLÈNE AURAIT DICTÉ LE CONTENU DE CE DOCUMENT. IL EST DATÉ DU 6 AOÛT 2000.

À LA SUGGESTION DE CLAIRE JE ME PERMETS DE JOINDRE CE DOCUMENT DES ANNÉES PASSÉES À CELUI DES ANNÉES PLUS RÉCENTES QUE SONT CELLES RACONTÉES DANS CES PAGES.

JE VOUS LAISSE DONC AVEC CE PETIT SOUVENIR IMPROVISÉ EN CE 31 MAI 2011.

UN GROS MERCI À VOUS TOUS ET TOUTES

Tout simplement Oscar, pour Hélène, Claire et tous et toutes les autres qui auront été marqués par son témoignage et qui l’auront aimée profondément.

Québec, le 31 mai 2011 

N.B. Pour ceux et celles qui voudraient recevoir en PDF ce souvenir d’un partage de vie avec Hélène auquel est joint son autobiographie, et une anecdote précédent le jour de sa mort, vous n’avez qu’à communiquer avec moi par internet et je vous le ferai parvenir.

oscarfortin@hotmail.com


 

Mon autobiographie---Sœur Hélène

(De 1932 à 2000)

Description : IMG_0755.JPGJe suis originaire du village de Luskville dans la province de Québec. Mon nom est Sœur Hélène David de Jésus. Mon père était cultivateur et nous possédions une terre sur laquelle se trouvaient des vaches, des veaux, des poules, des coqs et des chevaux. Nous y cultivions aussi des légumes tels que des carottes, des navets, radis, choux, et de grands champs de patates et de blé d’Inde. Les récoltes et le bétail servaient, entre autres, à nourrir la famille. Ma faisait un bon ragoût de bœuf avec des carottes, navets, patates et choux. Mon père a acheté la terre de son père, c'est-à-dire de mon grand-père Allen. Mon grand-père Allen a construit lui-même la maison. La maison dans laquelle je suis née et où j’ai grandi était un peu plus neuve que celle de grand-papa, mais elle n’était pas très belle. Maman n’a jamais connu une belle maison. Nous possédions par contre une radio et maman a finalement eu une télévision. Papa ne voulait rien savoir, mais maman l’a convaincu. Maman et les enfants écoutions le chapelet à la radio, et nous le récitions aussi. Papa n’aimait pas prier.

Ma mère travaillait au foyer, et elle a élevé une famille de six enfants. Le premier né était un garçon, nommé Marcel. Il n’est plus vivant aujourd’hui. Marcel avait les poumons faibles et Il toussait beaucoup. Il est mort du cancer. Je suis née, la deuxième, suivie de Thérèse, Janine, Claire et du cadet Maurice; en tout, 4 filles et 2 garçons. Maman était très belle et ses enfants étaient beaux aussi. Mon père était bel homme, il avait de très grands yeux bleus. Il était par contre court, plus court que maman.  Nous avons tous les yeux bleus, tout comme mes deux parents. Marcel, le cadet,  était si beau à la naissance que les infirmières le montraient à tout le monde dans l’hôpital. Il avait de beaux cheveux frisés naturels. C’était le seul des enfants à naître dans un hôpital. En plus il est né aux États-Unis.

Mon père et ma mère se sont rencontrés à l’école. Ils se sont mariés aux États-Unis et y ont vécu quelque temps, car c’est là où se trouvait le travail. Mon père ne pouvait pas trouver à cette époque du travail ici. Mon père a travaillé dans un hôpital pendant environ un an. Mes parents vivaient encore aux États-Unis lorsque ma mère est tombée enceinte de moi. Je suis née, par contre, ici au Canada.

Présentement, mes sœurs Thérèse et Claire habitent dans la région d’Ottawa-Hull. Maurice, lui, se retrouve toujours à Luskville, ayant pris la relève de la terre familiale, car le fils aîné, Marcel, n’y était pas intéressé. Ma sœur Thérèse a marié un boulanger, un beau gars aux yeux bruns. C’est aussi un bon gars. Ils ont eu trois enfants, 2 garçons et 1 fille. Claire ne s’est jamais mariée, elle s’est acheté, par contre, une maison. Janine, mon autre sœur, s’est mariée à 19 ans. Elle a deux filles et elle habite à Grace Field. Maurice s’est marié après que maman est morte. Maurice avait peur d’avoir un enfant comme moi, c’est-à-dire, atteint de paralysie cérébrale. Pourtant mon état de santé n’est pas héréditaire à ce que je sache. Malgré tout, Maurice a eu 3 enfants, tous en bonne santé. Mes sœurs et leurs maris sont tous à la retraite maintenant. Maurice habite encore sur la terre familiale. En plus il travaille pour une compagnie de construction.

Moi je suis née prématurée, le 11 juillet 1932. Je ne devais pas naître avant le mois d’octobre. J’étais très petite à la naissance, je ne pesais qu’une livre et demie. J’étais, ce qu’on appelle « un bébé bleu », c’est-à-dire que j’aurais manqué d’oxygène à la naissance. Je suis née à la maison. Je n’ai pas connu l’incubateur, à cette époque il n’y en avait pas. Pour me garder au chaud, ma maman m’emmitouflait dans des coussins et me plaçait sur la porte du four. J’étais à moitié vivante, à moitié morte. Malgré tout, j’ai survécu. Je souffre par contre de paralysie cérébrale depuis la naissance. J’ai fait mes premiers pas quand j’avais environ 3 ans. J’avais besoin d’aide par contre; maman devait me soutenir.

Je ne suis jamais allée à l’école. Je suis restée à la maison avec maman. C’est maman qui a été ma « maîtresse ». Elle m’a montré à compter, à lire l’heure, à dire mes prières. Je n’ai pas appris à lire car maman n’avait pas le temps. Par contre, elle m’a montré les lettres de l’alphabet. J’aurais beaucoup aimé apprendre à lire. Je me dis qu’il n’est jamais trop tard! Tout au long de mon enfance et de ma jeunesse, maman a dû s’occuper de moi. Sa sœur, ma tante Marie qui m’aimait beaucoup, venait donner un coup de main à maman de temps en temps. Maman était une femme douce. Elle aimait beaucoup ses enfants. Par contre, je pense qu’elle aurait préféré avoir 12 enfants plutôt que d’avoir un enfant handicapé. Mais je suis persuadée que maman m’aimait autant que ses autres enfants. Elle m’accordait beaucoup d’attention.

Mon père était un homme sévère. Il ne nous battait pas, mais il était dur avec nous. Par exemple, si les enfants sacraient, mon père n’était pas content et il nous fixait avec de gros yeux. Quand ma sœur allait danser avec son « chum », malheur si elle n’était pas de retour à la maison avant 11h00 du soir, elle se le faisait rappeler sévèrement. Il fallait que les enfants demeurent bien tranquilles après le dîner, car papa allait se coucher.  Si on osait parler trop fort, papa lâchait un cri. Maman était beaucoup moins sévère que mon père. Mon père blâmait maman lorsque nous étions indisciplinés! Mon père ne démontrait pas beaucoup d’amour envers nous et il sacrait souvent—c’était déplaisant. Maman pleurait parfois. En ces occasions, je disais le chapelet avec maman. Heureusement que maman savait comment prendre mon père. Malgré tout,  je pense que papa nous aimait à sa façon.

Quand j’étais bébé, j’ai fait une hernie et mon nombril s’est mis à couler. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de soins médicaux. Une infirmière, qui habitait à la campagne, passait de temps en temps. Ma mère, qui était une femme très religieuse et qui aimait beaucoup la Ste-Vierge, a demandé aux Servantes de Jésus-Marie de prier pour moi. Après neuf jours mon nombril a guéri. Nous voyions rarement le médecin chez-nous. Un jour, maman et papa étant partis en ville, mon frère Marcel en a profité pour sortir la « wagon à chevaux ». Janine et lui embarquèrent et tout à coup, les chevaux sont partis en furie. Janine est tombée en bas et elle s’est cassé le bras. Elle a dû voir le médecin, car il fallait qu’elle se fasse poser un plâtre.

J’ai fait ma première communion et ma confirmation à l’âge de 11 ou 12 ans. Maman m’avait enseigné le catéchisme. Le curé est venu à notre maison pour me donner ma première communion. Le curé repassait à la maison environ une fois par mois pour me donner la communion. Un an plus tard, j’ai été confirmée. Ma grand-mère maternelle était ma marraine. Nous nous aimions beaucoup ma grand-mère et moi. Elle était une femme tranquille, mais elle m’accordait beaucoup d’attention. Elle avait de beaux yeux bruns. Grand-maman s’est mariée à 17 ans et elle a eu 12 enfants. À cette époque on ne pouvait pas empêcher la famille. J’avais environ 14 ans quand grand-maman est morte à l’âge de 80 ans. 

J’avais un peu peur de mon grand-père maternel. C’était un gros homme, et moi j’étais si petite! Il était assez gentil, mais un peu gêné. Il prenait un petit coup pour se « dégêner », et grand-maman n’aimait pas ça! Eh bien, les gens aimaient prendre un petit coup à cette époque.

Mes tantes et mes oncles (surtout du côté de ma mère) venaient nous visiter. Maman savait faire de la bonne cuisine. Je n’ai jamais pu manger par moi-même. Ma mère et mes sœurs m’aidaient à manger, mais ma nourriture devait être ramollie. Je n’ai jamais pu manger du gâteau, ni de la tarte, ni du bon pain-maison. J’observais beaucoup maman. J’aimais la regarder faire à manger. Malgré tout, j’ai appris comment faire à manger. J’ai même eu l’occasion  de montrer à ma sœur Claire comment faire de la bonne popote, à l’époque où ma mère était malade.

Un bon dimanche matin, maman et moi étions dans la cuisine à Luskville. Maman revenait de la messe et semblait être en bonne forme. Soudainement, elle tomba sur le plancher de la cuisine, paralysée. Je ne suis pas certaine s’il s’agissait d’une crise cardiaque ou d’un accident cérébral-vasculaire. Maman a été longtemps en convalescence. Elle avait perdu, pour un temps, l’usage de la parole. Elle a été soignée à l’hôpital à Ottawa. Maman est restée paralysée du côté droit et elle avait de la difficulté à s’exprimer. Ma sœur Claire s’est occupée de ma mère pendant environ 4 ou 5 ans avant qu’elle décède. 

En ce qui me concerne, à cette époque, je suis allée séjourner dans un hôpital à Montréal, l’Hôpital Seigneur de Dieu. Un médecin de Luskville avait signé un document quelconque attestant que je souffrais d’une maladie mentale. Je fus donc envoyée à cet hôpital. Quelle horreur!!! Il s’agissait d’un hôpital pour les fous! Quel endroit! C’était l’enfer pour moi. J’y suis restée deux semaines, attachée au lit presque tout le temps. Je n’étais pourtant pas folle, et j’avais surtout peur des fous. Il s’est passé des affaires dures là-bas. C’était la première fois que je quittais la maison, à l’âge de 21 ans environ. Ma tante qui habitait Montréal est venue me rendre visite. Lorsqu’elle a constaté la condition dans laquelle j’étais, elle a écrit à ma mère et l’implora : « viens chercher Hélène au plus vite !». Je suis revenue à la maison pendant environ un an, mais à la longue, Claire ne pouvait plus s’occuper de moi et de maman. La charge était trop lourde.

J’ai donc quitté la maison pour un hôpital à Cornwall, l’Hôpital de Dieu, où j’ai résidé pendant 9 ans. Je n’ai pas aimé cela. La plupart du monde, y compris le personnel infirmier et les médecins, ne parlaient que l’anglais.  Moi, je ne comprends presque pas l’anglais, mais je venais à bout  de communiquer un peu, toutefois de peine et misère. Il n’y avait rien à faire dans cet hôpital : pas de télévision, pas de radio, pas de sorties. En plus, ma compagne de chambre n’était pas très intéressante. On ne se parlait pas beaucoup. Il y avait aussi des infirmières qui n’étaient pas toujours gentilles. Je me suis tellement ennuyée! Je passais la journée à côté de mon lit. Ce n’était pas très intéressant.

Maman est venue me voir une seule fois à Cornwall. Elle aurait voulu que je revienne à la maison, mais elle n’était pas assez bien. Maman avait commencé à marcher avec une canne et Claire continuait de s’en occuper. Avant de quitter la maison pour Cornwall j’avais montré à Claire comment faire une délicieuse soupe au riz.

Après avoir passé neuf ans à Cornwall, j’ai fait une demande pour être admise à l’Hôpital St-Vincent à Ottawa. J’ai attendu 3 mois avant d’être transférée. Et voilà, j’y réside maintenant depuis 36 ans. Je suis beaucoup plus heureuse à St-Vincent que je ne l’étais à Cornwall. Le personnel infirmier, les autres professionnels de la santé et les bénévoles sont gentils et attentifs à mes besoins. Il y a aussi des activités organisées. Dieu merci!

Par la force des choses j’ai changé de chambres plusieurs fois au fil des ans. J’ai toujours demandé par contre que l’on m’alloue le lit près de la fenêtre. J’aime la clarté, j’aime regarder dehors, et j’aime aussi observer ce qui se passe dans le corridor à l’extérieur de la chambre. La nourriture ici n’est pas vilaine. En raison de mon handicap, je ne peux pas manger certaines choses telles que du pain, ou n’importe quelle nourriture difficile à avaler. Je peux manger des aliments en purée. Par exemple, pour le déjeuner, j’aime bien manger du gruau, et parfois j’en mange à l’heure du dîner aussi. Je dois avouer, par contre, que j’en mange trop souvent et que je deviens tannée. J’aime aussi les soupes en crème et les pâtes tels que le macaroni et le spaghetti. En ce qui concerne le spaghetti, j’aime le déguster avec de la mayonnaise ou de la moutarde. Je mange beaucoup de Jello, presque tous les matins. Je deviens un peu tannée du Jello aussi. Je n’aime pas beaucoup le bouillon et le thé servis à l’hôpital. Le thé goûte l’eau de vaisselle. Par contre, j’aime boire de la tisane.

Mes journées à l’hôpital sont assez routinières c’est-à-dire que je me réveille de bonne heure. Lorsque j’ai faim, vers 8h30 ou un peu plus tard, je déjeune dans ma chambre. Par la suite, une infirmière me lave, m’habille et me coiffe. J’aime bien que l’on me maquille un peu.  J’ai un petit côté « coquette », vous savez. Vers 9h30 ma toilette est terminée. Je me dirige ensuite vers le Café au quatrième étage pour y prendre un breuvage. J’aime aussi écouter la radio et la télévision. Mon amie Suzanne m’a acheté une télévision, avec l’argent dans mon compte en banque. J’ai fait des paiements mensuels. Je dois avouer, cependant, que les nouvelles à la télévision sont souvent plates, surtout négative, par exemple des accidents de la route, etc. Les gens, aujourd’hui, conduisent bien trop vite. Ils sont un peu fous, je pense. Les gens ne font pas toujours attention. Tout doit aller vite.

J’aime participer au groupe des francophones qui se réunit tous les mercredis après-midi. Nous échangeons sur divers sujets. J’aime bien aussi retourner au Café en après-midi pour y prendre un autre breuvage. Je vais vous avouer aussi que j’aime, à l’occasion, prendre un petit coup. Il y a un bar à l’hôpital et l’on sert du vin, de la bière, des boissons gazeuses, ou autres breuvages alcoolisés, tous à moitié prix pour les résidents de l’hôpital. Il y a même des « Bloody Mary’s » pour 3 dollars. J’aime le rhum et le coke, mais je n’en bois pas souvent. Richard, un bénévole, m’accompagne au bar à l’occasion. Il est parti à son chalet d’été présentement. J’ai rencontré Richard l’année dernière et il est bien avenant. J’aime participer au BBQ annuel dans le jardin à l’extérieur de l’hôpital, et j’y suis allée récemment m’y régaler.

Tous les vendredis je vais magasiner avec mon amie Suzanne. Elle réserve l’autobus Para-Transport et nous nous rendons au Centre d’Achats St-Laurent. Nous allons nous promener à la Baie, et à l’occasion je m’achète une belle robe et d’autres articles. Tout dernièrement je me suis acheté une belle robe beige toute brodée. J’ai profité d’une bonne aubaine. La robe était réduite de 50%, quelle chance! Ensuite, Suzanne et moi allons prendre une petite fouffe au restaurant. Cette sortie m’est tellement agréable. Il faut le dire, ça brise la monotonie.

Autant j’aime m’amuser, autant il m’est important de prier. Je vais à la messe ici à St-Vincent tous les matins à 11h00. Après avoir reçu la communion, je me sens plus forte, plus courageuse. J’ai beaucoup souffert de solitude au fil des ans, surtout après avoir quitté le foyer familial. Ma famille ne me visitait pas souvent, ni à Montréal, ni à Cornwall. Présentement, ma sœur Claire passe me voir, habituellement le dimanche. Elle fait mon lavage et à l’occasion, nous allons à la messe à l’Église St-Jean-Baptiste (è côté de l’hôpital).

Je me suis fait quelques amis au fil des ans. Par exemple, je connais Suzanne depuis 15 ans. Elle est une bénévole qui a fait ma connaissance par l’entremise de la Légion de Marie. Suzanne vient me visiter au moins une fois par semaine. Nous sommes devenues de bonnes amies Suzanne et moi. Nous sommes allées fêter ce 15ièmeanniversaire dans un restaurant. Quelle belle sortie! Nous sortons tous le vendredi, mais je dois avouer que j’aimerais sortir plus souvent qu’une fois par semaine. À mon avis ce n’est pas assez.

Il y a un collège de prêtres Dominicains prêcheurs, tout près de l’hôpital. Les jeunes prêtres avaient l’habitude de venir visiter les patients ici de temps en temps. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de prêtres. J’ai réussi au fil des ans à me lier d’amitié avec environ trois ou quatre d’entre eux. Ils venaient me rendre visite assez souvent, mais je les ai perdus de vue lorsqu’ils sont partis en mission. Ils avaient l’habitude de passer me voir lorsqu’ils revenaient de mission,  mais ce n’est plus beaucoup  le cas maintenant. Par contre, un prêtre m’a rapporté une cassette sur laquelle est enregistrée la voix du pape qui récite le chapelet. Cette cassette m’est bien précieuse. J’ai correspondu, à l’occasion avec mes amis prêtres, mais avec le temps je leur écris moins souvent. Ils me manquent parfois. Je souhaiterais pouvoir les revoir.  Il y a un prêtre que je vois de temps en temps. Il n’a pas encore fini d’étudier au Collège des Dominicains. Mais présentement il est en pension à Québec. J’ai bien hâte de le revoir au mois de septembre. 

J’aime beaucoup échanger avec les gens. J’aime écouter ce qu’on a à me dire et j’aime donner de bons conseils aussi.  Au fil des ans j’ai fait la connaissance de plusieurs patients, ici à St-Vincent. J’ai eu un ami que j’ai beaucoup aimé. Son nom était Hugues. Il était très malade, mais il parvenait à faire des choses pour moi. Il m’a donné un bouquet de fleurs. Nous sommes allés danser en chaise roulante. C’était la première fois de ma vie que j’allais danser. Hugues était un avocat.  Je le trouvais bien beau et j’aurais bien aimé le marier. Mais, hélas, il était déjà marié. Nous sommes demeurés bons amis pendant environ six ans, jusqu’à son décès. Il est décédé du cœur, je crois.

Tout récemment, j’ai demandé que l’on me change de chambre. C’était trop bruyant où j’étais. C’est-à-dire que mon ancienne compagne de chambre tapait constamment sur son lit. Présentement je suis dans une autre chambre, semi-privée, au troisième étage au bout du corridor, un peu trop loin à mon goût. Je ne vois pas beaucoup de gens passer par là. Par contre c’est beaucoup plus tranquille. Ma nouvelle compagne de chambre est une jeune femme qui a environ 46 ans. Elle a la sclérose en plaques. Elle tremble et ne peut pas se nourrir. Peut-être que nous pourrons nous lier d’amitié avec le temps.

Je me suis attachée à certaines infirmières au fil des années. Par exemple, Margo me faisait rire. C’est-à-dire, qu’elle était un peu nerveuse parfois. C’était une personne très rangée, mais un matin, un peu distraite, elle a mis mes souliers et ma robe à l’envers. Nous avons bien ricané! En ce qui me concerne il est très important que mes choses soient placées en ordre. Par exemple, j’aime que ma jaquette soit bien pliée avant d’être placée sur mon lit. Maman était une personne très propre, et elle nous demandait de placer nos choses toujours au même endroit. Malheureusement, mon infirmière Margo a quitté l’hôpital l’an dernier. Shannon, l’infirmière qui s’occupe de moi présentement vient de se marier à l’extérieur du pays. Elle est revenue le mois dernier. Elle est gentille.

J’ai voyagé dans ma vie, surtout depuis que je réside à l’Hôpital St-Vincent. Avec un groupe de résidents de St-Vincent j’ai pris l’avion. C’était la première fois que je voyageais en avion. Je suis allée en France pendant une semaine et j’ai eu la chance de rencontrer Jean Vanier. J’ai passé une journée à l’Arche. Je sui allée également à Notre-Dame de Lourdes pour y prier la Ste-Vierge.

J’ai visité l’Oratoire St-Joseph à Montréal, là où se trouve le sarcophage du Frère André. En plus, j’ai visité le Sanctuaire de Notre-Dame du Cap à Trois Rivières. C’était très beau. Nous avons visité une superbe basilique. J’aimerais y retourner.

Mon nom de famille était « Allen ». J’ai décidé, il y a environ 3 ans, de le changer pour « David de Jésus ». Mon amie Suzanne, s’est occupée des procédures légales exigées pour le changement de nom. J’ai aussi rajouté « Sœur » à mon prénom, c’est-à-dire Sœur Hélène. En ce qui a trait aux choses officielles, je m’appelle Hélène.

Je suis une personne très croyante. J’ai beaucoup prié dans ma vie, seule, avec maman, à l’église et dans les chapelles d’hôpitaux. Tous les matins je prie dans mon lit pour mes amis et pour ma famille. La prière est pour moi une consolation. Elle m’aide à passer à travers les temps durs. La Ste-Vierge a parlé aux enfants à Fatima. Elle a demandé que les gens prient. C’est maman qui m’a raconté cela. J’aimerais bien voir la Ste-Vierge, moi aussi. La Ste-Vierge a aussi parlé à Ste-Bernadette à Lourdes. Ste-Bernadette était religieuse dans un couvent. Elle a connu la souffrance pendant plusieurs années avant de mourir. 

Je me suis marié à Jésus, il y a environ 7 ans. Il y a eu une cérémonie à cet effet chez les pères Dominicains. J’ai une alliance au doigt que je porte avec grande fierté. Je porte aussi une croix au cou. Mon alliance et ma croix ont été bénies. J’ai ressenti quelque chose en moi m’appelant à devenir une religieuse. Le Bon Dieu m’a parlé dans mon cœur, il m’a demandé de donner ma vie à Jésus. J’aime beaucoup les gens, mais j’aime surtout Jésus, de tout mon cœur! Pour moi, les temps durs ne sont pas finis. Je garde par contre un bon moral et je continue de sourire.

Moi, je veux mourir avec un sourire, en ayant bien hâte de voir Jésus au Ciel. Jésus va me prendre dans ses bras. Il m’aime bien!

Le 6 août 2000

UNE DERNIÈRE ANECDOTE PRÉCÉDENT LE GRAND DÉPART D’HÉLÈNE

Lorsqu’en mai dernier, alors qu’était connu le cancer qui allait inévitablement emporter Hélène, je lui ai dit que sa mission tirait à sa fin et que l’heure de la grande délivrance allait bientôt sonner. Elle me regarda dans les yeux et, avec cet air sérieux qui accompagne les grandes confidences, elle m’avoua que sa mission n’était pas terminée et que de toute manière il n’y avait pas de presse. Sur le coup, je n’ai pas accordé plus d’attention à ce commentaire qui pouvait très bien se comprendre dans pareille circonstance.

Lors de ma visite en juin, je l’ai vue dans une condition telle que j’étais assuré qu’elle allait lâcher prise et s’envoler vers cette espérance qui a sans cesse nourrit sa foi. Dans les jours et les semaines qui suivirent, Claire me donnait régulièrement des nouvelles au point où plus personne ne comprenait cette résistance qui la retenait à ce corps porté que par des os. C’est le 30 juin dernier que je me suis demandé si je n’étais pas partie à cette mission,pas encore complétée, et qui la retenait enchaînée à cette vie. Le 30 juin, vers les 10h30 du matin, de retour à mon appartement après avoir accompli certaines activités familiales, m’est soudainement venu à l’esprit qu’il me fallait écrire un texte portant sur l’Église. Je n’en connaissais pas encore le contenu, mais j’ai aussitôt interprété ce fait comme faisant partie de la mission que je me devais d’accomplir pour qu’Hélène puisse enfin partir en paix. 

C’est donc durant les quatre ou cinq heures qui suivirent, que j’ai écrit, sous forme de lettre adressée au Pape et aux Épiscopats catholiques, une réflexion sur l’Église d’aujourd’hui. Je l’ai écrite en ayant toujours à l’esprit Hélène. Une fois terminée, Il me fallait procéder à sa diffusion. Ce que je fis, sur la fin de journée et dans la soirée, en l’envoyant à certains sites internet.Une fois ma mission terminée, j’ai ressenti une grande paix et une voix en moi qui disait à Hélène :« tu peux maintenant partir, je me suis exécuté ». Dans la nuit du 1ierjuillet au matin, je me suis réveillé vers les 2H00, pensant à Hélène, mais cette fois avec beaucoup de tranquillité.  Ce ne sera qu’au petit matin que j’apprendrai qu’Hélène avait finalement pris son envol. Claire avait voulu m’en informer dès les premières heures.

Il s’agit évidemment d’une anecdote qui m’est personnelle et la lecture que j’en fais l’est tout autant. Dans mon esprit, j’étais partie prenante à sa mission et je devais m’exécuter. Une chose est certaine, c’est que le texte que j’ai alors écrit, ne l’aurait pas été sans cette relation particulière qui m’unissait à Hélène et à cette idée qu’elle pourrait partir qu’une fois la mission complétée. Tout le reste ne peut être que pure coincidence.

Pour moi, il s’agissait d’un dernier message d’Hélène que je me devais de porter à son aboutissement. Un message qui rappelle aux successeurs des apôtres l’urgence de retrouver les véritables valeurs que Jésus de Nazareth nous a transmises par sa vie et son enseignement. Également, l’urgence de faire un grand ménage de printemps dans cette Institution ecclésiale, devenue à travers les siècles, l’image d’un monde en tout point semblable à celui que Jésus est venu dénoncer. Déjà, au Concile Vatican II, des fenêtres se sont ouvertes sur le monde et un vent de printemps y est venu semer l’espérance d’une humanité nouvelle. À cette époque, plus de quarante évêques avaient fait un pacte les engageant à retrouver dans leur forme de vie les consignes laissées par Jésus à ses apôtres et disciples.

Un regard sur le monde nous révèle que plus des deux tiers de l’humanité vivent toujours dans la pauvreté, que les guerres se multiplient, laissant sur leur passage des bains de sang, mais aussi des familles brisées, des enfants orphelins, des révoltes inspirées par la haine, la cupidité, la corruption. Dans nombre de cas des populations entières sont maintenues dans l’ignorance par la manipulation de l’information et l’art de transformer en vérité les mensonges les plus grossiers.

Les voies de Dieu sont bien mystérieuses et Hélène aura certainement été une ressource de grande force, un peu comme David contre Goliath, pour briser bien des chaînes et ouvrir la voie à la liberté du Règne de Dieu. Dans la fragilité de son corps s’est exprimée la force de Dieu.

Je me considère privilégié d’avoir connu Hélène et d’en avoir partagé quelque peu le mystère. Puisse-t-elle nous couvrir de sa protection. 

Le texte de la lettre suit à la page suivante

 

LETTRE OUVERTE AU PAPE ET AUX ÉPISCOPATS CATHOLIQUES

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Je m’adresse à vous qui êtes les successeurs des apôtres et les témoins, pour le monde d’aujourd’hui, du message évangélique, tel que révélé en Jésus de Nazareth. Je le fais en tant que croyant en ce Jésus et en tant que membre de l’Église dont il est toujours la Tête vivante 

Le regard que je porte sur vous et sur l’Église s’inspire, d’une part, de ce Jésus de Nazareth qui se laisse découvrir à travers les Évangiles et, d’autre part, du monde contemporain qui nous met en contact avec une humanité à la recherche de toujours plus de justice, de vérité, de solidarité et de liberté.

Lorsque je relis les Évangiles et que je m’attarde sur les diverses consignes adressées par Jésus à ses apôtres et disciples, je n’arrive plus à les y reconnaître dans ce que vous êtes devenus. J’ai comme l’impression que vous acceptez plus facilement la « tradition » qui fait de vous des « maîtres », disposant d’autorité, des « personnages », se démarquant par leur hiérarchie, des « collaborateurs », s’identifiant aux classes dirigeantes. Cette « tradition », héritée d’une longue histoire, semble vous aller comme un gant. Toutefois, elle ne saurait se substituer à cette autre traditionqui nous vient, celle-là, directement de Jésus de Nazareth. Plus contraignante, mais aussi plus authentique, elle est à la base de cette conversion qui ouvre au Règne de Dieu. Vous savez, cette bonne nouvellequ’il vous a envoyé annoncer à toute personne de bonne volonté 

 « Et tandis qu'ils faisaient route, quelqu'un lui dit en chemin : " Je te suivrai où que tu ailles. Jésus lui dit : " Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête. "Lc. 9,57

« N'emportez pas de bourse, pas de besace, pas de sandales, et ne saluez personne en chemin. »

«Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler Bienfaiteurs. Mais pour vous, il n'en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ! » Lc. 22, 24-27

Cette tradition est tout à l’opposé de la tradition héritée des empires royaux. Elle fait appel à une autorité ecclésiale dépouillée de ses honneurs, de son prestige, de ses sécurités, de ses ambitions et de ses luttes de pouvoir. Cette relation nouvelle, inaugurée en Jésus, transformant le maître en serviteur, le plus grand en plus petit, fait partie de cette bonne nouvelle du Règne de Dieu. Pouvez-vous, en toute honnêteté, témoigner du Règne de Dieu en étant captifs de tous ces apparats et dépendances institutionnelles? 

Qu’en est-il dans les faits? Combien d’entre vous vivent avec  les plus défavorisés des diocèses dont vous êtes les « pasteurs »? Qui sont les invités les plus fréquents avec lesquels vous aimez partager vos repas? Quelles sont les grandes préoccupations qui retiennent le plus vos énergies et vos engagements? Sont-elles celles qui portent sur l’avènement du Règne de Dieu dans le monde d’aujourd’hui ou celles qui portent plutôt sur l’organisation sacramentelle d’une Église toute centrée sur le culte et les liturgies?

Un survol rapide de ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui, nous révèle une humanité dont les deux tiers vivent dans la pauvreté, générée en grande partie par la cupidité d’oligarchies qui dominent les pouvoirs politiques, économiques, judiciaires et même religieux. Les mensonges, bien déguisés en vérités et diffusés à grande échelle, contaminent l’esprit des gens qui en arrivent ainsi à soutenir des guerres de conquête et de domination. 

Ceux et celles qui s’opposent aux forces de ces oligarchies sont diabolisés, persécutés, arrêtés, torturés, assassinés. La voix des hiérarchies se fait, plus souvent que moins, complice de ces mêmes oligarchies. Combien d’Évêques élèvent fortement la voix pour dénoncer cette grande tricherie internationale et les injustices qui en résultent?  En Occident, là où l’Église est en plus grande proximité avec les puissances dominatrices, le Pape et les Évêques, dont vous êtes, demeurent plutôt discrets. Le monde est loin d’entendre cette voix forte des successeurs des apôtres qui dénoncent à temps et à contre temps ces guerres fondées sur le mensonge et la cupidité des conquérants. Il est plutôt témoin de la bénédiction qu’ils apportent aux soldats qui partent en guerre, du maintien des bonnes relations qu’ils continuent d’entretenir avec les conquérants et, dans nombre de cas, des condamnations répétées de ceux et celles qui résistent à ces forces impériales. Les discours sur les forces armées, la violence, les guerres, se font discrets et souvent, ambigus. 

Qui d’entre vous a envoyé des lettres pastorales, à être lues dans toutes les églises de vos diocèses, dénonçant l’intervention armée de l’OTAN en Libye et les ambitions de conquête des belligérants un peu partout dans le monde? C’est évidemment plus compromettant que de parler des moyens contraceptifs, de l’avortement, du mariage des personnes de même sexe, des méfaits du terrorisme, sans toutefois, dans ce dernier cas, en préciser ses différents visages. En somme, un discours complaisant pour les puissants et trompeur pour les humbles de la terre.

On raconte que lors du Concile Vatican II, un groupe d’évêques, réunis autour de Don Helder Camara, avait conclu un pactele pacte des Catacombes, visant à ce retour auprès des pauvres et à ce dépouillement inévitable pourque ce retour  soit pleinement authentique. De toute évidence, un geste prophétique. Il aura été une inspiration pour plusieurs évêques du Tiers-Monde dont certains seront morts martyrs. Mgr Oscar Romero, de San Salvador, est l’un de ceux-là. 

Il est évident que dans le cadre de cette tradition évangélique, les prétendants aux hautes fonctions ecclésiales seraient moins nombreux. Les luttes de pouvoir se transformeraient en mille excuses pour ne pas être de la compétition. Les bidonvilles, les fonctions sans honneur et sans prestige, les affrontements inévitables avec les puissances qui s’imposent aux laissés pour compte, tout cela n’aurait pas de quoi attirer les carriéristes et les ambitieux. 

Alors, en tant que croyant et membre de l’Église catholique, je vous demande, quelles sont vos priorités, comme pasteurs et successeurs des apôtres, pour que le Règne de Dieu, inauguré en Jésus, soit proclamé avec force et courage dans chacun de vos diocèses et dans l’Église universelle. Il s’agit bien d’un Règne de justice, de vérité, de solidarité, de compassion et d’amour. Comment voulez-vous que le monde croit en ce message si les lois qui vous régissent, comme institution et comme autorité, s’inspirent davantage de celles qui régissent les puissances de ce monde que de celles qui s’inspirent du Règne de Dieu, inauguré en Jésus? 

« Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. » Mt. 6,25 

Le temps n’est-il pas venu de choisir entre une Église de culte et de sacramentalité et une Église, phare et témoin d’humanité?

Oscar Fortin

Québec, le 30 juin 2011

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http://www.ecoutetpartage.fr/spiritualite.htm#Le_Pacte_des_Catacombes frontière, habitée par l'amour, la joie, le partage, la sincérité. Nombreux sont les bras tendus qui t'y attendaient pour enfin te serrer fortement sur leur cœur et t'envelopper de ces fleurs aux parfums éternels. Cette joie retrouvée est un baume de grande fraicheur sur la douleur que ton départ laisse en tous ceux et toutes celles qui t'ont profondément aimée. Par le dedans de nos cœurs nous continuerons à te parler, à te raconter nos peines et nos joies, à chanter et à danser avec toi. Par le quotidien de nos vies nous nous inspirerons de ton éternel sourire, de ta patience légendaire et de ta grande foi.