mercredi 18 mai 2005

FIDEL CASTRO ET LE TERRORISME


Depuis le 11 septembre 2001, nous sommes beaucoup plus sensibles au terrorisme qui se manifeste un peu partout dans le monde. Nous comprenons les gouvernements qui prennent des mesures exceptionnelles pour se protéger contre ces actions dont l’objectif premier vise la déstabilisation des gouvernements et l’insécurité des populations. Les Etats-Unis, le Canada et la majorité des pays d’Europe ont mis en place des ententes de collaboration pour contrer l’infiltration des terroristes sur leur territoire et parer, autant faire se peut, à leurs actions terroristes. La solidarité à laquelle a donné lieu l’écroulement des Tours et la sympathie qui en a résulté un peu partout à travers le monde n’ont pas échappé au peuple cubain et à son leader. Dès les premières heures suivant l’effondrement des Tours, Fidel Castro a offert la collaboration du peuple cubain à l’administration Bush pour mener à terme la lutte contre le terrorisme.

En ce mardi, 17 mai 2005, plus d’un million de cubains, hommes, femmes et enfants, ont répondu à l’appel de leur Président pour condamner de nouveau haut et fort le terrorisme et pour protester avec autant de vigueur contre le double langage de l’Administration Bush. À cette occasion, Fidel Castro a pris brièvement la parole (12 minutes) pour exprimer de nouveau la solidarité de Cuba pour mener la lutte au terrorisme et réclamer plus spécifiquement de l’Administration Bush les mesures appropriées contre Orlando Bosch et Luis Posada Carriles, terroristes bien connus en Amérique latine, ayant à leur crédit des centaines d’attentats et des milliers de morts. Pour éviter de déformer la pensée du leader cubain, je lui laisse la parole.

Allocution de Fidel Castro Ruz, président de la République de Cuba, au début de la grande marche du peuple combattant contre le terrorisme, le 17 mai 2005

Compatriotes

Le peuple cubain n’a pas cessé de lutter depuis le 10 octobre 1868, soit cent trente-sept ans, d’abord contre le colonialisme espagnol, ensuite contre la politique expansionniste et impérialiste des dirigeants étasuniens.

C’est le 1er janvier 1959 qu’il a conquis pour la première fois sa pleine souveraineté politique et qu’il a commencé à devenir vraiment le gouvernement de la nation, après avoir liquidé une tyrannie sanguinaire imposée de l’étranger. Depuis, noble et héroïque, il n’a cessé de lutter un seul jour pour défendre son droit au développement, à la justice, à la paix et à la liberté. C’est parce qu’il s’efforce de concrétiser une aspiration aussi juste et imprescriptible que notre pays a fait l’objet de la guerre économique la plus prolongée de l’histoire et d’une campagne de terrorisme féroce qui n’a pas cessé depuis plus de quarante-cinq ans.

L’un des premiers actes de cette nature et l’un des plus sanglants a été le sabotage du bateau la Coubre dans le port de La Havane, qui a fait cent un morts et des centaines de blessés.

L’invasion de la baie des Cochons, déclenchée le 17 avril 1961 par une force militaire qu’avait organisée, entraînée et équipée le gouvernement étasunien, a été précédée d’une attaque surprise aérienne réalisée par des bombardiers étasuniens peints aux couleurs de nos propres forces de l’air. Les envahisseurs furent transportés jusqu’à notre territoire par des unités navales étasuniennes, escortées et protégées par des bâtiments, des avions et des troupes des USA qui attendaient l’occupation d’une tête de pont par des mercenaires, pour appuyer avec la complicité de l´OEA, un gouvernement provisoire qui n´a même pas eu le temps de quitter la Floride.

Par ailleurs, dès les premiers moments de la Révolution, des groupes armés furent disséminés dans tout le pays, qui assassinèrent des paysans, des ouvriers, des enseignants et des alphabétiseurs ; qui mirent le feu à des logements et détruisirent des centres agricoles et industriels. La population et l’économie du pays furent victimes de sabotage aux produits incendiaires et à l’explosif. Nos ports, nos cargos et nos bateaux de pêche furent aussi constamment attaqués. Des installations et des personnes diplomatiques à l’étranger firent l’objet d’attaques à l’explosif et aux armes à feu. Des fonctionnaires diplomatiques furent assassinés, enlevés ou mutilés. Nos avions de passagers ont fait l’objet de sabotages, et l’un d’eux explosa en plein vol au décollage de la Barbade, le 6 octobre 1976, engloutissant tous ses passagers en mer à des centaines de mètres de profondeur.

Des vecteurs attaquant la vie des êtres humains, ou celle des animaux domestiques et des plantes destinées à l´alimentation du peuple, ont été introduits à plusieurs reprises dans notre pays.

Ces méfaits ont été mis au point par les administrations étasuniennes et par leurs services secrets, et leurs auteurs ont été entraînés par eux.

C’est précisément pour détruire la Révolution cubaine que les dirigeants des Etats-Unis ont peaufiné et développé le terrorisme, au sens le plus moderne et le plus dramatique du terme, autrement dit celui qui recourt à des moyens, à des techniques et à des explosifs très puissants et perfectionnés, et ce terrorisme n’a pas cessé un seul instant depuis maintenant quarante-cinq ans, dans l’île et hors de l’île.

Orlando Bosch et Luis Posada Carriles, les représentants les plus sinistres du terrorisme d’Etat impérialiste contre notre peuple, ont réalisé des dizaines d’actions atroces dans de nombreux pays d’Amérique, y compris aux Etats-Unis. Des milliers de Cubains ont perdu la vie et sont restés mutilés à cause de ces actes d’une lâcheté abominable.

Les institutions et les services étasuniens qui ont entraîné les terroristes d’origine cubaine ont aussi entraîné avec soin, on le sait, ceux qui ont perpétré le 11 septembre 2001 la brutale attaque contre les tours jumelles de New York au cours de laquelle des milliers d’Etasuniens ont perdu la vie.

Posada Carriles n’a pas seulement participé aux côtés d’Orlando Bosch – alors chef de la Coordination des organisations révolutionnaires unies (CORU) fondée par la CIA – à la destruction de l’avion de passagers cubain ; pendant de nombreuses années, il a organisé sans succès des dizaines d’attentats contre les plus importants dirigeants de la Révolution cubaine et fait exploser de nombreuses bombes dans des hôtels touristiques cubains, tandis que Bosch, censément fuyard de la justice étasunienne, a participé aux côtés des organes de répression d’Augusto Pinochet, à l’enlèvement et à l’assassinat d’importantes personnalités chiliennes, comme Carlos Prats et Orlando Letelier, à la disparition de nombreux militants antifascistes chiliens, à l’enlèvement et à l’assassinat de diplomates cubains. Il a ordonné depuis la prison au Vénézuela à ses sicaires des plans terroristes. Ces sinistres personnages ont toujours agi aux ordres des administrations et des services secrets des USA, ce qui explique pourquoi ils ont constamment été exonérés de toute faute et de toute peine, pourquoi le président Bush père a gracié Orlando Bosch, et pourquoi le président Bush fils tolère depuis des semaines la présence aux Etats-Unis de Posada Carriles, en violation flagrante des lois de ce pays de la part de ceux qui ont la plus grande responsabilité de protéger le peuple étasunien d’attaques terroristes.

Toutes les actions terroristes de Posada Carriles, y compris les bombes posées dans des hôtels de La Havane et les plans d’attentat contre les dirigeants, ont été financées par les administrations étasuniennes à travers la sinistre Fondation nationale cubano-américaine, créée en 1981 par Reagan et Bush. On ne saurait agir d’une façon plus sordide ni plus hypocrite.

Cette marche, je l’ai dit et je le répète, n’est pas tournée contre le peuple étasunien : il s’agit d’une marche contre le terrorisme, en faveur de la vie et de la paix de notre peuple et du peuple étasunien frère aux valeurs morales duquel nous faisons confiance.

À bas le terrorisme !
À bas les doctrines et les méthodes nazies !
À bas le génocide !
À bas le mensonge !
Vivent la solidarité, la fraternité et la paix entre les peuples !
Vive la vérité !

En avant, courageux soldats des nobles idées, qui méprisez la crainte, qui méprisez l´immense pouvoir de l´adversaire, qui méprisez les dangers : l’humanité a soif de justice !

Présenté par

Oscar Fortin

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