Avec raison, le monde se dissocie de ce terrible attentat en Norvège qui a fait 76 morts et des dizaines de blessés. L’auteur de cette tuerie, un homme dans la trentaine, muni d’armes et de munitions, a froidement visé et tué ses victimes. Il répondait ainsi à un impératif idéologique et politique au service de valeurs inspirées du nazisme et du fondamentaliste chrétien. De ses écrits, il ressort qu’il s’affirmait contre l’ouverture au multiculturalisme, au marxisme et à toute forme de solidarité s’exprimant, entre autres, à l’encontre du sionisme.
De partout, les chefs d’État et de Gouvernement ont condamné en des termes forts cette tuerie. Les pays, membres de l’OTAN, n’ont pas fait exception. Pareille action est tout à fait inadmissible. Son auteur doit être jugé et condamné.
Pourtant, au même moment, les pays, membres de l’OTAN, continuaient de bombarder des cibles civiles en Libye. Il y a un peu plus d’une semaine, c’était un hôpital et une école.
Il y a quelques jours c’était le Centre national des télécommunications à Tripoli qui était démoli. Dans ce dernier cas trois personnes y ont trouvé la mort et quinze autres ont été blessées.
Le motif était d’empêcher le Président Kadhafi de s’adresser au peuple libyen. Dernièrement, plus de 1 million et demie de ces citoyens et citoyennes, sur une population totale de moins 6 millions d’habitants, s’étaient réunis pour appuyer le Président Kadhafi.
Une autre de ces manifestations monstres était en préparation, de quoi faire rougir les responsables de l’OTAN qui proclament sur toutes les tribunes que Kadhafi est seul et que le peuple n’en veut plus. Ainsi, les pays qui se font les apôtres de la liberté d’expression ont détruit les infrastructures de télécommunication qui permettaient, entre autres, à Kadhafi de s’adresser à son peuple.
Depuis le début de cette intervention de l’OTAN, 1 118 personnes sont mortes, des milliers d’autres ont été blessées, toutes victimes de plus de 6 086 attaques avec bombes et missiles et près de 16 000 opérations aériennes. Eux aussi répondent à des impératifs idéologiques et politiques : la reconquête des zones d’influence au Moyen Orient et en Afrique ainsi que l’appropriation des richesses que renferment ces pays.
Dites-moi, quelle est la différence entre le pilote des F-16 ou autres qui largue des bombes et des missiles sur des cibles civiles libyennes et le tireur de la Norvège qui met dans sa mire des civils suédois? Lorsqu’on nous montre la scène des 76 morts d’Oslo et les débris de l’édifice à moitié détruit par des charges de dynamites, le monde, et avec raison, se scandalise. Mais lorsque ce sont des avions de l’OTAN et des mercenaires à leur solde qui détruisent les infrastructures de tout un pays, tuant des civils et en blessant des milliers d’autres, c’est le silence complet. Les morts, les bombardements, les destructions d’infrastructures y compris des dépôts alimentaires desquels dépend l’alimentation de la population, tout cela devient normal. Ce sont, nous disent-ils, des actions humanitaires. N’allons surtout pas croire qu’il s’agit d’une guerre. Le président Obama l’a confirmé au Congrès de son pays qu’il ne s’agissait pas d’une guerre.
Pourquoi ne retrouvons-nous pas pour les tueries en Libye cette même horreur que ressentent nos élites bien pensantes lorsqu’il est question de la tuerie d’Oslo ? Serait-ce que nos états d’âme dépendent moins des crimes commis que des intérêts recherchés? Sommes-nous devenus à ce point amnésiques à nos propres crimes? Des questions fort pertinentes à ceux et celles qui ont la larme facile devant certaines horreurs alors qu’ils et qu’elles demeurent sans état d’âme devant certaines autres.
Le rôle joué par les médias est de plus en plus important. Ce sont eux qui étalent les horreurs des uns et taisent les horreurs des autres ou encore qui amplifient les crimes des uns et bonifient les tueries des autres. Les morts provoqués par l’ennemi sont des crimes contre l’humanité et ceux provoqués par les alliés deviennent des actions humanitaires. À ce sujet je vous invite à lire quelques références.
Oscar Fortin
Québec, le 1ier août 2011
http://humanisme.blogspot.com
1 commentaire:
Oui Oscar.
Quand l'humain ne domine pas son cerveau reptilien, il se fait aussi barbare qu'un crocodile affamé.
Et dans l'esprit des médias, massacrer pour des idées (Oslo) constitue un crime plus grave que massacrer pour de l'argent (Libye).
Tant qu'à être barbare, autant que "cela rapporte quelque chose".
Mes parents ont connu la guerre et je suis née dans une Normandie dévastée par les bombardements du 6 juin 40. Quant à Hiroshima ...
Une seule chose à espérer pour une population : ne point connaître de conflits armés. Et comme ce sont "les élites" dirigeantes qui décident de fait, alors croisons les doigts.
A bientôt, ici ou sur Golias.
Agnès.
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