« Après avoir vainement tenté d’assiéger Troie pendant dix ans, les Grecs ont l’idée d’une ruse pour prendre la ville : Épélos construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats, menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d’accepter l’offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est alors tiré dans l’enceinte de la Cité pendant que ses habitants célèbrent le grand évènement. Lorsque ces derniers sont emportés par la torpeur de l’alcool, la nuit, les Grecs sortent du Cheval et ouvrent les portes, permettant au reste de l’armée d’entrer et de piller la ville.
Ulysse, ce personnage mythique à l’intelligence exceptionnelle nous dit qu’il s’agit dans ce cas d’une ruse. Elle se distingue de la tricherie mais aussi du délit (du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l’usage, du jeu, de l’art, de la société, ou des accords internationaux. En l’espèce de l’art de la guerre chez les grecs, il s’agit plus particulièrement d’une ruse de guerre. »
NOS GUERRES DE CONQUÊTES
Les ruses déployées par l’Empire étasunien pour s’approprier le contrôle des pays et des richesses qui s’y trouvent ne sont pas sans rappeler cette légende ancienne. Une ruse qui se couvre de la légalité des grandes institutions internationales sur lesquelles il a plein contrôle. Que ce soit la commission des droits de la personne des Nations Unies ou encore la Cour pénale internationale, il se présente devant l’opinion publique avec la force de la légalité de ses projets.
Son Cheval de Troie, comporte plusieurs membres, tous aussi crédibles les uns que les autres.
D’abord, disons que la tête de ce cheval est tout ce qu’il y a de plus humanitaire et de gratuit, de générosité et de sacrifice. Elle est au service des plus délaissés, persécutés, abandonnés.
La partie centrale du cheval, celle qui porte le valeureux cavalier, est l’OTAN, bras armé dont le seul objectif est de sauver la vie d’innocentes victimes. Ses interventions ne peuvent être qu’humanitaires. Ce corps central repose sur quatre pattes que sont :
1) les organisations multilatérales des droits de la personne et des peuples qui émettent des avis favorables pour une intervention humanitaire. Leur dépendance de l’Empire lui assure des avis qui iront toujours dans le sens souhaité.
2) les regroupements régionaux de pays s’unissent pour en faire tout autant. Ce sera la Ligue arabe, l’Organisation des États américains ou tout autre regroupement sur lesquels le contrôle est absolu.
3) une opposition en exil, prête à prendre la relève des dirigeants sanguinaires et à assurer le changement de régime. Pour la Libye ce fut le Conseil national de Transition et pour la Syrie, le Conseil de transition syrien. Ces instances reçoivent vite la reconnaissance internationale de tous les alliés de l’Empire.
4) les médias de communication sont la quatrième patte du Cheval de Troie, mais non la moindre. Elle est celle qui a pour mission de diaboliser l’adversaire et les résistants, au point de les rendre les plus haineux et despotes possible. Cette quatrième patte a également pour mandat de déifier, autant faire se peut, le caractère humanitaire de ceux et celles qui se portent au secours d’un peuple à l’agonie d’une souffrance inacceptable.
Alors ce chevai, devenu une véritable divinité, est reçu comme le grand sauveur en qui tous les espoirs sont permis. Mais voilà qu’une fois passés les jours de liesse, les yeux s’ouvrent et là, les plus lucides découvrent la ruse. Le Cheval de Troie, si beau à l’extérieur, portait dans son ventre tous les prédateurs, prêts à piller et à s’emparer des richesses du pays et à prendre le contrôle des institutions politiques, économiques et sociales du pays.
Une ruse qui se réalise en toute légalité et conforme à l’art de la guerre. De quoi dormir la conscience tranquille. Mais voilà que la ruse du Cheval de Troie est de plus en plus mise à découvert et que les peuples et les nations en découvrent toute la tricherie, l’hypocrisie et l’inhumanité. Le temps des masques qui tombent semblent arrivé.
Oscar Fortin
Québec, le 4 décembre 2011
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