Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Venezuela
est mis à l’épreuve des forces oligarchiques nationales et des politiques
agressives de Washington. Depuis l’élection d’Hugo Chavez, en 1998, de l’adoption d’une nouvelle constitution , en 1999, d’une nouvelle élection
présidentielle, conformément à la nouvelle constitution, en 2000, les anciens maîtres du
Venezuela ne déragent plus. Oligarchies nationales, cupule ecclésiale et
Washington serrent les rangs pour briser à sa racine ce nouveau régime.
Dès 2002, une première tentative de coup d’État qui n’aura duré que quelques heures aura mis au grand jour les
adversaires de la révolution bolivarienne. On se souviendra qu’avec l’aide de
certains hauts gradés de l’armée, l’oligarchie nationale prit le contrôle des
lieux décisionnels de l’État. Chavez fut transporté dans un lieu secret et les
principaux acteurs de ce coup militaire (le patronat, la hiérarchie ecclésiale,
les représentants oligarchiques et les médias meanstream célébrèrent cette
victoire, le temps que le peuple et une partie de l’armée, restés fidèles à
Chavez, interviennent et mettent fin à la fête. Chavez est aussitôt localisé,
libéré et ramené au poste auquel le peuple l’avait élu, à savoir celui de
Président.
En 2004, selon une procédure prévue par la
constitution, les opposants de Chavez font campagne afin d’obtenir suffisamment
de signatures pour demander sa destitution. Un référendum a lieu et Chavez en sort encore plus fort. Il peut compter sur la
majorité du peuple. À la même époque, mai 2004, 126 Colombiens, paramilitaires
en mission au Venezuela, sont capturés. Ils avaient pour mission d’assassiner
Chavez et de déstabiliser le gouvernement par des actions de sabotages. À cette
époque, la Colombie est sous la gouverne d’Alvaro Uribe.
Cette guerre souterraine contre Chavez et
la nouvelle démocratie, celle du peuple pour le peuple, n’a jamais cessé. Les
oligarchies et Washington avec la collaboration de la Colombie ne décolèrent
toujours pas.
En mars 2013, le président Chavez meurt
d’un cancer bien mystérieux. Cette mort donne un nouvel espoir à ses
adversaires, celui de reprendre le contrôle du pays et des richesses
pétrolières. À ces objectifs s’ajoute également le sabotage des organismes
régionaux d’intégration et d’unification des pays de l’Amérique latine et des
Caraïbes. Il faut penser à UNASUR,
MERCOSUR, ALBA,
CELAC.
Dans aucun de ces organismes ne figurent les États-Unis et le Canada.
L’élection présidentielle du 14 avril dernier
donna gagnant Nicolas Maduro, le candidat désigné par Chavez. Sa victoire a été
bien en deçà de ce que les sondages disaient, mais il en est sorti gagnant.
Une élection qui s’est déroulée dans un
climat de paix et sous l’œil vigilant de plus de 300 observateurs étrangers. Une
victoire, reconnue par tous des pays de l’Amérique latine. Les États-Unis sont
le seul pays qui ne reconnaît pas les résultats de cette élection. En cela, l’Administration
Obama apporte tout son soutien à l’opposition vénézuélienne sous la direction
du candidat perdant, Henrique Capriles. Il faut préciser que ce dernier avait
refusé, tant avant que pendant l’élection, de reconnaître les résultats de
l’élection. Ces derniers jours, le Conseil électoral national a rendu publiques
les conclusions de la révision totale des résultats de la dernière élection. À 99.009 %,
ces résultats confirment ceux du 14 avril 2013.
Le soir des élections, le candidat perdant, Henrique Capriles a invité ses partisans
à aller manifester et à exprimer leur colère. Ce fut le début de nombreux saccages dans des lieux publics, dans des centres
médicaux, dans des locaux du Coneil national électoral et ainsi que de nombreux
blessés et de plusieurs morts. La nuit du 15 avril demeurera une page tragique
de l’histoire vénézuélienne.
« Dès l´annonce de Capriles, des groupuscules néofascistes déferlent dans les
rues du pays. Des symboles du chavisme sont détruits, des militants attaqués et
assassinés, des petits commerces sont saccagés et brûlés. On dénombrera 7 morts
et 61 blessés, par balle pour la plupart. Cinq sièges régionaux du Parti socialiste
Uni du Venezuela (Psuv) sont dévastés par les flammes, tout comme douze
cliniques populaires où officient des médecins cubains. »
Le 26 mai, Jos Biden arrive à Bogota pour une rencontre avec le président
Santos. Il vient donner le signal d’une nouvelle offensive contre le Venezuela.
En effet, à peine reparti de Bogota pour le Brésil, le président Santos reçoit
officiellement Enrique Capriles, cet opposant qui n’a jamais voulu reconnaître
les résultats de l’élection du 14 avril en dépit du fait que tous les pays de
l’Amérique latine, y incluant la Colombie, les aient reconnus et que tous les
observateurs internationaux en aient confirmé la pleine crédibilité. Capriles, c’est,
également, celui qui a incité à la violence laquelle a fait plus de 63 blessés
et 7 morts.
Le Venezuela est en colère. Les principes de bonne entende, établis en 2010
entre les deux gouvernements, viennent se heurter à un autre agenda qu’a la Colombie.
Les médias meanstream trouvent la réaction du Venezuela exagérée et présentent
l’événement comme quelque chose de normal et d’interne à la Colombie.
Pour le président Maduro, il ne s’agit pas d’un événement normal, relevant
de la seule souveraineté de la Colombie. Cette colère vient du fait que le
président Santos était bien au fait des crimes de Capriles et qu’il sait
pertinemment que la dernière élection, sanctionnée par le Conseil électoral
national, instance suprême de validation de toute élection, est la référence à
prendre en considération. D’ailleurs, ce même président Santos avait participé
avec tous les membres d’UNASUR pour discuter des élections au Venezuela et de la
légitimité du président Nicolas Maduro. Tous, sans exception, y compris Santos,
avaient alors reconnu la validité de l’élection et confirmé leur soutien au
nouveau Président.
Imaginons un seul instant que le Président du Venezuela reçoive
officiellement le chef des groupes armés qui veulent renverser le gouvernement colombien !
Que se passerait-il alors de la part des autorités colombiennes et de ses
alliés ? Ce serait, à n’en pas douter un motif suffisant pour couper
toutes les relations diplomatiques entre les deux pays.
Ce n’est pas tout. Deux jours à peine après cette rencontre explosive, le
président Santos annonce son intention de demander l’intégration de la Colombie
à l’OTAN. Une autre intervention qui vient semer la confusion dans les
relations des pays de l’Amérique latine qui ont déjà décidé de faire de ce
territoire une terre de paix. Sur ce point précis de l’OTAN, je vous invite à
lire cet excellent article d’Alberto Rabilotta.
Depuis, les évènements se succèdent.
D’abord deux groupes
de paramilitaires colombiens ont été arrêtés, début juin, en sol
vénézuélien. Leur mission devait les conduire jusqu’à Caracas pour y assassiner
le Président et d’autres personnalités du gouvernement.
Vient par la suite cette
information, transmise par le journaliste et ancien vice-président du
Venezuela, Jose Vicente Rangel, à l’effet qu’une représentation de la
opposition s’est rendue à San Antonio, Texas, pour y acheter 18 avions de
guerre à être livrés sur une des bases militaire étasuniennes en Colombie.
Je termine ce survol d’évènements avec cette double information. La
première porte sur l’audience privée que le pape François accordera au
président Maduro, lundi, le 17 juin. Une rencontre à suivre de près.
La seconde est que trois représentants de l’opposition vénézuélienne seront
reçus, deux jours plus tard, par le
grand patron de la diplomatie vaticane. Il semblerait que ce soit pour réclamer
la libération des soi-disant prisonniers politiques au Venezuela.
Ce dernier point met en relief les relations privilégiées qu’a cette
opposition avec l’épiscopat et le nonce apostolique vénézuéliens. À ma
connaissance, c’est la première fois qu’une telle requête est présentée par une
opposition politique à un si haut niveau. En général, elle s’adresse à
l’épiscopat national qui voit ou non la pertinence d’en saisir le Nonce
apostolique et par la suite ce dernier décide de s’en faire ou pas l’avocat
auprès des plus hautes autorités de l’Église. D’autant plus que le Venezuela
n’a pas la réputation d’avoir des prisonniers politiques, à tout le moins, pas depuis
l’arrivée de Chavez à la Présidence, en 1998.
On verra bien ce que la presse internationale va nous en dire de ces deux
rencontres. Je vous promets que je vais y être attentif.
Il n’y a pas de doute que la presse internationale meanstream sera là pour
recueillir les commentaires et observations de ces représentants de
l’opposition. Sur la rencontre du Président avec le Pape, il faudra, sans
doute, que des scribes de l’information alternative prennent la relève.
Bonne journée à vous tous et toutes qui avez eu le courage de me lire
jusqu’à la fin.
Oscar Fortin
Québec, le16 juin 2013
http://humanisme.blogspot.com
Aucun commentaire:
Publier un commentaire