dimanche 8 avril 2012

UNE ÉGLISE INSTRUMENTALISÉE





Ce n’est pas d’aujourd’hui que Benoît XVI se prête subtilement à ce que ses propos ou ses silences puissent servir de combustible à certaines forces dominantes de nos sociétés occidentales. 

Que l’on pense à son silence lors des journées mondiales de la jeunesse, en aout 2011, alors que l’OTAN bombardait sans arrêt les villes et les populations de Libye et que les mercenaires tuaient et massacraient d’innocentes victimes. L’occasion lui était donnée de lancer un appel au monde et aux forces de l’OTAN de mettre un terme à autant de violence. Il n’en fit rien. Pas un mot.

Aujourd’hui, à l’occasion de sa bénédiction ORBI ET URBI, moment de grande audience mondiale, il parle de la violence en Syrie en des termes suffisamment imprécis pour que chacun puisse en tirer ce qu’il en veut. Pourtant, il dispose de suffisamment d’informations pour savoir que des mercenaires étrangers, financés par des pays de la région et d’ailleurs, sèment la terreur au sein de la population syrienne. Il sait qu’un référendum a eu lieu, donnant une forte majorité à l’adoption d’une nouvelle constitution et qu’une élection parlementaire est prévue pour mai prochain. Il sait que le Gouvernement syrien a donné tout son appui pour que la mission de Kofi Annan donne les résultats escomptés. Il ne peut ignorer que les forces armées de l’opposition n’ont pas encore donné leur accord à ce plan de Kofi Annan et qu’ils poursuivent leurs actions terroristes dans le pays. Benoît XVI sait tout ça et encore davantage à partir des correspondances de Sœur Agnès Myriam et de nombreux autres intervenants . Il faut ajouter à ces deux témoignages ce tout dernier

Il parle également de la communauté internationale sans que l’on sache exactement à quelle communauté internationale il se réfère. S’agit-il de la Ligue arabe et du bloc des amis du peuple syrien? Pense-t-il au Conseil de sécurité et des préoccupations exprimées par la Russie et la Chine? S’en tient-il à la mission de Kofi Annan qui doit faciliter le cessez de feu et la résolution pacifique des problèmes? Sur ces trois points, son discours n’apporte aucune précision, aucun éclairage. Pourtant, là encore, il sait que la paix ne saurait être possible sans un engagement de toutes les parties au conflit à mettre fin à la violence armée. Il sait que le Qatar, la Turquie, Washington et la France alimentent en argent et en technologie les forces armées de l’opposition et qu’ils utilisent toutes les astuces pour présenter le régime d’Al Assad comme le seul responsable de ces tueries. Il sait évidemment tout cela, mais il n’en parle pas. Il ne peut ignorer les efforts déployés par la Russie et la Chine et plusieurs autres pays comme le Venezuela et les pays membres de l’ALBA à l’effet qu’il faut que les pays qui veulent le changement de régime à Damas reviennent aux normes du droit international et qu’ils s’appliquent à les respecter. De tout cela pas un mot de la part de Benoît XVI. Trop de détails pourraient nuire aux amis.

Pas surprenant que les Agences de presse de l’Occident (AFP, PC, et leurs satellites comme radio-Canada) s’emparent de propos aussi imprécis pour leur donner le sens qui sert le mieux ceux qui les paient. Peut-on le leur reprocher, sachant qu’ils sont au service, non pas de l’information, mais de ce qui sert le mieux les régimes au service desquels ils se consacrent.

Ce matin en ouvrant ma radio, j’entends cette nouvelle « Le pape Benoît XVI lance un appel au régime syrien : « Que cesse l'effusion de sang et que soit entrepris sans délai le chemin du respect, du dialogue et de la réconciliation, comme le souhaite la communauté internationale », a dit Benoît XVI, devant plus de 100 000 fidèles massés sur la place Saint-Pierre de Rome, au Vatican. À aucun endroit il ne mentionne le régime syrien, mais les apôtres de l’occident le préciseront.

N’attendez pas une mise au point du Vatican, à l’effet que son appel s’adressait à toutes les parties impliquées dans le conflit.

Dire que le message de la nuit de Pâque portait principalement sur la lumière, cette lumière qui met à nue les mensonges, les manipulations, les crimes commis. Une occasion toute indiquée pour faire appel au professionnalisme des journalistes et des agences de presse pour que la vérité soit véhiculée et que les tricheries soient dénoncées.

Il est plus facile de parler d’un monde sans dieu, enfermée dans l’obscurité de l’ignorance que de mettre des noms sur les criminels et d’indiquer les voies par où passe la lumière de la vie ouvrant sur un monde de solidarité et d’amour.

L’Église est dominée par les forces impériales occidentales qui en ont pris plein contrôle, lui faisant ainsi perdre son âme qui la mettait au service de la vérité, de la justice, de la solidarité et de l’humanité entière.

Oscar Fortin, en ce jour de Pâque
Québec, le 8 avril 2012


3 commentaires:

Marius MORIN a dit...

Dans les années soixante, le concile Vatican II a contribué à une plus grande mondialisation de l’Église. Comme Institution, elle s’est liguée aux grands pouvoirs, elle ne parle plus, ne dénonce plus et marche main dans la main avec la nouvelle gouvernance mondiale. Un grand nombre d’hommes et de femmes de bonne volonté, épris de justice et de paix, animés des meilleures intentions, se sentent abandonnés dans leur lutte par cette institution que représente le pape. Quel mal ronge cette église ? Quels sont les clés pour comprendre sa décrépitude et intervenir ?
Marius MORIN

Oscar Fortin a dit...

Merci, Marius pour ton commentaire que j'avais noté sur Vigile. Je ne te cacherai pas que ce type d'intervention de Benoît XVI m'a vraiment bouleversé. D'abord du fait de la récupération par nos médias d'une partie de son intervention à laquelle ils ont ajouté, de leur propre chef, celui à qui ils ont décidé qu'il était destiné, à savoir le gouvernement syrien. Ensuite le style flou utilisé qui ouvre la porte à tout sans vraiment dire quoi ce soit de concret.

Je me demande si je ne mettrai pas en ligne ce texte que je t'avais déjà soumis et que j'avais finalement retenu dans mes archives. Il concernait tout autant J"P"II que B.16. Tu sais que me viens souvent à l'esprit ce texte de Mt.24,14-15 où il est question de la présence dans le lieu saint de l'abomination de la désolation. Je lisais aujourd'hui que l'OPUS Dei est de mèche avec Aznar, Uribe et l'opposition vénézuélienne pour contrer par tous les moyens l'élection de Chavez.

Qui mène et contrôle le Vatican?

Merci pour ton commentaire.

Anonyme a dit...

Bonjour M Fortin

Moi aussi je me pose la question a savoir si présentement nous avons un pape assis là ou il ne faut pas?

G de la Vallières