UN MUR DU SILENCE TAIT LE VISAGE HUMAIN D’UNE SOCIÉTÉ
SOLIDAIRE ET INDÉPENDANTE
L’occasion m’a été donnée d’entendre le ministre des Relations extérieures de Cuba, en visite au Canada du 3 au 6 octobre dernier. Les propos tenus devant une cinquantaine de personnes m’ont inspiré diverses réflexions dont celles qui arrivent rarement jusqu’à la grande majorité de la population. À ce que je sache personne n’a vraiment fait écho à cette visite.
Nous plaçons au cœur de nos sociétés les grandes valeurs que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne consignés tout autant dans la Charte des Nations Unies que dans celles du Canada et du Québec . Chacun n’a-t-il pas le droit, en effet, de s’exprimer et de participer au développement de la société politique, économique, culturelle et sociale ? Nous élisons nos représentants aux divers paliers de gouvernements et nous avons le droit d’intervenir dans les débats qui interpellent le devenir de nos sociétés tant sur le plan national qu’international. N’est-ce pas là le cadre d’une société idéale ?
Pourtant, il y a à redire sur cette liberté, cette démocratie, ce respect du droit des personnes. Ne sommes-nous pas de plus en plus les otages d’une société à laquelle échappent les principales ficelles du pouvoir qui en assure le fonctionnement ? La liberté dont nous disposons ne nous retient-elle pas à l’intérieur de certaines frontières au-delà desquelles elle ne peut rien ? Le droit des personnes dont nous nous targuons ne se ramène-t-il pas trop souvent à ceux de nos sociétés comme si ces droits n’étaient pas les mêmes pour les personnes des autres sociétés ?
Nos représentants politiques sont élus sur la base de programmes électoraux qui se présentent moins comme le cadre précis à l’intérieur duquel s’exercera leur pouvoir que comme des appâts permettant d’attirer le plus grand nombre de votes. Les sommes toujours plus astronomiques dont doivent disposer les partis politiques pour charmer les électeurs sont souvent inversement proportionnelles à la profondeur de la pensée politique des candidats. Les élections réalisées, les élus en place, les ministres nommés, les promesses sont aussitôt placées en périphérie de questions plus importantes, discutées celles-là, avec les véritables détenteurs des pouvoirs. Nous n’avons qu’à penser aux positions adoptées par nos représentants au G8, à celles prises aux Nations Unies ou encore les décisions sur les grandes questions comme celles de l’armement, de la mondialisation, des systèmes financiers internationaux, de la pauvreté, des abris fiscaux ou encore de notre engagement dans telle ou telle guerre. Quand consultent-ils la population pour décider de ces questions ? Ces dernières ne font jamais l’objet de consultation électorale ou référendaire. Pourtant, c’est bien ce que la démocratie dont nous nous faisons les apôtres exigerait.
Il en va un peu de même lorsque nous voulons nous exprimer et participer au devenir de notre société. Il nous faut le faire à l’intérieur des espaces qu’on veut bien nous autoriser ? Si nous le faisons par des articles et la parole, les medias ne prendront en compte que les articles et les interventions qu’ils voudront bien. Les sujets abordés, les questions soulevées sont laissés à leur discrétion. Il est vrai que nous pouvons toujours développer nos propres medias…. Mais qui peut concurrencer les empires financiers qui ont, sur le marché des communications, la force de l’argent et du pouvoir? L’information n’est-elle pas le nerf de la guerre ? Celui qui la contrôle a déjà sur ses adversaires une bonne avance. Le peuple se nourrit de ce qu’on veut bien lui transmettre. Mais le peuple devient malgré tout de plus en plus alerte et conscient….À ne pas oublier.
L’information relative à Cuba illustre bien ce contrôle qu’exercent ceux qui ont le pouvoir sur les medias. Ils ont le pouvoir de faire de certains des dieux et de certains autres des diables. Ils savent récupérer les valeurs qui inspirent les peuples, déformer les réalités à leur gré pour les ajuster à leurs objectifs et n’ont aucun scrupule dans l’usage du mensonge et de la manipulation. Ils ne retiendront que les articles ou interventions qui permettront de consolider leur point de vue et de noircir celui de l’adversaire. Ils ont des « soldats » préparés pour ce travail. Reporters sans frontière en est un bon exemple.
Où sont les articles de fond, les reportages étoffés qui mettent en évidence Cuba, son peuple, son gouvernement, son leader Fidel et plus que tout l’extraordinaire effort de développement dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la solidarité nationale et internationale ? Combien d’entre nous savent ce que signifie le blocus économique et politique que les États-Unis impose depuis plus de 45 ans ? Blocus qui va à l’encontre de toutes les lois internationales et qui est condamné par la très grande majorité des membres des Nations Unies ? Quelles sont les medias qui nous rappellent les effets dévastateurs de telles mesures ? Qui ose nous faire part de l’extraordinaire solidarité qu’a ce peuple avec ses 300 médecins oeuvrant en Haïti, ses 20 000 autres dans les zones les plus pauvres du Venezuela ? Qui nous parle des dizaines de milliers de bourses accordées à des étudiants étrangers de milieux défavorisés pour étudier la médecine pour mieux répondre par la suite aux besoins de leurs peuples? Combien ont entendu parler des cinq prisonniers cubains détenus dans des prisons aux États-Unis pour avoir infiltrer des groupes terroristes de Miami et les avoir dénoncés aux autorités compétentes. Au lieu d’arrêter et de juger les terroristes en question, l’administration étasunienne a plutôt choisi d’arrêter ceux-là mêmes qui se sont fait les apôtres de la lutte anti- terroriste.
Tous ces faits sont disponibles comme information auprès de nos agences de presse qui se gardent de bien de les relever, de peur que ce visage humain d’une société solidaire et indépendante nous la rendre sympathique. Que Cuba soit et continue d’être un pays du Tiers Monde, nous en convenons tous. Par contre il y a de ces valeurs sur lesquelles il a pris une assez bonne avance sur la plupart des pays en développement et sur un certain nombre de pays soit disant développés.
Puisse notre liberté se refléter dans notre capacité de reconnaître et de dire ces acquis de développement qu’un blocus criminel cherche à détenir depuis plus de 40 ans.
Chuschi -- «Depuis la mort de mon mari, il y a un an, ma fille de 14 ans n'allait plus en classe», avoue Fortunita Huaycha Aronez du Pérou. Gagnant huit sols (2,50 $) par mois, l'agricultrice de 55 ans ne pouvait plus payer les fournitures et les habits de la dernière de ses huit enfants. » Le DEVOIRÉdition du samedi 8 et du dimanche 9 octobre 2005
Où est la liberté de cette péruvienne et de toutes les autres qui vivent pareille situation ? À Cuba on a brisé, à tout le moins, les chaînes de l’analphabétisme et de la pauvreté extrême. Le respect des droits de la personne ne commence-t-il pas par là ?
Oscar Fortin
SOLIDAIRE ET INDÉPENDANTE
L’occasion m’a été donnée d’entendre le ministre des Relations extérieures de Cuba, en visite au Canada du 3 au 6 octobre dernier. Les propos tenus devant une cinquantaine de personnes m’ont inspiré diverses réflexions dont celles qui arrivent rarement jusqu’à la grande majorité de la population. À ce que je sache personne n’a vraiment fait écho à cette visite.
Nous plaçons au cœur de nos sociétés les grandes valeurs que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne consignés tout autant dans la Charte des Nations Unies que dans celles du Canada et du Québec . Chacun n’a-t-il pas le droit, en effet, de s’exprimer et de participer au développement de la société politique, économique, culturelle et sociale ? Nous élisons nos représentants aux divers paliers de gouvernements et nous avons le droit d’intervenir dans les débats qui interpellent le devenir de nos sociétés tant sur le plan national qu’international. N’est-ce pas là le cadre d’une société idéale ?
Pourtant, il y a à redire sur cette liberté, cette démocratie, ce respect du droit des personnes. Ne sommes-nous pas de plus en plus les otages d’une société à laquelle échappent les principales ficelles du pouvoir qui en assure le fonctionnement ? La liberté dont nous disposons ne nous retient-elle pas à l’intérieur de certaines frontières au-delà desquelles elle ne peut rien ? Le droit des personnes dont nous nous targuons ne se ramène-t-il pas trop souvent à ceux de nos sociétés comme si ces droits n’étaient pas les mêmes pour les personnes des autres sociétés ?
Nos représentants politiques sont élus sur la base de programmes électoraux qui se présentent moins comme le cadre précis à l’intérieur duquel s’exercera leur pouvoir que comme des appâts permettant d’attirer le plus grand nombre de votes. Les sommes toujours plus astronomiques dont doivent disposer les partis politiques pour charmer les électeurs sont souvent inversement proportionnelles à la profondeur de la pensée politique des candidats. Les élections réalisées, les élus en place, les ministres nommés, les promesses sont aussitôt placées en périphérie de questions plus importantes, discutées celles-là, avec les véritables détenteurs des pouvoirs. Nous n’avons qu’à penser aux positions adoptées par nos représentants au G8, à celles prises aux Nations Unies ou encore les décisions sur les grandes questions comme celles de l’armement, de la mondialisation, des systèmes financiers internationaux, de la pauvreté, des abris fiscaux ou encore de notre engagement dans telle ou telle guerre. Quand consultent-ils la population pour décider de ces questions ? Ces dernières ne font jamais l’objet de consultation électorale ou référendaire. Pourtant, c’est bien ce que la démocratie dont nous nous faisons les apôtres exigerait.
Il en va un peu de même lorsque nous voulons nous exprimer et participer au devenir de notre société. Il nous faut le faire à l’intérieur des espaces qu’on veut bien nous autoriser ? Si nous le faisons par des articles et la parole, les medias ne prendront en compte que les articles et les interventions qu’ils voudront bien. Les sujets abordés, les questions soulevées sont laissés à leur discrétion. Il est vrai que nous pouvons toujours développer nos propres medias…. Mais qui peut concurrencer les empires financiers qui ont, sur le marché des communications, la force de l’argent et du pouvoir? L’information n’est-elle pas le nerf de la guerre ? Celui qui la contrôle a déjà sur ses adversaires une bonne avance. Le peuple se nourrit de ce qu’on veut bien lui transmettre. Mais le peuple devient malgré tout de plus en plus alerte et conscient….À ne pas oublier.
L’information relative à Cuba illustre bien ce contrôle qu’exercent ceux qui ont le pouvoir sur les medias. Ils ont le pouvoir de faire de certains des dieux et de certains autres des diables. Ils savent récupérer les valeurs qui inspirent les peuples, déformer les réalités à leur gré pour les ajuster à leurs objectifs et n’ont aucun scrupule dans l’usage du mensonge et de la manipulation. Ils ne retiendront que les articles ou interventions qui permettront de consolider leur point de vue et de noircir celui de l’adversaire. Ils ont des « soldats » préparés pour ce travail. Reporters sans frontière en est un bon exemple.
Où sont les articles de fond, les reportages étoffés qui mettent en évidence Cuba, son peuple, son gouvernement, son leader Fidel et plus que tout l’extraordinaire effort de développement dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la solidarité nationale et internationale ? Combien d’entre nous savent ce que signifie le blocus économique et politique que les États-Unis impose depuis plus de 45 ans ? Blocus qui va à l’encontre de toutes les lois internationales et qui est condamné par la très grande majorité des membres des Nations Unies ? Quelles sont les medias qui nous rappellent les effets dévastateurs de telles mesures ? Qui ose nous faire part de l’extraordinaire solidarité qu’a ce peuple avec ses 300 médecins oeuvrant en Haïti, ses 20 000 autres dans les zones les plus pauvres du Venezuela ? Qui nous parle des dizaines de milliers de bourses accordées à des étudiants étrangers de milieux défavorisés pour étudier la médecine pour mieux répondre par la suite aux besoins de leurs peuples? Combien ont entendu parler des cinq prisonniers cubains détenus dans des prisons aux États-Unis pour avoir infiltrer des groupes terroristes de Miami et les avoir dénoncés aux autorités compétentes. Au lieu d’arrêter et de juger les terroristes en question, l’administration étasunienne a plutôt choisi d’arrêter ceux-là mêmes qui se sont fait les apôtres de la lutte anti- terroriste.
Tous ces faits sont disponibles comme information auprès de nos agences de presse qui se gardent de bien de les relever, de peur que ce visage humain d’une société solidaire et indépendante nous la rendre sympathique. Que Cuba soit et continue d’être un pays du Tiers Monde, nous en convenons tous. Par contre il y a de ces valeurs sur lesquelles il a pris une assez bonne avance sur la plupart des pays en développement et sur un certain nombre de pays soit disant développés.
Puisse notre liberté se refléter dans notre capacité de reconnaître et de dire ces acquis de développement qu’un blocus criminel cherche à détenir depuis plus de 40 ans.
Chuschi -- «Depuis la mort de mon mari, il y a un an, ma fille de 14 ans n'allait plus en classe», avoue Fortunita Huaycha Aronez du Pérou. Gagnant huit sols (2,50 $) par mois, l'agricultrice de 55 ans ne pouvait plus payer les fournitures et les habits de la dernière de ses huit enfants. » Le DEVOIRÉdition du samedi 8 et du dimanche 9 octobre 2005
Où est la liberté de cette péruvienne et de toutes les autres qui vivent pareille situation ? À Cuba on a brisé, à tout le moins, les chaînes de l’analphabétisme et de la pauvreté extrême. Le respect des droits de la personne ne commence-t-il pas par là ?
Oscar Fortin
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