En démocratie, c’est le peuple qui décide. Il a le pouvoir de décider de ses dirigeants, des régimes politiques qu’il souhaite, des constitutions qu’il veut. Il est souverain et, en tout temps, il peut décider démocratiquement d’un changement de régime politique, économique et social. Il est le seul habilité à le faire. La force des ambitions personnelles, celles des lobbyistes et du pouvoir de l’argent doivent lui être subordonnées.
Le Référendum que vient de vivre le Venezuela a été l’outil par lequel le peuple vénézuélien a exercé ce pouvoir dont il est seul à disposer. Il a décidé par un vote très serré (49% Oui- 51% Non), à ne pas donner suite à la réforme constitutionnelle proposée. L’actuel Président, Hugo Chavez, accepte, en bon démocrate, cette décision du peuple sur les changements constitutionnels proposés et s’engage à poursuivre, dans le cadre de l’actuelle constitution, la marche déjà entreprise sur la voie du socialisme bolivarien, dit du XXIe siècle. Ce nouveau socialisme donne, entre autres, priorité au BIEN COMMUN par rapport aux BIENS INDIVIDUELS. Si les droits des individus sont respectés dans leur intégralité, ils ne peuvent toutefois pas l’être au détriment du BIEN COMMUN. L’État a cette responsabilité d’être, pour ainsi dire, le conseil d’administration des intérêts du peuple, de tout le peuple et de faire en sorte que l’ensemble des ressources et biens sur lesquels le peuple a prise soient utilisés prioritairement au service des intérêts du BIEN COMMUN du peuple.
Ce BIEN COMMUN correspond pour l’essentiel au bien être humain de chaque personne : la santé, l’alimentation, le logement, l’éducation, la participation effective à la gestion des affaires publiques et au développement culturel. Les gouvernements mis en place doivent, à partir des ressources dont le pays dispose, répondre prioritairement à ces besoins. Ce n’est que dans le cadre du respect de ces exigences du BIEN COMMUN que chaque personne, chaque corporation peut s’inscrire et développer des intérêts plus individuels ou corporatifs. Tout le discours sur la justice sociale est une reprise de ces grands objectifs et un rappel des impératifs qu’il commande.
Dans ce contexte, je me permets de rappeler quelques passages de l’encyclique PACEM IN TERRIS de ce bon Pape, aimé de tous, Jean XXIII. Hugo Chavez y trouvera un encouragement à aller de l’avant en dépit des critiques acerbes dont il fait l’objet de la part de la Conférence épiscopale vénézuélienne.
11 - Tout être humain a droit à la vie, à l'intégrité physique et aux moyens nécessaires et suffisants pour une existence décente, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement, l'habitation, le repos, les soins médicaux, les services sociaux. Par conséquent, l'homme a droit à la sécurité en cas de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, de chômage et chaque fois qu'il est privé de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté (8).
Droits relatifs aux valeurs morales et culturelles
12 - Tout être humain a droit au respect de sa personne, à sa bonne réputation, à la liberté dans la recherche de la vérité, dans l'expression et la diffusion de la pensée, dans la création artistique, les exigences de l'ordre moral et du bien commun étant sauvegardées ; il a droit également à une information objective.
32 - Ainsi, il ne suffit pas de reconnaître et de respecter le droit de l'homme aux moyens d'existence ; il faut s'employer, chacun selon ses forces, à les lui procurer en suffisance.
35 - Voilà pourquoi une société n'est dûment ordonnée, bienfaisante, respectueuse de la personne humaine, que si elle se fonde sur la vérité, selon l'avertissement de saint Paul : « Rejetez donc le mensonge ; que chacun de vous dise la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres (25). » Cela suppose que soient sincèrement reconnus les droits et les devoirs mutuels. Cette société doit, en outre, reposer sur la justice, c'est-à-dire sur le respect effectif de ces droits et sur l'accomplissement loyal de ces devoirs ; elle doit être vivifiée par l'amour, attitude d'âme qui fait éprouver à chacun comme siens les besoins d'autrui, lui fait partager ses propres biens et incite à un échange toujours plus intense dans le domaine des valeurs spirituelles. Cette société, enfin, doit se réaliser dans la liberté, c’est-à-dire de la façon qui convient à des êtres raisonnables, faits pour assurer la responsabilité de leurs actes.
56 – (…) citant Léon XIII : « On ne saurait en aucune façon permettre que l’autorité civile tourne au profit d'un seul ou d'un petit nombre, car elle a été instituée pour le bien commun de tous (40). » Mais des considérations de justice et d'équité dicteront parfois aux responsables de l'État une sollicitude particulière pour les membres les plus faibles du corps social, moins armés pour la défense de leurs droits et de leurs intérêts légitimes (41)
64 - II est donc indispensable que les pouvoirs publics se préoccupent de favoriser l'aménagement social parallèlement au progrès économique ; ainsi veilleront-ils à développer dans la mesure de la productivité nationale des services essentiels tels que le réseau routier, les moyens de transport et de communication, la distribution d'eau potable, l'habitat, l'assistance sanitaire, l'instruction, les conditions propices à la pratique religieuse, les loisirs. Ils s'appliqueront à organiser des systèmes d'assurances pour les cas d'événements malheureux et d'accroissement de charges familiales, de sorte qu'aucun être humain ne vienne à manquer des ressources indispensables pour mener une vie décente. Ils auront soin que les ouvriers en état de travailler trouvent un emploi proportionné à leurs capacités ; que chacun d'eux reçoive le salaire conforme à la justice et à l'équité ; que les travailleurs puissent se sentir responsables dans les entreprises ; qu'on puisse constituer opportunément des corps intermédiaires qui ajoutent à l'aisance et à la fécondité des rapports sociaux ; qu'à tous enfin les biens de la culture soient accessibles sous la forme et au niveau appropriés.
65 - L'intérêt commun exige que les pouvoirs publics, en ce qui concerne les droits de la personne, exercent une double action : l'une de conciliation et de protection, l'autre de valorisation, tout en veillant soigneusement à leur judicieux équilibre. D'une part, on veillera à ce que la prédominance accordée à des individus ou à certains groupes n’installe dans la nation des situations privilégiées ; par ailleurs, le souci de sauvegarder les droits de tous ne doit pas déterminer une politique qui, par une singulière contradiction, réduirait excessivement ou rendrait impossible le plein exercice de ces mêmes droits. « Une chose demeure acquise : l’action de l'État en matière économique, si loin qu'elle porte, si profondément qu'elle atteigne les ressorts de la société, ne peut supprimer la liberté d'action des individus ; elle doit au contraire la favoriser, pourvu que soient sauvegardés les droits essentiels de chaque personne humaine (48). »
Oscar Fortin
2 décembre 2007
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