dimanche 7 septembre 2008

JÉSUS INTERPELLE BENOÎT XVI


Du temps de sa vie publique, Jésus avait l’habitude d’amener à l’écart certains disciples pour les entretenir de choses et d’autres en relation avec sa mission et le Royaume. Sa présence physique lui facilitait la tâche, personne ne mettant en doute son leadership. Depuis sa résurrection, le contact est parfois plus difficile. Soit que ses interlocuteurs sont trop absorbés par leurs propres pensées, leurs propres conceptions des choses, leurs propres visions de l’Église, qu’ils n’ont plus d’oreille pour l’entendre lorsqu’il prend la parole dans l’intimité de leur cœur. Soit encore que les prophètes ou messagers qu’il leur envoie sont perçues comme des faiseurs de troubles. La seule solution est donc d’apparaître, comme il l’a fait pour ses apôtres après sa résurrection. Mais, cette fois, ce sera pour s’entretenir avec BENOÎT XVI, le successeur de Pierre.

On se souviendra de la scène sur la mer Tibériade où Pierre, avec quelques compagnons, pêche depuis la nuit sans grand succès. Du rivage, une voix se fait entendre, leur disant de tirer leur filet de l’autre côté de la barque. C’est à ce moment que « Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : " C'est le Seigneur ! " A ces mots : " C'est le Seigneur ! " Simon-Pierre mit son vêtement - car il était nu - et il se jeta à l'eau. » (Jn 21,7-)

La rencontre de Benoît XVI avec Jésus, le ressuscité, ne pouvait pas se réaliser dans un même environnement et avec la même spontanéité. La barque de Pierre est devenue le Vatican et sa nudité de pêcheur a été recouverte d’habits réservés à la fonction de « Très Saint Père ». Jésus s’adapte donc à la situation et décide de le surprendre dans les jardins du Vatican au moment de sa promenade quotidienne. Il doit toutefois s’assurer qu’il puisse être reconnu. Il lui faut quelque part un « Jean », un disciple bien aimé, qui le reconnaîtra juste à l’entendre. Il fait donc coïncider son apparition avec une audience privée, accordée dans les jardins du Vatican à Jean Vanier, fondateur de l’Arche. C’est donc sous les dehors de jardinier qu’il salue les deux personnages. Jean, en le voyant y reconnaît aussitôt le Seigneur et le dit à Benoît XVI. Dès que les regards se croisent ce dernier est saisi par l’étincelle divine du personnage qu’il a devant lui. Il ne sait trop comment s’adresser à cet homme divin qui se présente dans une tenue aussi humble. Jésus le prend aussitôt à l’écart et, lui facilitant la tâche, l’appelle affectueusement Joseph, nom que portait également son père terrestre. Il le rassure, aussitôt, en lui disant qu’il n’est pas là pour le condamner ou le blâmer, mais pour lui demander de vive voix et dans la plus grande simplicité s’il l’aime vraiment.


Ce qu’il avait déjà fait avec Pierre, il le fit avec Benoît XVI qu’il préféra interpeller par son petit nom, Joseph. Il lui demanda : JOSEPH M’AIMES-TU? À cette première question, ce dernier sentit toute la distance qui le séparait de ce Jésus, le Sauveur du monde, se présentant dans cette tenue de jardinier. Il se rappela ces paroles du Baptiste qui se disait indigne de dénouer la courroie de ses sandales et il se rendait bien compte que sa tenue ne cadrait pas tellement avec celle de son Maître. Il eût honte de ses apparats et de tout cet environnement matériel dans lequel il vivait. Il répondit à Jésus, d’un air quelque peu contrit : OUI JE T’AIME. Une seconde fois Jésus demanda : JOSEPH M’AIMES-TU? Là encore défilèrent devant ses yeux tous les compromis réalisés avec les puissances de ce monde sous prétextes de protéger certains avantages institutionnels comme si Jésus ne pouvait pas lui-même les assurer. Il pensa à la deuxième tentation de Jésus au désert où on lui offrait tous les royaumes du monde en échange de sa soumission. Connaissant la réponse que Jésus avait faite, il eût honte, une seconde fois, et répondit avec encore plus de sincérité OUI SEIGNEUR, JE T’AIME. Mais comme si ce n’était pas suffisant, Jésus lui posa une troisième fois la même question : JOSEPH M’AIMES-TU? C’est alors que le voile tomba complètement et qu’il vit jusqu’à quel point il s’était substitué à la personne même de Jésus au point que le monde n’arrivait plus à le reconnaître dans sa propre Église. Il voyait toute l’enveloppe dogmatique, canonique, liturgique et sacramentelle qui n’arrivait plus à dire ce Jésus des Évangiles, celui-là même qu’il avait devant lui. Il se rendit compte que les personnages hiérarchiques, tout enveloppés d’honneur et d’autorité, trahissaient la mission de détachement des biens matériels et de service auprès des plus délaissés. Il pensa à la troisième tentation de Jésus au désert où le malin l’invitait à faire sensation, à faire grandiose, en se jetant au bas du temple pour attirer à lui les foules. Profondément repentant et sachant que seul le Maître peut savoir ce qui se passe dans les cœurs, il répondit : " Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes agneaux. »

C’est alors que Jésus se retira le laissant méditer sur les pensées de cette rencontre et sur les recommandations du fougueux Pierre qui avait compris bien des choses au terme de sa vie et dont il était le successeur:

« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1Pierre 5, 2-3)

Il va de soi que ce renouveau pour ne pas dire cette conversion auquel sont conviées les têtes dirigeantes de l’Église s’adresse à tous les témoins du Royaume : apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs. Tous les croyants en Jésus de Nazareth sont interpellés. Personne n'y échappe, à commencer évidemment par ceux qui en ont les principales responsablibités.


Oscar Fortin

7 septembre 2008

NOTE : Inutile de dire que cette présentation ne se veut qu’une image pour faire comprendre certains aspects de la vie de l’Église et rappeler que le Christ est toujours bien vivant et présent à la tête de son Église dont nous sommes les membres. Personne n’a, individuellement, le monopole de la représentation du Christ.

2 commentaires:

Sociétés et Décadence a dit...

Oscar,

Que voilà un très beau parallèle entre le mode de vie de Pierre, premier pape de l’Église, et Benoît XVI, dernier pape de cette « même » Église…

À propos de l’extravagance des apparats liturgiques, serait-il opportun de changer le nom du pape actuel, Benoît XVI, par celui-ci : Benoît, CESSE ?

André Tremblay

Oscar Fortin a dit...

André,

Ta présence sur mon blog me confirme que je ne suis pas seul et qu'il y a partage de pensées et d'inspirations. C'est suffisant pour que la semence y trouve une terre qui lui permette de se développer et d'éclore un jour pour donner les fruits qu'elle porte.

Bonne journée et n'oublies pas que nous ne sommes jamais vraiment seul.