jeudi 25 septembre 2008

FIN D'UN EMPIRE ET ÉMERGENCE D'UN NOUVEAU MONDE

SEMAINE DU 21 AU 26 SEPTEMBRE 2008

Deux évènements majeurs retiennent actuellement l’attention du monde : la crise économique mondiale et l’ouverture de la 63ième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette dernière se réalise sur toile de fond de la crise économique elle-même mais aussi et surtout des effets dévastateurs des politiques interventionnistes de ceux qui en détiennent les ficelles. Nos médias ont plutôt été discrets sur ce dernier aspect. Rares sont ceux qui ont relevé les interventions d’Évo Morales, Président de la Bolivie, de Cristina Fernandez, Présidente de l’Argentine, de Luis Ignacio Lula, Président du Brésil, d’Antonio Lugo, Président du Paraguay et ainsi que celles de nombreux autres représentants de l’Amérique latine, de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen Orient. Pourtant, à cette Assemblée générale, se fait vraiment entendre la voix de la Communauté internationale.



La grande majorité des intervenants de l’Amérique Latine ont fait ressortir que le modèle d’un capitalisme laissé à lui-même avait été la principale cause du sous développement dont souffre toujours le Continent. L’actuelle crise économique qui en secoue les bases ne fait que confirmer ce que les mouvements sociaux et les leaders des peuples dénoncent depuis des générations : le capitalisme ne peut répondre qu’à des intérêts individuels et corporatifs et c’est hors de sa nature même de répondre aux intérêts du BIEN COMMUN des peuples.

Dans le cas des pays de l’Amérique latine, les maîtres de ce système avaient le contrôle des gouvernements et des principaux leviers des institutions politiques, judiciaires, militaires, médiatiques et, dans bien des cas, religieuses. Les objectifs recherchés étaient toujours les mêmes : soutirer le maximum des ressources matérielles, humaines et organisationnelles pour en obtenir « le plus » en payant « le moins ». Les préoccupations sociales telles la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement, n’avaient leur sens que dans la mesure où elles devenaient nécessaires au rendement exigé pour la production. Dès que des mouvements sociaux ou politiques mettaient en péril ce cadre du pouvoir, ils étaient alors soumis à des persécutions ou encore à des régimes militaires dont les plus mémorables sont ceux de Banzer en Bolivie (1971), de Pinochet au Chili (1973), de Videla en Argentine (1976). Le Plan Condor, de triste mémoire, avait été mis en place pour faire disparaître des milliers de personnes jugées périlleuses pour la stabilité de cet empire. Tout cela sous le regard bienveillant d’un Occident se disant chrétien et généreux.

Mais, voilà que depuis une dizaine d’années, la démocratie a ouvert ses portes à la montée de partis politiques qui veulent en découdre avec ce système qui génère pauvreté et misère pour les uns, richesse et pouvoir pour les autres. C’est actuellement le cas du Brésil, de l’Argentine, de l’Équateur, de la Bolivie, du Paraguay, du Venezuela, du Nicaragua alors que d’autres se dirigent lentement vers cette voie d’avenir, comme c’est le cas du Honduras, de Panama et de l’Uruguay. Le Mexique y serait peut-être déjà, si ce n’eût été de certaines fraudes dans le recomptage des votes.

Ce sont ces nouveaux chefs d’État qui ont pris la parole, ces jours-ci, à l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce sont eux qui ont parlé de Démocratie sans cesse mise en danger par des groupes terroristes soutenus et financés par ceux-là mêmes qui y perdent actuellement leur pouvoir et leurs privilèges. Évo Morales a raconté toutes les difficultés mises sur son chemin, depuis son arrivée à la tête de l’État bolivien. Malgré un appui massif du peuple (plus de 67%), ceux qui se disaient hier démocrates, sont devenus aujourd’hui des terroristes qui fomentent la déstabilisation, la confrontation et même la violence, tuant femmes, enfants et paysans. Évo Morales a demandé dans son discours : pourquoi les États-Unis n’ont pas encore condamné ces gestes de violence dans son pays? Pourtant nombreux sont les pays qui n’ont pas hésité à condamner de pareilles actions. Cette question était évidemment une manière de répondre au pourquoi de l’expulsion récente de l’Ambassadeur des États-Unis en poste en Bolivie. C’est qu’ils y sont parties prenantes à ces opérations de déstabilisation comme ils l’ont été au Chili en 1973 et ailleurs, comme c’est actuellement le cas au Venezuela.

Plusieurs intervenants n’ont pas manqué l’occasion de faire ressortir que les grands défenseurs du capitalisme, comme système économique idéal, deviennent, dans le cadre de la présente crise, de véritables socialistes en demandant à l’État d’intervenir pour sauver le système de la banqueroute. De mauvaises langues ont parlé d’un socialisme pour les dettes et les déficits et d’un capitalisme pour les profits. Dans le premier cas, c’est le peuple qui s’en charge, dans le second cas, ce sont les maîtres du jeu qui encaissent. C’est ainsi que des centaines de milliards de dollars sortent, comme par magie, des coffres de l’État pour renflouer le système. Par contre, lorsque les « socialistes » parlent de mettre des limites au capitalisme en le soumettant aux exigences d’un BIEN COMMUN comme le partage des terres, le contrôle des richesses naturelles, la santé, l’éducation, l’alimentation, tout cela devient de l’interventionnisme d’État, jugé inacceptable et néfaste pour l’économie. C’est comme s’il fallait s’accommoder que des millions d’êtres humains meurent tous les jours par manque du nécessaire alors que pareil accommodement devient impensable face à un capitalisme à l’article de la mort.

Je pense que le discours des Présidents de ces nouvelles démocraties montantes éclaire les voies de l’avenir pour les personnes et les peuples à la conquête du respect de leurs droits et de leur dignité. Il y a un bond qualitatif dans la conscience sociale et politique de ces peuples en même temps que l’innovation de nouvelles manières de vivre l’économie qui commencent à donner ses fruits dans plusieurs de ces pays. Lorsqu’Hugo Chavez, Président du Venezuela, parle du socialisme du XXIème siècle, il parle de tout cela. Ce n’est pas pour rien qu’il est la bête noire des anciens maîtres qui veulent l’abattre à tout prix. En plus d’être le Président d’un pays où il y a beaucoup de pétrole, il est à l’avant-garde de cette montée des peuples vers un nouvel avenir. Pour ceux et celles qui s’intéressent à la pensée sociale de l’Église, ils trouveront beaucoup de ce socialisme du XXIème siècle dans l’encyclique de Jean XXIII « PAIX SUR TERRE ».


Oscar Fortin

25 septembre 2008

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