Le 13 décembre prochain, les Chiliens éliront leur futur Président, 18 sénateurs (1/2 de la totalité) et l'ensemble des 120 députés. Quatre candidats se font actuellement la lutte à la Présidence. Pour la droite, style Pinochet, le milliardaire Sebastian Pinera que les sondages donnent gagnant au premier tour, toutefois, sans atteindre le pourcentage requis de 50%, plus un, pour éviter un second tour. Pour la Concertation, genre gauche molle et démocratie chrétienne, Éduardo Frei, ex Président du Chili dans les années 1990. Comme Indépendant, Marco Enriquez-Ominami, ex-socialiste, sympathisant de Chavez. Enfin, pour le front de gauche, Juntos podremos, surtout allié au Parti communiste, Jorge Arrate, ex-ministre d’Allende. Alors que vient faire Victor Jara dans toute cette histoire d’élections? N’est-il pas mort depuis plus de 36 ans?
Eh bien, voilà mon secret. Marco Enriquez-Ominami, philosophe, cinéaste et politicien progressiste est le fils de ce jeune médecin de Concepción, Miguel Enriquez, qui avait pris la tête du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), dans les années 1970, et qui fut assassiné par les militaires, peu de temps après le coup d’État de 1973. Ce Marco Enriquez-Ominami ne cesse de monter dans les sondages au point de talonner le principal adversaire du multimilliardaire, Sebastian Pinera. S’il parvenait à se classer deuxième aux élections du 13 décembre prochain, il serait en bonne position pour gagner au second tour, le 17 janvier prochain. Pour ce second tour il aurait un avantage supérieur à celui de Frei pour déloger Pinera.
C’est ici qu’intervient Victor Jara. Pendant près d’une semaine, les Chiliens et les Chiliennes se rendront en grand nombre se recueillir sur les restes de ce martyr, victime des auteurs intellectuels et matériels de ce coup d’État militaire, réalisé en 1973. Il sera exposé en chapelle ardente à Santiago. Du nord au sud du Chili, se feront entendre sa voix et ses chansons, toutes porteuses d’espérance pour un monde plus humain. À quelques jours seulement des élections, cet hommage et ce rappel du grand rêve du peuple chilien, porté par Allende, peut modifier substantiellement la « donne » de ce scrutin. La Concertation, sous la Présidence de Lago et de Bachelet, a été, pour un grand nombre de ceux et celles qui ont milité dans l’Unité populaire, une grande déception. Il faut dire qu’ils ont paradé pour la gauche et gouverner, plus souvent que moins, pour la droite.
Je parie que Victor Jara, en compagnie de Miguel Enriquez, son père biologique, poursuivent, l’un et l’autre, leur lutte dans le cœur et l’esprit de ce peuple. Leur retour dans cette mémoire d’un peuple, quelque peu chloroformé par la consommation et l’endettement à outrance, va susciter un réveil bénéfique pour tous. Je ne doute pas que ce qu’ils représentent favorisera Marco Enriquez-Ominami qui n’a pas encore dit son dernier mot. Qui sait si le miracle ne se produira pas. Nous nous en reparlerons. Le réveil de la mémoire, parfois, peut avoir des effets insoupçonnés. Nous l’avons vu avec le « Moulin à paroles ». Entre temps, ce sera élection en Bolivie, dimanche le 6 décembre. L’actuel Président, Evo Morales, est donné gagnant avec une forte avance sur ses adversaires. Un autre personnage à découvrir.
Oscar Fortin
Québec, le 3 décembre 2009
http://humanisme.blogspot.com
1 commentaire:
Great post. Ne peut pas attendre de lire les prochains:)
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