Jose « pepe » Mujica a été élu avec plus de 51% des suffrages à la Présidence de l’Uruguay pour les cinq prochaines années. L'homme, âgé de 74 ans, était l'un des dirigeants de la guérilla urbaine, les Tupamaros, qui opérait dans le pays dans les années 60 et 70. Ses antécédents peu conventionnels ont attiré un certain nombre d'électeurs. Son engagement à poursuivre les chantiers économiques entrepris par son prédécesseur en a également séduit plus d'un.
Qui est donc ce personnage aux allures paysannes?
Né à Montevideo, Uruguay, le 20 mai 1932, il incorpore, au début des années 1960, le Mouvement de Libération Nationale (MLN), TUPAMARUS. En tant que membre de cette organisation, il participe à des activités de guérilla, tout en poursuivant son travail sur sa petite ferme. Un jour, apprenant que la police le recherche, il prend le chemin de la clandestinité pour y poursuivre ses activités au sein du MLN. Lors d’un affrontement armé, il est atteint de six projectiles, mais aucun ne sera mortel. À quatre reprises, il sera fait prisonnier et à deux occasions il parviendra à s’enfuir. Au total, il passera près de 15 ans de sa vie en prison dans des conditions où le respect du droit des personnes, surtout révolutionnaires, ne volait pas très haut dans la conscience des dictateurs. La torture et les humiliations, il connaît ça.
Lorsqu’en 1985, la démocratie est de retour et que les prisonniers politiques, dont José Mujica, sont libérés, les militants du MLN décident de renoncer aux armes et de passer à l’arène du combat politiques et de celui des idées. Avec d’autres forces politiques de gauche, ils forment le Mouvement de Participation Populaire (MPP). En 1994, José Mujica est élu député. En 1999, il est élu sénateur. En 2005, il incorpore le Gouvernement du nouveau Président élu, Tabaré Vasquez, comme ministre de l’agriculture et des pêches. En 2009, il se présente à la Présidence et y est élu, le 29 novembre 2009. Une grande victoire pour le Peuple et la confirmation d’une espérance toujours vivante.
RÉFLEXION
Si les régimes répressifs et dictatoriaux ont donné naissance, dans les années 1960, à des mouvements de résistance et de libération nationale, leurs auteurs, souvent confondus avec des criminels délinquants, n’en étaient pas moins les porteurs d’un idéal ne souffrant aucun compromis avec les usurpateurs d’un pouvoir revenant entièrement au peuple.
Le retour de l’espace démocratique a ouvert la porte à une reprise de ce pouvoir par les débats politiques. Il est intéressant de noter jusqu’à quel point les peuples en arrivent vite à reconnaître leurs véritables alliés et représentants. Au Nicaragua, Daniel Ortega, ancien chef de la guérilla, est maintenant Président élu de son peuple. Au Salvador, Mauricio Funès, journaliste et membre du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN), a été élu Président du Salvador en mars dernier. Et maintenant, en Uruguay, Jose Mujica des TUPAMAROS des années 1960.
Il en va de même pour les militants syndicaux qui parviennent à se hisser jusqu’à la Présidence de leur pays. C’est le cas du Président du Brésil, Ignacio Lula et de celui de la Bolivie, Evo Morales. S'ajoutent à ces derniers, au Paraguay, Fernando Lugo, ex-obispo, au Venezuela, Hugo Chavez, militaire fait prisonnier en 1992 pour redonner le pouvoir au peuple, en Équateur, Rafael Correa, jeune économiste qui a épousé la cause du peuple.
La démocratie qui a ouvert ces espaces pour le débat des idées et la conquête des pouvoirs de l’État à travers du processus électoral, commence à inquiéter certains milieux qui s’en faisaient, autrefois, les grands apôtres, surtout en ces temps où leur pouvoir n’était pas menacé. Aujourd’hui, ils se sentent menacés et sans vouloir perdre complètement la face, ils essaient d’en modifier subtilement les règles. Le cas du Honduras illustre ces nouvelles méthodes qui visent à écarter les « indésirables » pour les remplacer par des alliés inconditionnels. On le voit également avec ce qui se passe aux frontières avec le Venezuela et l’arrivée massive des sept bases militaires dans la région. On ne veut surtout pas accorder une amnistie aux Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) en échange de l’abandon des armes et de leur incorporation à la vie démocratique. Ils pourraient éventuellement prendre le pouvoir. Les peuples, s'ils sont bien informés, savent reconnaître ceux qui leur sont fidèles.
Heureusement que nous pouvons compter sur Radio Canada pour nous maintenir informés sur tout ce qui se passe dans cette région du monde. N’allez surtout pas voir ailleurs, vous pourriez être frustrés.
Oscar Fortin
Québec, le 1ier décembre 2009
http://humanisme.blogspot.com
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