samedi 2 avril 2011

"LE RÈGNE DE DIEU"

EN QUOI EST-CE VRAIMENT UNE BONNE NOUVELLE?


Ce matin, 1ier avril, en ouvrant le livre du Nouveau Testament, je tombe sur ce passage qui raconte que « Jésus faisait route à travers villes et villages proclamant et annonçant la bonne nouvelle du Règne de Dieu. » (Lc. 8, 1) J’ai aussitôt supposé que cette « bonne nouvelle » trouvait écho chez ces gens humbles, victimes de situations, humaines, sociales, politiques, économiques et même religieuses qui ne laissaient guère place au goût et à la joie de vivre. Il faut croire que le « règne » sous lequel se déroulait leur existence n’avait rien pour les réjouir.

S’il n’est pas toujours facile de reconstituer la situation sociopolitique, économique et culturelle de ces gens des villes et villages auxquels s’adressait Jésus, cela devient plus facile lorsqu’il s’agit des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Les moyens de communication dont nous disposons permettent de voir d’un seul coup d’œil la fresque d’une humanité de 7 milliards d’habitants, dispersés sur cinq continents et dont les deux tiers vivent toujours dans la misère et la pauvreté. On y voit également le regroupement de grandes puissances, munies d’armes pouvant détruire des centaines de fois l’humanité entière. On y constate que ces derniers, détenant de grandes fortunes et de grands pouvoirs, contrôlent de nombreux gouvernements qu'ils mettant au service de leurs intérêts individuels et corporatifs. On y voit également des guerres justifiées par des mensonges et des ambitions de conquête. Dans bien des cas, l’information est devenue manipulation, les guerres apparaissent comme des croisades, les victimes deviennent des terroristes sans âme alors que les assassins sont honorés comme de véritables sauveurs.

Dans pareil contexte, que faudrait-il à ce message du « Règne de Dieu » pour qu’il soit, pour le monde d’aujourd’hui, une « bonne nouvelle « ?

Avant tout, disons que parler du « règne de Dieu » dans un monde de plus en plus laïc sonne plutôt mal. C’est que le mot « Dieu » demeure une énigme pour la très grande majorité du monde et réfère à de nombreux personnages de la mythologie héritée de millénaires d’histoire. Pour les chrétiens les choses sont plus simples. Jésus, un des nôtres, fait de chair et d’os, a dit « qui me voit, voit le Père ». C’est donc en se concentrant sur lui, sur sa personne historique, son vécu, son message, que nous découvrirons le Dieu dont il parle. L’Évangéliste aurait pu parler tout aussi bien du « règne de Jésus de Nazareth » plutôt que du « règne de Dieu », le sens eut été le même. À l’époque cette terminologie ne faisait pas problème alors qu’aujourd’hui il en va autrement.

Un jour, Jésus s’est défini lui-même comme étant la « voie », la « vérité » et la « vie ».

Sans entrer dans les détails nous pouvons dire qu’il s’est fait proche des pauvres, sensible aux malades, indulgent à l’endroit des pécheurs, critique envers les docteurs de la loi qui s’accrochent aux détails de cette dernière tout en oubliant l’essentiel que sont « la justice, la miséricorde et la bonne foi ». ». À plusieurs reprises, il dénoncera l’hypocrisie des pharisiens qui se donnent des airs de grandeur et celle des grands prêtres qui "mettent sur les épaules des autres des fardeaux qu’ils ne peuvent eux-mêmes porter". Autant il est plein de compassion et d’indulgence pour les pauvres, les malades, les pécheurs, autant il est impitoyable et sans merci avec les grands et puissants qui dictent leur volonté en fonction d’eux-mêmes et de leurs ambitions.

Ce même Jésus s’est également présenté à l’opposé de tout ce qui est mensonge. Il a indiqué à ceux et celles qui voulaient le suivre d'être disposés à tout laisser y compris leur propre vie. Il a vanté le courage des persécutés pour la justice et déclaré bienheureux les artisans de paix. Ce sermon sur la montagne, appelé également, sermon des béatitudes, donne la voie à suivre, celle-là même dont il se dit être. (Mt. 5, 1-48)

La question est maintenant de savoir si ce Jésus de Nazareth est, par son approche et son témoignage de vie, une bonne nouvelle pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Le règne qu’il annonce et qu’il inaugure est-il de nature à répondre aux aspirations les plus profondes du monde d’aujourd’hui?

Il n’y a pas de doute que les deux tiers de l’humanité qui n’ont toujours pas accès à la table du respect des droits humains les plus fondamentaux trouveront en cet homme et en son message une « Bonne nouvelle ». Il faut également croire qu’une grande partie de l’autre tiers y trouvera aussi son compte, consciente de plus en plus du vide des sociétés de consommations qui asservissent plus qu’elles ne font véritablement vivre. Par contre, les grands et les puissants, ceux qui sont aux commandes de ce monde de domination et de consommation, ne trouveront pas cette histoire bien drôle, d’autant moins que les disciples, croyants et non croyants, hommes et femmes, se multiplient pour mettre à nue leur avidité, leurs tricheries, leurs manipulations et leur soif, sans limite, de conquête et de domination.

Si les églises « cultuelles » se vident, par contre, les opposants à un monde fondé sur le mensonge, la cupidité, les injustices et la violence se multiplient et font entendre un cri de ralliement et d’espérance. Ce cri, est un cri de solidarité et de libération. C’est le cri « des douleurs de l’enfantement » d’un homme nouveau d’une humanité nouvelle. Il est ce cri de la « bonne nouvelle » prêchée par Jésus de Nazareth au monde d’aujourd’hui. Selon la foi des chrétiens, ce dernier est Ressuscité et toujours bien vivant, édifiant ce nouveau règne à travers ces millions d’hommes et de femmes qui luttent et meurent pour la justice, la vérité, la compassion et la solidarité.

Déjà, Marie, la mère de Jésus, avait prophétisé ce renversement de situation et l’avènement d’un nouveau monde fondé non pas sur l’ambition, mais sur l’amour, non sur la domination, mais sur le service, non sur le mensonge, mais sur la vérité, non sur la cruauté, mais sur la douceur.

« Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. » (Lc. 1,51-53)

Jean Baptiste, le prophète précurseur de ce Jésus de Nazareth, annonçait, sous forme d’images, l’avènement de celui qui allait devenir une Bonne nouvelle pour toutes les nations et pour toute personne de bonne volonté :

« …tout ravin sera comblé, et toute montagne ou colline sera abaissée ; les passages tortueux deviendront droits et les chemins raboteux seront nivelés. » (Lc. 3,5)

De nombreux incroyants œuvrent, au prix de leur vie, à l’avènement de cette humanité nouvelle. À plus forte raison, ceux et celles qui croient en Jésus de Nazareth, vainqueur de la mort par sa résurrection, devraient-ils être en tête de file pour témoigner de cette bonne nouvelle et dénoncer, comme l’a fait Mgr Romero et beaucoup d’autres, les assassins hypocrites et ces oligarchies cupides et sans conscience.

Oscar Fortin

Québec, le 1ier avril 2011

http://humanisme.blogspot.com/


Pour ceux et celles que cela intéresse, je laisse un lien pour visionner des extraits du films "Jésus de Nazareth".

http://www.youtube.com/watch?v=QSt3xLmc9LQ

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