Le
hasard a voulu qu’en ouvrant mon téléviseur j’entende Jean Charest, en
conférence de presse, dire que la présente élection était l’occasion pour les
Québécois et Québécoises de choisir la
rue et un référendum ou la
loi et la démocratie.
Je
ne sais pas la définition que donne J. Charest à la démocratie. Ce que je sais,
par contre, c’est que la démocratie trouve ses fondements et son expression
dans le peuple. Dire qu’un référendum va
à l’encontre de la démocratie, c’est dire, implicitement, que la démocratie va
à l’encontre du peuple, puisqu’un référendum c’est une voie plus que légitime
pour un peuple de se faire entendre.
Ce
même raisonnement peut également s’appliquer « à la rue » au sens où le peuple y trouve une voie pour
faire entendre sa voix. C’est d’ailleurs une voie largement utilisée dans les
pays aux prises avec des dirigeants qui les prennent en otage en leur servant
des politiques qui répondent d’abord et avant tout aux élites financières et
aux grandes banques. C’est la rue que prennent les peuples en Grèce, en
Espagne, en Italie, à Bahreïn, en Colombie, au Chili, au Paraguay et dans
plusieurs autres pays du monde. La rue est ce qui permet à des pans importants
de la population de décider de leur agenda quant à leurs plaintes et à leurs
réclamations. En ce sens, la rue est
l’expression des libertés fondamentales que rend possibles la véritable
démocratie.
Je
sais bien que J. Charest essaie par tous les moyens d’évacuer cette démocratie,
en la ramenant à la violence et à des désordres publics. Il se garde bien, toutefois,
d’attribuer cette violence, provoquée, plus souvent que moins, par des forces
policières, conditionnées pour agir en ce sens. Les exemples ne manquent pas ni
au Québec, ni ailleurs dans le monde. Ce sont des procédés qui visent à créer
le chaos en vue d’en imputer la responsabilité aux « belligérants », ces
derniers aussitôt transformés en délinquants ou en terroristes. Ce type
d’interventions n’est possible qu’avec la complicité des médias, alliés des pouvoirs en place.
Aussi
curieusement que cela puisse paraître, ces
mêmes autorités, d’ici et d’ailleurs dans le monde, lorsque mises en
minorité, sont les premières à utiliser des moyens non conventionnels pour
déstabiliser ou renverser des gouvernements. Elles deviennent tout d’un coup
des promotrices de grandes manifestations et parfois, faute d’en avoir, elles
en inventent comme ce fut le cas en Libye et comme c’est actuellement le cas en
Syrie où les mercenaires et terroristes son financés par nos gouvernements. Il
faut lire sur les révolutions de
couleurs en Europe et au Moyen-Orient. Plus près de nous, nous avons eu le
coup d’État militaire au Honduras qui n’a pas fait verser de larmes à nos
dirigeants, pas plus que celui, plus discret, au Paraguay. Les provocations
constantes des oligarchies et des États-Unis contre le gouvernement
démocratique d’Hugo Chavez n’ont pas pour effet d’offenser l’esprit démocratique
de nos dirigeants, souvent complices de ces mêmes actions. Que dit-on et que
fait-on pour appuyer les procédures judiciaires qui révisent actuellement la
crédibilité de la dernière élection présidentielle au Mexique, supposément
frauduleuse et anticonstitutionnelle? S’il fallait que cela se produise au Venezuela,
ce serait d’une seule voix que nos élites et nos médias dénonceraient autant de
scandales et de fraudes.
Demandez
à J. Charest ce qu’il pense de ce qui s’est passé en Libye et ce qui se passe actuellement
en Syrie. Que pense-t-il, dans ces deux cas, du respect du droit des peuples à
décider par eux-mêmes de leur destin et que pensent-ils de ces interventions
étrangères qui arment et paient des mercenaires pour faire du grabuge dans des
pays constitutionnellement légitimes?
En
somme, tous ces gens n’ont de morale que pour ce qui les intéresse. Ils se font
les spécialistes de la récupération de la morale des autres seulement lorsqu’elles
permettent de les servir dans leurs propres intérêts. Selon les cas, ce
sera la rue et les référendums ou encore les institutions et la démocratie.
Seuls leurs intérêts en décideront.
Pour
faire un véritable choix, il faut remonter à ceux qu’ils servent. Dans le cas
présent, J. Charest est au service des puissances économiques et financières
que symbolise parfaitement l’empire Desmarais. Est-ce vraiment ce que veulent
les Québécois et Québécoises? Dans le premier cas, ce sera le Québec, ses
richesses et sa main-d’oeuvre, mis au service de l’empire Desmarais. Dans le
second cas, ce sera ce même Québec, avec ses richesses et sa main- d’oeuvre,
qui sera mis au service des intérêts du peuple québécois.
Il
faut relire Desmarais, la dépossession
tranquille du Québec, de Richard Le Hir
pour en comprendre toutes les incidences.
Je
vais voter contre Charest et la dépossession tranquille du Québec.
Oscar
Fortin
Québec,
1ier août 2012
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