L’ÉQUATEUR, pays de
l’Amérique du Sud, comptant environ 15
millions d’habitants, aura été, jusqu’à l’arrivée de RAFAEL CORREA, l’arrière
cour des États-Unis. Ces derniers contrôlaient les pouvoirs de l’État à travers
la corruption de ses principaux dirigeants. En 1999, ils y établissaient une
des plus importantes bases militaires de l’Amérique du Sud, avec plein pouvoir
et immunité pour ses ressortissants.
Lorsque le jeune économiste, Rafael Correa,
se présente à l’élection présidentielle de 2006, il a déjà à son programme la
fermeture de cette base militaire. Aux cris d’abois des autorités étasuniennes,
il répond en leur demandant d’offrir à l’Équateur la réciprocité en lui
permettant d’ouvrir une base militaire équatorienne en Floride. La réciprocité
ne faisant pas partie des alternatives, le jeune président Correa, vainqueur à
l’élection de novembre 2006, ne modifiera pas son approche ni sur la base militaire, ni sur son
engagement de soumettre au peuple une nouvelle constitution, indispensable pour
les suites à donner à l’ensemble de ses engagements.
CORREA PASSE À L’ATTAQUE
Dès 2007, un projet de nouvelle
constitution est élaboré. Il sera soumis au peuple qui le sanctionnera, par
référendum en septembre 2008. Sur 80 % des suffrages exprimés, le oui pour
la nouvelle constitution obtient 64 %.
Comme prévu, le président Correa annonce la
tenue d’élections présidentielles et législatives, conformément à cette
nouvelle constitution, pour avril 2009. Élu au premier tour, il passe au second niveau de son plan de transformation
de l’Équateur en un pays indépendant avec une économie et les richesses
orientées prioritairement au service du bien commun de la collectivité. Lors de
cette dernière élection, il s’était positionné en faveur du « socialisme
du XXIe s. », développé par Hugo Chavez du Venezuela et Évo Morales de la
Bolivie.
Fermeture de la base militaire
étasunienne
Dans la nouvelle constitution, il y a un article qui interdit toute
base militaire étrangère sur le territoire national. Dès 2009, année prévue
pour le renouvellement de l’entente sur cette présence militaire, le président
Correa informe les principaux intéressés qu’il ne renouvèlera pas cette dernière. Ces derniers doivent donc
plier bagage et retourner sur d’autres terres.
Correa s’en prend au FMI et à la dette
En 2008, le jeune président de l’Équateur
se démarque en prenant la décision de ne plus payer la part illégitime de la
dette publique et de suspendre le remboursement des titres de la dette. Cette
part illégitime de la dette a été fixée à 70 % de la dette totale. Correa
a pu faire la démonstration que cette part de la dette n’était pas celle du peuple
et que ce dernier n’avait pas à la payer. Sadek Hadjeres nous décrit dans un article fort
intéressant la trame de ce combat.
Correa contre Chevron et Texaco
Il s’agit de l’histoire d’un long combat
des communautés indigènes locales contre les multinationales Texaco et Chevron.
Correa, en 2009, annonce la possibilité, à certaines conditions, de cesser la
production de pétrole dans le pays pour le bien de l’humanité. Il a également,
depuis longtemps, apporté son soutien aux communautés indigènes contre ces deux
multinationales.
« C’est en mai 2003, 10 ans après la première plainte déposée contre Texaco,
que l’entreprise Chevron [3] a dû se soumettre à la justice équatorienne, à Lago
Agrío, et en répondre à plus de 80 communautés touchées par cette catastrophe
qui n’a rien de naturel, dont 30.000 victimes. Depuis lors, les parties civiles
demandent la réparation de la zone affectée qui s’élèverait selon des experts
internationaux à plus de 6 milliards de dollars. Le géant pétrolier réplique
qu’il a déjà procédé entre 1996 et 1998 à la réhabilitation de cette zone, ce
qui a été démenti par des prélèvements effectués par la suite. »
Un jugement sera rendu le 14 février 2011,
condamnant Chevron à payer 9 milliards $ en compensation pour les dommages
causés. Ce jugement, porté en appel, a été maintenu avec, en plus, l’obligation, pour Chevron, de
présenter ses excuses, faute de quoi, la pénalité serait doublée.
Depuis, Chevron dépense des millions de
dollars pour discréditer l’Équateur et son président. Ici, un article récent à lire au complet pour comprendre l’ensemble de
cette « saga ».
Ces actions de Correa ne sont pas
étrangères à la tentative de coup d’État, dont il fut victime en 2010.
Correa et les médias
D’abord le mensonge médiatique sur Correa. Ce n’est un secret pour personne le fait
que les principaux médias du pays sont entre les mains d’oligarchies
puissantes. Leur politique éditoriale est évidemment contre Correa, ses politiques
et son gouvernement. Tous les moyens sont bons pour le discréditer.
« La saga découle
d’un article publié par El Universo,
le 5 février 2011, écrit par Emilio Palacio et intitulé « Non aux
mensonges ». Le journal a ensuite été poursuivi pour diffamation par
Correa.
L’article présentait le
compte-rendu de Palacio sur les événements dramatiques du 30 septembre 2010,
lorsque Correa a été pris en otage par des policiers rebelles à l’intérieur
d’un hôpital militaire pendant neuf heures. L’Union des Nations d’Amérique du
Sud (UNASUR), qui regroupe 12 pays d’Amérique du Sud, a qualifié ces événements
de tentative de coup d’Etat.
Dans le récit de Palacio
publié dans El Universo,
celui-ci désigne Correa comme le responsable de l’effusion de sang, qui a fait
huit morts et plus de 200 blessés dans tout le pays. Il a accusé Correa d’avoir
donné l’ordre d’ouvrir le feu sur l’hôpital où il était détenu en captivité, le
qualifiant de crime de « lèse humanité » : le terme est une
insulte à connotation raciste dans les Andes qui signifie grossier, stupide et
inférieur. »
Or, le président Correa, profondément
offensé par un mensonge aussi grossier et monté de toutes pièces, intente une
poursuite contre le journaliste et le média.
« Sans surprise,
Palacio et El Universo ont été reconnus coupables de diffamation. Mais
la diffamation en Équateur est encore une infraction pénale, alors Palacio et
deux directeurs du journal ont été condamnés à trois ans de prison (par un
tribunal et non par Correa).
« En fait, Correa les a graciés - aucun
journaliste n’a été emprisonné sous son gouvernement au pouvoir depuis sept
ans. Toutefois, la loi (qui est antérieure à Correa) a un besoin urgent d’être
réformée. »
Puis un referendum sur
les médias de communication. Le 7 mai 2011, un référendum populaire confirme la
nouvelle loi qui encadrera dorénavant les objectifs de l’information et ceux de
la protection du droit à la vérité des citoyens et des citoyennes. Le « oui »
l’emporta avec plus de 61 % des votes.
Correa reporté au pouvoir pour un second
mandat
Le
17 février 2013, c’est jour d’élection présidentielle en Équateur. Rafael
Correa se présente pour la troisième fois. En dépit des dizaines de millions de
dollars investis et des complots
mis en place pour éliminer le candidat Correa, ce dernier remporta l’élection haut
la main, au premier tour, avec 56,7 %. Un
sondage, réalisé en février dernier, lui accorde un appui de plus de 72 %
de la population qui est en accord avec sa gestion et ses politiques.
Correa avec le pape François
Je ne sais si son prénom
angélique, Rafael,
y est pour quelque chose, mais la chimie a vraisemblablement passé entre les
deux hommes. Il faut dire que ce jeune président a été élevé et a grandi dans
la foi chrétienne et s’est engagé à fond dans les divers mouvements sociaux
d’inspiration chrétienne. Ce qui a fait dire à certains
qu’avec Correa c’est la théologie de libération qui arrive au pouvoir. Sur ce
plan, une histoire semblable à celle de Chavez, profondément croyant, qui
portait également dans son prénom celui de Rafael».
Le
pape François au président Correa : « je vous vois comme une laitue fraîche »
Conclusion
Je
termine ainsi cette série d’articles sur certains pays émergents de l’Amérique
latine (Brésil, Argentine, Venezuela, Bolivie et Équateur) sous le thème de "L'Amérique latine à la croisée des chemins". Je souhaite qu’ils
aient donné le goût de poursuivre dans l’analyse et la connaissance de ce qui
se passe dans « l’arrière-cour » des États-Unis. Des peuples se lèvent et nous
ouvrent la voie vers un monde nouveau, un monde où les mots justice, vérité,
respect, solidarité, compassion prennent également un sens nouveau, le sens
qu’ils auraient toujours dû avoir.
Rafael
Correa, Hugo Gabriel Chavez et Evo Morales sont des fers de lance qui ouvrent
la voie à une nouvelle manière de faire de la politique, de servir les intérêts des peuples. La démocratie
participative et le socialisme du XXIe s. en sont les principales références.
Merci
de m’avoir lu jusqu’à la fin.
Oscar
Fortin
Pour en savoir plus sur ce jeune
président :
Suite à son
élection de 2006 : http://www.latinreporters.com/equateurpol29112006.html
Ses influences humanistes et chrétiennes
Rafael
1 commentaire:
Merci à vous !
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