Chaque année, le
Président des États-Unis se présente devant les membres des deux chambres ainsi
que de nombreux invités pour dire au monde tous les efforts déployés par le
peuple étasunien et ses représentants pour que le monde soit toujours plus
libre et plus heureux.
L’éloge
qu’il fait des multiples interventions de son pays dans le monde pour
combattre, entre autres, le terrorisme et les tyrans qui maltraitent leurs
peuples, soulève l’enthousiasme de cette noble assemblée qui entrecoupe par de
longs applaudissements les paroles du Président. L’émotion atteint son comble
lorsqu’il évoque ces milliers de soldats, morts au combat pour la liberté des
peuples, pour la sécurité et les intérêts des États-Unis. Là, ce sont les
larmes qui apportent à tous ces applaudissements l’humanité de tout un peuple
dont le destin n’est rien de moins que de diriger le monde. C’est ce qu’exprimait Condoleezza Rice, la secrétaire d’État d’alors, à
des baptistes réunis en congrès en juin 2006. Ce qu’elle y disait vaut pour
tous les présidents.
« Le président Bush et moi-même partageons
votre conviction que l’Amérique peut et doit être une force du Bien dans le
monde. Le Président et moi croyons que les États-Unis doivent rester engagés
comme leader d’événements hors de nos frontières. Nous croyons cela parce que
nous sommes guidés par le même principe persistant qui donna naissance à notre
propre nation : la dignité humaine n’est pas un don du gouvernement à ses
citoyens, ni un don des hommes les uns aux autres ; c’est une grâce divine à toute
l’humanité. »
On
ne peut s’y tromper. Les États-Unis d’Amérique ont pour mission divine de
guider le monde et d’assurer à l’humanité le bonheur de la paix, tout en
poursuivant les grands objectifs de leur sécurité et de leurs intérêts
nationaux, ces derniers, comme cela va de soi, devant primer sur le reste.
C’est
l’histoire qu’une grande majorité de citoyens et citoyennes de nos sociétés de
consommation continue de croire. C’est également celle que nos médias officiels
propagent comme une vérité divine.
QU’EN EST-IL DANS LES
FAITS?
À les écouter, on pourrait penser qu’ils sont des
libérateurs d’humanité, mais à les regarder de plus près on se rend compte
qu’ils sont plutôt des fossoyeurs d’humanité. Voyons cela en ce qui concerne leurs
relations avec l’Amérique latine. Voyons jusqu’où va leur amour pour les
grandes valeurs humaines de justice, de liberté, de respect, de démocratie.
BLOCUS ÉCONOMIQUE APPLIQUÉ
AU PEUPLE CUBAIN DEPUIS PLUS DE 50 ANS
Il faut savoir ce que
signifie dans les faits ce blocus économique et surtout ce qui en est
l’inspiration.
Dès le tout début de la victoire des révolutionnaires
cubains sous la direction de Fide Castro, les principales préoccupations des États-Unis
furent que cette révolution devienne vite une grande déception pour le peuple
cubain. Pour Eisenhower, le président d’alors, et également pour tous ses
successeurs, il ne faut surtout pas que cette révolution porte ses fruits et
que le peuple cubain y trouve son compte.
Dans un mémorandum
secret remis au président Eisenhower, le 6 avril 1960, l’adjoint
du sous-secrétaire d’État d’alors, Lester Mallory écrit ceci :
« La majorité des Cubains appuient Castro (…) Il
n’existe pas une opposition politique effective. (…) L’unique moyen possible
pour lui faire perdre l’appui interne est de provoquer la désillusion et le
mécontentement en provoquant l’insatisfaction économique (...) et la pénurie.
(…) Il faut mettre rapidement en pratique tous les moyens possibles pour
affaiblir la vie économique (…) refusant à Cuba argent et biens de toute nature
de manière à réduire les salaires et l’emploi, provoquant ainsi la faim, le
découragement et la chute du gouvernement. »
Ce plan est ce qui donne naissance au « blocus
économique contre Cuba » qui dure depuis plus de 52 ans. Chaque
année, l’Assemblée générale des Nations Unies vote à très forte majorité une
motion condamnant ce blocus et demandant aux États-Unis d’y mettre fin. Pour
l’année en cours, ce vote s’est réalisé le 29 octobre dernier. Encore une fois,
plus de 188 pays se sont prononcés contre ce Blocus et demandez que les États-Unis
y mettent fin. Les deux pays qui ont voté contre la proposition sont, comme à
l’habitude, les États unis et Israël.
Nous savons depuis longtemps que l’oncle SAM n’a pas pour
habitude d’obtempérer à la volonté de la communauté internationale et qu’il va continuer
d’agir comme s’il n’en était rien. Loin d’en diminuer la rigueur, il en durcit
les mesures. J’invite les lecteurs et lectrices à lire ce
texte.
Ce sont des dizaines de milliards de dollars que ce
blocus coûte à Cuba. Ce sont des milliers de Cubains, hommes, femmes et enfants
qui sont privés de médicaments, d’équipements de santé sans parler de toutes
les pertes au niveau du développement économique de l’Île. Un véritable combat de David contre Goliath.
Au lieu
de se réjouir des solidarités de ce peuple à travers ses médecins et ses
professeurs auprès des plus défavorisés du Continent, l’oncle SAM chercher par
tous les moyens à lui rendre la vie plus difficile encore. Plutôt que de
choisir les voies du dialogue respectueux pour résoudre les différends, il
choisit de se comporter comme un empire qui n’accepte de dialogue qu’à
condition de lui être soumis, de lui manger dans la main. Pour qui se respecte,
il ne saurait en être question.
Que dire de la condamnation à de longues peines de prison
de ces cinq Cubains pour avoir infiltré des terroristes de Miami et révélé
leurs sombres projets de sabotage contre le peuple cubain? C’est Fidel Castro
lui-même, par l’intermédiaire de son grand ami et prix Nobel de littérature,
Gabriel Garcia Marquez, qui en a informé Bill Clinton, alors président des États-Unis.
Plutôt que de mettre en prison les terroristes, Bill
Clinton a choisi, à travers un système de justice manipulé, de
faire condamner les cinq Cubains.
DICTATURES ET MILITARISATION DE L’AMÉRIQUE LATINE
ET DES ANTILLES.
L’histoire des dictatures en Amérique
latine est une longue histoire de complicité de l’oncle SAM avec ceux qui, dans
le Continent, lui ouvrent toutes grandes les avenues pour qu’il y circule en
toute quiétude avec ses multinationales et ses armées. Ces dictatures sont
bénies des dieux parce qu’elles savent réprimer les récalcitrants que sont en
général les peuples et qu’elles permettent, entre autres, l’exploitation des
richesses, le commerce florissant des armes et surtout cette paix si précieuses
pour les puissants.
Pour n’en nommer que quelques-uns de ces
grands hommes pour lesquels la Maison-Blanche a manifesté beaucoup de
respect : Batista qui a fait de Cuba le Casino de la mafia étasunienne; Somoza qui fit du Nicaragua son domaine aux riches cultures; Pinochet qui remit le Chili sous contrôle étasunien; Banzer, un des nombreux dictateurs de la Bolivie, Stroessner, l’homme à la
poigne de fer qui mit le Paraguay à ses ordres; Videla, l’homme de main
pour faire le grand ménage de la gauche argentine. Ce sera sous le règne des quatre
derniers que le fameux plan Condor révèlera
toute l’humanité qui les inspire. De quoi combler de joie Washington et ses
acolytes.
Le seul dictateur à ne pas faire partie du
club sélect de Washington est Fidel Castro. Ce dernier a ceci de particulier qu’il se
porte avant tout à la défense des intérêts de son peuple. Sa dictature réprime
ceux et celles qui l’attaquent et commettent des actes terroristes pour remettre
le pays entre les mains de l’oncle Sam. On comprendra que pour lui , il ne
saurait en être question.
LA REMILITARISATION DE L’AMÉRIQUE LATINE
L’émergence de nouvelles démocraties qui
reposent sur la participation consciente des peuples n’est pas de nature à
tranquilliser l’oncle Sam. Ces démocraties nouvelles lui révèlent que l’intérêt
des peuples concernés ne coïncide pas toujours avec ses propres intérêts. Il ne
saurait laisser ces démocraties faire la pluie et le beau temps dans son
arrière-cour. D’où l’importance de renforcer sa présence militaire, confortant,
là où il y a déjà une alliance stratégique, ses appuis aux oligarchies
nationales et sabotant, là où la résistance des peuples est coriace, les
infrastructures existantes. Loin de présenter ses luttes comme
antidémocratiques, il les présente plutôt comme une lutte héroïque contre les
narcotrafiquants, les terroristes et pour la liberté des peuples.
Déjà, nous connaissons les sept bases
militaires É.-U. en Colombie, celle au Honduras et au Paraguay, mais, à se fier
aux dernières délibérations de la Première Conférence sur les Études
stratégiques organisées par le Centre d’Investigations de Politique internationale
dépendant de l’Institut Supérieur de Relations internationales (ISRI) du
Ministère des Relations extérieures de Cuba, il y en aurait plus de 75. Pour la
plupart, elles sont « officiellement » justifiées pour lutter contre
les narcotrafiquants. Dans certains pays, comme au Honduras et au Guatemala,
les soldats étasuniens peuvent, en toute impunité, circuler avec leurs armes dans
le pays et tuer, en toute impunité, des civils.
Cette militarisation ne semble
pas encore suffisante. Il faut en ajouter et surtout y apporter des dispositifs
qui assureront tous les pouvoirs, à ceux qui en sont les maîtres, pour diriger
et contrôler ce Continent, leur arrière-cour.
Pour couvrir ce dernier volet de
la remilitarisation de l’Amérique latine, je vous réfère à quelques articles
récents.
QUE DOIT-ON EN
CONCLURE?
Lorsque nous levons le voile sur les grands
idéaux, vantés par les présidents successifs des États-Unis dans leurs discours
annuels sur l’état de l’Union, nous découvrons des objectifs moins nobles que
ceux annoncés et proclamés avec la passion du sauveur d’humanité.
On ne peut s’y tromper : les grands
objectifs de l’oncle Sam sont tous liés à ses intérêts nationaux et à sa sécurité
nationale dont il est le seul à en connaître les avenants et aboutissants. Sa
puissance militaire, jointe au pouvoir de l’argent, lui permet de s’imposer là
où il y voit ses intérêts et sa sécurité.
Les intérêts et la sécurité des autres peuples, des autres nations, de
l’humanité doivent s’ajuster et se subordonner à ses intérêts et à sa sécurité.
Même le droit international et les institutions qui en sont garantes doivent
s’ajuster à sa volonté. Un Empire ne saurait faire mieux. L’image du bon samaritain
qui va au secours d’une humanité blessée, pratiquement agonisante, en prend
tout un coup.
Oscar Fortin
Québec, le 7 novembre
2013
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