Depuis déjà des décennies,
l’Église catholique, tout particulièrement à travers ses évêques, ses cardinaux
et ses nonces apostoliques est perçue comme une
alliée fidèle des volontés des Etats-Unis sur ce territoire, toujours
considéré comme leur arrière cour. Il s’agit, évidemment, de la grande majorité
de ces hauts fonctionnaires qui représentent tout à la fois l’Église catholique
et l’État du Vatican.
Il y a toutefois et
heureusement des exceptions d’évêques et de pasteurs qui se sont démarqués de
cette solidarité pour rejoindre les préoccupations des pauvres et des humbles
avec lesquels ils ont partagé leur vie.
Tous se souviendront de Mgr
Elder Camara, du Brésil, cet évêque des pauvres, également signataire lors
du Concile Vatican II du pacte
des catacombes. Il y a également Mgr Romero,
évêque du Salvador, froidement assassiné par une armée qui ne pouvait supporter
ses rappels à la paix, à la non violence, à ne pas tuer ces hommes, ces femmes
et ces enfants qui étaient également leurs frères et sœurs. Il y en a beaucoup
d’autres dont les noms sont moins connus, mais qui ont témoigné des évangiles avec
l’odeur de pasteur vivant avec leur peuple. Tout en étant nombreux, ils n’en
demeurent pas moins des exceptions.
Le cas qui m’intéresse dans
le présent article est celui de l’Épiscopat vénézuélien, mais aussi celui du
cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, cardinal du Honduras. Je les mets
cote à cote parce qu’ils ont une fonction commune qui est celle de participer
avec Washington et les oligarchies locales au renversement du gouvernement
légitime du Venezuela, qualifiée par ces derniers, de populiste, de
totalitaire, de marxiste, de socialiste. Ils ne manquent pas une occasion de
dénoncer sur toutes les tribunes, ce gouvernement qui se réclame de Chavez et du
socialisme du XXI è siècle.
On se souviendra du coup
militaire de 2002 que la droite oligarchique réalisa avec le support de
l’Église officielle et l’appui de généraux toujours liés à l’oligarchie. Un
intervention qui n’aura durée que 48 heures, grâce à la fidélité d’une partie
importante de l’armée qui a repris l’offensive et mis à la porte les
putschistes. Il est toutefois intéressant de voir sur les images vidéo de ce
coup d’État le cardinal de l’époque célébrant ce renversement de gouvernement. Il
fallait le voir célébrer avec les putschistes cette victoire qu’ils croyaient
alors irréversibles.
Treize ans plus tard, les
comportements de l’épiscopat vénézuélien n’ont pas changé. Il utilise tous les moyens pour discréditer le
gouvernement et faciliter les actions de sabotages des forces oligarchiques et
réactionnaires qui agissent en concertation avec Washington. Ce dernier est
toujours intéressé à récupérer le pouvoir de l’État et prendre le contrôle des
plus importantes réserves de pétrole au monde. À cet objectif s’ajoute celui de
contenir la montée du pouvoir des peuples toujours plus conscients de leurs
droits et de leur capacité de prendre leur destinée en main. La politique d’intégration des peuples de
l’Amérique latine mise de l’avant par les pays émergents comme la Bolivie,
l’Équateur, le Venezuela, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et tous les autres,
ne fait pas l’affaire de l’oncle Sam. La
démocratie participative et le socialisme lui donne des ulcères et en cela il
se retrouve en bonne compagnie avec les hiérarchies de l’Église et du Vatican.
Pour revenir au sujet principal de cet article,
il faut en arriver à cette déclaration
de la Conférence épiscopale du Venezuela, en début de janvier 2015. Lors de cette
conférence de presse, elle s’en prend sans ménagement au gouvernement présidé
par Nicolas Maduro. Les épithètes ne manquent pas : socialiste, marxiste,
totalitaire, populiste, sans avenir etc. Mais le plus important c’est qu’elle accuse
le gouvernement d’être responsable de la rareté des biens essentiels de
subsistance, occasionnant des files à ne plus finir de personnes et un temps
énorme pour qu’elles puissent obtenir quelques uns de ces biens. L’accusation est sérieuse et place le
gouvernement en mauvaise situation devant une opposition qui n’attend qu’un
signal de désespoir pour allumer la flamme de la révolte et du trop plein d’une
population à bout de nerf.
Or la
semaine, suivant cette conférence de presse, les autorités gouvernementales
découvrent que le principal distributeur de ces biens de base qui contrôle 70%
du marché de distribution, garde dans des entrepôts des quantités énormes de
ces biens. Bien plus, dans chacun des
centres de distribution, un marché au noir s’installe pour aller vendre à des
prix astronomiques de ces biens. Tout cela dans le but
avoué de créer la rareté, de provoquer les files d’attente de nature à
faire monter le mécontentement et la colère contre un gouvernement qui n’arrive
pas à gérer la production et la distribution des biens.
Le 21 janvier, le Président, à l’occasion de
son bilan annuel présenté à l’Assemblée nationale, a fait entendre une
conversation téléphonique entre deux responsables de la mise en place de ce
plan de la rareté des biens dans les centres de distribution. Lors de cette
conversation, en décembre dernier, ils précisaient que le but ultime était de
créer des files d’attente de manière à ce que la pression du mécontentement
monte et qu’il finisse par déborder sur des actions de violence que d’autres
groupes, étudiants et mercenaires, viendraient amplifier.
En révélant ce plan de guerre économique, le
Président a permis au peuple de voir qui étaient les véritables coupables et
dans quel but ils provoquaient le mécontentement leur.
Ces faits,
maintenant connus, il est important que l’Épiscopat vénézuélien en tire les
conclusions en retirant sa condamnation portée contre le gouvernement et en
condamnant haut et fort ces forces oligarchiques et ces entreprises impliquées
dans ce scénario criminel qui prend le peuple en otage à des fins de conquête
du pouvoir.
Il est également important que le cardinal du
Honduras, également le numéro deux du G-9 mis en place par le pape
François pour la réforme de la Curie,
révise sa pensée sur le gouvernement du Venezuela et sur le socialisme. Dans une entrevue
récente qu’il donnait à Rome en tant que président de Caritas
international, il disait de Chavez et du socialisme ceci :
« …le
socialise de Chavez est comme un feu de paille sèche…Chavez se présenta avec le
désir de combattre la corruption et c’est pour cela qu’il a obtenu un grand nombre
de votes. Mais ce projet, le socialisme du XXIè s. qui a échoué, n’était que du
capitalisme de quelques voleurs, et a fait beaucoup de dommages.
Celui qui parle ainsi n’est pas n’importe qui
dans la hiérarchie de l’Église et dans les jeux de coulisse du Vatican. On se
souviendra qu’il a été un acteur important dans le coup d’État militaire du
Honduras, en juin 2009. Il a pu bénéficier pendant de nombreuses années d’une
contribution gouvernementale mensuelle de $5000.00. Il est le représentant le
plus élevé de l’Église catholique au Honduras, pays où les homicides battent
tous les records, où la pauvreté est le lot de la majorité de la population.
Il serait important qu’il nous dise ce qu’il
pense de l’opposition vénézuélienne qui utilise trompeusement le peuple pour le
soulever contre le gouvernement légitime.
Si l’épiscopat vénézuélien et le cardinal
Maradiaga se taisent sur ces actions criminelles contre le peuple, en leur
coupant l’accès aux biens essentiels, c’est qu’ils en sont complices et du fait
même menteurs au même titre que les autres en reportant sur le gouvernement des
actions qui ont leur source dans une opposition d’extrême droite à laquelle ils
sont parties prenantes.
Je pense que le pape François doit faire des
rappels à l’ordre à ces militants, évêques et cardinaux, à la solde et au
service des politiques de Washington et des oligarchies nationales. Il est
temps qu’ils s’attardent à son Exhortation
apostolique Evangelio Gaudium
L’Église ne peut plus se confondre avec l’État
du Vatican,
véritable antichambre de Washington. Il est urgent que l’Église se détache
de cet État pour retrouver les témoins de la foi et des Évangiles auprès des
peuples. Il faut tourner la page à ces fonctionnaires et personnages qui ont
perdu le sens de l’humain pour se rassasier de celui du pouvoir.
Le 22 janvier 2015
http://humanisme.blogspot.com
Note :
Aujourd’hui, 22 janvier, le président socialiste de Bolivie, Evo Morales, prend
Possession pour une troisième fois consécutive de la présidence de Bolivie. Il
a été élu avec plus de 63 % des électeurs et électrices qui se sont rendus
aux urnes à plus de 95 %. Une grande victoire, mais surtout un grand
développement pour un peuple considéré, il n’y a pas encore si longtemps comme
le plus pauvre de l’Amérique latine. Le feu de paille avec lequel le cardinal
Maradiaga qualifie les pays émergents de l’Amérique latine n’est pas près de s’éteindre.
Mieux vaudrait que ce cardinal se rapproche de son peuple et prenne davantage ses
distances des oligarchies qu’il protège.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire