samedi 30 janvier 2016

LES DEUX ISRAËL



CELUI DU SANG ET CELUI DE LA FOI



Abraham, personnage central de l’histoire du peuple élu, est au cœur des trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’Islamisme. Il est le père, par le sang, du peuple hébreu et par la foi, le père de toutes les familles de la terre.

Le Seigneur dit à Abram : "Va-t'en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et, qui te bafouera, je le maudirai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre » Gn 11,31-12,3.


Nous connaissons la suite de l’histoire de ce peuple qui connut la famine, l’esclavage, l’exil, et qui s’illustra tout autant par ses prophètes que par ses rois et grands-prêtres. Un peuple qui se révéla également dans ses ambitions de conquêtes, dans ses divisions internes, dans ses infidélités à l’alliance de Yahvé avec son peuple. Si la voix des prophètes résonna tout au long de ces siècles de turbulences ce fut pour rappeler à l’ordre ce peuple à la nuque raide. Les dirigeants, les grands-prêtres et les rois n’en continuèrent pas moins, dans leur grande majorité, à croire qu’ils étaient les élus de Yahvé pour gouverner le monde  à la manière des puissances terrestres.  Le Messie attendu par ces derniers ne pouvait être qu’un puissant roi, disposant de toutes les ressources pour dominer et diriger le monde.

C’est dans ce contexte qu’est né à Bethléem ce Jésus, reconnu par les uns comme le Messie et pour d’autres comme un usurpateur. Né à Bethléem, dans une étable, il n’a rien pour s’apparenter aux grands et puissants de ce monde.  Ce fut surtout,  les humbles de la terre qui firent entendre leurs voix par la bouche des bergers qui chantèrent le gloire à Dieu au plus haut des cieux et la paix sur terre aux hommes de bonne volonté.  Les Marges d’Orient, avisés par les astres, y reconnurent un signe divin et se rendirent lui rendre hommage. Pendant ce temps, Hérode, le roi des juifs, avisé qu’il pouvait devenir un concurrent à son règne, déploya son armée pour faire assassiner tous les enfants mâles nés au même moment que Jésus. Si ce n’eut été d’un message divin aux parents de Jésus de fuir vers l’Égypte, il aurait été au nombre de ces enfants morts.

Nous connaissons la suite de cette histoire de ce Jésus qui revint pour vivre  et grandir à Nazareth au sein de sa famille. Son père, du nom de Joseph, exerçait le métier de charpentier et  Marie, sa mère, se dédiait aux activités familiales. Ce n’est qu’une fois adulte, dans les débuts de la trentaine, qu’il allât à la rencontre du prophète Jean-Baptiste qui prêchait dans le Jourdain où il baptisait ceux qui se repentaient de leurs fautes. À ceux qui se demandaient si Jean-Baptiste n’était pas le Christ, le messie annoncé, il eut cette réplique :

Moi, je vous baptise d`eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » Lc. 3,16

Lorsque Jésus se présenta pour être baptisé, l’écriture raconte l’événement de la façon suivante :

Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu`il priait, le ciel s`ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: tu es mon Fils bien-aimé; en toi, j`ai mis toute mon affection.

Lc. 3,21-22

Après ce baptême et ces déclarations mystérieuses venues du Ciel, il se rendit au désert pour se préparer aux grands défis qui l’attendaient. La symbolique des trois tentations en rappelle les trois grandes puissances à vaincre : l’avoir, le pouvoir, le paraître.  Elles sont les chaînes qui retiennent les personnes tout comme les peuples dans la subordination et l’esclavage.  Sur cette question, je vous réfère à une réflexion faite le 30 janvier 2005. Je pense qu’elle garde toute son actualité.

Proclamé par l’Esprit comme l’envoyé de son Père et le messie de la promesse, il parcourt les chemins de la Palestine, annonçant et proclamant la bonne nouvelle du règne de Dieu. Ses interventions les plus percutantes sont : le Sermon sur la montagne ou les Béatitudes, ses remontrances aux Pharisiens et aux Docteurs de la loi , le Jugement dernier. Il y a aussi certains gestes spectaculaires qui ont fait rager ses adversaires : lorsqu’il s’est porté à la défense de la pécheresse Marie Magdeleine, lorsqu’il chassa les vendeurs du temple, lorsqu’il mangeait avec des pécheurs et chaque fois qu’il confondait, par ses réponses, les pharisiens et les docteurs de la loi qui lui  tendaient des pièges pour le mettre en défaut avec la Loi de Moise.

Il n’en fallait pas plus pour que les grands-prêtres, le roi Hérode et nombre de pharisiens complotassent pour se débarrasser de ce Messie qui n’avait rien du roi annoncé et du royaume promis. Ils le firent arrêter, torturer puis crucifier sur une croix d’où il a émis son dernier souffle.

Son histoire s’arrêterait là si ce n’était des témoignages de ses disciples qui le virent de nouveau, cette fois hors du tombeau où il avait été placé et plein de vie. Pendant quarante jours, il rencontra ses disciples pour les affermir dans leur foi et les préparer à leur mission d’aller dans tous les coins du monde pour y annoncer cette bonne nouvelle du règne de Dieu à tous les peuples et nations de la terre. Le quarantième jour, il disparut dans les nuages après avoir promis à ses disciples qu’il leur enverrait son Esprit qui les accompagnerait en tout.

Les chrétiens qui se réclament des Évangiles et les disciples de l’Islam qui se réclament du Coran croient que Jésus, fils de Marie, est ressuscité et qu’il doit revenir à la fin des temps. De nombreux juifs y croient également, les sionistes, pour leur part,  ne croient pas que Jésus soit le Messie et encore moins qu’il ait ressuscité. Pour eux, le Messie se révélera à la fin des temps à travers l’État d’Israël, tout désigner pour dominer et gouverner le monde. Il fait, de la descendance par le sang d’Abraham, le fondement de son droit divin à gouverner le monde.

Voici le témoignage d’un des plus grands rabbins juifs qui passa sa vie à rejeter le fait que Jésus soit le Messie, annoncé par les prophètes. À son fils, il laissa, avant de mourir une note manuscrite dans laquelle il avait eu la confirmation divine que Jésus était vraiment le Messie.  



Nous voici donc en présence de deux Israël : celui de la puissance de domination du monde, incarné dans le sionisme, et celui de la puissance de la foi et de la vie, incarnée en Jésus Ressuscité, le fils de Marie. Cette approche nous conduit directement à cette présentation de l’un des plus grands spécialistes de l’eschatologie musulmane, Sheikh Imran Hosein. Dans la vidéo qui suit, il donne matière à réflexion et n’est surtout pas à confondre avec ceux qui s’approprient la religion islamique ou chrétienne pour commettre leurs crimes.



Il m’apparaît important de préciser, au terme de cet exposé, que l’on peut être antisioniste sans être pour autant antisémite. Je suis respectueux de la descendance d’Abraham par le sang tout comme je le suis de tous ceux et celles qui le sont par la foi. La foi d’Abraham ouvre à tous les peuples de la terre la promesse reçue de Dieu. Jésus de Nazareth en fait tout autant en ouvrant le royaume de son Père à toutes les personnes de bonne volonté.


Oscar Fortin
Le 30 janvier 2016




Note de l’auteur : il s’agit d’une lecture biblique pour les temps que nous vivons et je pense que les deux références , celle du Rabbin et celle du Sheikh Imran Hossein sont de nature à nous faire réfléchir sus les forces qui s’affrontent présentement au Moyen Orient. À vous d’en juger.

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