NE PLEUREZ PAS SUR MOI
PLEUREZ SUR VOUS ET VOS ENFANTS
En cette période où les
chrétiens du monde rappellent les évènements qui ont conduit ce Jésus de
Nazareth à la potence de la croix, les peuples du monde doivent regarder
également les évènements qui conduisent à la mort des millions d’innocentes
victimes sous le regard indifférent des biens pensants de nos sociétés. Les
pleurs et les lamentations que suscite le sort réservé à Jésus par les
grands-prêtres et les Docteurs de la loi doivent se répercuter avant tout sur
le sort réservé aux persécutés et condamnés de notre temps, victimes de la
complicité de ces mêmes personnages avec les puissances régnantes de ce monde.
Je pense particulièrement à
ces guerres de conquête, hautement manipulées pour que le bon peuple n’y voie
que la main de Dieu. Des centaines de milliers de personnes innocentes,
enfants, femmes, hommes, conjoints, conjointes tombent sous les balles des
envahisseurs : des millions en Irak, des centaines de milliers en Syrie et
en Libye. Combien de ces chrétiens qui pleurent, en ces jours, le sort qu’a
connu Jésus se lève pour dénoncer ces crimes et demander à leurs gouvernements de
mettre fin à ces guerres qui n’ont pour objectifs que des ambitions de conquêtes
et de domination ? Par nos silences et notre indifférence, nous devenons
inconsciemment complices de ces crimes et massacres un peu à la manière de cette
foule, manipulée par les grands-prêtres et le Sanhédrin, qui criait : libérer
Barabbas et condamner Jésus de Nazareth.
Des histoires horribles en
Asie, au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Amérique latine ont de quoi
nous révéler que le sort réservé à ce Jésus s’est multiplié par des millions de
victimes innocentes, prises au piège des « puissances de ce monde. »
Pour les fins de cet article, je m’attarderai tout particulièrement à ces
condamnés à mort dont le sort rejoint celui de Jésus de Nazareth. Eux et elles
aussi ont été condamnés à mort pour avoir voulu un monde nouveau, caractérisé
par la solidarité, la justice, la vérité, l’amour.
Nous avons en mémoire ce
fameux Coup d’État militaire, du 11 septembre 1973, qu’un certain général
Augusto Pinochet, soutenu par la majorité des élites religieuses, économiques et
politiques du Continent, provoqua pour mettre un terme au gouvernement d’unité
populaire de Salvador Allende. Un gouvernement démocratique, soucieux des
intérêts des classes défavorisées et d’une plus grande solidarité et justice
sociale pour le mieux-être de l’ensemble de la population. Des valeurs
profondément évangéliques qui n’allaient pas tout à fait dans le sens des
intérêts des grandes corporations et des élites de la société. Ce coup d’État
n’a pu être possible qu’avec un certain consentement des autorités de l’Église.
Des dizaines de milliers de personnes furent assassinées, autant, emprisonnées
et torturées. Et que dire des centaines de milliers d’autres qui durent
s’enfuir et émigrer dans d’autres pays.
Dans le prolongement de cette
même période, on ne peut passer sous silence le « Plan Condor », véritable opération concertée des pays
de l’Amérique latine et de Washington, pour faire disparaître physiquement tout
ce qui évoquait « solidarité », « justice sociale », « indépendance »,
« anti-impérialiste », « anticapitalisme », « révolution ».
Des dizaines de milliers de personnes, aux idéaux sociaux et humanitaires des
plus élevés, ont connu la prison, la torture, la mort sous ses formes les plus atroces. Que de femmes enceintes ont été jetées à la
mer avec le ventre ouvert. Que de jeunes militants ont disparu dans les crevasses
de la cordillère des Andes. La littérature ne manque pas sur cette période et
je vous invite tous et toutes à prendre connaissance de ces atrocités dont les
biens pensants de nos sociétés n’y ont vu qu’une bonne œuvre visant à leur rendre
la vie plus agréable.
NE PLEUREZ PAS SUR MOI, PLEUREZ SUR VOUS ET VOS ENFANTS
Ces crimes d’hier se
poursuivent toujours sous une forme ou une autre. Les peuples et les nations de
l’Amérique latine continuent à être harcelés par les puissances impériales et
les oligarchies nationales qui peuvent compter avec l’appui des épiscopats. Sous
la bannière de l’anticommunisme, tout devient possible. Il suffit de rappeler
ici les deux grands pactes, signés entre le Vatican et Washington,
pour constater jusqu’où ils sont disposés à aller dans cette lutte contre
toutes les forces sociales et religieuses engagées pour un monde plus juste,
plus équitable, plus démocratique.
S’il faut pleurer, c’est bien
sur toutes ces victimes et sur nous-mêmes qui en sommes, dans bien des cas, des
complices plus ou moins conscients. La manipulation des faits et l’ampleur des
médias qui s’en font les promoteurs finissent par nous faire croire que les
criminels sont des personnages providentiels et que les victimes ne sont rien
d’autres que des terroristes, des malfaiteurs qui ne méritent rien de moins que
la mort atroce, de quoi faire réfléchir ceux et celles qui auraient des idées
semblables.
Pour les chrétiens, auxquels
je m’identifie dans la foi, je souhaite que leur regard se porte sur toutes ces
victimes anonymes qui meurent assassinées pour vouloir un monde plus juste,
plus vrai, plus solidaire. Que ce même regard se porte également sur ceux qui
sont derrière ces condamnations. Le Sanhédrin du temps de Jésus a sa réplique
dans un Vatican dont les grands-prêtres ont leur complicité avec les puissances de ce
monde pour faire disparaître ces « nouveaux messies » des temps
modernes. Le combat de ces derniers est le même qu’a mené Jésus en réclamant
pour l’humanité l’amour, la bonne foi, la vérité, la justice, le respect des
uns et des autres. « Ce que vous faites aux plus petits des miens, c’est à
moi que vous le faites. »
La voix de ces
« martyrs » n’a pas dit son dernier mot en proclamant haut et
fort :
« Apocalypse
22:15 ^
Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les
meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge!
Apocalypse 20:4 ^
Et je vis des trônes; et à ceux qui
s`y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui
avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de
Dieu, et de ceux qui n`avaient pas adoré la bête ni son image, et qui
n`avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent
à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans. (souligné par l’auteur)
Oscar Fortin
30 mars 2018
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