N’allez pas croire que je sois pour une réélection du Parti Libéral canadien. Son temps est venu de passer à une longue et profonde purification de ses mœurs politiques. Il doit goûter à l’ascèse d’un pouvoir qui ne laissera survivre que ceux et celles qui portent un idéal de service, d’honnêteté et de respect. Pour cela, la période de purification devra durer assez longtemps pour que le renouvellement soit complet. Entre temps, nous ne pouvons tout de même pas nous livrer mains et pieds liés à un autre Parti politique dont l’inspiration et les visées s’apparentent étrangement à celles de l’Administration G.W.Bush dont le peuple étasunien désenchante de plus en plus.
Il n’y a pas de doute qu’une victoire de M. Harper constituera une victoire de M. Bush ainsi que de ses politiques militaires, environnementales, éthiques, économiques et sociales. Il trouvera en lui un bon Intendant pour administrer ce Canada qui lui a donné récemment tant de maux de tête. Ce ne sont sûrement pas les promesses de M. Harper d’augmenter substantiellement les dépenses militaires pour assurer la sécurité de nos frontières dans le Grand Nord qui vont le décevoir. Il sait que l’argumentaire de M. Harper est à l’effet de donner tout simplement une raison à la croissance de nos dépenses militaires, ce à quoi l’Administration Bush incite le Canada depuis longtemps. Je suis toutefois surpris que cet argumentaire de M. Harper n’ait pas fait l’objet de critiques plus approfondies de la part des spécialistes et même de l’Épiscopat canadien dont le discours récent de Benoît XVI sur la Paix invite plutôt au désarmement. Comment, en effet, les nouvelles forces canadiennes pourraient-elles influencer la plus grande puissance militaire du monde ? Ce n’est donc pas des ajouts à la force déjà existante qui la rendra davantage plus dissuasive. D’ailleurs, M. Harper lui-même a toujours mis de l’avant l’idée que pour résoudre nos différents avec notre voisin du sud il fallait plutôt développer une approche politique, basée davantage sur la négociation que sur la confrontation. Il est évident que les spécialistes en communication sauront, le temps venu, nous faire avaler ces politiques de M. Harper comme étant vraiment des affirmations d’indépendance et de souveraineté du Canada. Probablement la majorité des canadiens les croira comme les a cru la majorité des étasuniens lorsqu’ils leur dirent que l’invasion de l’Irak visait la destruction des armes de destruction massive.
Mais comment mettre à la porte le Parti libéral et en même temps éviter que le Parlement canadien passe complètement aux mains de l’Administration Bush via son Intendant Harper? Une seule voie s’ouvre : un gouvernement minoritaire qui sera forcément conservateur. En demeurant minoritaire, ce sera le Parlement qui gardera le haut du pouvoir et permettra d’éviter les écarts de conduite qui iraient à l’encontre de la volonté majoritaire des canadiens. La période trouble que nous vivons et l’absence d’un parti politique aux valeurs desquelles la majorité des canadiens se reconnaîtrait nous obligent à garder une main mise sur le pouvoir via un Parlement qui peut en tout temps corriger le gouvernement au pouvoir. Mais comment s’assurer d’un gouvernement minoritaire ? À l’heure d’écrire ces lignes, la vague qui se dessine est plutôt porteuse de l’avènement d’un gouvernement conservateur majoritaire. La dégringolade des libéraux pousse beaucoup d’électeurs et d’électrices à voter pour le Parti conservateur, même s’ils ne se reconnaissent pas dans ses valeurs politiques profondes.
Une seule voie s’ouvre donc à tous ceux et celles qui tout en ne partageant pas les valeurs et orientations du Parti conservateur seraient tentées de voter pour lui ne serait-ce que pour mettre dehors le Parti libéral : c’est le vote pour le NPD ou pour le BLOC. Pour ceux-là, la balance du pouvoir, entre les mains de ces deux partis, placera M. Harper dans une situation lui permettant de donner suite aux promesses qui répondent aux attentes et besoins des canadiens, mais non aux excès d’un conservatisme auquel la majorité des canadiens ne saurait s’identifier.
Pour nous du Québec, le BLOC, loin d’être une inutilité, comme l’a signalé tout récemment Mario Dumont, assure sur la scène fédérale non seulement la défense des intérêts du Québec, mais encore affirme la présence dans le Parlement canadien d’un des deux peuples fondateurs du Canada. C’est de plus en plus le Peuple du Québec qui s’affirme à travers le BLOC au sein du Parlement canadien. Dans le cadre d’un gouvernement minoritaire, le BLOC retrouve son plein pouvoir et les Québécois la protection de leurs véritables intérêts.
HARPER OUI, MAIS NON À BUSH. Un vote pour le BlOC est un vote pour le Québec et un Parlement canadien qui doit compter avec le Québec. Un vote pour le NPD est un vote pour l’indépendance du Canada et les valeurs sociales des canadiens. Dans les deux cas c’est un message clair aux libéraux de retourner se refaire une vie et aux conservateurs que tout ne leur sera pas permis.
Au Québec, nous ne devons pas oublier que le renvoi dans l’opposition du Parti Québécois que l’usure du pouvoir avait rendu méconnaissable, ne doit pas se faire à l’aveuglette. Les promesses de M. Charest ont donné ce qu’elles donnent actuellement. On risque la même chose avec M. Harper si on lui en donne trop. Pendant qu’il en est encore le temps, agissons en conséquence.
(Écrit sans aucune rémunération et à la demande de personne)
Oscar Fortin, politologue
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