NOTE: Certains lecteurs et lectrices ont fait référence tout dernièrement à cet article qui remonte à plus de six ans. Je l'avais, pour ainsi dire oublié. À le relire je l'ai trouvé particulièrement intéressant et toujours d'actualité. En somme, une manière originale de poser le problème de l'information et de la désinformation. Je laisse à chacun le soin de tirer ses propres conclusions.
L’état de santé d’une personne qui m’est très chère m’a conduit à en savoir plus sur ce type de maladie qu’est la psychose. C’est à la lumière des informations recueillies que j’ai pris conscience que je souffrais sans doute de cette maladie.
De fait, je vois des réalités qui ne sont pas perçues par les autres, je comprends des situations qui ne rejoignent pas mes interlocuteurs, je me retrouve dans un monde étranger à ceux qui m’entourent. N’est-ce pas là un premier indice de la psychose? Cette mise en garde étant établie, je me propose de partager avec vous certaines fabulations qui viennent me chercher, des imaginaires qui emportent mon esprit. Ainsi chacun saura que tout cela n’est pas vrai, que ce ne sont que des réalités qui circulent dans ma tête. Votre indulgence et compréhension me permettront d’exprimer ces choses sans me sentir coupable de le faire.
Ceux et celles qui me connaissent savent que je suis croyant en Jésus de Nazareth. Cette foi est là et m’accompagne partout où je vais. Je m’intéresse donc à tout ce qui la concerne et particulièrement à l’Église. C’est donc d’elle que je vais parler à partir de ma psychose.
Dans mon imaginaire, je vois Benoît XVI, son pasteur universel, marchant main dans la main avec les maîtres du monde, ceux-là mêmes qui détiennent le pouvoir de l’empire et de l’argent. Je le vois mettre à leur service toute son autorité et l’institution ecclésiale dont il est le chef. Il nomme évidemment à des postes stratégiques, comme ceux d’évêques et de cardinaux, des personnes dont l’orthodoxie sociale, politique et religieuse ne peut être mise en doute. Il donne des directives à ses lieutenants, en Amérique latine et partout dans le monde, pour qu’ils œuvrent en solidarité avec les autorités locales de manière à contenir les mouvements qui veulent modifier l’ordre établi qui les sert si bien. Là où la situation l’exige, il leur ordonne de combattre par tous les moyens les exaltés qui se laissent emporter par une certaine théologie de libération qui n’est rien d’autre qu’une « idéologie de pur bavardage ». Et là où des gouvernements sont parvenus à déjouer les pièges électoraux et à prendre le pouvoir en dépit des efforts faits pour les disqualifier, il les invite à se joindre aux forces d’opposition pour les discréditer. Je l’entends s’engager à ne pas attiser le feu de la controverse en prenant des positions de nature à incommoder ses alliés. Il se fait discret sur les guerres et percutant sur le terrorisme, sans toutefois en préciser la nature. Il a l’intelligence et la subtilité qui lui permettent d’éviter les obstacles tout en maintenant le cap sur les objectifs : sauver l’empire et ses valeurs.
Vous aurez compris que ce sont là, évidemment, des perceptions imaginaires qui s’expliquent par la psychose dont je souffre. Mais là ne s’arrêtent pas mes fabulations.
Je vois également des chefs de gouvernements qui, tout en se réclamant de la foi en ce Jésus de Nazareth, s’opposent avec force à ces prétentions d’une autorité qui a perdu toute crédibilité évangélique. J’entends la voix de nombreux théologiens et pasteurs qui prennent leur distance par rapport à cette autorité qui leur apparaît plus soumise à l’empire qu’à Jésus, plus près des puissants que des faibles, plus sensible aux richesses qu’à la pauvreté. Aussi curieux que cela puisse paraitre, ma foi, celle dont je me réclame, se reconnaît davantage dans ces fabulations que dans la réalité. De quoi soulever de sérieuses interrogations sur l’authenticité de celle-ci. Je me suis donc permis une consultation auprès d’un authentique représentant de l’Église, de quelqu’un qui n’a pas les mêmes visions et le même imaginaire qui m’envahit. Son diagnostique a été sans équivoque.
D’abord, il m’a demandé ce que je lisais et ceux que je fréquentais, un peu comme on demande à un malade quels sont les médicaments et les drogues qu’il prend. Je lui ai dit que je lisais Prensa Latina, les bulletins de nouvelles de Télévision venezolana, le journal La Jornada du Mexique et quelques sites internet comme Alter Info, Indépendances, Culture et Foi, Atrio ainsi que des informations me parvenant d’un certain Xarlo, basque de France. J’ai bien vu par les traits de son visage et les couleurs qui en faisaient ressortir les sentiments que j’étais sur le mauvais chemin. J’ai tout de même poursuivi en lui révélant les noms des personnes qui m’impressionnaient. Je lui ai mentionné les prix Nobel de la Paix, Adolfo Pérez Esquivel, Rigoberta Manchu, et des leaders comme Fidel Castro, Évo Morales, Hugo Chavez, Ernesto Cardenal, entre autres. Je lui ai également parlé du théologien canadien Normand Provencher, de l’exégète espagnol Jose Antonio Pagola qui vient d’écrire un livre sur Jésus de Nazareth. Il n’a pas insisté pour que je poursuive avec la liste de mes fréquentations. Il avait tout compris.
Il m’a indiqué que je devais changer certaines de mes habitudes et surtout faire un grand ménage dans mes contacts. En tout premier lieu, je devais mettre de coté mes lectures de Prensa Latina ainsi que celles des nouvelles en provenance de Télévision Venezolana. Je lui ai demandé alors de me suggérer les lectures et les personnes pouvant le mieux m’aider dans ma thérapie. Il m’a conseillé les nouvelles de CNN, la lecture du journal Le Monde, à ne pas confondre avec celui du Monde Diplomatique, celle du Nouvel Observateur et de Reporters sans Frontière sans oublier de prêter une attention particulière aux nouvelles en provenance de l’Agence France Presse (AFP). Sur le plan religieux, je gagnerais beaucoup à lire le journal La Croix, l’Observatore Romano et les publications de l’Opus Dei. Il m’a même suggéré de faire une retraite prolongée dans l’une des maisons de cet organisme et de me recommander à son fondateur saint Josemaria d’Escrivá de Balaguer. Il m’a toutefois avoué que ma psychose était très profonde et que seul un miracle pouvait m’en sortir. Une raison de plus pour me recommander à ce saint qui avait su conseiller Franco, Pinochet et bien d’autres militaires en postes d’autorité avec pour mission de rétablir l’ordre menacé par des psychopathes.
Que les personnes qui me lisent aient donc une bonne pensée pour moi sans oublier d’en avoir également une pour elles-mêmes. La psychose est tellement subtile et, dans certaines situations, la frontière entre le réel et l’irréel devient pratiquement insaisissable. Mon imaginaire est devenue pour ainsi dire ma réalité et par la magie du décloisonnement des réseaux d’information j’y retrouve de plus en plus de personnes qui en partagent soit l’imaginaire pour les uns soit la réalité pour les autres. De quoi faire perdre le sens.
Oscar Fortin
28 juillet 2008
N.B. Ce témoignage je le dédis à cette personne qui m’est très proche et qui en a été, sans le savoir, l’inspiration.
http://humanisme.blogspot.com/
http://humanisme.over-blog.com/
L’état de santé d’une personne qui m’est très chère m’a conduit à en savoir plus sur ce type de maladie qu’est la psychose. C’est à la lumière des informations recueillies que j’ai pris conscience que je souffrais sans doute de cette maladie.
De fait, je vois des réalités qui ne sont pas perçues par les autres, je comprends des situations qui ne rejoignent pas mes interlocuteurs, je me retrouve dans un monde étranger à ceux qui m’entourent. N’est-ce pas là un premier indice de la psychose? Cette mise en garde étant établie, je me propose de partager avec vous certaines fabulations qui viennent me chercher, des imaginaires qui emportent mon esprit. Ainsi chacun saura que tout cela n’est pas vrai, que ce ne sont que des réalités qui circulent dans ma tête. Votre indulgence et compréhension me permettront d’exprimer ces choses sans me sentir coupable de le faire.
Ceux et celles qui me connaissent savent que je suis croyant en Jésus de Nazareth. Cette foi est là et m’accompagne partout où je vais. Je m’intéresse donc à tout ce qui la concerne et particulièrement à l’Église. C’est donc d’elle que je vais parler à partir de ma psychose.
Dans mon imaginaire, je vois Benoît XVI, son pasteur universel, marchant main dans la main avec les maîtres du monde, ceux-là mêmes qui détiennent le pouvoir de l’empire et de l’argent. Je le vois mettre à leur service toute son autorité et l’institution ecclésiale dont il est le chef. Il nomme évidemment à des postes stratégiques, comme ceux d’évêques et de cardinaux, des personnes dont l’orthodoxie sociale, politique et religieuse ne peut être mise en doute. Il donne des directives à ses lieutenants, en Amérique latine et partout dans le monde, pour qu’ils œuvrent en solidarité avec les autorités locales de manière à contenir les mouvements qui veulent modifier l’ordre établi qui les sert si bien. Là où la situation l’exige, il leur ordonne de combattre par tous les moyens les exaltés qui se laissent emporter par une certaine théologie de libération qui n’est rien d’autre qu’une « idéologie de pur bavardage ». Et là où des gouvernements sont parvenus à déjouer les pièges électoraux et à prendre le pouvoir en dépit des efforts faits pour les disqualifier, il les invite à se joindre aux forces d’opposition pour les discréditer. Je l’entends s’engager à ne pas attiser le feu de la controverse en prenant des positions de nature à incommoder ses alliés. Il se fait discret sur les guerres et percutant sur le terrorisme, sans toutefois en préciser la nature. Il a l’intelligence et la subtilité qui lui permettent d’éviter les obstacles tout en maintenant le cap sur les objectifs : sauver l’empire et ses valeurs.
Vous aurez compris que ce sont là, évidemment, des perceptions imaginaires qui s’expliquent par la psychose dont je souffre. Mais là ne s’arrêtent pas mes fabulations.
Je vois également des chefs de gouvernements qui, tout en se réclamant de la foi en ce Jésus de Nazareth, s’opposent avec force à ces prétentions d’une autorité qui a perdu toute crédibilité évangélique. J’entends la voix de nombreux théologiens et pasteurs qui prennent leur distance par rapport à cette autorité qui leur apparaît plus soumise à l’empire qu’à Jésus, plus près des puissants que des faibles, plus sensible aux richesses qu’à la pauvreté. Aussi curieux que cela puisse paraitre, ma foi, celle dont je me réclame, se reconnaît davantage dans ces fabulations que dans la réalité. De quoi soulever de sérieuses interrogations sur l’authenticité de celle-ci. Je me suis donc permis une consultation auprès d’un authentique représentant de l’Église, de quelqu’un qui n’a pas les mêmes visions et le même imaginaire qui m’envahit. Son diagnostique a été sans équivoque.
D’abord, il m’a demandé ce que je lisais et ceux que je fréquentais, un peu comme on demande à un malade quels sont les médicaments et les drogues qu’il prend. Je lui ai dit que je lisais Prensa Latina, les bulletins de nouvelles de Télévision venezolana, le journal La Jornada du Mexique et quelques sites internet comme Alter Info, Indépendances, Culture et Foi, Atrio ainsi que des informations me parvenant d’un certain Xarlo, basque de France. J’ai bien vu par les traits de son visage et les couleurs qui en faisaient ressortir les sentiments que j’étais sur le mauvais chemin. J’ai tout de même poursuivi en lui révélant les noms des personnes qui m’impressionnaient. Je lui ai mentionné les prix Nobel de la Paix, Adolfo Pérez Esquivel, Rigoberta Manchu, et des leaders comme Fidel Castro, Évo Morales, Hugo Chavez, Ernesto Cardenal, entre autres. Je lui ai également parlé du théologien canadien Normand Provencher, de l’exégète espagnol Jose Antonio Pagola qui vient d’écrire un livre sur Jésus de Nazareth. Il n’a pas insisté pour que je poursuive avec la liste de mes fréquentations. Il avait tout compris.
Il m’a indiqué que je devais changer certaines de mes habitudes et surtout faire un grand ménage dans mes contacts. En tout premier lieu, je devais mettre de coté mes lectures de Prensa Latina ainsi que celles des nouvelles en provenance de Télévision Venezolana. Je lui ai demandé alors de me suggérer les lectures et les personnes pouvant le mieux m’aider dans ma thérapie. Il m’a conseillé les nouvelles de CNN, la lecture du journal Le Monde, à ne pas confondre avec celui du Monde Diplomatique, celle du Nouvel Observateur et de Reporters sans Frontière sans oublier de prêter une attention particulière aux nouvelles en provenance de l’Agence France Presse (AFP). Sur le plan religieux, je gagnerais beaucoup à lire le journal La Croix, l’Observatore Romano et les publications de l’Opus Dei. Il m’a même suggéré de faire une retraite prolongée dans l’une des maisons de cet organisme et de me recommander à son fondateur saint Josemaria d’Escrivá de Balaguer. Il m’a toutefois avoué que ma psychose était très profonde et que seul un miracle pouvait m’en sortir. Une raison de plus pour me recommander à ce saint qui avait su conseiller Franco, Pinochet et bien d’autres militaires en postes d’autorité avec pour mission de rétablir l’ordre menacé par des psychopathes.
Que les personnes qui me lisent aient donc une bonne pensée pour moi sans oublier d’en avoir également une pour elles-mêmes. La psychose est tellement subtile et, dans certaines situations, la frontière entre le réel et l’irréel devient pratiquement insaisissable. Mon imaginaire est devenue pour ainsi dire ma réalité et par la magie du décloisonnement des réseaux d’information j’y retrouve de plus en plus de personnes qui en partagent soit l’imaginaire pour les uns soit la réalité pour les autres. De quoi faire perdre le sens.
Oscar Fortin
28 juillet 2008
N.B. Ce témoignage je le dédis à cette personne qui m’est très proche et qui en a été, sans le savoir, l’inspiration.
http://humanisme.blogspot.com/
http://humanisme.over-blog.com/
8 commentaires:
Monsieur Fortin,
Ce texte est tout simplement magnifique. Et, sans être « croyant » comme vous affirmer l’être, je crois quand même vivre une psychose semblable à la vôtre…
Quid ?
Bon dimanche,
André Tremblay
Monsieur Tremblay, vous êtes au nombre de ceux qui me réconforter en disant que je ne suis pas seul à vivre pareille psychose. Ce qu'il y a de malheureux, peu souhaitent se faire soigner. Tout comme moi, ils préfèrent leur psychose à tout ce qu'on peut leur raconter.
Ave
Merci de partager cet article sur psychose . .Bookmark !
Merci Cadieux et Langevin de me rappeler cet article qui remonte à 2008 et que j'ai relu avec grand plaisir. Il garde toute son actualité pour ceux et celles qui me croient victime d'une psychose et pour les autres c'est un rappel que nous vivons souvent dans des mondes bien différents.
Bonne fin de journée et merci encore
Ami Oscar, je souffre de la même maladie. Elle a fait de moi un résistant, un indigné, un non-aligné qui vit à contre courant, dans les marges de la société. Ma seule espérance repose en Jésus capable de nous guérir de toute maladie. Il nous conduit à la croix où il nous déboulonne dans la mort pour nous reconstruire dans une vie nouvelle d'amour et de paix.
Merci ami Marius pour ce commentaire imprégné d'une grande foi et porté par une écriture qui l'honore.Je te souhaite ainsi qu'à tous les tiens une bonne journée. Les vents de la guerre soufflent de tout côté. Nos conquérants 'va-en-guerre' ont peine à digérer la pilule que leur sert Poutine et la Russie, au Moyen Orient, et la Chine, en Asie. La mise à nue des hypocrisies et des mensonges de ces "va-en-guerre" leur enlève toute crédibilité et ne peut que susciter méfiance à leur endroit. Espérons que cette humiliation les conduise à la raison et non à la confrontation.
Et bien Monsieur, pour moi la lecture du Monde, de La Croix et les nouvelles de l'AFP sont clairement anxiogènes. Pour raisons médicales, je vous conseille les sites de la dissidence, ca calme. Il y a aujourd'hui plus de production qu'on ne peut en écouter ou lire.
anonyme: de grâce partager avec nous vos liens de la dissidence qui apportent à votre esprit autant de paix. Je pense que c'est l'occasion de partager ces liens que nous pourrons visiter et évaluer selon notre état de santé et le niveau de la psychose dont nous pouvons être atteint.
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