La tendance aux regroupements régionaux s’observe non seulement en Europe, au Moyen Orient, en Afrique et en Asie, mais aussi et de façon toute particulière dans les Amériques, au sud du Rio Grande. C’est au Mexique que 32 des 36 États qui constituent la fresque des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes sont actuellement réunis pour renforcer leur intégration, leur union et leur défense régionale. Le Groupe de Rio et celui des Caraïbes représentent plus de 586 millions de personnes. Le rapprochement de ces deux groupes a été amorcé à l’initiative du Groupe de Rio et a pour objectif l’intégration, l’union et aussi la défense de tous ces pays. En sont exclus les États-Unis et le Canada dont la participation, pour un grand nombre, n’est pas souhaitée ni souhaitable. Leur expérience de l’Organisation des États Américains (OEA), instrumentalisée par les États-Unis, ne les incite guère à poursuivre sur cette voie. La toute dernière expérience, celle du Honduras, en a révélé l’inefficacité la plus complète. Les plus âgés se souviendront également que ce fut sous la pression des États-Unis que l’OEA expulsa, en 1960, sans fondement valable, Cuba qui en était un membre actif. Ce n'est que tout dernièrement qu'elle a reconnu et corrigé cette erreur.
Lors de son discours d’ouverture, le Président Calderon, l’hôte de cette importante rencontre qui se poursuivra sur deux jours à Cancun, donna les grandes lignes des sujets qui seront abordés. Il y aura la signature d’accords dans des secteurs comme celui de la création d’un organisme régional de l’Amérique Latine et des Caraïbes, sans les États-Unis ni le Canada. Des accords seront également signés en relation à la reconstruction d’Haïti, membre des pays des Caraïbes, et une déclaration conjointe rejettera les activités pétrolières britanniques sur les Îles Malouines et appuiera les revendications de l’Argentine qui les considère comme parties de son territoire nationale.
Les ministres des relations extérieures, qui ont travaillé à ce projet d’Union, d’intégration et de défense, se disent optimistes quant à son acceptation par les Présidents et prévoient, si tout va bien, sa mise en opération pour 2011. Cette Union, dont l’appellation n’est pas encore arrêtée, constituera la plus large et la plus importante plateforme réunissant les chefs d’État de tous les pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes. Il faudra toutefois en attendre les conclusions pour mesurer, entre autres, l’influence que continuent d’y exercer les États-Unis à travers certains pays qui leur sont inconditionnellement liés. Les analystes scruteront à la loupe les fractions auxquelles donneront lieu ces débats. Ce serait naïf de croire que le « grand-frère du Nord » demeurera inactif au moment même où les principaux acteurs de son « arrière cour » trament leur seconde indépendance, celle leur permettant de reprendre le contrôle des principales ficelles du pouvoir. Si leur première indépendance leur a permis de devenir des États souverains, les peuples n’en sont pas moins demeurés les otages de plus puissants qu’eux. La faiblesse de certaines institutions tout comme celle de nombreux acteurs politiques, peu scrupuleux et beaucoup ambitieux, ont rendu possible la prise de contrôle de ces États par des puissances étrangères pour qui la corruption est une vertu et le contrôle des principales ficelles politiques, économiques et judiciaires une mission de solidarité et d’entraide.
Donc, une histoire à suivre. Vous pouvez compter sur nos médias pour en être informés dans ses avenants et aboutissants. Plus de 32 pays des Amériques et des Caraïbes, représentant plus de 586 millions de personnes, qui se donnent une nouvelle plateforme régionale, sans la présence des États-Unis et du Canada, a de quoi susciter l’intérêt de ceux et celles qui s’intéressent aux questions internationales. Demain, ce sera le moment des premières conclusions. Quant au bilan, il faudra attendre que la poussière retombe.
Québec, le 22 février 2010
http://humanisme.blogspot.com
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