Le débat sur la laïcité nous conduit, me semble-t-il, dans bien des directions. Plusieurs penseront que la laïcité est antireligieuse et que ses promoteurs en sont les athées qui veulent faire disparaître du panorama culturel et sociétaire toutes les formes de représentations religieuses. D’autres diront que la laïcité est cet espace « neutre » que se réserve l’État pour que tous les citoyens et citoyennes de quelques religions ou tendances qu’ils soient puissent s’y retrouver sans aucun irritant de nature religieuse. Pour d’autres, le débat sur la laïcité est l’occasion toute indiquée pour régler leurs comptes avec une religion qui ne leur aura laissé que de mauvais souvenirs. Dans tous les cas, le mouvement du balancier des idées et des passions risque de nous en faire oublier l’humain que nous partageons tous.
Dans mon esprit, la laïcité n’est ni une foi, ni un athéisme, ni une religion, mais un espace qui permet à tous les visages d’une société de se reconnaitre dans leur citoyenneté et leurs engagements solidaires au service de la justice, de la vérité, de l’entraide et de la tolérance à l’endroit des plus faibles et démunis de cette même société. En somme, une laïcité qui va au-delà de la « neutralité » en affirmant haut et fort les fondements sur lesquels elle fonde le devenir de la société. C’est ce que j’appellerais « une laïcité humaniste ».
Chacun et chacune pourront bien puiser leurs ressources spirituelles là où ils voudront bien pour autant qu’elles deviennent un véritable ferment au service de cet humanisme qui se nourrit des valeurs plus haut mentionnées. S’il fallait qu’elles deviennent tout le contraire de ce que la société est en droit d’en attendre, il faudrait alors qu’elles soient jugées sur cette base. Dans une société laïque, les véritables croyants et les véritables athées qui méritent tout notre respect sont ceux qui sont, pour l’ensemble de la société, de véritables ferments de justice et de vérité. Ce n’est pas par les signes religieux que l’on va transformer le monde, mais par l’engagement généreux au service de l’ « humain ». À ce titre personne n’y échappe, du plus petit au plus grand, du plus faible au plus puissant, du plus croyant au moins croyant.
Je pense qu’une telle approche ne pourra faire autrement que d’obliger les autorités des différentes religions à se réévaluer à la lumière de ce que leur foi leur enseigne sur ces grands objectifs sociétaires et humanistes. Ce ne sera plus la laïcité contre la religion, mais la laïcité contre l’hypocrisie, le mensonge, les injustices, l’intolérance à l’endroit des plus fragiles et démunis de la société. Cette laïcité devient pour l’ensemble de la société un ferment qui unit et engage, mais aussi qui démasque et dénonce.
Je termine en faisant une proposition concernant le « crucifix » comme symbole d’une époque. Je crois que l’évolution culturelle de la société québécoise fait en sorte qu’elle ne trouve plus dans le « crucifix » le symbole de la conscience qui interpelle. Sans dénigrer sa symbolique qui a interpellé la conscience de nombreuses générations, le temps est sans doute venu de lui substituer un autre symbole plus ouvert à l’imaginaire des multiples consciences. Ce symbole je le vois dans celui d’un cercle, type cerceau, symbole de notre terre et de notre humanité. Et pourquoi pas la minute de silence, permettant à chacun et à chacune de s’y retrouver avec sa conscience? À ce que je sache, nous en avons tous unes.
Je souhaite que les religions redécouvrent la foi qui ouvre au service de l’humanité et que les athées et non croyants de tout acabit découvrent, pour leur part, le véritable humanisme au service duquel nous sommes tous conviés.
Oscar Fortin
Québec, le 23 février 2010
http://humanisme.blogspot.com/
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