Vous souvenez-vous de Vincent Lacroix, de Bernie Madoff, d’Earl Jones, d’Allen Stanford qui ont fraudé des dizaines de millions et des dizaines de milliards de dollars à des milliers de personnes pour qui ils étaient devenus de véritables dieux? À les voir, à les entendre ils n’avaient d’intérêt que pour ceux de leurs respectables clients et clientes. Personnes n’aurait pu les soupçonner, alors, d’être des escrocs de la pire espèce. Tout en eux inspirait la confiance la plus totale. Leur regard était tendre, leur parole chaleureuse, leur présence rassurante. Ce ne sera qu’une fois mises à jour leurs escroqueries que les victimes s’exclameront en chœur: « Comment avons-nous pu faire confiance à de pareils escrocs ?».
Cette histoire de l’escroquerie qui a soufflé bien des économies de retraite et brisé de nombreuses vies de travailleurs et travailleuses, est également présente dans le monde de la politique et des gouvernements. Des personnages, tout aussi crédibles que ceux précédemment décrits, gagnent notre confiance et nos votes par des discours que l’on dirait descendre directement du ciel, tellement ils sont inspirants et pleins de promesses. Tout ce qu’ils nous disent ne peut être que vérité. Malheur aux hérétiques et aux incrédules qui osent lever le voile sur une soi-disant mise en scène, Ils sont vite accusés d’extrémistes, d’ignorants, d’adeptes inconditionnels de la théorie du complot.
Hier, 21 mars 2011, monsieur Obama, président des États-Unis, était au Chili. Ce Chili qui avait connu une bien triste histoire lorsque le président légitimement élu, Salvador Allende, avait été renversé par un violent coup d’État militaire. À cette époque, septembre 1973, nos médias présentaient l’évènement comme le résultat d’un cafouillage constitutionnel du Président Allende, seul responsable des troubles internes et de l’insécurité dans laquelle se retrouvait son peuple. Ainsi, Pinochet, chef des Forces armées, apparait comme le sauveur de ce peuple victime d’une situation instable en raison d’un gouvernement irresponsable.
Il y a eu bien des voix pour dire qu’il s’agissait d’un coup monté de toute pièce par les services secrets des États-Unis en collaboration étroite avec l’oligarchie nationale chilienne. Ces voix ont été jugées comme celles de fanatiques qui ne voient que des complots partout. Pourtant, une fois les archives déclassifiées, 25 ans plus tard, la vérité s’imposa : le peuple chilien avait été victime d’une très grande et cruelle escroquerie. De cela M. Obama préfère ne pas parler.
Que dire de ce qui s’est passé, en avril 2002, au Venezuela, lors de la tentative de coup d’État militaire? Que penser de celui réalisé, en juin 2009, au Honduras qui a délogé le président légitime, Manuel Zélaya ? Comment ne pas voir ces mêmes acteurs sous les tentatives de coups d’État répétés en Bolivie et tout récemment en Équateur? Ils sont là partout avec des visages angéliques, des paroles réconfortantes, des solidarités humanitaires. Ils étaient en Haïti lors du tremblement de terre avec 10 000 militaires, puis lors du premier tour de scrutin à l’élection présidentielle pour bien s’assurer que les résultats reflètent bien leurs attentes. Dans chaque cas, ces chantres de la démocratie, de l’aide humanitaire, du respect des droits humains et de celui des peuples, sont les mêmes qui complotent dans le secret de réunions, utilisant chantage et corruption, ces conflits de pouvoir et ces luttes de conquête. Ils sont tellement bons menteurs qu’ils deviennent vérités.
Que dire maintenant de tout ce qui se passe en Libye et au Moyen Orient? Ils en arrivent à nous faire avaler l’aide humanitaire livrée par des bombardiers larguant des bombes. Il faut le faire. Inutile de dire qu’ils peuvent compter sur des médias et des spécialistes qui n’en sont pas à leurs premières expériences. Ils savent créer et faire la nouvelle pour que le bon peuple, qui n’a pas le temps et les moyens de tout approfondir, y retrouve l’expression de ses valeurs et de ses solidarités les plus profondes. La profession de journaliste, dédiée à l’information et à l’analyse des faits, s’est transformée en une profession de créateurs de nouvelles répondant aux attentes des clients qui ont de quoi payer. Ainsi la réalité, la vraie, passe au second plan.
Lorsque la vérité de toutes ces choses sera révélée au grand jour, il y aura eu des milliers sinon des centaines de milliers de morts et ceux et celles d'entre nous, qui seront encore vivants, s'exclameront « Comment avons-nous pu faire confiance à de pareils escrocs ».
Ce sera évidemment trop tard.
Oscar Fortin,
Québec, 22 mars 2011
http://humanisme.blogspot.com
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/dossiers/crimes-economiques/200912/24/01-933988-scandales-financiers-2009-les-dates-a-retenir.php
http://www.legrandsoir.info/L-intervention-saoudienne-a-Bahrein-et-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales.html
2 commentaires:
Un article à lire dans le cadre de cette réflexion:
http://www.voltairenet.org/article169031.html
Monsieur Fortin,
Je suis complètement en accord avec ce billet.
Par contre, même s’ils ne sont pas de pays étrangers au nôtre, plusieurs d’entre-eux, hormis Vincent Lacroix, dont vous faites mention, devraient être mis au premier plan des accusés. Parmi ces derniers, je me contenterai de ne citer Jean Charest, « ce prince des gaz de schiste », qui, l’histoire saura nous le dire, trop tard hélas…aura été parmi les plus grands pillards des biens collectifs de la nation québécoise : satisfaction des amis de la finance et de l’escroquerie oblige…
André Tremblay
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