Si j’ai bien compris François Legault, la question nationale constitue un frein au développement du Québec et l’indépendance n’est pas nécessaire pour résoudre ses problèmes. En un mot, le fait de disposer de l’ensemble des outils économiques, politiques, culturels, sociaux n’est pas important. En somme, le fait d’être « maître chez-nous », d’avoir un « pays pour nous » n'est pas important pour résoudre les problèmes qui confrontent le Québec d’aujourd’hui.
Cette compréhension de François Legault est celle que les médias de Gesca, de Quebecor et de Radio-Canada font ressortir de toutes les manières. « L’idée de la souveraineté recule, elle est devenue un obstacle à la croissance et au développement du Québec, plus que jamais, il faut la mettre entre parenthèse, le temps de résoudre nos problèmes économiques et sociaux. »
La table est mise pour faire croire que les outils d’un pays indépendant n’ont rien à voir avec les solutions à apporter aux problèmes économiques et sociaux. Le « être maîtres chez nous » des années 1960 ne fait plus partie de la solution. Il en est de même d’ « un pays pour nous ». En fait, pour eux, qu’il y ait un seul État qui décide des politiques fiscales, de ses programmes sociaux, de ses politiques extérieures, de son commerce national et international, de ses forces armées et de sa sécurité, tout cela n’apporte rien aux ressources dont dispose déjà le Québec pour résoudre ses problèmes.
Si plus de 192 pays à travers le monde, tous membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, incluant le Canada, croient que leur indépendance et souveraineté sont parties des pouvoirs qui leur permettent de résoudre leurs problèmes économiques et sociaux, pourquoi en serait-il autrement pour le Peuple Québécois? N’est-il pas le seul peuple, en Amérique, de plus de six millions d’habitants, qui ne dispose pas encore de cette indépendance et souveraineté?
À écouter les chantres de la mise en veilleuse de la question nationale, on a l’impression que cette dernière n’est qu’un luxe non essentiel, ni nécessaire au développement social, politique et économique d’un peuple. C’est tout de même incroyable. En effet, que dire de cette histoire des Amériques qui met en relief ces guerres d’indépendance, menées au prix de nombreux sacrifices par des peuples qui ne voyaient pas l’horizon de leur développement sous la dépendance des puissances coloniales?
Il n’y a pas de doute qu’ils ont eu droit, eux aussi, à ces représentants de ces colonisateurs pour les mettre en garde contre ces aventures guerrières qui leur rendraient la vie encore plus difficile. N’importe, ils ont suivi Bolivar, Marti et les autres qui leur disaient que le chemin de la liberté et de la croissance passait par l’indépendance, la souveraineté et la solidarité des peuples. Demeurer colonisé n’est pas un destin. C’est pourtant le cas du Québec dans le Canada actuel. Les véritables décisions et orientations se prennent à Ottawa et comme Peuple nous demeurons sans constitution et sans pays.
J’espère que d’autres, beaucoup mieux préparés que je ne le suis, sauront mettre en évidence le fait que les véritables solutions aux problèmes que connait le Québec doivent passer par l’indépendance, source de tous les pouvoirs étatiques. En établissant le lien essentiel entre les problèmes à résoudre et les pouvoirs d'un État indépendant nécessaires à leur solution, les chantres de la mise entre parenthèse de cette question devront s’expliquer.
Pas surprenant que l’élite économique, celle qui est bien servie par le système qu’elle contrôle, soit celle qui monte la première aux barricades pour prendre l’initiative de la lutte à venir. Il faut vite qu’elle sache qu’un peuple est là et qu’il peut se faire entendre par ceux et celles qui en partagent les richesses et les misères mais aussi la détermination, le courage et la lucidité.
Oscar Fortin
Québec, le 14 juin, 2011
Aucun commentaire:
Publier un commentaire