Il ne fait aucun doute que le NOËL de la culture a le vent dans les voiles et domine toutes les célébrations tant religieuses que commerciales qui s’y rattachent. C’est le temps des cadeaux, des célébrations entre parents, amis (es), compagnons et compagnes de travail. C’est le temps du sapin qui règne au plus bel endroit de la maison, brillant de toutes ses lumières, arborant ses boules et ses glaçons aux multiples couleurs, couvrant de tout son éclat cette crèche avec ses personnages mythiques et les nombreux cadeaux que le Père Noël a commencé à y déposer.
Tout cela se passe dans l’ambiance de ces chants qui résonnaient dans nos églises et dans nos soirées familiales de l’époque. Qu’il suffise de penser, entre autres, au Noël blanc, à Douce nuit, à Mon beau sapin, à ce mémorable Minuit chrétien que les plus belles voix paroissiales faisaient résonner dans les églises, au Petit papa noël, ou encore, aux Anges dans nos campagne, au Gloire à Dieu au plus haut des cieux et à combien d’autres.
C’est évidemment la grande fête pour les enfants. Pour eux, c’est la fête annuelle des cadeaux. Pour une fois, ils peuvent écrire, avec l’aide de maman et de papa, une carte au grand bienfaiteur qu’est le Père Noël, lui signalant les cadeaux de leurs rêves. La tâche lui sera d’autant plus facile que papa et maman entreprendront la grande course de magasinage du temps des fêtes, faisant sonner, au grand plaisir des commerçants, le tiroir caisse qui marquera chacun de ces cadeaux du sceau de l’argent requis pour tous ces achats surprises.
Le tableau ne serait pas complet si nous n’y ajoutions ces repas, préparés avec toutes les attentions du monde : tourtières, dindes, pâtés à la viande, pâtisseries aux multiple crémages etc. Les familles se rencontreront, les amis se feront des surprises. Le vin et quelques spiritueux couleront à plein, donnant ainsi, l’espace d’un instant, l’euphorie d’un bonheur parfait.
Un héritage de chrétienté, passablement marquée par des cultures anciennes et maintenant assaisonnée à la modernité de sociétés de consommation, couvre, comme un écran de fumée, le véritable message du Noël de la foi.
QU’EN EST-IL DONC DU NOËL DE LA FOI?
Il s’agit d’un changement radical de paradigme qui apporte au monde une manière toute différente de voir et de comprendre non seulement la relation de l’humanité avec Dieu mais également les relations des humains entre eux. Le Noël de la foi sonne le glas des croyances religieuses qui portent sur l’existence de divinités que les traditions et les cultures ont façonnées de manière à cautionner des lois et des morales servant bien les forces dominantes des sociétés.
Cette image du Dieu lointain, trônant de toute sa puissance sur le monde comme le sont les rois et les maitres du monde est à jamais renversée par celle d’un Dieu, n’ayant rien de royal et encore moins de cette puissance que lui attribuent les diverses croyances. Le Noël de la foi nous révèle une divinité qui s’identifie à ce qu’il y a de plus humble de la terre. Une divinité qui n’a rien du lustre des grands et des puissants. Le Dieu de la foi est celui qui entre dans notre humanité par la porte des humbles, des oubliés et laissés pour compte. Il devient un de nous, tout ce qu’il y a de plus proche. La divinité devient véritablement humanité, Emmanuel, Dieu avec nous.
Ce n’est pas pour rien que le roi Hérode, ce symbole de la puissance des grands et des puissants, n’a pas vu d’un bon œil que le messie promis par les prophètes pour faire régner Israël sur tous les peuples de la terre se présente dans des conditions aussi pitoyables et étrangères au paradigme du monde auquel il s’identifie. Deux paradigmes de la compréhension du monde qui sont tout à l’opposés l’un de l’autre.
QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI?
Celui qui s’est fait l’un de nous a été renvoyé au plus haut des cieux, permettant ainsi aux religions et aux royautés de retrouver leur place et leurs fonctions de choix. Les premières continuent de nous parler d’un Dieu tout puissant, modelé aux besoins des forces dominantes de nos sociétés et les seconds continuent de consolider l’ordre sur lequel ils font régner leurs propres lois.
Toutefois, au delà des institutions et des doctrines qui les inspirent, il y a les peuples et tout ce qui s’en dégagent dans les confrontations auxquelles ils sont soumis par les pouvoirs de domination et de conquête. Ces peuples, par la voix de ses pauvres et de ceux et celles qui s’en solidarisent font entendre l’espérance incontournable du paradigme nouveau, celui-là même inauguré en la personne de Jésus de Nazareth, il y a de cela un peu plus de 2000 ans. Voilà la bonne nouvelle de libération, annoncées aux peuples soumis aux lois des plus forts et des plus opprimants.
Ce paradigme rappelle aux autorités des églises et à celles des grands et puissants de ce monde que l’humanité, celle en qui peut se reconnaître l’image de son auteur, n’a rien à voir avec le paradigme de l’autorité dont elles s’enveloppent et des pouvoirs dont elles usent. Ce nouveau paradigme fait du plus grand le plus petit et du plus petit le plus grand. Le maitre n’est plus celui qui domine et commande, mais celui qui sert et écoute. Les pauvres et laissés pour compte seront élevés et les riches et puissants seront abaissés. Dieu n’est plus un inconnu, mais un Père que l’on peut voir et reconnaître dans la figure emblématique de Jésus de Nazareth et de tous ceux et celles qui vivent de son Esprit. Ce dernier n’a rien à voir avec les conglomérats industriels militaires, avec l’hypocrisie et les mensonges qui couvrent la cupidité et les ambitions de domination. Son Israël est l’humanité entière laquelle est complètement étrangère au sionisme ainsi qu’à tous ceux et celles qui s’en font les promoteurs et promotrices.
Le Noël de la foi est une espérance pour les humbles de la terre et pour toutes les personnes de bonne volonté. Il est un appel à poursuivre les voies qui consolident les œuvres de justice, de vérité, de compassion, de solidarité et d’amour. Son horizon est l’humanité entière, non pas pour se l’assujettir, mais pour la libérer et la combler de plénitude.
Les Hérode d’aujourd’hui, tout comme ceux d’hier et d’avant hier, poursuivent ce Jésus de Nazareth qui ne cesse de se manifester au travers de ces millions d’hommes et de femmes qui refusent le paradigme des rois et des oligarchies, croyant plutôt à celui en qui toute personne humaine a non seulement tous les droits à l’existence et au bonheur, mais en disposent véritablement.
Si le Noël de la culture nous fait vivre, l’espace d’un instant, l’euphorie de la joie et du bonheur retrouvés entre nous, il ne saurait, toutefois, nous faire oublier le Noël de la foi qui nous rappelle le paradigme qui conduit inévitablement au véritable bonheur.
«Celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est celui-là qui est grand. » Lc. 9, 46
« Ce que vous faites au plus petit des miens c’est à moi que vous le faites. » Mt. 25, 40
« Qui me voit, voit le Père. » (Jn. 14,9)
Oscar Fortin
Québec, le 17 décembre 2011
3 commentaires:
Lire les commentaires, d'un excellent journaliste, inspirés de Valeurs profondes en un Monde "plus Grand que nature" me réjouit et alimente la flamme de l'Espoir et la Foi en moi. Merci! notre société n'a jamais eu autant besoin de s'accrocher avec Force à sa Foi qu'en ce moment précis. Que sortira-t-il de ce monde chaotique? Chacun de nous forge sa destinée. Certains s'en sortiront grandis et d'autres... La phrase que Jésus a dit au Centurion qui le suppliait de guérir son serviteur prend actuellement tout son sens: "QU'IL EN SOIT FAIT SELON TA FOI".
La Foi dans la religion, la conception de Dieu, le message du merveilleux Jésus est le "jésuïsme".
Le christianisme est UNE AUTRE religion, qui a MAINTENU, parallèlement au message des Evangiles, la conception criminogène de Dieu.
C'est aussi cette AUTRE religion qui, dans sa composante catholique et par la voix de son pape actuel, a très explicitement RE-SACRALISE cette conception. Voir ici :
http://www.centpapiers.com/benoit-xvi-premier-responsable-de-la-violence-religieuse-1/38279
Pierre Régnier, merci pour votre commentaire. Il soulève une question de fond, à tout le moins pour moi, qui est celle de la relation entre foi et religion. Si vous lisez quelque peu les articles que j'écris à teneur de croyance et de foi, vous réaliserez que j'en suis arrivé à dissocier complètement l'une de l'autre. Parfois, je me dis en moi-même que plus je crois, moins je suis religieux. Je pense qu'il y a là matière à réflexion.
Joyeux Noël et merci pour votre commentaire
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