À ses prêtres du diocèse de Rome dont il est l’évêque, le pape François
leur a raconté l’anecdote où il a volé
la croix du rosaire des mains d’un prêtre décédé. Je me permets de traduire
dans mes mots cette narration du pape François que je viens de lire dans sa version
espagnole.
Alors qu’il était Vicaire général du diocèse de Buenos Aires, un vieux prêtre,
reconnu pour être un grand confesseur, meurt. Le ministère de la Confession
était au centre de sa vie pastorale. On l’appelait le père Aristide. Lors de la
visite du pape Jean-Paul II en Argentine, c’est à lui qu’on fit appel pour être
le confesseur du pape.
Toujours est-il que ce bon père Aristide meurt et que le Vicaire
général, qu’est devenu George Bergolio, informé de ce décès, se rend à la
chapelle ardente où il est exposé pour y faire une prière. Là, il réalise qu’il
n’y a personne si ce n’est quelques retraitées. Voyant que le pauvre prêtre
n’avait aucune fleur, il sort en acheter et revient les déposer sur sa tombe.
Une fois accompli ce geste de
respect et d’affection, il s’agenouille pour une prière et c’est à ce moment
qu’il voit la médaille de la croix que
le père Aristide tient entre ses doigts. C’est plus fort que lui. Il ne peut résister à la tentation de la
lui prendre. Il se met donc discrètement à l’œuvre en y allant avec ses
doigts d’abord pour la saisir puis la lui retirer. Il raconte que pendant toute
cette manoeuvre, il disait, en son for intérieur, au vieux prêtre, inerte dans
sa tombe, « j’espère seulement avoir la moitié de la miséricorde que tu as eue. »
Une fois, la médaille en sa
possession, il fallait lui trouver une
place pour la dissimuler. Or la soutane qu’il portait n’avait pas de poches,
sauf sur le devant à la hauteur du cœur où il y avait une petite poche. Il la
plaça donc dans cet espace, avant de se lever et d’aller saluer les quelques
vieilles personnes présentes. Puis il
sortit, satisfait de son méfait.
Il poursuit sa narration en disant que depuis ce jour, il porte cette médaille au niveau de son
cœur et, dit-il, lorsqu’il lui vient une mauvaise pensée sur
quelqu’un, il met sa main sur son
cœur pour la toucher.
Cette médaille volée au vieux père Aristide est devenue pour lui la médaille de la miséricorde.
Personnellement, en lisant cette histoire, j’ai ri, de ce rire qui vient
du merveilleux de celle-ci. La simplicité avec laquelle elle est racontée, les
précautions prises par ce haut dignitaire pour que personne ne le voie, les
paroles qu’il dit à ce vieux prêtre en lui retirant sa médaille et cette façon
de confesser les motifs pour lesquels il est amené à toucher cette médaille, tout
cela, venant de ce pape si simple et si humain, est pour moi une histoire qui me
fait penser à Don Camilo.
Une belle histoire, toute à l’honneur du pape François qui nous rappelle l’humain qui nous habite et la
miséricorde qui nous accompagne.
Il ne fait pas de doute qu’après cette histoire, il devra faire
attention aux fois où il mettra sa main sur son cœur.
Oscar Fortin
Québec, le 6 mars 2014
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